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et s'y étant constamment mariés, ont fini par être considérés comme tels. Après des études de droit musulman, aussi complètes qu'on en peut faire au Sénégal, il s'installa à Tivaouane, station du chemin. de fer de Dakar à Saint Louis. Il avait reçu d'un de ses oncles le ouerd tidiani, et a composé un certain nombre d'ouvrages de pure compilation sans valeur originale: par exemple, le poème de son pélerinage à la Mekke, dont le texte et la traduction seront donnés dans l'appendice p. 211-214, n'est qu'une litanie en l'honneur du Prophète. L'enseignement de sa zaouyah comporte le Qorán, la théologie, la grammaire, le droit, la logique et la littérature, ent particulier les Mo'allagát et les Séances de Hariri. Sa bibliothèque. contient plusieurs centaines de livres. Sa clientèle est surtout composée de petits marabouts et des maîtres d'écoles coraniques : c'est une sorte d'Université populaire. Il faut ajouter que ce Hadj Malik s'est toujours montré fidèle à la France et qu'il a donné des preuves de cet attachement à l'occasion de la guerre actuelle.

Ch. IV. Les Mourides d'Ahmed bamba. Ce chapitre a été publié séparément sous le même titre'.

Ch. V. Le groupement de Bou Kounta. Les Kounta dont une grande tribu maraboutique du Sahara occidental qui prétend descendre des Qoraichites. Mais le cheikh Abou Mohammed ben Abou Ma'amah, surnommé Bou Kounta naquit à Dank, dans le Cayor, et mourut à Ndiassane, le 13 juillet 1914. Son père était établi dans cette région où il avait trouvé un terrain favorable à sa propagande. Après s'être installe successivement en divers endroits, Bou Kouta fixa son choix définitif sur Ndiassane. Chose curieuse pour un marabout, il ne savait ni lire, ni écrire l'arabe; il le parlait mal et il demandait même que les lettres que lui adressait le gouvernement qu'on lui adressait fussent écrites en français. Aussi l'ignorance est-elle la caractéristique de sa zaonyah. Jamais le cheikh lui-même ne reçut d'initiation mystique. En revanche, il se mélait de politique et favorisait tel ou tel candidat à la députation

1) La liste figure dans l'appendice, p. 216-218. Ses œuvres complètes ont été publiées à Tunis en 1914-1915. Cf. le compte-rendu de Salence Annuaire et Memoires du Comité d'Etudes historiques de l'Afrique occidentale, Gorée, 1916, in-8, p. 454-461.

2) Paris, 1913, in-8. Cf. le compte-rendu dans la Revue de l'Histoire des Religions, nov. déc. 1917, p. 355-356.

lorsqu'il le jugeait favorable à ses intérêts. Il faut dire aussi que depuis 1860, époque où il fit campagne avec Faidherbe contre le damel Makodou, jusqu'à sa mort, jamais son loyalisme envers la France ne se démentit. En mourant, il laissa une fortune personnelle de plus de 900.000 francs.

Ch. VI. Les Mamdingues, élément islamisé de Casamance. Au milieu des populations fétichistes, les Mandingues dont le nom est devenu synonyme de musulmans ils professent l'islam depuis le XVI siècle se sont signalés par leur fanatisme, leur intolérance et leur cruauté. Soulevés contre eux, les Pouls (Foulah) venus du Khasso au commencement du XIXe siècle, chassèrent les oppresseurs. Mais la tyrannie du chef qu'ils s'étaient donné, arriva au point qu'il dut fuir dans la Gambie anglaise où il est encore. Les Diolas, païens, en proie comme les Foulah, aux cruautés des Mandingues musulmans se sont débarrassés de leurs ennemis avec l'aide des Français. Les Foulah de la Haute Casamance ne sont islamisés que très superficiellement. Chez les Diolas, l'autorité française employa d'abord des Mandingues musulmans pour administrer le pays, maist leurs exactions où l'avidité avait un caractère religieux, obligea de renoncer à ce système. L'islam est détesté des Diolas parce qu'il est professé par des Mandingues.

Ch. VII. Chérif Younous de Casamance. Sa famille est originaire de la Mekke et un de ses ancêtres vint s'établir dans le Ouadai où Chérif Younous naquit à 18:0 à Wara. Ses études terminées, il partit vers l'Ouest, visita le Baghirmi, le Kanem, le Burnou, arriva par l'Adamaoua et le Haoussa à Lagos où il s'embarqua, parcourant les ports anglais de la côte et, après un voyage qui avait duré seize ans, s'installa dans la Gambie. De là, il alla s'établir à Sansanding en Casamance, resta trois ans dans la Guinée portugaise et revint en territoire français à Banghère où il a créé d'importantes exploitations agricoles. Lui-même n'a aucune culture, aucune instruction musulmane et ne parle pas l'arabe. Mais son hospitalité très large lui donne de l'influence sur la Moyenne Casamance, la Gambie anglaise et la Guinée portugaise. Il est de l'ordre tidiania.

Ce volume, dont la valeur est accrue par des photographies et des cartes, renferme toutes sortes de renseignements précieux et fait souhaiter l'apparition prochaine de ceux qui sont annoncés comme suite. RENE BASSET.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

DITLER NIELSEN. Ueber die nordarabischen Goetter (Mitt, der Vorderasiat. Gesellschaft, 1916, p. 253-265). Dans ses études antérieures, M. Nielsen a montré que les peuples de l'Arabie du sud vénéraient une triade composée d'un dieu lunaire, d'une déesse solaire et d'un dieu identifié à l'étoile Vénus. Il se fonde maintenant sur le caractère proprement arabe des langues thamoudéenne et safaïtique, sur les rapports de leur écriture avec l'écriture sabéenne, pour supposer que leur pinthéon est du type sul-arabe, complètement différent du panthéon syrien et mène nabitéen. Si des vocables syriens ou nabatéens apparaissent dans les textes safaïtiques, c'est emprunt sans importance. Le panthéon proprement thamoudéen et safaïtique doit être rattaché à celui des sémites du sud, c'est-à-dire compter un grani dieu lunaire (Sin, Šahar, Ilah), une déesse solaire (Šins, Ilat) et un dieu identifié à l'étoile Vénus (Athtar, Roula). Ces considérations sont intéressantes et devront être examinées de près. La difficulté tient à ce que nos renseigne nents se limitent à de simples mentions de ces divinités et qu'il est malaisé de discerner jusqu'à quel point les Safaïtes se sont imprégnés de civilisation nabatéenne et même syrienne. M. Nielsen tient pour à peu près négligeable cette influence, mais on a une tout autre impression quand on examine les inscriptions grecques de la région du Djebel-ed-Druz. D'autre part, la forme même du vocable Rouga indique que nous sommes en présence d'une entité féminine.

R. D.

T. W. ARNOLD, The preaching of Islam. London, Constable and Co 1913, XVI, 467 p. in-8°, 2° édition, Depuis l'apparition de la première édition de cet ouvrage (1836), l'histoire intérieure et extérieure de l'islam s'était considérablement enrichie par des publications relatives à la doctrine et aux origines de cette religion. En conservant son cadre primitif, M. Arnold l'a mis au courant des nouveaux travaux et nous a présenté ainsi un tableau net et précis du développement historique de l'islam tel qu'on peut le tracer en 1913. Après avoir exposé la vie de Mohammed comme prédicateur, il passe à l'extension de l'islam dans l'Asie occidentale où, com ne en Egypte, il trouva un puissant auxiliaire chez les dissidents persécutés par les orthodoxes. Dans l'Afrique du nord, contrairement à l'opinion de l'auteur, et en Espagne, la situation politique facilita la conduite militaire, et par suite, l'extension de l'islam. Le chapitre VI, relatif au développement de la religion musulmane dans la péninsule hellénique, aurait dù être placé parmi ceux qui sont relatifs

à l'établissement de l'islamisme en Perse et à la conversion des Moghols, des Tatars. A ce dernier devrait se rattacher l'exposé de la propagande en Chine, au moins par la voie de terre, tandis que l'extension pa. la voie maritime relie tout naturellement à celle dans l'Inde et l'archipel indo malai. Le chapitre qui traite de l'islam en Afrique est indépendant et, par suite, pouvait être rejeté à la fin, mais il fallait en séparer ce qui a trait à l'Ethiopie et à l'Afrique orientale qu'il fallait rattacher à l'Egypte. Au reste, ce n'est qu'une question de plan et elle est secondaire, puisque le fond est traité avec exactitude. J'estime aussi qu'une part plus grande aurait dû être faite à l'islam populaire qui a conservé tant de traces des croyances antérieures. Mohammed, qui d'ailleurs en avait donné l'exemple, reconnaîtrait difficilement sa religion dans celle qui est professée aujourd'hui par l'immense majorité des Musulmans et où le dogme fondamental de l'Unité de Dieu est noyé dans les croyances les plus superstitieuses et les pratiques les plus fétichistes. Cette réserve faite, je ne puis que féliciter M. Arnold d'avoir publié un livre aussi clair et aussi utile, pour lequel il a consulté toutes les sources nécessaires comme le montre la bibliographie qui termine le volume.

E. DOUMERGUE.

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René BASSET.

Une petite nationalité en souffrance. Les Lettons. Les Provinces Baltiques et le pangermanisme prussien en Russie. Paris, Editions de « Foi et Vie », 1917, in-8°, IV + 150 pages + 1 appendice musical. Cette intéressante et importante publication n'a pas directement trait

à l'histoire critique des religions. C'est avant tout un éloquent plaidoyer en faveur d'un petit peuple, opprimé depuis des siècles par les seigneurs germano-baltes. Mais, chemin faisant, l'auteur est amené à traiter de la conversion des Lettons au christianisme, du rôle que les Allemands firent jouer à la religion pour dominer ce peuple épris de liberté et d'instruction.

A ce point de vue, le chapitre II, intitulé De la conquête au servage, est particulièrement utile à lire et à étudier.

Se référant à l'historien allemand Treitschke, M. E. Doumergue rappelle que le peuple vieux-Prussien menait « une vie sans souci et à part. » Ces gens << vivaient comme un peuple tranquille, paisible, de bergers et de paysans, à leur aise, abrégeant les longues nu ts d'hiver par le charme d'une poésie douce et élégiaque », « Alors on songe à les christianiser... Les Allemands s'établissent à la place de ceux qui les ont appelés, et ainsi est assuré le point de départ de la politique allemande de conquête » (p. 12-13).

Une véritable croisade teutonne a lieu, composée de toutes sortes de bandits,

1. Je signalerai seulement un oubli assez grave: la Revue de l'Histoire des Religions qui fait cependant à l'islam une large part dans son programme, n'y est pas mentionnée.

de forbans, de criminels avérés. Ce sont ces gens qui prétendent convertir les Lettons à la religion du Christ.

Alors, toujours citant Treitschke, « une guerre se poursuit d'une cruauté monstrueuse. Toute la dureté de notre propre peuple se développe ici, où le conquérant se dresse contre le païen avec le triple orgueil du chrétien, du chevalier et de l'Allemand... » (p. 13).

Voilà donc le peuple letton christianisé. Ce qu'il sait du christianisme se réduit, au demeurant, à fort peu de chose le Pater noster, en latin, langue qu'il ignorait totalement, le signe de la croix, l'Ave Maria, et c'est tout. Au xv siècle, le clergé était plus que jamais enfoncé dans la corruption, et le peuple dans l'ignorance (p. 19).

Survient la Réformation. « Les Frères de l'Ordre embrassèrent le lutheranisme pour abattre la puissance des évêques, avec qui ils étaient en lutte; pour leur enlever leurs propriétés, et pour conclure une alliance solide avec les pasteurs, qui devinrent leurs serviteurs » (p. 20).

Les Lettons ne se trouvent pas mieux du nouveau régi ne religieux auquel ils sont soumis. Les pasteurs deviennent des seigneurs d'église, aux mains des seigneurs germano-baltes ; ils se font baiser la robe, ils méprisent leurs ouailles, ils se liguent avec la noblesse pour tyranniser le peuple; ils maintiennent le servage dans toute sa laideur.

Une ère nouvelle semblait s'ouvrir aux aspirations légitimes du peuple letton. Les Frères Moraves viennent s'établir dans son sein à 1735; Zinzendorf y arrive en 1736. « Partout où ils s'établissaient, les Moraves créaient des maisons de prière, des écoles pour apprendre a lire au peuple. Une école normale fut ouverte pour former des instituteurs les élèves y étaient logés, nourris, habillés gratuitement, Même les Moraves appelaient le peuple à prendre part aux affaires religieuses » (p. 37). Le peuple accourut en foule, il salua comme des envoyés de Dieu les Frères Moraves... Ce ne fut qu'une illusion; l'église officielle persécuta Lettons et Moraves et, en 1743. les écoles furent fermées par ordre de l'impératrice Elisabeth. Toutefois, la tentative morave n'avait pas été vaine, et, récemment encore, on relevait une différence intellectuelle notable entre les Lettons qui avaient subi l'influence des Moraves, et ceux qui en avaient été privés.

Après avoir décrit de main de maître les différentes phases religieuses par lesquelles passa le peuple letton, M. Doumergue dépeint avec non moins de talent et de clarté d'exposition la vie intellectuelle et la vie sociale des Lettons, et il conclut à l'autonomie de cette nationalité opprimée, dont les bataillons de volontaires versent glorieusement leur sang pour la cause des Alliés.

F. MACLER.

Le Gérant: A. THEBIRT.

ANGERS IMP. F. GAULTIER ET A. THEBERT, 4. RUE GARNIER,

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