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ausssi cet enseignement familial. D'après lui, Hystaspe, père de Darius, va s'instruire dans l'Inde, près des Brahmanes, puis, de retour en Perse, il inculque ces idées aux Mages qui ne formaient d'abord qu'une famille avant de devenir une tribu et une nation ». Telle est, continue Ammien, l'origine de cette tradition que chaque (mage) transmet à sa descendance pour la postérité (1).

soleil »

le feu

(2), « adore le (4), « adore le

Nous avons aussi dans les anciens actes des martyrs perses, de nombreux colloques entre chrétiens et mages. Quand il s'agit des chrétiens on trouve fréquemment les locutions: « les livres », << les Livres saints »>, << il est écrit »>, « vos écrits ». Quand il s'agit du magisme on ne trouve aucune allusion à un écrit: le roi ou les mages disent: << adore le soleil >> soleil dieu » (3), « adore le feu et le soleil et la lune » << adore le soleil et l'eau »>, on trouve aussi « les éléments >> et «<les astres », le roi « est de la race des dieux », (5), << le roi est dieu ». Cela prouve du moins que nos rédacteurs ne semblent pas soupçonner que les Mages puissent avoir un livre écrit, tandis qu'après l'hégire, on lit dans Yakout: « Les Persans sur la foi du livre Avesta considèrent Thahomurs comme le premier homme » (6) : « J'ai lu dans l'Avesta qui est un livre de la religion des Guèbres » (7). Maçoudi écrit aussi dans le Livre de l'Avertissement: « le livre de l'Avesta (p. 131); «Zoroastre a dit dans l'Avesta, c'est-à-dire dans le livre qui lui a été révélé (p. 140) », « le livre de Zoroastre appelé l'Avesta (p. 145). Dans les prairies d'or: « Zéradecht fut le prophète des Mazdéens, il leur apporta le livre que le vulgaire appelle Zemzemeh mais dont le vrai nom chez les Madjous est Bestah » (II, 123). Au xe siècle, on lit dans Ishodad

(1) XXIII, 6, 33. Per suam quisque progeniem posteris aetatibus tradunt. (2) Bedjan, Acta martyrum, II, 225, 235, 242, 288; IV, 167.

(3) Ibid., II, 318, 319, 284, 291, 294, 299; IV, 164.

(4) Ibid., II, 220; IV, 138, 150, 152, 171, 182, 183, 185, 186.

(5) Ibid., II, 222, 242, etc.

(6) Dictionnaire de la Perse, par B. de Meynard, p. 63.

(7) Ibid., p. 8-9.

de Merv « il apprit douze langues et il écrivit en ces (langues) ce vomissement de Satan qui est leur livre nommé Abasta » (1). Si le livre Avesta avait existé du Ive au ve siècle nous en trouverions quelques mentions comme nous en trouvons tant au xe. Jusqu'à nouvelle découverte, nous nous en tenons donc au texte de Saint Basile confirmé par Ammien Marcellin: « ils n'ont pas de livres (sacrés); le fils puise l'impiété près de son père».

IV

TRANSMISSION DE L'AVESTA DU VI AU VIIE SIÈCLE DE NOTRE ÈRE.

1° Deux passions ne mentionnent pas d'écrit. Vers l'an 542, un général perse s'est converti et a pris le nom de Grégoire. Le grand mobed dit: Donnez-le 'moi, je vais l'instruire. Quand on le lui eut donné, il lui récitait devant lui chaque jour l'enseignement de son erreur, et saint Grégoire, par la sagesse que Dieu lui donnait, réfutait sa religion d'après ses propres paroles. Cf. Bedjan, Histoire de Mar Jabalaha etc. Paris, 1895, p. 368. Il n'est donc pas question d'écrit; c'est toujours une récitation, tandis qu'au point de vue chrétien on lit : « il ne pas les saints Livres », p. 359»; il trouvait sa consolation dans la parole des saints Livres » p. 364; << il consolait les prisonniers avec les paroles des saints Livres » p. 375.

connaissait

Vers la même époque, dans l'histoire d'un autre martyr, lors d'une réunion de mages: << l'un d'eux dit: Discutons sur la religion des chrétiens et la nôtre pour voir laquelle est véritable... Le mobed lui dit : Est-ce que tu veux être chrétien? Il répondit et lui dit: Tout ce qui est découvert est vérité et tout ce qui est caché est mensonge. Si la religion des mages est la vérité et s'ils adorent le vrai Dieu, pourquoi cachez-vous votre religion? et si elle n'est pas vraie, pourquoi persécutez-vous iniquement les chrétiens? » Ibid. p. 403. Ce texte montre que de l'avis

(1) Commentaire sur S. Matthieu, Cambridge, 1911, texte, p. 32.

du moins du rédacteur, la religion des mages était cachée (du genre sans doute de celle des druides). Pour assurer le secret il ne fallait pas d'écrit.

20 Histoire de Jésus-Sabran.

Nous arrivons enfin au texte qui a motivé le présent travail (1). Il nous montrera que vers 580, et peut-être même vers 630, l'Avesta était enseigné oralement et n'était pas écrit.

Ce texte figure dans l'histoire de Jésus-Sabran, martyr vers 619, éditée et résumée en français par M. J.-B. Chabot dans les Nouvelles archives des Missions scientifiques, t. VII, p. 485 à 584. Cette histoire a été écrite vers l'an 630 par Jésus-Yab d'Adiabène, évêque de Mossoul, qui devait devenir plus tard métropolitain d'Arbèle et Mossoul, puis patriarche nestorien (647 à 657) (2). Elle est donc datée et signée.

Jésus-Sabran se nommait Mahânous, il était de race perse, de religion mage, son père était juge au pays d'Arbèle, il était donc de race sacerdotale. « Lorsque Mahânous fut suffisamment instruit dans la psalmodie du magisme, dit l'auteur, et qu'il

(1) Nous avons communiqué le présent travail à la Société Asiatique, en la séance du vendredi 8 avril 1927. Dans le résumé qui figure en annexe au procès verbal dans le Journal As. nous avons reproduit les passages essentiels des textes syriaques visés ci-dessous.

(2) Quand Jésus-Yab a écrit cette vie, il n'était qu'évêque de Mossoul et pas encore métropolitain d'Arbèle, parce qu'un certain Sapor y est donné comme hérétique, p. 498, sans qu'il soit question de sa conversion qui a cependant eu lieu avant que Jésus-Yab soit métropolitain d'Arbèle, cf. Rubens Duval, Iso-yahb patriarchae III, Liber Epistularum, Paris 1905, p. 38. Ajoutons que Jésus-Yab, durant son patriarcat, 647 à 658, a vu une dernière persécution des Mages dans la région de Siarzour, entre Arbèle et Hamadan, il s'étonne de ce que les Mages, dans un empire déjà mort, osaient s'élever contre la religion toujours vivante, Ibid. p. 171. Ce passage nous montre du moins que, dans certaines provinces, le magisme est demeuré vivant et persécuteur jusque vers 650, en dépit des succès des Arabes < auxquels Dieu a donné l'empire du monde » qui ne combattent pas la religion chrétienne, honorent les prêtres et les saints, donnent aux églises et aux monastères >> mais n'en sont que plus dangereux, car ils confisquent la moitié des biens de peuplades entières qui n'ont pas voulu acheter l'héritage de la vie éternelle par la perte de la moitié de leurs biens». Ibid. p. 182.

voyait déjà approcher le terme de son labeur par l'espoir des honneurs du monde, le filet vivifiant le tira de la mer du paga

nisme (1). »

Le mot syriaque retna que nous avons traduit par psalmodie et qui signifie balbutiement, bredouillement, murmure, est consacré pour désigner vers cette époque l'enseignement des mages. Nous pourrions en donner une douzaine d'exemples. Il semble caractériser leur enseignement d'après leur récitation (2).

Mahânous épouse une chrétienne, se fait baptiser, prend le nom de Jésus-Sabran, est dénoncé par son frère qui convoitait

(1) Dans cet ouvrage la polémique n'est pas très vive. Jésus-Yab qui devait faire partie de l'ambassade envoyée à Alep en 630, près de l'empereur Héraclius, par Boran, fille de Kosrau II (cf. W. Budge, The Book of Governors, Londres, 1893, t. II, p. 123-7), avait peut-être intérêt à ménager la religion officielle de la Perse. Il met d'ailleurs la controverse dans la bouche de Jésus-Sabran qui est censé dire à un mage: « Tu honores ce dieu unique dans la famille satanique, car, par ta volonté, tu lui associes

par essence le mal sans commencement. Si un homme te faisait le frère du serpent et du scorpion tu te fâcherais, et tu ne crains pas de faire de ton dieu le frère de Satan et l'associé du mal par essence... Et comme tu n'attaches pas d'importance à la dualité des dieux, c'est-à-dire à l'opposition du mal éternel contre dieu, tu machines encore la foule de la pluralité des dieux, et tu honores du même nom et de la même adoration que dieu des choses étrangères qui ne sont pas (dieu), et tu donnes aux éléments, serviteurs de tout corps, la nature du créateur des corps... Tu enseignes dieu de toujours et Satan de l'éternité, bon par nature et mauvais par nature. D'après cette dualité des dirigeants que tu imagines, tu partages aussi les choses du monde, tu attribues les bonnes au dieu bon et tu imputes les mauvaises au mauvais... l'un crée les hommes, l'autre les fait mourir, l'un fait vivre les hommes, l'autre les tue », p. 553 à 554.

II, 123.

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(2) D'après Albirouni, trad. Sachau, p. 54. la loi prescrit les jours du mois auxquels on doit dire la prière chuchotée (Zemzama) ». Le vulgaire avait donné ce nom Zemzemeh à l'Avesta, d'après Maçoudi, Les prairies d'or, En Arménie, lorsque les Perses, sous Yazdegerd II (438 à 457), voulurent fonder des écoles pour enseigner à tous la science des mages, « ils un grand nombre de faux docteurs qu'ils appellent des en exhortant les princes à apprendre la science des sifflements ridicules, les hurlements mimiques, comme le font les enchanteurs de serpents et les ventriloques ». Lazare de Pharbe, dans Victor Langlois, Historiens de

leur donnèrent

mages;

l'Arménie, Paris, 1869, II, p. 287. Il semble s'agir là de l'enseignement oral, du retna, et de la récitation telle que Jésus-Sabran va la faire.

son héritage, il est emprisonné à Hazza, près d'Arbèle, et mis en liberté grâce à l'intercession du nestorien Yazdin, grand argentier du roi Khosrau. Il s'habille en moine et circule en mendiant; il ne savait que le Pater noster et le récitait constamment. de nuit et de jour, il veut ensuite étudier les saints Livres pour discuter avec les Mages, il revient chez lui et demande au prêtre de son village de lui donner son fils, nommé Jésus-Zeka, pour lui enseigner les saints Livres.

Quand le bienheureux vit sa demande exaucée (1), il regarda cet enfant comme un docteur et, quand ils furent ensemble, il l'interrogea et lui dit: Que doit-on d'abord apprendre? Le jeune homme lui dit: On apprend d'abord les lettres, ensuite à les épeler, puis on récite les psaumes et peu à peu on lit tous les saints Livres ; puis, quand on s'est exercé à la lecture des saints Livres, on en vient à leur interprétation. Et le bienheureux dit au jeune homme: Avant que je m'occupe d'apprendre les lettres, récite-moi dix psaumes. Il dit cela parce qu'il était accoutumé à recevoir de bouche la psalmodie (ou le murmure) du magisme, car 'il n'est pas écrit avec les lettres (ou les signes) de la parole l'enseignement nuisible de Zoroastre (Zaradost), et il demanda au jeune homme à recevoir les versets de bouche et, quand il avait reçu un verset, il le répétait avec force en agitant fortement la tête à la manière des mages (2). Mais le jeune homme l'en empêchait en disant : << Ne fais pas comme font les mages, mais tiens-toi tranquille et dis de bouche seulement ». Et ainsi, en peu de temps,

il apprit beaucoup de versets. Et ils allèrent tous deux, et ils miren le prêtre (père du jeune homme) au courant de cela, et le prêtre lui conseilla d'apprendre d'abord les lettres, à l'aide desquelles il pourrait lire tous les livres. Il le crut et le fit et, en peu de jours, il apprit les lettres et il récita près de dix psaumes... >>

Plus tard, durant ses quinze ans de prison. il récitait par cœur chaque nuit le psautier tout entier avec antiennes et répons.

(1) Texte, p. 524-5, trad. p. 481.

(2) Ce mode de récitation, en agitant la tête de haut en bas, est encore en usage, nous a-t-on dit, en Perse et ailleurs.

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