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m) Des graines de plantes et des débris végétaux divers, qui paraissent souvent sur ce genre d'amulettes, sans doute à cause de leurs vertus talismaniques (1).

5. A gauche: a) Croix à double traverse, dite lorraine, espagnole, patriarcale; elle est fréquente sur les amulettes de cette catégorie, avec une disposition analogue des formules dont les initiales sont réparties dans les branches (2). Au centre de la croix, le crucifix avec les lettres INRI; dans la bordure du médaillon, « Con summatum est », une des dernières paroles die Christ, de valeur prophylactique (3), qui reparait plus loin (5 d).

b) Au pied de la croix, deux saints militaires. A gauche, Saint Michel, le glaive levé, terrassant le démon, et la légende. « S. Michael. Contra spiritus malignos »; le saint protège en effet contre tout mal (4). A droite, Saint Georges, à cheval, transperçant de sa lance le dragon, et la légende: « S. Georg. Contra lapsus et hostium insultus »> (1); saint non moins protecteur que le précédent (5).

c) Entre les branches, des lettres, elles-mêmes disposées en croix :

(1) van Schevensteen, op. l., p. 136, 139, 142, 146. On trouvera de nombreux exemples des vertus talismaniques des plantes, et des références, in Revue historique vaudoise, 1926, p. 195 sq.

(2) van Schevensteen, l. c. ; Archiv. fur Geschichte der Medizin, VIII, 1885, p. 470.

(3) Cette formule sert à divers usages, elle arrête le sang, calme la tempête, guérit les chevaux, rend dur, etc. Enchiridion Leonis рарае, éd. 1667, p. 104; éd. Rome, 1660, p. 156, 168; Thiers, op. l., I, p. 361, 377, 413; Wier, éd. 1885, I, p. 25, 181; Jacobs, Curiosités des sciences occultes, Rev. hist. vaudoise, 1926, p. 290. sq.;

p. 358

(4) Invocation à Saint Michel, Enchiridion, éd. 1667, p. 137; éd. 1660, Rome, p. 145.

Rojdestvensky, Le culte de Saint Michel et le moyen âge latin, 1922. (5) Volbach, Der heilige Georg. Bildliche Darstellung im Suddeutschland, Strasbourg, 1917; Gunther, Der älteste Zyklus des Drachentöters S. Georg, Byzant. neugriech. Jahrbücher, II, 1921, p. 389.

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Ce sont les initiales de formules qu'il faut lire en utilisant les lettres de chaque croix d'abord verticalement, puis horizontale

ment.

1. Verbum Caro Factum Est.

2. Et Habitavit In Nobis (la première lettre par erreur F au lieu de E.

La formule « Et verbum caro factum est, et habitavit in nobis empruntée au début de l'Evangile selon saint Jean, a une grande valeur prophylactique; elle paraît de bonne heure sur de nombreux talismans, dans de nombreuses recettes; on la retrouve au verso du feuillet (B 3 c.) (1).

3. Sanctus Deus, Sanctus Fortis.

4. Sanctus Immortalis, Miserere Nobis.

La formule << Sanctus Deus, sanctus Fortis, sanctus Immortalis, miserere nobis » reparaît au verso du feuillet, à la quatrième ligne (B. 2). Elle est fréquente, avec diverses variantes (2). C'est ainsi qu'il faut lire les lettres SD. SF. SI. MN., sur une amulette de cette série décrite par M. van Schevensteen (3).

La disposition des lettres en croix augmente la valeur des formules dont elles sont les initiales. Pour se protéger du tonnerre et du mauvais temps: « ils font sur la terre avec un couteau un cercle simple, capable de contenir tous ceux qu'ils veulent garantir, puis ils font une croix au milieu, y écrivent

(1) Sur ces amulettes, van Schevensteen, p. 137, 140.

(2) Enchiridion Leonis Papae, éd., 1667, p. 138, 60, << sanctus Deus, sanctus fortis, sanctus misericors et immortalis, miserere mei >> ; p. 83, sanctus Deus, sanctus fortis, sanctus et immortalis, et misericors »; p. 122, sanctus Deus, sanctifica me, fortis Deus fortifica me, immortalis Deus miserere mei, etc.

(3) Op. 1., I, p. 137.

Verbum Caro factum est (cf. 5, c. 1) et fichent ensuite un couteau au milieu de la croix, le tranchant vers l'endroit d'où peuvent venir les foudres, les ouragans, les orages, et la pluie, en biaisant un peu » (1). C'est dans les quatre cantons d'une croix que l'on met les lettres du mot mystique et protecteur Agla (2), du nom de Jésus (3). C'est en croix que l'on place oelles du nom d'Adam, qui du reste répondent au quatre points cardinaux (4) et qui, mises aux quatre coins d'un colombier, empêchent les scorpions de nuire aux pigeons (5). C'est en croix que le christianisme primitif dispose les mots, ŋ, qui désignent Christ, la lumière et la vie. « Cette façon de désigner le Christ, pleine de promesse et de mystère, multipliait pour les chrétiens superstitieux les vertus magiques de la croix... Au lieu de représenter sur la croix le corps de Jésus, on y crucifiait, si j'ose dire, deux des noms mystérieux du Christ, le nom étant l'équivalent de la personne » (6). C'est là un procédé dont on connaît de nombreux exemples.

1

d) La grande croix lorraine ou patriarcale est constellée de lettres.

A celles de gauche, qu'on doit lire de haut en bas, correspónd l'explication << Verba Christi in Cruce prolata ». Ce sont en effet les sept dernières paroles prononcées par Christ crucifié, utilisées dans les oraisons protectrices, « per septem verba ». L'oraison des sept dernières paroles, attribuée à Bède, confère à celui qui la récite dévotement à genoux la protection contre tout mal, et l'assure de ne pas mourir sans confession (7) : << O Domine

(1) Thiers, op. l., I, p. 302.

(2) Bull. Soc. Nationale Antiquaires de France, 1920, p. 212-3. (3) Ibid.

(4) In Geoponica, et Hippiatricon; Rev. des ét. grecques, 1892, p. 93; Mâle, Etude sur l'art de l'époque romane, Rev. de Paris, 1921, 1er juin, p. 496; Troje, AAAM und Z220H. Eine Szene der altchristlichen Kunst. (5) Adam comme talisman, Rev. arch., 1920, II, p. 338-9; Wolf, Curiosus amuletorum scrutator, 1692, pl. III, 8.

(6) Perdrizet, Rev. des études anciennes, 1911, p. 255; Rev. hist. rel., 1917, 76, p. III, et note I, autres exemples et référ.

(7) Thiers, op. 1., IV, p. 60.

Jesu Christe, qui septem verba ultimo die vitae tuae, etc. »>. << Per septem verba quae pendens in cruce dixisti, etc. », dit l'oraison de saint Augustin (1).

1. EMT. Ecce mater tua.

2. DMVODM. Deus meus ut quid (0 pour Q) dereliquisti me? 3. S. Sitio.

4. PIMTCSM. Pater, in manus tuas commendo spiritum meum. 5. CE. Consummatum est (2).

6. QF. Ces lettres sont sans doute l'abrégé des paroles << Ignosce illis quia nesciunt quid faciunt ».

7. HMEIF. Hodie mecum eris in Paradiso (F pour P).

8. EFT. Ecce filius tuus.

En réalité, les groupes 1 et 8, « Ecce mater tua, ecce filius tuus », placés ici l'un au début, l'autre à la fin, ne forment qu'une des « paroles » de Christ, et devraient être réunis, ce qui ramène bien le chiffre total à 7. Ces paroles sont entrecoupées de signes de croix, correspondant à des oraisons jaculatoires à la croix.

e) Aux lettres disposées dans la moitié droite de la croix correspond l'explication « SS. et Altissimo (pour Altissima) Dei nomina ». C'est l'énumération des noms divins; portés sur soi, ils préservent de tout mal: « Haec sunt nomina Domini nostri Jesus Christi; quicumque portaverit super se, salvus erit, et ab omni periculo liberabitur » (3). Ces noms varient en nombre et en qualité (4); il ne nous a pas été possible de les identifier avec les initiales de notre amulette; nous retrouvons pourtant dans l'Enchiridion Leonis Papae » IEIAH, soit le groupement EIAH de la branche verticale de la croix (5).

(1) Enchiridion, éd. 1667, p. 134.

(2) Voir plus haut, 5 a.

(3) Enchiridion, éd. 1667, p. 151.

ibid., p. 126;

< Decem sunt nomina quibus appelatur Deus », liste de ces noms, p. 151; noms très saints, ibid., p. 128 sq.; p. 110, noms », Thiers, op. l.. I, p. 165; << par les 72 noms de Dieu Tout Puissant >>

126, etc.;
< par les

79

ibid., p.

166; R. de Gourmont,

Le Latin mystique, p. 118; Genava, III, 1925, p. 247. (5) Enchiridion, éd. 1667, pl., à la fin.

f) Dans la branche supérieure de la croix, sous JHS, on lit verticalement :

FDIN, sans doute « Filius Dei Iesus Nazarenus »>.

AOAA, sans doute AGLA, le nom très saint qui protège contre tout mal, contre les armes, le tonnerre, les tempêtes, que l'on met sur des amulettes, des cloches, etc. (1).

6. A droite: a) Croix lorraine, faisant pendant à la précédente et occupant l'autre extrêmité de la même rangée, avec une semblable disposition des images et des lettres. Dans le médaillon central, une Vierge de pitié tient sur ses genoux le corps de Jésus descendu de croix; autour, dans la bordure, la légende : « lesus et Maria Vobis Decor cum anima mea ».

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b) Au pied de la croix. A gauche Saint Benoit debout, tenant la crosse et le calice d'où sort le serpent, ses attributs habituels (2), et la légende: « S. Benedic. Contra prestigia ». A droite, Saint Roch et son chien (3), et la légende : « S. Rochus. Contra pestem ». L'invocation à saint Benoit est répétée par la formule de ce saint que nous allons analyser (d), et par la médaille collée sur la plaquette de carton (4 c).

(1) Agla serait l'acrostiche des mots hébreux Atha, Gehir, Leilam, Adonai, signifiant Tu < es fort toujours, Seigneur »>, ou l'acrostiche des quatre noms d'anges Ariel, Gabriel, Lanabiel, Assiel. Thiers, op. l., I, p. 412; Wolf, Curiosus amuletorum scrutator, 1692, p. 184; Le Comte de Gabalis ou entretiens sur les sciences secrètes, Amsterdam, 1700, p. 60; Rev. arch., 1892, I, p. 57; 1923, I, p. 99; sur les armes, Wegeli, Inschriften auf mittelalterlichen Schwertklingen, Diss. Zurich, Leipzig, 1904, p. 31 sq.; sur des cloches, de Mély, Bull. Soc. Nationale Antiquaires de France, 1920, p. 212; sur un tableau de van Eyck, pris à tort pour une signature, de Mély, Bull. Société Nationale Antiquaires de France, 1920, p. 204 sq., spécialement p. 211 sq.; id., Rev. arch., 1921, II, p. 35, 36; Rev. art ancien et moderne, 1920, nov. P. 200, 207; Durrieu, Une tradition d'atelier chez van Eyck, Bull. arch. Comité des Travaux historiques, 1919, p. 305, etc. On trouvera dans ces travaux de nombreux exemples de l'emploi de ce talisman.

(1) Cahier, op. l., p. 174-5.

(3) Paraît fréquemment sur les amulettes de cette série, van Schevensteen, p. 142, etc. Saint Roch est un saint antipesteux.

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