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lieues de la première ville, vers l'ouest. Il est plus vraisemblable que l'ordre suivi par Ibn Batoutah, après son départ de Djâm, fut celui-ci : 1° Zâveh, 2° Besthâm, 3° Nichâpoûr, 4° Thoûs et Mechhed, 5° Sarakhs, 6° Hendokhir. On doit supposer aussi qu'Ibn Batoutah aura omis de mentionner quelques localités qu'il a dû visiter, sur sa route, entre Zâveh et Besthâm, et entre cette dernière ville et Nichâpoûr. Enfin, il est certain que notre auteur a commis une erreur, en mettant la contrée montagneuse appelée Kouhistân entre Balkh et Hérât. Peutêtre a-t-il voulu parler du Ghardjistân, situé, en effet, au sud-est de la première de ces villes, et au nord-est de la seconde. Quant au Kouhistân, ce n'est qu'après avoir quitté Hérât, qu'Ibn Batoutah a pu le traverser, puisque cette vaste province commençait à l'ouest de Hérât, et s'étendait dans la direction de Hamadan et de Boroudjird. Dans une acception plus resserrée, le mot Kouhistân désignait un territoire compris entre Hérât et Nichâpoûr, et dont la capitale était Kâïn 1.

Ibn Batoutah et ses compagnons séjournèrent environ quarante jours près du village de Kondoûs, tant afin de refaire leurs chameaux et leurs chevaux au milieu des gras pâturages de ce canton, que pour attendre que l'arrivée des chaleurs et la fonte partielle des neiges leur permissent de traverser plus facilement l'Hindoû Coûch. Après s'être remis en marche, ils arrivèrent dans un grand bourg situé près de l'emplacement occupé jadis par la ville d'Ander (Andérâb). Ils rencontrèrent, sur l'Hin

1 Voyez l'Histoire des Mongols de la Perse, p. 176, 177, note, et la Géographie d'Édrîcy, trad. fr. t. II, p. 183, où on lit Fanen , au lieu de; et The geographical works of Sadik Isfahani, P. 40.

doù Coûch, une source thermale, avec l'eau de laquelle ils se lavèrent la figure; mais leur peau fut excoriée, et ils souffrirent beaucoup. Il est assez curieux de retrouver les mêmes effets produits par une source d'eau thermale située à l'extrémité orientale de la Sibérie, près de la Tavatoma1. Nos voyageurs s'arrêtèrent dans un endroit appelé Pendj Hir, nom qu'Ibn Batoutah explique par « les cinq montagnes. » En effet, on sait que pendj, en persan, signifie «< cinq »; quant à hîr, c'est une altération d'un mot sanscrit qui signifie « montagne », et d'où les Persans ont fait guer ou guéry. Mais Ibn Batoutah a eu grand tort de confondre la rivière de Pendj Hîr, un des affluents du Câboul Dérià, avec celle de Badakhchân ou Gueuktcheh (la bleuâtre), qui se jette dans l'Oxus, et dont il a été déjà fait mention incidemment (t. II, p. 24).

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Depuis Kondoûs jusqu'à Perwân, Ibn Batoutah paraît avoir suivi la même route que celle que prirent, au mois d'avril 1838, le docteur Lord et le lieutenant John Wood, en revenant de leur beau voyage au nord de l'Hindoû Couch 2. Les deux explorateurs anglais rencontrèrent aussi, à vingt-trois milles d'Andérâb, deux sources d'eau thermale. La montagne de Péchaï, dont parle notre auteur, est, sans doute, la même que celle dont il est fait mention dans ce passage des Mémoires du sultan Baber: « Entre Perwân et la haute montagne (l'Hindoû Coûch), il y a sept défilés plus petits, que les habitants de la contrée appellent «les Sept-Jeunes » ou « Petits» (Heftpetché). Lorsque l'on arrive du côté d'Andérâb, deux

1

1 Journal historique du voyage de M. de Lesseps, Paris, 1790. in-8°, t. II, p. 137, 139.

2

A personal narrative of a journey to the source of the river Oxus, etc. London, 1841, in-8°, p. 408 et suiv.

chemins se réunissent au-dessous du principal défilé, et conduisent à Perwân par le chemin des Sept-Jeunes. C'est là une route très-difficile 1».

1

A partir du passage de l'Hindoû Coûch, Ibn Batoutah se trouvait dans la contrée actuellement connue sous le nom d'Afghanistan, mais qui relevait alors du sultan de la Transoxiane. A Perwân, ville située sur la rivière de Pendjhîr, et appelée, par les géographes arabes, Ferwân 2, il rencontra le lieutenant de ce souverain. De là il se rendit au grand bourg de Tcharkh, nommé par les voyageurs modernes Tcharikar; puis à Ghaznah, la célèbre capitale de l'empire Ghaznévide, et à Câboul. Enfin, il gagna les bords du Sind, non sans avoir eu à résister aux attaques des Afghâns, qu'il déjoua toutefois assez facilement.

Ici commence la seconde partie de la relation originale d'Ibn Batoutah, et finit la partie publiée de la version portugaise du P. Moura 3. Les personnes qui ne possèdent pas la connaissance de l'arabe n'ont donc pu, jusqu'à présent, juger du mérite de cette portion de 'Leyden's and Erskine's Baber, p. 139.

'Cf. Edward Thomas, On the coins of the kings of Ghazni, London, 1848, in-8°, p. 31. M. Lee a supposé à tort que cette place pouvait être celle de Bedâoun, mentionnée par Firichtah, et dont sera question ci-après. Bédâoun est, comme on sait, située dans le Rohilconde.

il

Nous avons fait voir, dans la préface de notre premier volume, combien le travail du religieux portugais laissait à désirer, sous le double rapport de l'intelligence du texte et de la transcription des noms propres d'hommes et de lieux, et combien il présentait de suppressions. Nous osons espérer que notre version, plus complète, plus étudiée, et dont, grâce à l'adjonction du texte, les orientalistes peuvent facilement contrôler l'exactitude, remplacera dorénavant celle de notre devancier.

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l'ouvrage qu'à l'aide de la traduction de M. Lee, faite sur un abrégé. Or quoique, pour ce qui regarde la péninsule en deçà du Gange, cet abrégé soit beaucoup moins défectueux que pour ce qui concerne d'autres pays, tels que l'Asie Mineure, le Kiptchak, et surtout le Hidjâz et l'Arabie centrale, si étrangement passés sous silence par l'abréviateur, il est loin, surtout pour les détails historiques, de pouvoir remplacer l'original 1. Cependant, deux juges bien compétents ont rendu pleine justice à l'intérêt que présente cette seconde partie de l'ouvrage, même dans l'abrégé. «Il est fort à regretter, dit feu Sir H. M. Elliot, que nous ne possédions pas un exemplaire complet du livre de ce voyageur entreprenant..... L'époque où Ibn Batoutah visita l'Inde (A. D. 1332-1342) est fort intéressante, et nous fait regretter davantage que les détails géographiques aient été rendus avec autant de confusion par l'abréviateur 2. >>

1

On se fera une idée de la différence qui existe entre les deux rédactions, quand on saura que ce qui, dans le présent volume, occupe trois cent cinquante-six pages, n'en remplit, dans le volume de M. Lee, que cinquante-deux, sur lesquelles il faut en déduire huit pour un extrait d'un ouvrage persan relatif à l'histoire de la forteresse de Gualior, et au moins deux fois autant pour les notes du traducteur, parmi lesquelles il y en a de fort utiles, mais aussi d'inexactes. L'abrégé traduit par M. Lee paraît avoir été rédigé avec beaucoup de négligence. En effet, on y voit l'histoire du cheikh Hoûd (et non Hâd, comme on lit, p. 146 de M. Lee) mêlée, de la manière la plus étrange, avec celle de Behâ eddin Guchtasp (ou Guerchasp), cousin germain du sultan de l'Inde. (Cf. ci-dessous, p. 302 à 307 et 318 à 321.) La rébellion d'Aïn Almolc est aussi racontée de la façon la plus incomplète et la plus inexacte. (Voyez Lee, p. 147.)

Supplement to the Glossary of indian terms, by H. M. Elliot, Agra, 1845, in-8°, p. 79, note.

Le savant et judicieux historien de l'Inde, Mountstuart Elphinstone, après avoir tracé le récit du règne de Mohammed ibn Toghlok châh, ajoute ces paroles : Beaucoup de particularités concernant ce règne sont rapportées par Ibn Batoutah, natif de Tanger, qui voyagea dans toute l'Asie, et visita la cour de Mohammed vers l'année 1341, et qui n'a pu avoir aucun intérêt à farder la vérité, puisqu'il a écrit après son retour en Afrique: Il confirme, dans toute leur étendue, les récits des indigènes touchant les talents et les crimes du roi, et trace, de sa magnificence mêlée de ruine, un tableau absolument tel qu'on peut se le figurer, quand il s'agit d'un pareil souverain 1».

Notre intention n'est point de suivre pas á pas Ibn Batoutah dans la partie de son récit qui concerne l'Inde; une pareille tâche nous entraînerait fort au delà des bornes qui nous sont prescrites; elle n'aurait pas, d'ailleurs, une bien grande utilité au point de vue géographique, puisque, dans ce volume, nous ne faisons que conduire notre auteur jusqu'à Dihly, et qu'on n'y trouvera mentionnées qu'un assez petit nombre de localités. C'est surtout par ce qui regarde les régions centrales de la péninsule et les villes du littoral, que la relation de l'Inde, par Ibn Batoutah, se recommande aux géographes; or ces différents morceaux sont réservés pour prochain volume. L'intérêt de celui-ci est plus principalement historique. Nous devons donc nous attacher à signaler et à éclaircir, autant qu'il est en nous, les principaux points des annales de l'Inde dont il y est question.

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