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messianitė, après sa mort ignominieuse, s'ils n'y avaient pas cru précédemment1? Et auraient-ils pu y croire de son vivant, s'il ne s'y était pas prêté ou n'y avait pas donné lieu? Cela est impossible, puisque la vie terrestre de Jésus ne répondait nullement à l'attente messianique des Juifs. D'autre part, Jésus aurait dû combattre cette foi chez ses disciples. si elle eût été contraire à son sentiment intime. Mais nulle part, dans les Évangiles, nous ne trouvons la moindre tentative de ce genre, même dans les occasions où le silence de Jésus prêtait, dans la dite supposition, à la plus grave équivoque'. Si Jésus n'avait pas c. u à sa messianité, il aurait aussi dû parler, comme JeanBaptiste, d'un plus grand qui viendrait après lui 3, ce qu'il ne fait non plus jamais, tout en annonçant la venue imminente du royaume de Dieu et la parousie du Messie'. Et comme tout. semble prouver que Jésus n'a pas voulu être un Messie davidique, mais plutôt un Messie transfiguré et idéal, l'image transcendante et céleste du Fils de l'homme aura le mieux cadré avec ses sentiments

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De toute façon, c'est dans les textes évangéliques les plus anciens qu'il faut chercher le sens chrétien primitif de ce titre messianique, plus spécialement dans les textes où Jésus ne se désigne pas comme le Messie présent. Car. s'il s st arrêté de préférence à la notion du Fits de l'homme Fidee p ́a nas pu lui venir qu'il était déjà le Messie dans Thunde condition où il était de son vivant. Il pourrait aussi n'avoir parlé de l'avè nement du Fils de l'homme que d'une manière impersonnelle", ses disciples seulement lui ayant ensuite appliqué ces prédictions. En tout cas, comme il ne peut avoir pris ce titre que vers la fin

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8-10; Luc, XIX, 37 s.

4) Marc, IX. 1; XIV, 25; Matth., XXIII, 39; XXIV, 27, 37-44; Luc, XIII, 35; XVII, 24, 26-30.

5) Piepenbring, Jésus historique, p. 168 s.

6) Matth., XXIV, 37, 39; Luc, XVII, 26, 30,

de son ministère, puisque la scène de Césarée de Philippe prouve que jusque-là la question de sa messianité n'avait jamais été touchée, tous les passages où il est censé parler auparavant de sa messianité ou y faire nettement allusion, ne sont pas historiques ou ne sont pas à leur place chronologique. Dans l'étude approfondie que Bousset a consacré à ce sujet, il a simplement admis la possibilité que Jésus ait adopté, en passant et rarement, le titre de Fils de l'homme. Par contre, il affirme avec raison que, presque partout, c'est l'Église naissante qui lui a mis ce titre dans la bouche, en sorte que nous y trouvons sûrement l'expression de la plus ancienne christologie chrétienne. Les premiers chrétiens, sortis du judaïsme et lui ayant emprunté ce titre pour en doter Jésus, ont introduit, par cela même, de la dogmatique juive dans l'Église'. Et comme nous avons vu que ce titre et la doctrine qui s'y rapporte, sont en grande partie le produit d'une influence étrangère', la christologie chrétienne a donc subi indirectement cette même influence.

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De même que, dans la vision de Daniel, le Fils de l'homme apparait à côté de l'Ancien des jours procédant au jugement du monde, et que Hénoch voit, à l'origine des choses, son Messie semblable associé à Dieu pour être son collaborateur, Jésus, en qualité de Fils de l'homme et de Christ, est supposé assis à la droite de Dieu et participant à son pouvoir'. Puis il est censé revenir sur les nuées des cieux, dans la gloire de son Père et entouré d'anges', qu'il enverra pour rassembler les élus des quatre vents de l'horizon. Par là on fut amené à l'idée que le royaume ou règne du Christ se substitue à celui de

1) Bousset, Kyrios Christos, p. 16 ss.
2) Voir ci-dessus, p. 135 s. 148 s.
3) Voir ci dessus, p. 134, 145 ss.

4) Marc, XIV, 62; Luc, XXII, 69; Jean, III, 14; VIII, 28; XII, 34; Act., I, 33-36, V, 31; VII, 56, 59 s

5) Marc, VIII, 38; XIII, 26; XIV, 62; I Thess., IV, 15 s.

6) Marc, XIII, 27. Comp. Matth., XIII, 41.

Dieu; car au Fils de l'homme du livre de Daniel doit être conféré pour toujours la domination, la gloire et le règne sur tous les peuples de la terre'. Aussi se met-on à parler du jour du Fils de l'homme, comme l'Ancien Testament parle du jour de Jahvé. Et comme l'eschatologie juive prédit la venue de Dieu, la chrétienne annonce l'apparition de Jésus-Christ *.

Sous ce rapport, il est caractéristique que celui-ci, comme Fils de l'homme, devient aussi le futur juge du monde et va même détrôner Dieu à cet égard. Cette évolution ne s'est pourtant faite que graduellement. Le Christ Jésus est d'abord simplement témoin devant Dieu, au jour du jugement®. A ce point de vue, la souveraineté de Dieu est encore pleinement sauvegardée. Ensuite le Fils de l'homme, venant dans la gloire du Père, règle lui-même le compte avec ceux qui l'ont renié. Plus tard encore, il devient le juge qui rend à chacun selon ses œuvres. Enfin il est le roi assis sur son trône de gloire, et tous les peuples comparaissent devant lui, pour qu'il fasse le triage entre les bons et les méchants et prononce la sentence définitive sur les uns et les autres 10. Cette glorification. continue du Christ est l'effet du mouvement dogmatique au sein de l'Eglise primitive, comme nous le verrons. Il faut cependant remarquer que la préexistence du Fils de l'homme, qu'on rencontre déjà dans le judaïsme", ne fut pas aussitôt

1) Matth.. XII, 41; XVI, 28; XX, 21; Luc, XXII, 29 s.; XXIII, 42. 2) VII, 14.

3) Luc, XVII, 26, 30; I Cor., I, 8. Comp. Luc, XVII, 22; Act., II, 20; Gressmann, Ursprung, § 15.

4) Gressmann, Ursprung, § 3 ss.

5) Matth., XXIV, 37, 39, 44; 1 Thess., II, 19; III, 13; IV, 15; V, 23.

6) Matth., X, 32 s., Luc. XII, 8 s.

7) Matth., X, 28; Luc, XII, 5. Comp. Marc, X, 40; Luc, XII, 32.

8) Marc, VIII, 38.

9) Matth., XVI, 27. Comp. Luc, XXI, 36. En comparant le premier de ces

textes avec Marc VIII 38, on voit comment une même parole fut successive.

ment modifiée pour rehausser la gloire du Christ.

10) Matth., XXV, 31-46. Comp. Act., X, 42; II.Cor., V 10.

11) Voir ci-dessus, p. 145 s. 151, 153.

transférée à Jésus-Christ. On n'en trouve aucune trace dans les Synoptiques. Le souvenir de la vie historique de Jésus empêchait sans doute les premiers apôtres et chrétiens de s'engager dans cette voie.

Comme dans le messianisme juif, il y eut aussi plusieurs courants dans la christologie naissante, celle-ci dépendant d'abord de celui-là et subissant ensuite d'autres influences A côté de la christologie transcendante constatée, voici d'autres éléments primitifs de cette doctrine

On eut l'idée que Jésus de Nazareth, un homme dont Dieu avait légitimé la mission, en accomplissant par ses mains de grands miracles, et qu'il avait ressucité des morts était devenu le Christ', en même temps que le Fils de Dieu, par son élévation à la droite de Dieu. Ce point de vue adoptianiste et théocratique était fondé sur des principes répandus en Israël et dans toute l'antiquité de l'Orient classique, où les souverains régnants passaient pour avoir un caractère divin'. Il se peut néanmoins que le titre de Fils de Dieu ne fut donné à JésusChrist que sous l'influence de l'hellénisme, qui se fit sentir de bonne heure dans l'Eglise. Il est certain que ce titre dans le sens métaphysique provient de là, comme nous le verrons, mais dans le sens dont nous venons de parler l'influence du judaïsme a pu suffire pour l'introduire dans l'Église.

Le titre purement théocratique et honorifique de Fils de Dieu, n'excluait pas la parfaite humanité de celui qui en était revêtu, comme on le voit par l'exemple des rois d'Israël portant

1) Act., II, 22-36.

2) Act., XIII, 33 s.; Luc, XXII, 66-70. Comp. Ps. II, 7; J. Weiss, Christus, p. 21 s.; le même, Urchristentum, p. 85-88.

3) Holtzmann, Theologie, I, p. 335 ss.; J. Weiss, Christus, p. 19-21; Loisy, Synoptiques, I, p. 226; Bousset, Kyrios Christos, p. 110 ss.; Jeremias, Handbuch, p. 50, 171 ss., 190; Kittel, à Ps. II, 7-9.

4) Bousset, Kyrios Christos, p. 65-70,

ce titre, ou des autres souverains nombreux se trouvant dans le même cas. Bien des traits prouvent que les premiers chrétiens, partageant cette manière de voir, ont pensé que la grandeur et le pouvoir de Jésus lui venaient de Dieu et n'étaient pas une partie intégrante de sa nature 2. C'est pour cela aussi qu'on a pu l'appeler en même temps le serviteur de Dieu, à l'instar de la grande figure du même nom dont parle le Second Esaïe'.

A ce stade de la christologie est venu s'en joindre un autre. Bientôt on ne se contentait plus de croire que Jésus était devenu le Christ ou le Fils de Dieu après son élévation au ciel ou à la droite de Dieu, mais on soutenait aussi qu'il l'avait été déjà pendant son ministère. On nous apprend en effet que Jésus est devenu le Christ et Fils de Dieu dès le baptême, qu'il a été reconnu et s'est lui-même déclaré tel pendant sa vie terrestre‘. Et voilà ce qui est devenu le point de départ d'une transformation complète de l'histoire évangélique, qui a trouvé son apogée dans le 4 Evangile, inspiré par la dogmatique plus que par les faits et où Jésus figure d'un bout à l'autre comme un être surhumain.

Jésus ne semble pas avoir été un descendant de David ni avoir accordé de l'importance à pareille descendance. Mais comme le Messie devait jouir de ce privilège, d'après les anciennes prophéties, et que les chrétiens ont cru que celles-ci s'étaient pleinement réalisées en Jésus-Christ, ils ont dû croire aussi qu'il était nécessairement fils de David. Paul partageait déjà cette conviction', et il l'a sûrement puisée dans l'Église,

1) II Sam., VII, 14; Ps. II, 7; LXXXIX, 27 s.

2) Marc, II, 12; V, 19; VII, 34; Matth., IX, 8; XII, 28; Jean, III, 2; IX, 31; Act. II, 22; X, 38.

3) Act. III, 13, 26; IV, 27, 30.

4) Marc I, 11, 24, 34; III, 11; V, 7 ; VIII, 29; IX, 7, 41; XI, 9 s. ; XII, 6; XIII, 32; XIV, 61 s.; XV, 32, 39; Matth. IV, 3, 6; XI, 27; XIV, 33; Luc, IV, 3, 9; X, 22.

5) Marc XII, 35-37. Comp. Wrede, Vorträge u. Studien, p. 6) Rom. I, 3.

147-166.

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