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çaise, de son œuvre par le bénédictin Dom Paquelin, et par l'alerte brochure de A. Jundt sur la Matelda de Dante (1886). Le livre de Madame Ancelet-Hustache n'en apportera pas moins une révélation de cette figure très attachante sans avoir la puissance historique, dominatrice, d'une Hildegarde de Bingen ou d'une Brigitte de Suède, Mechtilde de Magdebourg donne une confession mystique d'une intense profondeur d'accent, et il reste à prouver que sa spiritualité toute d'effusion est inférieure aux lentes élévations des grandes moniales, du groupe de Helfta. Ne cherchons pas chez elle, Mme A. H. le fait très justement observer, des systématisations doctrinales, des théories de pédagogie mystique. Pas davantage des richesses spéculatives: le temps des Eckart, des Suso, des Tauler n'est pas encore venu. Il faut, et c'est un des grands mérites de ce livre, placer Mechtilde à son siècle et à un moment de ce siècle, le moment, à quelque dix ou vingt ans près, où Angèle de Foligno, dans un tout autre milieu, écrit elle aussi sa confession, raconte son

expérience ». Ça et là, Mme A. H. donne l'impression d'être entrainée par son admiration pour son héroïne un peu au-delà de la région où le jugement reste objectif: impresssion qui s'efface rapidement, l'auteur ayant le sens le plus délicat des réalités historiques qui différencient des personnalités même d'égale grandeur spirituelle.

P. A.

SAINTE ANGELE DE FOLIGNO. Le livre de l'expérience des vrais fidèles, édité par M. J. Ferré. Paris, Editions E. Droz, 1927. Un vol. 8° de XLVII-534 p.

Nous pouvons espérer avoir enfin ici le Livre de l'Expérience des vrais fidèles en une édition pleinement satisfaisante, et il était temps. La gloire de Sainte Angèle de Foligno en France date d'Ernest Hello, qui en publia en 1868 une traduction hâtive, peu correcte, mais dont le succès fût très vif et durable: qui n'a pas lu Huysmans en pourrait seul douter. M. M. J. Ferré rend justice à Hello « révélateur »> et même traducteur : << il est, de tous les traducteurs, celui qui a le mieux saisi l'esprit de Sainte Angèle et qui l'a le mieux exprimé alors même qu'il est le moins captif de la lettre. S'il a des contresens, il a, en plus grand nombre, des trouvailles uniques pour rendre l'aspect profond d'une pensée trop riche pour être aisément traduite; et, pendant bien des années encore, les traducteurs de la sainte seront dans l'obligation d'étudier soigneusement sa version ». Tel n'est certes pas l'avis d'un autre tout récent éditeur et traducteur du Livre de l'expérience, le P. Doncœur i juge la version d'E. Hello romantique »>, ce qui est à ses yeux un crime inexpiable, et exécutée d'après « la plus infidèle des rédactions un texte dû à un faussaire du xve siècle... Voilà

un ton de bien grande sévérité, et le P. Doncœur est-il done si net de tout péché scientifique? On serait bien tenté de penser le contraire, à lire le compte rendu qu'a publié de son édition le savant franciscanisant Henri Lemaître, dans la Revue d'histoire franciscaine (t. III, p. 304). M. M.-J. Ferré, après M. Lemaître, établit d'une façon qui semble décisive que le P. Doncœur a rejeté, a priori, un manuscrit d'Assise qui lui aurait permis d'éditer un texte à la fois plus correct et aussi d'une couleur plus fidèle et plus vigoureuse de l'admirable livre mystique. La version de M. M.-J. Ferré, qui se fonde sur ce document de préférence à tout autre, est claire et d'un mouvement très vif; elle reproduit le rythme du style franciscain sans aucune affectation déplaisante. En titre courant, le traducteur a ajouté des « rubriques ingénieuses qui aident à mieux suivre la contexture du développement, de la démonstration, pourrait-on dire, que la sainte tire de sa propre expérience.

P. A.

LOUIS BERTRAND. Sainte Thérèse. Paris, A. Fayard, 1927. Un vol. in-12 de 380 pages.

en

On ne peut contester que M. Louis Bertrand ait traité son sujet toute modestie : << les érudits, les historiens, les théologiens n'ont rien à apprendre dans ces pages» (p. 21). Au surplus, <«< toute la bonne volonté, toute la préparation et toute la méthode possibles avec la plus complète humilité devant son objet, sont encore peu de chose pour l'écrivain qui traite de sainte Thérèse. Il y a des impossibilités qui dérivent du sujet lui-même » (p. 13). Mais un livre du brillant biographe de S. Augustin et de Louis XIV ne peut pas être un simple acte de foi tout uni et prononcé sotto voce. << Son existence [de Ste Thérèse] se confond avec un des moments à la fois les plus splendides et les plus tragiques de l'humanité» (p. 15), ce qui justifie la somptuosité verbale de cette biographie légèrement romancée. Le style même des écrits thérésiens, leur lyrisme, leurs images empreintes souvent de « cultisme» (le chanoine Hornaert l'avait naguère fait délicatement ressortir) ajoute, en quelques citations mêlées à la trame du livre, à ces effets de littérature passionnée qui évitent toute monotonie à ce panégyrique.

PIERRE NICOLE, par E. Thouverez, Gabalda, 1926.

P. A.

Ces extraits de P. Nicole font partie de la très utile collection des Moralistes chrétiens où ont déjà paru saint Thomas, saint JeanChrysosthome, Saint Basile et Pascal. C'est dire que nous ne trouvons ici rien qui rappelle les controverses et la pensée proprement théolo

gique de Nicole. Ce sera l'affaire sans doute de la Doctrine de Port Royal de M. Laporte, dont on attend avec impatience les nouveaux volumes. M. Thouverez a seulement voulu nous faire connaître le moraliste. Il a suivi pas à pas les six livres des Essais de Morale et en a cité les pages les plus caractéristiques. Il y a joint quelques fragments des Réflexions morales et théologiques sur les Epitres et les Evangiles et cinq Lettres. Les extraits sont judicieusement choisis; des introductions commodes les relient les uns aux autres et les commentent sobrement; enfin le tout est précédé d'une courte mais très subtantielle vie de Nicole, avec la bibliographie méthodique de ses ouvrages.

Ainsi élagués, réduits à quelque deux cents pages, les six volumes de Nicole se lisent, non sans doute avec l'enthousiasme de Mme de Sévigné, mais avec moins d'ennui que n'en témoignait son fils, le Marquis.

A. ALBA.

CHRONIQUE

Clément Huart.

NÉCROLOGIE

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La perte de M. Clément Huart (2 janvier 1927) affecte tout le ressort des études orientalistes, car ce savant avait poussé sa recherche sur chacune des routes de l'activité islamique : à la fois arabisant, persisant, turcologue, il était en même temps linguiste et historien, historien des mœurs, des politiques, de la littérature, de l'art, de la religion des peuples musulmans. Très absorbé par de vastes travaux de synthèse, il n'avait pu

et il nous en exprima maintes fois le regret avec sa bonne grâce coutumière donner à notre Revue, dans les dernières années de sa vie, qu'une collaboration réduite à des comptes-rendus, mais ces courtes recensions étaient d'une précision sans sècheresse, d'une érudition compréhensive qui nous les rendaient fort précieuses. Nous n'oublions pas, au surplus, que c'est la Revue de l'Histoire des Religions qui publia, dans sa première forme, son livre réputé sur la Religion de Bab. (t. XVIII, p. 279) et son importante étude sur les variations de certains dogmes de l'Islamisme aux trois premiers siècles de l'hégire (XLIV, 355). L'histoire de l'ascétisme musulman en Perse est redevable à Clément Huart de plusieurs contributions qui resteront indispensables: sa monographie sur Konia, la ville des derviches tourneurs (1897) et surtout ses deux volumes riches de textes bien traduits et bien classés : les Saints des derviches tourneurs (2 vol. de la Collection de l'Ecole des Hautes Etudes, section des sciences religieuses, 1918-1922). V. aussi La procession des flagellants persans à Constantinople, dans R.H.R., t. XIX, 353). Clément Huart avait eu une carrière fort remplie : pendant 23 ans il avait rempli à Damas et à Constantinople des fonctions diplomatiques; chargé en 1898 de remplacer Charles Schéfer dans la chaire de persan à l'Ecole des Langues orientales, il était, à la mort d'Hartwig Derembourg, entré comme directeur d'études pour l'islamisme et les religions de l'Arabie à l'Ecole des Hautes Etudes. En dépit

d'une santé qui s'affaiblissait, il s'acquittait sans effort de ce double enseignement et menait à bien des travaux multiples, articles et livres. Elu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles lettres en 1919, il a été surpris par la mort au moment où il était appelé par ses collègues à la présidence de cette section de l'Institut. Chez Clément Huart l'homme d'une courtoisie raffinée, le savant, actif et probe, méritaient les hommages et l'attachement.

P. A.

PUBLICATIONS RÉCENTES

Dans Une lettre de l'époque de la dynastie d'Agadé (Revue d'assyriologie, XXIII, p. 23), M. F. Thureau-Dangin relève la paraphrase d'une formule magique, attestée par ailleurs dans un formulaire, pour contraindre le correspondant à accepter une invitation. La formule en question vise l'expulsion des mauvais démons; ici elle est retournée : « ...tant que mes yeux tu n'auras pas vus, nourriture et boisson tu n'absorberas, et que, tant que tu ne m'auras pas parlé, sur un siège tu ne t'assiéras!» Le plus remarquable est qu'une telle concordance s'établisse entre une lettre datant des rois d'Agadé et les tablettes de Kouyoundjik, de deux mille ans plus récentes, qui nous ont conservé le texte du rituel contre les mauvais démons. « C'est là, conclut M. Th. D., un indice précieux de la haute antiquité à laquelle remontait sans doute une partie et peut-être la majeure partie de la littérature recueillie par Assurbanipal.

M. Thureau-Dangin (Revue d'assyriologie, XXII, p. 169) traduit et commente Un hymne à Istar de la haute époque babylonienne. C'est le seul texte babylonien de ce genre et de haute époque qui nous soit parvenu intégralement. <« Il se compose de quatorze strophes de quatre vers dont les quatre dernières sont une prière pour Ammiditana, le neuvième roi de la première dynastie babylonienne. Il se termine par un distique que les assistants devaient chanter en chœur. » On connaît de la même dynastie un autre hymne de quatorze strophes de quatre vers et deux autres textes composés de strophes de dix vers.

Cet hymne constitue une prière, rédigée dans les règles de l'art poétique de l'époque, en faveur d'Ammiditana. Il célèbre d'abord les grâces de la déesse et cette première partie, dont le prononcé était de toute importance parce qu'il devait charmer la déesse, l'amener à tourner sa face vers le fidèle, en un mot la lier, est soumis à un rythme particulièrement étroit et à un parallélisme qui ne craint pas la répétition :

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