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Pétronius d'installer sa statue dans le temple de Yahvé. Il fallut la prudence de Pétronius et la mort de l'empereur pour éviter cette abomination.

Mais il y avait dans l'opposition chrétienne quelque chose de plus que dans l'opposition juive. La religion césarienne n'était pas seulement une idolâtrie, elle apparaissait aux chrétiens comme une caricature satanique de la religion du Christ.

Comme le Christ, l'empereur recevait les titres de Fils de Dieu, Divi fiuus be viss de Seigneur Dominus xúpics de Sauveur trip τοῦ κόσμου, σωτήρ τῆς οἰκουμένης. Quand on parlait de la venue du prince ou l'appelait sa parousie, son épiphanie пxpovcía, èmipávez, adventus.

Dans une inscription découverte à Priene en Asie Mineure et qui date de l'an IX av. J.-C. l'assemblée de la province d'Asie saluait en Auguste le Dieu Sauveur dont la naissance a été pour le monde le commencement d'un monde nouveau, l'annonce d'un évangile de bonheur et de joie :

La Providence qui dirige toute vie a rempli cet homme de tous les dons pour le salut des hommes, elle l'a envoyé vers nous et vers les générations à venir comme Sauveur. Il mettra fin à la guerre et organisera magnifiquement toutes choses.

Son apparition a accompli les espérances des ancêtres, et non seulement il a dépassé tous les bienfaiteurs d'autrefois, mais il est impossible qu'il en paraisse de plus grand.

Le jour de naissance du Dieu est par sa grâce le commencement de bonnes nouvelles cuayyeλiwv pour le monde.

Avec sa naissance doit commencer une nouvelle ère1.

Une autre inscription retrouvée à Halicarnasse célébrait en César Auguste « le Sauveur de tout le genre humain » 2, et une inscription de Pergame, des derniers temps du règne d'Auguste, était dédiée au César autocrator, Fils de Dieu, Dieu Auguste qui dirige la terre et les mers'.

En face de ces formules il faut replacer les paroles du Nouveau

1) Inscription de Priene d'après la traduction de Harnack Reden und Aufsätze p. 300 à 311 et Deissmann Licht vom Osten p. 266 à 269. 2) Harnack op. cit. p. 302.

3) Deissmann op. cit. 250. 251.

1

Testament où les apôtres et les prophètes essayent d'exprimer les sentiments d'enthousiasme et d'adoration que la contemplation du Christ glorifié fait naître dans leurs âmes:

Dieu l'a élevé comme prince et Sauveur1

Il n'y a qu'un seul Seigneur'.

Nous attendons pour Sauveur notre Seigneur Jésus-Christ'.
Notre Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ.

Le Royaume éternel de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ'. Dans l'apocalypse chrétienne Jésus-Christ est salué comme le chef des rois de la terre'. Le cavalier victorieux monté sur le cheval blanc porte ce nom écrit sur son manteau et sur sa cuisse: Le Roi des rois et le Seigneur des Seigneurs 6.

Et dans leurs cantiques les rachetés de l'Agneau célèbrent la puissance et la gloire du Messie Seigneur et Roi du royaume éternel:

Le Royaume du monde est remis à Notre Seigneur et à son Messie, et il règnera au siècle des siècles'.

Maintenant le salut est arrivé, et la puissance et le règne de notre Dieu et l'autorité de son Messie 8.

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Le parallélisme des expressions n'était sans doute pas systématique. Et il serait exagéré de voir dans les doxologies des épitres ou dans les hymnes de l'Apocalypse une polémique contre l'idolâtrie impériale. Il est seulement exact que le christianisme comme la religion césarienne s'est exprimé dans la langue religieuse du temps. Mais sous les analogies de la terminologie cultuelle, le conflit éclatait d'autant plus violemment. Et il ne pouvait y avoir de compromis, Le chrétien aimera mieux mourir que de se soumettre. Lorsque Polycarpe était conduit au supplice, deux magistrats, l'irénarque Hérode et son père Nicète 1) Actes V 31.

2) Ephésiens IV 5.

3) Philippiens III 20.

4) II Pierre I. I.

5) II Pierre I. 11. Conf. Il. 20 III. 2.

6) Apocalypse XIX 17 couf, I. S.

7) Apocalypse XI 15.

8) Apocalypse XII 10.

9) Il y avait en outre dans le messiauisme traditionnel que le christia nisme héritait du judaïsme des expressions empruntées au style de cour en usage chez les Orientaux,

essayaient de le persuader : « Quel mal y a-t-il donc à dire : « César est Seigneur » à offrir de l'encens, et à faire tout ce qui convient pour sauver sa vie! ». Mais le vieillard ne leur répondit pas. Et quand le proconsul lui demanda : « Jure par la fortune de César et repens-toi... Prète serment et je te délivre ». Polycarpe lui répondit : « Comment pourrais-je blasphemer mon Roi et mon Sauveur ! Je suis chrétien ! 1 »

Dès lors l'État apparait non comme une institution divine, mais comme une invention démoniaque. L'État est une œuvre de Satan 2. Devant les iniquités du monde, devant les oppressions et les pérsécutions, lorsque l'Église de Dieu est foulée aux pieds des nations, l'âme chrétienne laisse déborder son amertume et son indignation, et ce sont les malédictions de l'Apocalypse: Le pro h de la mer le monstre mythique, la bête AUX Seng trips et aux dix cornes. Elle a reçu du dragon la puisSa C et le trone, son autorite s'étend sur tout peuple et sur toute langue et sur toute nation.

Et la terre entière admirait et suivait cette bête. Et tous les hommes adorèrent le dragon, parce qu'il avait donné le pouvoir à la bète et ils adoraient la bète en disant ; «< Qui est semblable à la bête et qui peut combattre contre elle?» Et il lui fut donné une bouche qui pro érait des paroles arrogantes et des blasphèmes. Et il lui fut donné le pouvoir d'agir pendant quarante deux mois. Et elle ouvrit la bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle et ceux qui demeurent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre.. Et tous les habitants de la terre l'adorèrent tous ceux dont le nom n'est pas écrit depuis la fondation du monde dans le livre de vie de l'agneau3.

Et tous, petits et grands. riches et pauvres, hommes libres et esclaves reçurent le signe de la bête. Et persoune ne pouvait plus trafiquer,

1) Martyre de Polycarpe. VIII IX X Cont les Actes des Martyrs de Scillium. Speratus répond au procousul Saturnius : « Je ne connais pas le génie de l'empereur de ce siècle, mais je sers le Dieu invisible... Je sais qu'il est mon Seigneur et le roi des rois et le Seigneur de tous les peuples, » Donata répond de même : « Nous houorous le César en tant que César; mais à Dieu nous offro is l'honneur et la prière. »

2) Les chefs de ce siècle se sont levés contre le Messie et ont crucifié le Seigneur de gloire. I Cor. II. 6. 8.

acheter ou vendre sans avoir sur son front ou sur sa main droite le signe de la bête et le nombre de son nom'.

Ce sont là les traits traditionnels de l'apocalypse juive. C'est ainsi que les voyants s'étaient représenté le grand adversaire eschatologique, l'Anti-Messie. La puissance hostile à Dieu devait se manifester dans les derniers temps par la réapparition des monstres du chaos primitif, Léviathan, Béhémot, ou bien par un roi impie et persécuteur qui dominerait les peuples et poursuivrait de sa haine les saints du Très-Haut. Mais sous ces traits mythiques de l'apocalypse traditionnelle s'exprime la grande colère des chrétiens contre l'État payen. La bête, manifestation terrestre de Satan, c'est la puissance romaine, l'imperium. Les tentatives blasphématoires du monstre désignent les immoralités, les impiétés de la société impériale, avec les folies de l'orgie romaine, (Caligula, Néron, Domitien), le scandale du culte des Césars et le mammonisme d'une civilisation mercantile '.

Entre les deux adversaires, le Christ et César, entre les deux sociétés, l'Église et le monde, une lutte à mort est engagée. .

Celui qui adorera la bête et son image et qui prendra le signe de la bête sur son front et sur sa main boira lui aussi du vin de la colère de Dieu, du vin pur versé dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre devant les saints anges et devant l'agneau; et la fumée de leur tourment monte au siècle des siècles et ils n'ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image et qui prennent sur eux le signe de son nom'.

Dans une autre vision le prophète décrit en traits mystérieux la puissance et le châtiment de la prostituée, Babylone la grande ville assise sur les grandes eaux. C'est d'elle que les puissants de la terre tiraient leur pouvoir; et les marchands de la terre se sont enrichis en trafiquant ses marchandises. Elle est la cité. magnifique vers laquelle ont afflué les richesses et les vices des

nations.

1) Apoc. XIII 3 à 8.

2) Le « trône de Satan» (Apoc. II. 13) c'est-à-dire le grand sanctuaire du divus Augustus pour la province d'Asie, est à Pergame.

3) L'image de la bête (Apoc. XIII 16. 17) désigne le sceau impérial qui marque les contrats ou le portrait du César sur les monnaies.

4) Apoc. XIX 11. à 18.

Un des sept anges qui tenaient les sept coupes me dit : Viens je vais te montrer le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux, avec laquelle les rois de la terre se sont livrés à l'abomination et qui a enivré les habitauts de la terre du vin de ses luxures, Et il me transporta en esprit dans un désert; et je vis une femme assise sur une bête écarlate pleine de noms de blasphème et qui avait sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre d'écarlate, parée d'or, de pierres précieuses et de perles; elle avait à la main une coupe d'or pleine des abominations et de la souillure de ses impudicités. Et sur son front était écrit ce mystère : Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus, et en la voyant je trémis d'horreur .

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Mais les jours de la prostituée sont comptés. Des malheurs terribles vont fondre sur elle. Le cri formidable d'un ange retentit dans le ciel :

Elle est tombée, elle est tombée Babylone la grande. Elle est devenue une demeure de démons, un séjour desprits impurs, un refuge d'oiseaux immoudes parce que toutes les nations ont bu du vin de sa fornication, et que les rois de la terre se sont souillés avec elle, et que les marchands de la terre se sont enrichis de son opulence, « Je suis assise en reine, disait-elle en son cœur, je ne suis pas veuve, je ne connaîtrai jamais le deuil,» Voilà pourquoi ses châtiments viendront tous en un même jour, mort, désolation, famine, incendie; car puissant est celui qui juge.

Réjouis-toi de sa ruine ò ciel, et vous les salats, et les apôtres, et les prophètes, car Dieu a vengé votre cause sur elle*.

Puis le cavalier messianique parait monté sur un cheval blanc. It s appelle le Fidèle et le véritable, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. De l'epée tranchante qui sort de sa bouche il va frapper les nations. Il foulera la cuve du vin del indignation et de l'ardente colère de Dieu. Et un ange debout devant le soleil appelle tous les oiseaux de proie au festin eschatologique. Venez rassemblez-vous pour le grand testin de Dieu, venez manger la chair des rois, et la chair des capitaines, et la chair des hommes forts, et la chair des chevaux, et la chair de tous les hommes libres et esclaves petits et grands '.

Et la bête et le faux prophète furent précipités dans l'étang de feu et de soutre, les autres furent tués par l'épée qui sortait de 1) Apoc. XVI a 6.

2) apoc. avi 2. 3. 7. 8. 20.

3) Αμού, Δι, 11 2 18.

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