Slike strani
PDF
ePub
[ocr errors]

Nielsen nous rappelle d'abord que la principale source de notre connaissance des religions arabes anté-islamiques doit être les textes épigraphiques, et dans ces textes les noms propres théophores. On ne peut tirer aucun renseignement important des auteurs musulmans : l'islamisme s'est efforcé d'effacer toute trace du paganisme antérieur ; s'il n'y a pas réussi complètement, s'il a gardé l'essentiel: « Ein Gott (Allah), Ein Fest (le Pèlerinage) Ein Heiligtum (un sanctuaire, celui de la Mecque) » (p. 185), il renie cet héritage du passé.

Ce que les documents anciens nous fournissent surtout, ce sont des noms de dieux, plus d'une centaine, les uns simples noms propres sans interprétation possible, d'autres exprimant des concepts abstraits, d'autres à valeur adjective, des noms de parenté, des noms indiquant le lieu où le dieu est adoré (pp. 192-193). Outre ces noms les documents nous donnent (ou nous laissent deviner) des « formes divines: Göttergestalten », et parmi ces formes, l'une est privilégiée : la triade céleste composée du dieu lune: 'Ilmaqah ('Il ou 'Ilah), de la déesse solaire: Shams ('Ilat, 'Ilahat), et du dieu de la planète Venus Athtar. C'est une famille divine où la lune est le père, le soleil la mère, et Vénus le fils. Nielsen étudie avec soin les éléments de cette triade; il tâche notamment d'établir que le nom primitif du Dieu lune était 'Il ou Ilah qu'on trouve dans tous les textes sémitiques anciens quel que soit leur dialecte. Il en conclut (p. 220): « de Hauptgott bei allen Semiten war ursprünglich der Il (Ilah) C'est un dieu sémitique commun gemeinsemitisch. Peut-être cet 'Il aurait-il été d'abord une force indéterminée dont la lune serait peu à peu devenue l'emblème (p. 222). C'est en ce sens qu'on pourrait parler du monotheïsme sémitique.

Nielsen cherche ensuite à montrer le lien qui existe entre cette religion vieille-arabe et les religions nord-sémitiques. Dans celles-ci deux tendances sont en lutte le Dieu-Maître s'oppose au Dieu-Père (p. 240). Néanmoins le rapport est visible entre la triade sud-arabique et la triade assyrienne: Sin, Shamash, Ishtar. Par contre la religion cananéenne fait difficulté: le soleil y est un dieu mâle, Vénus un dieu femelle et son culte est étroitement uni à celui de la lune. Nielsen veut encore faire entrer dans son système le monotheïsme mosaïque, en montrant que Elohim-Yahweh a été primitivement un dieu lune. Mais c'est surtout l'Islam qu'il veut rattacher à l'antique religion de l'Arabie: critiquant la thèse de Geiger qui insiste sur l'in

fluence juive et celle de Wellhausen qui croit à une influence chrétienne, il montre qu'Allah, Maître Universel, n'est pas Yahweh, dieu national juif, qu'il n'est pas non plus le Dieu en trois personnes des chrétiens, et qu'il réunit au contraire tous les caractères du vieil 'Ilah, dieu de l'Arabie ancienne. Des thèses aussi hardies ne peuvent évidemment être admises d'emblée, mais il est bon que l'auteur en les résumant dans un manuel en ait provoqué de nouveau la discussion.

Il nous faut signaler en terminant la belle présentation de l'ouvrage. Des index commodes terminent le livre. L'illustration, abondante et variée, complète heureusement le texte, surtout en ce qui concerne l'archéologie.

J. CANTINEau.

Notices Bibliographiques

GUSTAV DALMAN.

Aramäische Dialektproben unter dem Gesichtspunkt neutestamentlicher Studien. neu herausgegeben... Zweite, erweiterte Auflage mit deutsch-englischen Wörterverzeichnis. Leipzig. J. C. Hinrichs, 1927. 8,50 mk.

La première édition des Dialektproben de Dalman avait surtout pour but de fournir aux araméisants des textes et des matériaux pour faire connaître les dialectes de la langue araméenne. Dans cette nouvelle édition, l'auteur a ajouté des pièces de la littérature judéo-palestinienne qui prêtent matière à comparaison avec des paroles de Jésus, des proverbes araméens et des fragments de l'évangéliaire

araméen.

La plupart des textes sont vocalisés, selon le système de Tibériade, ce qui n'est, sans doute, pas très opportun; il aurait mieux valu donner également des spécimens de vocalisation babylonienne. Cela aurait été d'autant plus facile que les textes araméens vocalisés selon le système babylonien ne manquent pas.

On sait que cette question de la vocalisation présente encore un problème difficile à résoudre. D. a donc raison de dire qu'il n'y attache pas une grande importance et qu'il a voulu seulement aider le débutant à bien comprendre les formes verbales et le préparer à la lecture des morceaux non vocalisés. Pourtant, il est bon de se dire qu'il existe une certaine tradition dont il faut tenir compte. (p. 2, V); pas

[ocr errors]

mais (p. 6), et ainsi de suite.

Cela n'empêche que le livre de D. continuera à rendre de réels services à tous ceux qui veulent étudier l'araméen.

M. G.

BULLETIN DE L'ECOLE FRANCAISE D'EXTRÊME-ORIENT, t. XXVI, 1926 (Hanoï 1927). Gd in-8 de 703 p.

H. MARCHAL, dans une Note sur l'architecture de Nak Pan, précise les caractéristiques de ce document, unique aù Cambodge (v. sa description par MM. Finot et Goloubew, ibid. T. XXIII, 401). A cette occasion il résume en quelques notations très instructives l'évolution de l'architecture d'Ankor dite classique, par opposition à la période de l'art khmer primitif : « 1o Période de Jayavarman II (début du Ixe s.) le Bayon. L'architecture y cède le pas à la sculpture, qui y déploie une exubérance et une virtuosité sans égales. 2o Période presque contemporaine de la précédente, mais où des souvenirs de l'art Khmer primitif se mêlent à des formes classiques d'une très grande richesse art d'Indravarman selon Parmentier (ibid. T. XIX). 30 xe et XIe s. Baphnon, Takeo, les Khlasi d'Ankor Thom. Sobriété dans le décor, harmonie dans les proportions architecturales. -4 XIIe s. et suivants : développement de l'architecture, reléguant le sculpteur au rôle subalterne de décorateur des surfaces. Ankor Vat. Nak Pan appartient à la première période.

F. M. SAVINA. Dictionnaire français-mán. Les tribus mán sont venues de Chine au Tonkin à une époque relativement basse. La langue ici étudiée est celle des Man Kim-di; la moitié au moins de son vocabulaire dérive du cantonais.

Lt col. RENONDEAU. Choix de pièces du théâtre lyrique japonais, transcrites, traduites et annotées. Il est heureux que le regretté Noël Péri ait trouvé en l'attaché militaire de l'ambassade de France au Japon un continuateur; félicitons-nous sans réserve de cette révélation d'un nouveau japonologue, aussi expert qu'érudit.

L. AUROUSSEAU, qui rend compte de fouilles exécutées en Annam, s'est acquitté d'une lourde tâche en préparant la publication de ce tome, tout chargé de documents administratifs (1925 et 1926). Signalons en particulier la liste des monuments historiques des diverses parties de l'Indo-Chine Française. On doit à M. FINOT une nécrologie de Ch. B. Maybon, l'un des plus actifs serviteurs de la France en Extrême-Orient, et quelques pages importantes de bibliographie, à l'occasion surtout des récents ouvrages de F. D. K. Bosch, l'indianiste néerlandais.

P. MASSON-OURSEL.

Henry GUSENS, M. R. A. S. The architectural antiquities of Western India. London, The India Society, 1926. In-8 de x1-86 p., et 57 illustrations.

Livre estimable et utile, d'un prix abordable (25 shillings). Toutefois la technicité d'un ouvrage scientifique fait défaut. La notion d'Inde « Occidentale» est vague, et de fait on juxtapose dans cet ou

vrage des monuments du Sind et du Dekkan, et le Gujerate y voisine avec Ajanta. Stúpas bouddhiques et mosquées s'y rencontrent également.

Pietro MIGNOSI.

[ocr errors]

P. MASSON-OURSEL.

L'idealismo. Milano, Ed. Athena, in-18 de 143 p.

Petit livre, mais aussi livre faible, sur un grand sujet. L'auteur se borne à une série d'aperçus, sans plan systématique, sur diverses doctrines idéalistes. Il eût dû, semble-t-il, ou présenter une brève histoire de l'idéalisme, ou marquer les principales sortes d'idéalisme. Il y a tout au moins celui de la conscience le solipsisme; et celui de la raison. Berkeley est subjectiviste, Kant trouve dans le sujet la législation universelle de l'objet. Avant eux Descartes croyait passer nécessairement du je suis >> à l'existence de Dieu. Sans compter que l'idéalisme de Platon avait été tout autre chose un réalisme des idées..

«

P. Mignosi se contente de continuer, en guise de conclusion, le phénoménisme de Guastella, l'aristotélisme de Croce, l'acte pur de

Gentile.

Louis HALPHEN.

et civilisations ».

P. MASSON-OURSEL.

Les Barbares. t. V. de la Collection « Peuples
Paris, Alcan, 1926. Un volume de 393 p., 8°.

et

Il semble bien que notre âge ait un heureux, un fécond souci de synthèse en histoire, d'étude des réactions et des interpénétrations de peuple à peuple, de race à race. Symptôme peut-être de l'esprit d'un temps qui veut reconstruire en évaluant avec précision les éléments nationaux ou éthniques qui se trouvent en rivalité ou en coopération. Il n'y a plus de Pyrénées historiques. M. Halphen, qui a acquis dans la critique exacte, à champ limité, la pus juste notoriété, nous donne aujourd'hui un vaste tableau d'une vaste période cela est significatif déjà. Et ce qui l'est plus encore, c'est que des parties de ce tableau aucune ne soit isolée, que tout y donne l'impression de continuité dans les forces culturelles, d'enchaînement dans les résultats, en dépit de ce que cette époque présente de chaotique ou tout au moins de fortuit. L'Islam, la formation de l'Etat arabe, l'organisation de l'Occident par l'Eglise grégorienne, puis carolingienne, s'expliquent, sans avoir recours à aucun a priori, par un jeu d'influences politiques ou religieuses que M. Halphen indique avec tact, par des syncrétismes intellectuels dont la philosophie islamique et l'humanisme palatin sont les types les plus accomplis. Ajoutons que, d'une économie très claire et pourvu d'une bibliographie excellente, riche sans être touffue, ce livre est un parfait instrument de travail, de coordination de recherches.

P. A.

« PrejšnjaNaprej »