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avec plusieurs délégués des syndicats ouvriers, se déclara prêt à soumettre à la direction de sa compagnie, les propositions qui avaient été faites à la Compagnie des Chemins de fer hollandais. Ces revendications étaient :

1. Il sera demandé au Gouvernement dispense provisoire de l'article 31 de la loi sur les chemins de fer. 2. Les syndicats ouvriers seront officiellement

reconnus.

5. Les grévistes seront repris au salaire antérieur. 4. Aucune mesure de rigueur ne pourra être prise contre les grévistes, soit dans le présent, soit dans l'avenir.

5. Plein salaire sera payé pour les jours de grève.

Dans la réunion à Plancius, il fut annoncé qu'à la Station centrale un manœuvre avait été suspendu. Cet incident joint à quelques autres détails, fit décider par l'assemblée que les communications avec la Station centrale seraient coupées. Après la séance publique, on chercha à mettre de l'ordre et de l'unité dans la conduite de la grève. Un comité officiel de grève fut institué et il fut convenu que toutes les pièces devraient être signées par Petter (Président de la Federatie van Spoorwegorganisaties) et par Oudegeest (Président de la Nederlandsche vereeniging van Spoor- en Tramwegpersoneel).

Le Samedi 51, aucun train ne pouvait plus arriver jusqu'à Amsterdam, attendu que les deux gares, la station centrale et la station de ceintureWeesperpoort,

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étaient bloquées. Cet isolement ne parut pas assez complet. Ayant appris que la Compagnie des Chemins de fer hollandais faisait rouler ses trains jusqu'à Sloterdijk, le comité de la grève, jugeant cette halte trop rapprochée d'Amsterdam, envoya aux ouvriers d'Haarlem l'ordre de se mettre en grève. Ensuite, on pria M. Huyzinga, inspecteur des Chemins de fer de l'État à Weesperpoort, de ne plus laisser arriver ou partir aucun train, sous menace de bloquer Utrecht.

La crainte que la grève ne s'étendît au delà de ses désirs, inquiétait vivement le Comité. Il voyait clairement, que pour peu qu'elle se prolongeât encore, la grève allait se généraliser, et perdre son caractère de manifestation de solidarité, pour devenir l'instrument de revendications économiques. C'est une conséquence à laquelle les meneurs voulaient échapper, sous prétexte, qu'une demande d'augmentation de salaires aurait eu des effets désastreux au point de vue de l'avenir du mouvement syndical.

Afin de précipiter la solution, à cinq heures, un ultimatum fut envoyé aux directions des compagnies de chemin de fer pour les sommer de souscrire, avant huit heures du soir, aux propositions des syndicats: faute de quoi, la grève serait étendue à d'autres localités.

Dans la matinée, le Président et le Secrétaire du Conseil d'administration de la Compagnie des Chemins de fer hollandais, accompagnés d'un chef de bureau, s'étaient rendus à la Haye et avaient été reçus en

audience par le ministre du Waterstaat M. de MarezOyens, au sortir d'un conseil des ministres.

Les termes de cette entrevue n'ont pas été livrés à la publicité. On sait seulement que le ministre exprima l'opinion, que, liées comme elles l'étaient par leurs contrats, les compagnies ne pouvaient agir autrement qu'elles ne l'avaient fait; que les démêlés entre les compagnies et leur personnel étaient une affaire qui ne le regardait pas directement; qu'il ne pouvait se mettre au-dessus de la loi, ni, par conséquent, accorder une dispense des obligations contenues dans l'article 51 de la loi sur les chemins de fer.

Entretemps la situation s'était tellement empirée, que c'est à peine si les administrateurs de la Hollandsche spoorwegmaatschappij purent encore rentrer le même soir à Amsterdam. Par faveur spéciale, le comité de la grève donna des ordres pour que le train où se trouvaient ces messieurs pût circuler jusqu'à Haarlem. En débarquant à Amsterdam, après avoir parcouru en voiture les quinze kilomètres qui séparent la ville des tulipes, de la capitale, les membres du Conseil d'administration de la Compagnie des Chemins de fer hollandais prirent connaissance d'une lettre par laquelle les veemen leur faisaient savoir qu'ils s'abstiendraient de leur demander le transport d'aucune marchandise jusqu'à ce que le boycott fût levé; ensuite, ils délibérèrent sur les mesures à prendre. Fallait-il prolonger la résistance ou céder? Le Conseil d'administration de la Compagnie des Chemins de fer

hollandais, que l'attitude prise par le ministre du Waterstaat avait un peu découragé, se résigna à passer sous les fourches caudines des exigences de son personnel. I crut y être obligé par une raison d'intérêt général et d'intérêt particulier. Reconnaissant que la résistance ne pouvait avoir aucun effet utile, puisque tout le personnel faisait défection et qu'il n'y avait à ce moment qu'un contingent dérisoire de troupes sous les armes, il se dit qu'en repoussant les conditions de paix de l'ultimatum, il risquait de jeter le pays dans la crise d'une grève générale qui aurait pu avoir des conséquences incalculables au point de vue des intérêts économiques du pays et de l'ordre social. Il craignait également que l'État ne voulût profiter des difficultés de la compagnie pour lui imposer la reprise par pénalité, ce qui eut été très onéreux pour les actionnaires. Cette double responsabilité le fit reculer.

Le courrier était sur le point de se rendre à la poste avec les dépêches commandant d'étendre la grève, lorsque le Stakings-comité fut avisé que la compagnie pour l'exploitation des Chemins de fer de l'État ассерtait toutes les propositions des syndicats. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, dans les différentes réunions d'ouvriers du chemin de fer, provoquant partout des scènes du plus vif enthousiasme.

Sur ces entrefaites, le comité de la grève résolut de prolonger, au profit de la compagnie des chemins de fer hollandais, le délai de l'ultimatum jusqu'à 8 1/2 heures, afin de permettre aux membres du conseil d'admini

stration, revenus tardivement de La Haye, de conférer avec le membre délégué M. Van Hasselt. A 81/2 heures rien n'étant arrivé, un courrier fut dépêché à la poste avec des télégrammes ordonnant d'arrêter le transport à Enkhuizen, Hoorn, Winterwijck, Amersfoort, Hilversum, Roozendael, Rotterdam et La Haye. Quelques instants après, la Compagnie des chemins de fer hollandais se soumettait à son tour: elle consentait à reconnaître les syndicats, à réaccepter les grévistes aux conditions anciennes, et à ne pas exiger de son personnel un travail de jaunes. Ainsi qu'on le constate, il n'était pas fait mention dans cette réponse de la compagnie, des autres conditions de l'ultimatum. Bien qu'il attribuât cette omission à un oubli causé par la hâte de la rédaction, le comité ne voulut pas décréter la cessation de la grève avant d'avoir l'assurance que la compagnie accordait son placet à toutes les demandes de son personnel. On demanda par téléphone une conférence avec le conseil d'administration. Impossible! Vu l'heure avancée, ces messieurs étaient rentrés chez eux. On courut chez M. Van Hasselt. Celui-ci déclara que la compagnie avait entendu donner satisfaction complète aux ouvriers.

Lorsqu'on apprit dans les assemblées que la compagnie des chemins de fer hollandais avait également cédé sur toute la ligne, l'enthousiasme devint presque du délire.

La cessation de la grève fut proclamée et il fut convenu que le travail serait repris le lendemain dimanche à 6 heures du matin.

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