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Qui sa grandeur, qui peut l'égaler ?
Puissants, sublimes, splendides sont ses décrets.
Ishtar, sa grandeur, qui peut l'égaler ?

Puissants, sublimes, splendides sont ses décrets.

La seconde partie relate plus librement les sacrifices offerts par le roi et les faveurs qu'il a reçues en échange. Ainsi :

Par son ordre, elle lui a soumis

Les quatre régions à ses pieds.

L'ensemble de toutes les contrées habitées

Elle a attelé à son joug.

Et probablement, après chaque strophe, le chœur reprenait :

O Ishtar, à Ammiditana, au roi qui t'aime,

Une longue, une durable vie donne en présent!
Qu'il vive!

Ces citations suffiront à montrer au lecteur combien l'étude de ce morceau est importante pour les questions que soulève la poésie hébraïque. Celle-ci, tout au moins la poésie religieuse, ne se rattache-t-elle pas, dans sa structure intime et dans ses formules courantes, au développement littéraire babylonien?

sur

Sous le titre de Patriarches et rois antediluviens (Extr. de Revue de Théologie et de Philosophie, Lausanne, 1927), M. Alfred Boissier, utilise deux textes d'Oxford publiés par M. Langdon énumérant l'un des rois antédiluviens, le second les dynasties anté et post-diluviennes jusqu'en 2154 av. J.-C. Il fait état d'un travail cette publication de M. Zimmern qui confirme la sûreté des informations de Bérose, puisque les noms des patriarches qu'il donne correspondent entièrement à ceux des listes babyloniennes. M. Boissier souligne l'échec que subissent ici les théories hypercritiques. Mais il ajoute qu'« il serait vain de vouloir établir des similitudes entre Bérose, les documents d'Oxford et les deux listes généalogiques de la Genèse. On constate que le nombre dix des Séthites correspond aux dix rois antediluviens et que Noé a son analogie dans Sisouthos qui est le héros du déluge babylonien. » Il est difficile de pousser plus loin.

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M. Adolphe Lods, à qui l'on doit des recherches parues il y a vingt ans sur La croyance à la vie future et le culte des morts dans l'antiquité israélite et plus récemment sur les idées médicales des anciens Israélites (dans le volume de mélanges en l'honneur de Karl Marti) et sur leurs conceptions musicales (Journal de Psychologie, janvier-mars 1926), était particulièrement autorisé pour rechercher à quel point la magie avait influé sur les institutions essentielles de la société israélite. Sous le titre Magie hébraïque et

magie cananéenne (Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, 1927, p. 1-16), il développe la communication qu'il fit sur ce sujet au Congrès archéologique de Syrie et de Palestine, à Jérusalem, le 21 avril 1926.

Après avoir montré par quelques exemples que « la croyance » à la possibilité et à l'efficacité de l'action magique » faisait réellement partie de la mentalité hébraïque dès les temps les plus anciens, il pousse sa démonstration en expliquant par les figurines à envoûtement de Tell Sandahanna, le passage Ezéchiel, XIII, 18-19, dans lequel le prophète invective les prophétesses qui cousent des bandelettes sur toutes les jointures des mains pour capturer des âmes, faisant ainsi mourir des âmes qui ne devaient pas mourir. La démonstration est convaincante et d'un profit réel pour l'explication du texte d'Ezéchiel à qui elle donne toute sa portée.

L'analogie avec les figurines de Tell Sandahanna, dont ClermontGanneau a le premier reconnu la nature magique, nous paraît toutefois moins étroite qu'à M. Lods, car l'acte essentiel des sorcières d'Ezéchiel est de lier « toutes les jointures des mains ». Comment pouvaient-elles se représenter qu'une telle opération devaient faire mourir des âmes? N'y a-t-il pas là une opération un peu différente de la simple action de lier les membres pour ensuite brûler, percer ou détruire la figurine sur laquelle on pratique l'envoûtement? La main et notamment les jointures jouent le rôle de réceptacle de l'âme ce dont il serait facile de citer des échos dans la littérature hébraïque. A propos du rite de la semikha, nous avons noté (Les Origines cananéennes du sacrifice israélite, p. 72, note 6 et p. 84, note 5) plusieurs passages de l'A.T. qui attestent combien était répandue la croyance que la main pourrait contenir l'âme et, par suite, la transmettre.

R. D.

SOCIÉTÉ ERNEST RENAN

Séance du 23 janvier 1926.

La séance est ouverte à 4 h. 1/2. M. Théodore Reinach préside. Présents: Mmes R. Hubert, Mélon, Renan, Sartiaux; Mlle Brunot; MM. Th. Reinach, Aegerter, Alba, Alphandéry, Bémont, Berl, Boyer, A. Cahen, Couchoud, Dujardin, R. Dussaud, d'Eichthal, Eisler, De Faye, Geuthner, Girard, Glotz, Goguel, Guignebert, Koyré, Lacombe, Lebègue, Lods, C. Lyon, Macler, Matissse, Mazon, Moncel, Péreire. Pommier, Rougier, Sartiaux, Sidersky, Toledano, van Gennep et un grand nombre d'invités.

En prenant ses fonctions de président de la Société Ernest Renan, M. Théodore Reinach prononce l'allocution suivante :

Mesdames, Messieurs,

Vous m'avez donné une grande joie en m'appelant à vous présider pendant l'année qui va venir, mission facile d'ailleurs avec un secré taire général aussi compétent, aussi actif, aussi dévoué que M. Alphandéry. Je puis vraiment dire de moi en retournant le proverbe antique honoratus magis quam oneratus.

Ma joie ne consistera pas seulement à diriger ou plutôt à écouter les discussions de tant de savants éminents ou ingénieux avec une impartialité dont mon incompétence est la meilleure garantie; elle m'est inspirée aussi par la satisfaction de voir mon nom associé pendant une année à celui du grand érudit, du penseur profond, du charmeur incomparable que fut Ernest Renan. C'est un des souvenirs les plus chers de ma jeunesse que le bienveillant accueil qu'il fit à mes essais de débutant, comme à ceux de tant d'autres, et pourtant, un de mes premiers articles de critique historique était un compte rendu assez vif du premier volume de l'Histoire d'Israël où je lui reprochais ce que je crois encore avoir été une erreur de sa part, la fameuse théorie du désert monothéiste, du « pur Elohim » détrôné par le << féroce Yahveh ». Avec quel bon sourire, légèrement teinté d'amertume, il me dit un jour : « Vous m'avez assez malmené mais vous savez, il y a des points sur lesquels je pourrais me défendre. » Il n'en fit rien d'ailleurs et il fit bien, car il avait mieux à employer son temps.

C'est avec raison que vous avez placé votre société sous le patronage de ce grand nom; il exprime mieux que toute épithète l'esprit dans lequel nous devons aborder l'objet de nos études: esprit d'indépendance, je dirai même d'intransigeance scientifique, mais aussi de respect et même de sympathie. Certes il n'est pas nécessaire d'avoir une foi définie pour s'occuper d'histoire religieuse, mais il n'est pas mauvais de l'avoir eue. C'est le meilleur moyen de pénétrer dans l'âme des croyances religieuses et l'exemple même de Renan nous apprend le profit durable qu'en retire l'historien psychologue.

J'ai prononcé le mot de sympathie, et vraiment il ne me semble pas possible de traiter avec succès l'histoire des religions, de comprendre même parfaitement le fait religieux si l'on ne sympathise pas d'une certaine manière avec ce que j'appellerai la faculté religieuse

dans l'homme. Je ne vois pas un naturaliste consacrant sa vie à la botanique s'il n'a pas été quelquefois ému par l'explosion émerveillée des fleurs au printemps et par le frisson mystérieux de la forêt aux premières brumes de l'automne. Je ne vois pas un littérateur essayant d'écrire un roman ou un drame passionnel s'il n'a jamais éprouvé lui-même le tourment délicieux de l'amour.

Il en va de même des études religieuses.

Je n'ignore pas tout le mal qu'a semé dans le monde la religion ou, comme l'appelaient nos pères, le fanatisme. Que de vaines querelles, que de meurtres, d'holocaustes, de consciences opprimées ou perverties, de génies étouffés, d'œuvres d'art détruites, de civilisations même exterminées! Tantum relligio potuit suadere malorum. Mais n'a-t-il pas été commis aussi beaucoup de crimes au nom de la liberté, et la liberté n'en est-elle pas moins adorable ?

Et puis, en face de ce long réquisitoire, il faudrait aussi inscrire une longue liste de bienfaits: la part prépondérante de la religion dans l'organisation des premières sociétés, les services qu'elle rend comme gardienne, dans beaucoup d'âmes, de la moralité et de la discipline sociale, les œuvres d'art et de poésie innombrables qu'elle a inspirées, les dévouements, les sacrifices, les charités, les découvertes morales qu'elle a suscités et suscite tous les jours. Je ne suis pas sûr que, dans l'établissement de ce bilan, le bien en définitive ne l'emporte sur le mal: tantum relligio potuit suadere bonorum. Quoi que l'on pense là-dessus, il reste une vérité certaine : c'est le rôle immense que le fait religieux a joué dans l'histoire de l'humanité et qu'il continuera à y jouer longtemps encore. Voilà pourquoi il mérite une étude complète, une étude scientifique, j'entends comme fait purement humain. D'ailleurs ceux-là même qui acceptent encore la doctrine de l'inspiration surnaturelle ne doivent-ils pas convenir que la parole divine ne porte de fruits que si elle tombe dans un milieu propice?

La médecine moderne a reconnu peu à peu que le microbe n'est pas tout dans la maladie, qu'il n'est même pas l'essentiel: l'essentiel c'est, comme on dit, le bouillon de culture, l'ambiance favorable que l'organisme apporte au poison ou la résistance qu'il lui oppose; c'est pourquoi la médecine la plus efficace c'est l'hygiène, qui fortifie cet organisme et le met à l'abri des attaques brusquées.

Eh bien, il en va de même de la religion. Le prophète prêchant

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dans le désert n'a qu'un intérêt anecdotique; ce qui importe, c'est le prophète cru, écouté, accueilli avant ou après sa mort, c'est la croyance et le culte s'emparant d'âmes nombreuses, pénétrant et modelant leur essence, transformant ou conditionnant l'ordre social: de pareils phénomènes, d'une telle ampleur et d'un si profond retentissement, ne sont possibles que si une religion, à un moment donné, correspond à la mentalité, à la moralité, au savoir, aux institutions d'une société humaine, que si, en un mot, elle fait corps avec la vie nationale. C'est pourquoi l'histoire religieuse n'est qu'un chapitre, immens de l'évolution des sociétés ou, comme on dit dans le jargon du jour, de la sociologie.

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Cette histoire, pour être constituée définitivement, exige les connaissances les plus variées, les renseignements les plus précis sur tous les éléments, tous les aspects de la vie humaine individuelle ou collective dont la religion est en quelque sorte la résultante. Historiens et archéologues, linguistes et folkloristes, voyageurs et physiologistes, exégètes et critiques, philosophes et jurisconsultes, tous sont appelés à fournir leur pierre à l'œuvre commune ; tout ce qui cherche, tout ce qui pense doit venir à nous, s'intéresser à notre œuvre, sans distinction de confessions ni d'opinions religieuses ou irreligieuses. C'est à tous ces collaborateurs présents et futurs que je fais appel en votre nom; je serai heureux si, pendant ma courte présidence, la société Ernest Renan pouvait s'enrichir de nombreuses recrues venues des points de l'horizon les plus divers, mais ayant en commun le noble souci du savoir et le respect inaltérable de la vérité.

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de l'Assemblée générale qui est adopté sans observations.

M. Eisler fait une communication sur les Découvertes récentes au sujet de la version slave de Flavius Josephe.

Cette communication sera publiée dans la Revue de l'Histoire des Religions.

MM. Goguel, Guignebert et Couchoud présentent quelques observations auxquelles répond M. Eisler.

La séance est levée à 6 h. 1/2.

Séance du 20 février 1926.

La séance est ouverte à 4 h. 1/2. M. Th. Reinach préside. Présents: Mmes Dussaud, Hubert, Renan, Sartiaux; Mlle Bru

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