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une correspondance dans laquelle M. Petter, non socialiste, président de la Fédération des ouvriers du chemin de fer, proteste contre les exagérations socialistes de M. Troelstra et remet ainsi les choses au point. (1)

Après avoir rappelé le passage dans lequel M. Troelstra décerne à la Nederlandsche Vereeniging les palmes de la journée du 31 janvier, il s'exprime comme suit : « Cela est complètement faux. La Ned. Ver. n'a rien eu à voir avec la naissance de la grève : la grève a éclaté parmi des membres de la Fédération des syndicats d'ouvriers du chemin de fer et c'est par eux que la grève a été décidée. Au début, la direction appartenait uniquement aux chefs des syndicats particuliers, sections de la Fédération; plus tard elle fut complétée par la Nederlandsche Vereeniging.

Quant à ce qui concerne la direction des socialdémocrates dans cette grève, il serait à souhaiter que l'auteur du « Uitkijk » s'informe de l'opinion à laquelle appartiennent les meneurs.

Peut-être s'enfuirait-il d'horreur; et si alors il comparait le nombre des socialistes au nombre de ceux qui appartiennent à une autre opinion, il comprendrait qu'il n'a pas le droit de parler de direction socialiste.

Sans doute, les social-démocrates nous ont appuyé, mais pas plus ni moins que d'autres... Le Président de la Fédération n'est pas socialiste et il a siégé comme Président du Comité de la grève.

(1) Het Volk, 12 février 1903, 2de blad.

La grève fut une poussée d'ouvriers des chemins de fer de toute opinion et il ne faut pas lui donner une apparence anarchiste ou socialiste... ».

Cette lettre de M. Petter est suivie d'une note de la Rédaction dont voici la teneur : « Que la Nederlandsche Vereeniging avec ses 5.000 membres a joué le rôle principal dans la grève des ouvriers du chemin de fer, cela s'indique de soi. Que son bureau est composé de social-démocrates, chacun le sait. Que ce sont eux qui ont fait de l'association ce qu'elle est à l'heure actuelle, nous le maintenons. Nous ne parlerions pas de ces choses, si les anarchistes n'essayaient de répandre le mensonge que les social-démocrates sont opposés à la grève etc. et n'interviennent que dans les élections. Que beaucoup d'autres ouvriers qui ne sont pas de notre bord p. ex. Petter et Van den Berg, tous deux non socialistes ont collaboré à ce mouvement, nous le reconnaissons volontiers. >>

Non satisfait par ces explications, M. Petter revient à la charge dans le n° du Volk du 14 février (1) : << Attendu que la Rédaction persiste à représenter la grève sous une forme partiellement inexacte, je me vois obligé de revenir sur la question et d'ajouter cette déclaration même si la Nederlandsche Vereeniging ne s'était pas rangée de notre coté, la Fédération des syndicats d'ouvriers du chemin de fer aurait engagé la lutte. Sans vouloir diminuer l'importance de la parti

(1) Het Volk, 14 Février 1903. - Tweede Blad.

cipation de la Nederlandsche Vereeniging, je dois cependant faire remarquer, que les 5000 membres de cette association ne sont pas en état d'arrêter le transport. Il n'en est pas de même de l'Union des machinistes et apprentis machinistes affiliés à la Fédération. Cette Union compte 85 % du personnel employé sur les locomotives....

Je prie la Rédaction de parler avec une égale estime du travail accompli pendant la grève par les anarchistes, les antirévolutionnaires, les socialistes etc... Car ce n'est pas en qualité de représentants politiques, mais comme ouvriers du chemin de fer qu'ils ont combattu.

Toutes ces gasconnades ont déjà communiqué au dehors l'impression que nous sommes tous socialistes et anarchistes. Or rien n'est moins vrai »...

La polémique se termine par cette note de M. Troelstra « Nous ne pouvons que répéter ce que nous avons déjà dit. Attendu que les anarchistes représentent cette grève comme un morceau ou un échantillon de leur grève générale, et qu'ils accusent les social-démocrates de négliger les moyens économiques pour reporter toutes leurs sympathies sur les élections, nous avons voulu établir la part prise par les socialistes dans la grève... Que la grève fut projetée et conduite par les syndicats agissant motu proprio et que, par conséquent, elle ne fut l'œuvre, ni de notre parti, ni d'aucun autre parti, c'est ce que nous avons déjà démontré dans un précédent article. >>

Nous avons cru utile de reproduire les éléments de

cette discussion entre MM. Troelstra et Petter, afin de permettre à chacun de se rendre compte par lui même, en pleine connaissance de cause et en toute liberté, de l'action socialiste dans la grève. Au fond, MM. Troelstra et Petter sont bien près de s'entendre. En réalité M. Troelstra contredit moins les affirmations de M. Petter, qu'il n'essaye de diminuer l'importance de certaines exagérations de langage, en montrant qu'il a été parfois contraint de forcer un peu la note par les besoins de sa polémique avec les anarchistes.

Quelles sont les conclusions qui se dégagent de cet exposé? Nous croyons pouvoir les résumer comme suit:

La grève a commencé chez un syndicat d'ouvriers du chemin de fer affilié à la Fédération. M. Petter, président de la Fédération, prétend, que la Fédération n'est ni socialiste, ni anarchiste, pas plus qu'il n'est lui même anarchiste ou socialiste.

Nous savons gré à M. Petter de sa déclaration. Mais, cela ne nous empêche pas de croire qu'un certain nombre de membres de la Fédération professaient des opinions ou étaient animés de tendances socialistes ou anarchistes. Ce qui n'a rien d'étrange, si l'on songe qu'au moment de sa dissolution, certains membres de l'ancien Bond socialiste-anarchiste: Steeds Voorwaarts sont entrés dans les syndicats neutres. De plus, pour qu'une association ouvrière ne recule pas devant le moyen extrême d'une grève affectant un service public essentiel pour obtenir la reconnaissance du principe du syndicat obligatoire, il faut que cette association soit au

moins largement dosée de cet esprit prolétarien-révolutionnaire dont parle Mme Roland Holst et qui est, d'après elle, la caractéristique du mouvement syndical

neutre.

а

La Nederlandsche Vereeniging van Spoor- en Tramwegpersoneel dont le caractère socialiste est notoire, at pris une part active dans la grève, et par le nombre imposant de ses membres, et par la présence dans le Stakings-comité de son président M. Oudegeest, et par l'influence morale qu'elle a pu exercer.

<< Neutres »>, socialistes et anarchistes se sont partagés la besogne de parler, de siéger au bureau, et de faire l'office de secrétaires dans les réunions publiques. Ainsi, ces divers éléments se sont combinés et par leur accord ont décidé de la victoire.

Le parti socialiste néerlandais dont l'action économique avait été jusqu'à présent presque entièrement absorbée par l'action politique, n'est pas intervenu comme tel dans la grève. L'anarchiste, M. Domela Nieuwenhuis dont le rôle d'agitateur semblait être fini depuis plusieurs années, fit une courte apparition sur le terrain de la grève. Les idées qu'il exposa d'une grève générale unissant tout le prolétariat néerlandais dans un même élan pour renverser l'état bourgeois, devaient trouver un écho inattendu quelques semaines plus tard.

Il nous reste encore à dire un mot du nombre de grévistes. C'est un point très obscur et vivement

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