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« A la place où la croix avait été faite, on ouvrit alors une tranchée dans laquelle fut déposée l'auge magique. Le féticheur versa dans celle-ci une petite quantité d'eau et aspergea le sol, premièrement au nord, puis au midi.- Il prit ensuite deux des racines qui avaient été pelées, cracha dessus, les déposa dans l'auge, chacune à un bout; et se plaçant en face de l'extrémité méridionale, ramassa quelques-uns des fragments de brindilles qu'il jeta dans l'auge. Il accomplit cette opération en croisant les bras, de telle sorte que les petits morceaux de bois contenus dans la main gauche fussent jetés au levant du bâton lié en travers de l'augette, et ceux de la main droite au couchant du même bâton.

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L'acolyte, placé au nord de l'auge, exécutait en même temps et strictement les mêmes actes. Puis tous deux allèrent se rasseoir, le féticheur à l'est, l'acolyte en face de lui. Une fois assis, ils prirent la poule, l'enfant tint les pattes et les ailes; le féticheur saisit la tête, qu'il frotta avec de l'argile blanche, et coupa la gorge du volatile, en ayant soin de faire tomber le sang dans l'auge et sur la barre transversale.

« Quand la poule fut morte, le magicien la posa par terre, au midi de l'augette, où le sol avait été aspergé, et lui tourna la tête au levant. La même cérémonie eut lieu à l'égard de la chèvre, que deux assistants aidèrent à maintenir, et dont le cadavre, placé au nord, à l'endroit également bénit, regarda lecouchant.

Après s'être lavé la figure avec de l'eau mêlée au sang des victimes, le magicien prit dans sa bouche un peu de cette eau ensanglantée et la projeta d'abord vers le soleil, puis du côté du levant. Il se frotta ensuite la poitrine et les mains avec de la poudre d'écorce, prise dans la sébille, et avec de l'eau du sacrifice. Son acolyte répétait tous ses actes.

« Une nouvelle quantité d'eau, tirée du vase apporté par le magicien, fut versée dans l'augette. Beaucoup d'hommes se lavèrent la figure avec cette eau et se frottèrent les mains avec la poudre d'écorce. Plusieurs de mes gens, bien que disciples de Mahomet, suivirent leur exemple.

« L'augette fut retirée de la tranchée, on mit dans la sébille un peu de son contenu et le reste fut jeté dans la fosse, où l'on jeta également les petits morceaux de bois et les boules de fiente et d'argile.

« Le féticheur ayant couvert tout cela avec l'auge, planta la branche nue au levant de cette couverture. Enfin, il prit la sébille remplie d'eau lustrale, et faisant le tour du camp, il aspergea les huttes devant lesquelles il passait. La chèvre et la poule lui restèrent comme gratification.

« Toute la cérémonie, évidemment, conclut Cameron, s'adressait au soleil qu'elle avait pour but de nous rendre propice' ».

Il est en effet vraisemblable que l'officiant s'adressait au soleil, fauteur indirect des incendies et visait à l'apaiser;. mais par de là le soleil, ne visait-il pas aussi la force cosmique qui se manifeste dans le soleil sous forme de feu?

Afrique occidentale. - L'Afrique occidentale ne présente pas un moins vif interêt. Chez les Adoumas (Congo français) la croix est associée à des fétiches fort curieux. L'une d'elles est inscrite dans un cercle qui semble servir de couvercle à une outre, un autre vase, tout garni de fibres végétales est surmonté d'un trépied portant une tige terminée par un large cercle où s'inscrit une croix faciée décorée d'un nez et de deux yeux. Selon Savorgnan, de Brazza les nègres conjureurs qui s'adressent à ces sortes de fétiches invoquent les crânes des ancêtres placés sans doute dans les vases que surmontent ces croix. La croix grecque figure sur le diadème de Dinah. Salifou, roi des Nalous et des Bagas'. Chez les Dahoméens qui

1) Commandant V. L. Cameron, A travers l'Afrique, trad. Loreau P., 1878, in-8°, p. 369-371.

2) Malheureusement nous n'avons aucun détail. Cf. Savorgnan de Brazza, Voyage dans l'Orient Africain dans Tour du Monde, 1887, 2° sem., p. 331, fig., p. 330, rep. dans Ansault, Album, fig. 74, p. 154.

3) Coffinières de Nordeck, Voyage au pays des Bagas et du Rio Nunez dans Tour du Monde, 1886, 1* sem., fig., p. 279 rep. par Ansault, Album, fig. 167, p. 200.

séjournèrent au Jardin d'Acclimatation, en 1891, on pouvait remarquer que le collier des femmes était orné d'une croix de coquillages et que les hommes portaient aussi la croix cousue

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sur leurs ceintures st sur les bandes qui se croisaient sur leur poitrine'. L'Histoire des voyages, de Prévost reproduit diverses espèces de croix que les nègres de la Côte d'Or portaient jadis

1) Ansault (Abbé), Mémoire sur le culte de la Croix av. J.-Ch., P. 1891, in-8°, p. 100.

en guise d'amulettes. « Suivant Jobson, chez les lolofs, les gris-gris de la tête se portent en croix depuis le front jusqu'au cou, et depuis une oreille jusqu'à l'autre ' ».

Lors du passage de Schweinfurth, la première femme du roi Bongoua, près de Tombouctou portait des croix de SaintAndré tatouées sur la poitrine et sur l'épaule droite, ces croix étaient d'ailleurs réunies par un tatouage simulant une sorte de collier'. Les nègres du Sénégal inférieur Oualofs et Peuhls,

Fig. 7.- Première femme du roi Bongoua près de Tombouctou.

portent des scapulaires rectangulaires ornés de croix de SaintAndré, et des scapulaires en losange ornés de croix grecques'.

Afrique du Nord. - Lorsqu'on sait l'importance magico-religieuse des tatouages chez les primitifs, on est conduit à admettre que les trois croix grecques qui marquent le front et les joues des filles et des femmes de Metlili (Algérie Saha

rienne) ont un rôle mystique'. Chez les Kabyles les hommes portent la croix tatouée sur le front et les femmes sur le menton. D'autre part la saignée se fait en croix'. Parmi les Berbères

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1) Prévost, Hist. des Voyages, Paris, Didot, 1747, in-4, pl. IX dans t. IV, p. 100-101.

2) Prévost, Histoire des Voyages, III, 274.

3) Dr G. Schweinfurth, Voyage au cœur de l'Afrique dans Tour du Monde, 1874, 2° sem,, p. 368, repr. par Ansault, Album, fig. 174, p. 202.

4) Voyage et expédition au Sénégal et dans les contrées voisines dans Tour du Monde, 1861, 1 sem., p. 29. Ansault, Album, fig. 179, p. 204; Ansault, Mémoire, p. 27.

5) Commandant V. Colomieu, Voyage dans le Sahara Algerien dans Tour du Monde, 1863, 2 sem., fig. pp. 177 et 179. Ansault, Album, fig. 171 et 172,

p. 202.

6) Ch. Géniaux, Sous les figuiers de Kabylie, Paris. 1917, in-12, pp. 132 et

de la région tunisienne la croix est la figure la plus souvent employée dans les tatouages. Les pointes de feu appliquées aux malades sont toujours disposées en croix lorsqu'on a cherché à leur donner une forme. Lorsqu'un tatouage médical ne produit pas l'effet voulu il est ordinaire d'y surajouter la

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croix'. Des croix sont disposées en collier, d'autres décorent les poignets, le cou de pied, les tempes, les coins des sourcils et tous les points particulièrement vitaux. Nous savons d'ail

1) Dr Carton, Ornementation et stigmates tegumentaires chez les indigènes de l'Afrique du Nord dans Mém. de la Soc. d'Anthr. de Bruxelles (1909), XXVIII, 55-56 et pl. I à IX.

2) Loc. cit., pl. II, 17; VI, 62; VIII, 86; I, 1-5. Voir également : Dr Ber

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