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dent les peuples plus civilisés. Ce sont les individualités se dégageant de la gangue de la collectivité et de la tradition qui ont créé la morale positive avec son caractère individuel. La morale des non civilisés n'est pas la nôtre, mais ils en ont une et elle est étroitement associée avec leurs pratiques religieuses.

M. L. termine en signalant quelques conceptions ou représentations d'une valeur supérieure chez les primitifs sur la forme du monde, la création, les déluges, le passé de l'humanité, le royaume des morts, etc.

et en mentionnant, mais sans y attacher plus de valeur qu'il ne convient, le dernier avatar des idées de M. Andrew Lang ressuscitant la croyance primitive à un Dieu suprême et moral.

C'est M. Ad. Erman qui ouvre la seconde section consacrée aux religions orientales en résumant l'état de nos connaissances sur la Religion de l'Égypte. M. Erman, d'une part, admet une origine très rudimentaire des dieux égyptiens, conçus comme des animaux et d'après des analogies très frustes, et, d'autre part, il semble croire qu'il y a eu une religion égyptienne primaire unique laquelle se serait subdivisée plus tard en une quantité de cultes locaux. C'est le contraire, plutôt, qui parait vraisemblable. L'évolution religieuse telle qu'il se la représente ne ressort pas clairement de cet exposé qui est vraiment par trop sommaire. L'auteur renvoie à son livre: Die ægyptische Religion (Berlin, 1905) dans la collection des «< Handbücher der königl. Museen. »

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M. C. Bezold décrit à grands traits l'état de nos connaissances sur la religion assyro-babylonienne. Il avait été invité tout d'abord à grouper dans un même chapitre les religions sémitiques à l'exclusion de la religion d'Israël et de l'Islam. L'insuffisance de nos connaissances sur les religions des Sémites occidentaux ne lui a pas permis de remplir ce programme. Il s'est donc borné à la religion de l'Assyrie et de la Chaldée. Il la considère comme d'origine sumérienne, non sémitique. En trois paragraphes il décrit la religion avant l'époque de Hammourabi (environ 2000 av. J.-C.), la religion de l'empire assyrien (env. 2000 à 600 av. J.-C.), puis l'art religieux, la mythologie et la cosmologie des Assyro-Babyloniens.

C'est M. Oldenberg qui s'est chargé des religions de l'Inde et de celle de l'Iran. Ces deux résumés sont conçus d'une façon magistrale; on sent ici un esprit philosophique, qui sait s'élever au-dessus de l'érudition pour dégager les lignes maîtresses de l'évolution historique. Une réserve extrême et justifiée à l'égard des origines religieuses indoeuropéennes, quelques données solides sur la communauté religieuse

indo-iranienne, un excellent paragraphe sur la religion du Véda, avec ses éléments de valeur et de nature si différentes, les commencements de la spéculation religieuse dans le Rig-Vela, l'apparition des conceptions qui domineront toute la pensée ultérieure de l'Inde l'idée de l'Atman Brahma, la croyance à la transmigration, la recherche de la délivrance), l'évolution correspondante de l'ascétisme, le Jainisme (que M. O. se borne à mentionner, le Bouddhisme, puis l'Hindouisme se préparant déjà bien avant la crise bouddhique, la nouvelle floraison des anciennes traditions religieuses populaires, le recul progressif du Bouddhisme dans l'Inde, après une période d'envahissement par les religions populaires, enfin la variété infinie des cultes et des sectes et des spéculations hindouistes, formidable végétation où les superstitions les plus grossières foisonnent à côté des systèmes de la philosophie la plus abstraite, tels sont les paragraphes successifs dans lesquels M. Oldenberg nous retrace cette longue histoire, si étrangère à notre civilisation occidentale, qui n'a guère rien reçu d'elle et qui ne lui a non plus rien donné.

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M. O. a consacré un paragraphe spécial à la question tant discutée des rapports du Bouddhisme et du Christianisme, et avec quelle maitrise! Je ne résiste pas à la tentation de le transcrire presque en entier : « Des deux parts, le Maître allant et enseignant avec son groupe de disciples des récits analogues, tels que l'épisode de la tentation, des paraboles, des sentences offrant de telles ressemblances que l'on a pensé à des intrusions d'éléments bouddhiques dans les évangiles, hypothèse que l'on ne peut ni démontrer ni réfuter, mais qui me paraît plutôt invraisemblable. Mais quelle étroite parenté entre l'annonce, d'une part, que le Royaume de Dieu est venu, d'autre part que la délivrance de la mort est trouvée! l'ouverture, en pleine vie terrestre, d'une perspective sur un monde lumineux de délivrance et de perception, d'après le plan divin ou d'après l'ordre éternel, par l'apparition d'un élu, lorsque les temps sont accomplis! Ici comme là une liberté et une intériorité, qui s'est délivrée de toute contrainte du légalisme et du ritualisme anciens; ici comme là la tendance à dépasser toute limitation nationale, l'universalisme étendu au monde entier. »«< Et, cependant, quand on y regarde de plus près, quelle profonde différence entre les pensées de l'une et de l'autre foi! quelle différence infinie de la tonalité dans laquelle est écrite la mélodie de la vie spirituelle! Dans le Bouddhisme la puissance suprême une loi universelle impersonnelle régissant toutes. choses, que le penseur, fier de sa force, perce à jour, de manière à se

délivrer et à s'assurer l'éternel repos; dans le christianisme la puissance souveraine, la Grâce d'un Dieu tout amour, élevant à la vie éternelle celui qui la saisit en toute humilité. Combien le Christianisme a fécondé le développement de la personnalité, soit chez l'individu, soit chez les peuples! Et par contre le Bouddhisme! comme tous les tons qui pourraient témoigner de la vie personnelle se sont éteints dans la fraîcheur silencieuse de sa pensée! Même s'il avait la force d'engendrer une telle vie, il ne le voudrait pas. Il ne voudrait pas que la pernicieuse fantasmagorie des sensations et des efforts personnels continuât son jeu... »

Dans le chapitre consacré à la religion de l'Iran très court, mais également solide M. Oldenberg se montre très réservé en ce qui concerne la nature, la date et surtout le rayonnement de l'œuvre réformatrice de Zoroastre. Ces questions ne lui paraissent pas mûres.

L'Islamisme a eu la bonne fortune d'être traité par M. Ignaz Goldziher, bien connu de nos lecteurs. Il occupe à bon droit une place plus considérable que les autres religions dans ce volume. Nous recommandons ce résumé de son développement et de son histoire à tous ceux qui veulent se faire une idée d'ensemble à ce sujet.

Le directeur de Die Kultur der Gegenwart a eu la bonne idée de ne pas ramener sous une rubrique unique le Bouddhisme dans ses différentes formes. Le Bouddhisme, en effet, religion universaliste qui s'est étendue sur des populations de race, de langue et de civilisation très diverses, recouvre en réalité des religions multiples. Si M. Oldenberg a traité du Bouddhisme originel et de son rôle dans la vie religieuse de l'Inde, M. Grünwedel a consacré une section spéciale au Lamaïsme; le Bouddhisme chinois a été traité à part sous la rubrique des religions des Chinois et le Bouddhisme japonais encore à part parmi les religions du Japon.

Comme on pouvait s'y attendre de la part de l'auteur de Mythologie des Buddhismus in Tibet und der Mongolei, le chapitre de M. Grünwedel sur le Lamaïsme présente un exposé d'ensemble de la religion du Tibet, qui est particulièrement précieux, puisqu'il est difficile d'en trouver ailleurs le pendant. Je n'ai pas de compétence pour en juger l'exactitude.

Les religions des Chinois sont présentées par M. de Groot. Il s'occupe successivement du Confucianisme, du Taoisme et du Bouddhisme. Une quantité considérable de renseignements précis sont consignés ici. On n'y retrouve pas la maîtrise avec laquelle M. Oldenberg a dégagé les

principes directeurs de l'histoire religieuse de l'Inde, l'esprit philosophique indispensable à l'historien qui veut rendre sensible à son lecteur la psychologie de l'évolution religieuse dont il retrace les phases successives ou les aspects divers. Les indications bibliographiques, placées à la suite de chaque section de l'ouvrage, sont pour la Chine particulièrement insuffisantes.

Le volume se termine par une section plus étendue qu'aucune des autres sur les religions du Japon, auxquelles les événements récents confèrent une importance plus considérable pour le grand public des lecteurs cultivés que vise l'œuvre collective éditée par M. Paul Hinneberg. Deux auteurs se sont partagé la tâche. M. K. Florenz a parlé du Shinntoïsme et M. H. Haas du Bouddhisme japonais, soit de son histoire, soit de son état actuel. M. Florenz était admirablement qualifié pour exposer l'histoire du Shinntoïsme. Il s'en est acquitté dans un chapitre sobre et clair, où il traite d'abord du Shinntoïsme primitif jusqu'à l'introduction du Bouddhisme vers le milieu du vr siècle après J.-C., ensuite de la fusion du Shinntoïsme et du Bouddhisme, enfin de la restauration du pur Shinntoïsme depuis 1700 environ. Le second paragraphe est particulièrement intéressant au point de vue de l'histoire générale des religions, comme exemple typique de la manière dont le Bouddhisme se prête à fusionner avec les religions indigènes des peuples chez lesquels il se propage.

L'histoire religieuse du Japon est assurément une des plus compliquées et des plus accidentées qu'il y ait. Le Bouddhisme y a traversé des phases multiples depuis son introduction au milieu du vi° siècle de notre ère jusqu'à nos jours, où il a repris une nouvelle vie et constitue une branche particulière de la grande religion asiatique, la branche orientale à laquelle il convient de faire une place à côté des deux rameaux du Bouddhisme méridional et du Bouddhisme septentrional. C'est cette histoire du Bouddhisme japonais que M. Haas résume d'une façon très instructive. On lira avec grand intérêt sa description de la religion contemporaine, avec le contraste saisissant de la foi toute spéculative des écoles et de la pratique populaire toute saturée d'éléments étrangers au Bouddhisme proprement dit. M. Haas estime néanmoins, sans doute avec raison, que le foyer du Bouddhisme dans le monde contemporain est au Japon.

Ces courtes indications suffiront à faire comprendre la réelle valeur de ce volume de 267 pages, dans lesquelles sont condensés, sous une forme toujours claire et accessible aux profanes, les résultats d'études

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scientifiques extrêmement variées et considérables. Je ne saurais, en vérité, en désigner un autre mieux approprié pour donner au lecteur cultivé, curieux d'histoire religieuse, un résumé plus complet et plus autorisé des religions orientales de l'ancien continent.

JEAN RÉVILLE.

M. P. NILSSON. - Griechische Feste religiöser Bedeutung mit Ausschluss der Attischen, 1 vol. in-8°, vi et 490 p. Leipzig, Teubner, 1906.

Si Gruppe a donné un manuel qui promet de faire longtemps autorité dans le domaine de la mythologie grecque (voir p. 401), ce n'est qu'incidemment qu'il a pu s'engager dans celui de l'héortologie, réservé dans la collection d'I. Müller, aux Griechischen Kultusaltertümer (2 éd., 1898) de P. Stengel. Malheureusement, ce volume, infiniment précieux pour tout ce qui touche aux conditions, formes et caractères des sacrifices et autres cérémonies cultuelles, est beaucoup moins complet pour les fêtes et, s'il décrit avec quelque détail les grands jeux et ceux d'Athènes, il n'essaye guère d'en pénétrer le sens intime et primitif et se borne à énumérer en quatre pages toutes les fêtes des autres états grecs. Dans la réédition par Lipsius du Manuel de Schoemann, si tout ce qui est relatif aux prêtres et aux autres fonctionnaires du culte a été très heureusement remanié par E. F. Bischoff (1904), le chapitre des fêtes est resté très insuffisant; il se trouve développé davantage dans les Gottesdienstliche Alterthümer du Handbuch de Hermann qui n'ont pas été réédités depuis 1858; Dittenberger, qui s'était chargé d'en publier une nouvelle édition complètement refondue, absorbé par son énorme labeur épigraphique, est mort, il y a quelques mois, sans avoir pu exécuter ce projet. Athènes seule, avec les Sacerdoces Athéniens de M. Martha (1882) et les Feste der Stadt Athen de A. Mommsen (1900) présentait, pour ses fêtes et cérémonies religieuses, un ensemble de recherches qui dispensaient d'avoir recours à la Graecia feriata de Meursius; sans doute le PaulyWissowa jusqu'à la lettre E, le Darenberg et Saglio et le Roscher jusqu'à la lettre P comprenaient d'excellents articles d'héortologie, mais dispersés à travers leurs nombreux volumes et sans unité de composition ni de conception; enfin cette utile collection d'histoires religieuses locales, si heureusement inaugurée par Wide et Immerwahr, semble

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