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L'auteur incline à croire il le dit lui-même à plusieurs reprises - que c'est d'abord le stoïcisme qui a fait l'éducation philosophique du christianisme et qu'ensuite à partir du Ive siècle, c'est le néoplatonisme qui l'a aidé à dégager sa propre pensée. M. Ch. ne nie pas que d'autres écoles ont pu exercer quelque influence sur l'évolution de la doctrine et de la morale chrétiennes, mais à ses yeux, ce sont sûrement les deux facteurs essentiels qui ont présidé à sa formation intellectuelle.

C'est là une vue un peu simpliste et sommaire. Il ne faut pas oublier qu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne s'opère entre systèmes de même tendance une véritable alliance, parfois une fusion. Vous avez d'un côté le platonisme, le péripatétisme, le stoïcisme, le pythagorisme. Ce sont les systèmes dogmatiques qui tendent à se muer en théologies. D'autre part, vous avez l'épicurisme, les survivants de la Nouvelle Académie, les sceptiques. Ce sont les écoles de négation contre lesquelles sont liguées les autres écoles. Sans doute le caractère propre de chaque école n'est pas perdu; le stoïcisme plus que les autres reste fidèle à lui-même. Mais les frontières sont abaissées; on devient plus éclectique, du moins au sein de chacune des grandes catégories qui se forment alors. Aussi, croyons-nous, serait-il plus exact de dire que c'est la philosophie positive plutôt que telle école particulière qui a influé sur la pensée chrétienne et son développement.

Cette réserve faite, on ne peut trop recommander l'excellente étude de M. Chappuis. Il y a apporté une scrupuleuse conscience, une réelle pénétration et une vive sympathie pour le stoïcisme et les stoïciens.

E. DE FAYE.

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J. LE COULTRE. Maturin Cordier et les origines de la pédagogic protestante dans les pays de langue française (1530-1564). Neuchatel i926..

Voici un très beau livre, fruit de plus de vingt ans d'un labeur acharné et qui a paru au lendemain même de la mort de son auteur. Jules Le Coultre était professeur de langue et littérature latines à l'Université de Neuchatel. Passionné pour l'étude du seizième siè

cle, il s'était déjà fait connaître par des travaux importants sur la jeunesse de Calvin; puis il s'était adonné, de toute son âme de professeur et de protestant, à l'étude de celui qui fut l'initiateur de la pédagogie protestante dans la Suisse française, Maturin Cordier, l'ancien maître de Calvin. Il lui a consacré ce gros volume de plus de 500 pages, fort bien présenté, orné de 43 planches hors texte, et que complètent de savants appendices.

Bien curieuse et sympathique figure que celle du grand pédagogue qui se donna pour tâche, pendant plus d'un demi siècle, d'initier les enfants aux secrets de la bonne latinité. Né dans le Perche, en 1479 sans doute, il était venu étudier à Paris; puis s'était fait prêtre et avait exercé son ministère paroissial à Rouen. Mais il était professeur dans l'àme, et il souffrait de voir la langue de Térence et de Cicéron abâtardie dans le jargon des écoles. Vers l'âge de trente cinq ans il entrevit sa vraie mission et se donna désormais tout entier à l'enseignement. Quinze ans durant il apprit aux enfants des collèges de Paris Lisieux, Navarre, la Marche, Sainte-Barbe les rudiments de la grammaire. Il ensuite quelques années à Nevers et à Bordeaux et partit en 1537 pour Genève où l'appelait Calvin, son ancien élève au collège de la Marche. Il n'y resta pas; en 1539 nous le trouvons à Neuchatel, puis en 1545 à Lausanne, où il fut pendant douze ans le collaborateur de Viret. C'est à Genève cependant qu'il vint passer les dernières années de sa vie, et il y mourut en 1564, trois mois après Calvin.

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Très vite il était devenu célèbre en 1534 déjà une grammaire cite comme exemple dans le chapitre sur les adverbes la phrase suivante : Ubicumque docebit M. Corderius, florebunt bonae litterae. Pour enseigner aux enfants l'éloquentia et les bonae litterae il composa de nombreux ouvrages élémentaires qui eurent un très grand succès, particulièrement les Colloquia scholastica: ce recueil de dialogues écrit à l'intention des élèves pour leur apprendre tout ensemble un vocabulaire étendu et le secret des tournures élégantes a eu de très nombreuses éditions (M. L. C. en énumère 21 postérieures à l'année 1800). Nous n'avons pas à étudier ici le grammairien et le styliste, non plus que les différentes éditions de ces ouvrages ; M. L. C. a traité ces questions très minutieusement et a réussi à faire çà et là des trouvailles et des rectifications heureuses.

Mais outre leur intérêt grammatical ces livres ont pour nous un

intérêt documentaire de premier ordre; ils nous font connaître, parfois dans leurs derniers détails, la vie d'un élève à Paris, à Neuchatel, à Lausanne, dans le second tiers du seizième siècle. Notre biographe s'est longuement étendu sur ces questions et on ne peut que s'en féliciter; si parfois on a un peu l'impression d'un horsd'œuvre (p. ex. dans les développements sur le rectorat de Castillion à Genève, les causes de la crise entre Viret et le gouvernement de Berne, ou l'histoire du collège de Neuchatel après le départ de Cordier) on trouve toujours à apprendre dans ces pages bourrées de petits faits et de détails pittoresques empruntés aux archives. Parmi les morceaux les mieux venus citons ceux qui nous décrivent le régime des études de Lausanne vers 1550: d'une comparaison attentive entre les Leges Scholae Lausannensis (dont il donne pour la première fois le texte dans un appendice de son ouvrage) avec l'Ordre du Collège de Genève, l'auteur conclut que Calvin s'est certainement inspiré de l'organisation des études à Lausanne quand il fonda l'Académie en 1559.

Mais Maturin Cordier n'était pas seulement un grammairien. Chrétien profondément convaincu, il a toute sa vie appliqué le principe de pédagogie qu'il énonçait ainsi à la fin de sa carrière : « apprendre aux enfants à joindre la piété et les bonnes mœurs avec l'étude des humanités ». C'était le programme d'Erasme et de tous ceux qui avec lui voulaient faire fleurir la pietas litterata, ou, comme dirait Cordier, la pietati conjuncta eloquentia. Entre trente et quarante ans Cordier dut subir vivement l'influence de Lefèvre d'Etaples, de Robert Estienne et du prédicateur Roussel; il se rattachait alors à ce groupe de réformistes qui voulaient propager l'« Evangélisme ». Plus tard il penche vers le protestantisme et nous l'avons vu répondre dès 1537 à l'appel de Calvin. Cet homme doux et timide n'avait rien d'ailleurs du polémiste et du théologien ; mais sa piété sérieuse l'a poussé à toujours mêler à ses règles de grammaire des commentaires moraux, et c'est dans les préfaces de ses manuels que nous appre nons à la bien connaître. M. Le Coultre a donné en appendice le texte intégral de ces préfaces (1).

(1) A deux reprises cependant Cordier a composé des livres de pure édification, tous deux en vers (d'ailleurs d'un prosaisme désolant): Les Epitres chrétiennes et les Cantiques Spirituels. C'est à lui que le protestantisme fran

On devine tout l'intérêt de ce solide ouvrage d'érudition, biographie définitive d'un homme qui, sans avoir une forte personnalité a pourtant joué un rôle considérable dans l'histoire de la pédagogie moderne, et qui a été mêlé à la vie des trois grands réformateurs de la Suisse française: Farel, Viret, Calvin (1).

A. ALBA.

WILLIAM OF OCKHAM.

The de imperatorum et pontificum potestate, hiterto unpublished, now edited by C. Kenneth Brampton. Oxford, 1927. 7 s. 6. d.

Ce traité de G. d'Ockam avait déjà été édité en 1914 par Richard Scholz (Unbekannte kirchenpolitische streitschriften aus der zeit Ludwigs des Bayern, 1327-1354; tome X, p. 453-480); et le manuscrit du British Museum n'est pas unique, comme l'affirme M. Brampton. On a déjà fait ces remarques (Revue d'histoire franciscaine, 1927); aussi nous n'insistons pas, et nous préférons remercier M. Brampton de nous donner sous un format commode, plus commode que celui des Unbekannte, et dans une édition très soignée, un texte précieux.

Il est d'un intérêt passionnant, ce petit traité qu'écrivit Ockham vers 1346. Le pape, démontre le docteur franciscain, ne possède pas la plénitude de juridiction temporelle, comme l'affirme l'Eglise d'Avignon. Il n'est pas la source unique d'où découlent, les différentes autorités sociales, impériales et royales. Normalement, il ne jouit d'aucune autorité temporelle; le Christ ne la lui a pas donnée et même il lui a interdit de l'exercer. Le temporel appartient aux laïcs, et le pape n'a le droit d'intervenir sur ce terrain que dans des

çais doit ses premiers cantiques; il en avait semble-t-il composé la musique lui même et M. L. C. nous apporte sur ce sujet tous les détails désirables. (1) Les épreuves ont été relues avec beaucoup de soin par M. Méautis, collègue de M. L. C. Citons seulement quelques menues erreurs en vue d'une seconde édition : Le nom de l'éditeur du Journal d'un bourgeois de Paris, M. Bourrilly, est estropié à plusieurs reprises (pp. 92, n. 3; 96, n. 1). L'Institution de la Religion Chrétienne a paru au mois de mars 1536 et non pas en 1535 (p. 108). Le rappel de Calvin par le Conseil de Genève est de la fin de 1540 et non du 1er mai 1541 (p. 153).

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