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puisse légitimement conclure que la tradition k soit antérieure à notre tradition grecque. Bien au contraire, il semble qu'un traducteur latin ait mal interprété le texte grec. Sentant, à tort, καθεύδετε et ἀναπαύεσθε comme des impératifs, il a ajouté post pusillum, afin de rendre la scène compréhensible. Quant à la remarque finale de la p. 167, relative à XIII, 29, elle est à supprimer. On ne peut guère dire en grec ἐστὶν ἐπὶ θύραις τὸ cios. Comment d'ailleurs un copiste aurait-il pu prendre tò tékos pour une simple note? Celle-ci aurait été éo, sans article. C'est la tradition k, qui a malencontreusement ajouté finis, probablement d'après XIII, 7. Luc XXI, 31, donne le sens du texte, en paraphrasant : ὅτι ἐγγύς ἐστιν ἡ βασιλεία τοῦ θεοῦ.

Suivent, dans l'article de M. C., trois passages connus pour leur difficulté: le cri de Jésus (XV, 34-35), Élie est venu (IX, 12), la géhenne et le sel (IX, 47-50). Ils prêtent plus que d'autres aux constructions hypothétiques et sont par là même moins probants que des passages clairs, où se manifesterait la dépendance dont l'auteur cherche à démontrer l'existence.

En ce qui concerne le cri de Jésus (p. 168-169), peut-être n'est-il pas inutile de rappeler, en passant, qu'au premier siècle de notre ère et se prononçaient de la même façon, et que I' était un é bref, très fermé, ne se distinguant de l'a que parce que celui-ci était plus ouvert. « Quels que soient, écrit M. C., les mots hébreux que les mots heli heliam etzaphani prétendent transcrire, c'est en regard de cette transcription que le narrateur a conçu le malentendu des gens qui disent: Heliam uocat ». Voilà qui est vite dit. Admettons, avec l'auteur, que la leçon 'Eλwi, ïwi soit une correction d'après l'araméen, correction qui du reste repose pour Mc. sur une tradition très forte, il n'en resterait pas moins que la leçon ou : est attestée en grec par le texte de Matthieu. Peut-on dès lors affirmer que l'original de Marc soit un texte latin dont la transcription est des plus sujettes à caution ?

Etant parti de ce point de vue, M. C. déclare que siç i verdisue (D) est une traduction servile de ad quid me maledixisti,

il

(k) entendu au sens de m'as-tu invectivé, au lieu de m'as-tu maudit. En aucune façon. La tradition D répond à d'autres variantes latines, qui sont exprobrasti me et me in opprobrium dedisti. C'est au contraire maledixisti qui se trouve comme en suspens. Il est difficile aussi de suivre M. C., quand à propos de la phrase cum uidisset autem centurio qui stabat contra quia sic exclamauit dixit: uere hic homo dei filius fuit (lire est), écrit, en supposant que le centurion est censé avoir compris l'araméen de Jésus : << Aux gens inintelligents qui ont cru entendre que Jésus appelait Élie s'oppose le centurion qui pénètre le sens mystique du cri de Jésus. Les mots sic exclamauit sont essentiels. C'est au cri de Jésus que le centurion comprend que Jésus est fils de Dieu. Le latin donne le sens. » En quoi le fait de crier Mon Dieu indique-t-il qu'on est fils de Dieu ? Je préfère de beaucoup adopter l'opinion courante le centurion est frappé de la mort si rapide de Jésus. On peut hésiter, avec les manuscrits grecs et latins, entre ὅτι κράξας ἐξέπνευσεν, ὅτι οὕτω κράξας ἐξέπνευσεν et ὅτι οὕτως ἐξέπνευσε», mais le mot essentiel semble bien éveσEv. Il est plus aisé d'en expliquer la disparition dans k que l'apparition avec de telles variantes dans des manuscrits soi-disant dérivés de la tradition k. Qui croira, avec M. C., que, dans, -SUTEV repose sur le latin ex-clamauit? En revanche, on sera d'accord avec lui pour considérer que, dans D, οὕτως αὐτὸν κράξαντα καὶ ἐξέπνευσεν est une construction monstrueuse basée sur la tradition k, ou plus exactement sur un latin sic eum exclamasse, avec intrusion de xz VEUTEY. Mais on sait que D occupe dans la tradition une place à part. IX, 12, à propos de la venue d'Élie, j'avoue ne pas trouver autant de clarté que l'auteur dans la phrase helias primum disponit omnia quia scriptum est super filio hominis ut multa patiatur et inludetur, traduite par : « Oui, Élie dispose tout, parce que le Fils de l'homme doit souffrir et être moqué ». En premier lieu, le manuscrit porte innulletur, qui a tout l'air de n'être que le calque du grec oulevш97 (var. ¿§oudevnÛ7), ἐξουθενωθῇ ἐξουδενηθῇ), amplement attesté par ailleurs; inludetur n'est qu'une suggestion des éditeurs. Puis, ce quia est au moins aussi embarrassant que le

καὶ πῶς xx n du grec (var. xaos). Mais, à la fin du verset, la leçon et fecit quanta oportebat illum facere, déjà mentionnée par Tischendorf, reste intéressante. M. C. suppose que le grec a porté ἐποίησεν ὅσα ὠφελον (ὤφειλεν serait meilleur) et que cette legon aurait été corrompue en ἐποίησαν αὐτῷ ὅσα ἤθελον. La façon dont Mt. (XVII, 12) rend le texte de Mc. reste un obstacle et il est prudent aussi de se défier des leçons isolées qui paraissent la limpidité même. Néanmoins, si l'article de M. C. renfermait beaucoup d'exemples comme ce dernier, sa thèse s'en trouverait singulièrement fortifiée. Tel n'est pas le cas. A supposer que la leçon donnée ici par k soit la vraie, on en peut conclure que k représente, à ce court passage, la bonne tradition, mais cela n'implique pas encore l'existence d'un original latin d'où seraient issus nos manuscrits grecs.

:

IX, 47-50. M. C. donne comme texte in gehenna incidere ubi ignis non extinguetur et uermis non moritur, omnis autem substantia consumitur, bonum est sal, sed si sal fatuum, fatuum fuerit in quod illud condistis. habetis in uobis pacem, pacati estote in inuicem. C'est là un texte corrigé. Le manuscrit, tel du moins que l'ont reproduit les éditeurs anglais, dans un ouvrage qui semble fait avec grand soin (je n'ai pas la phototypie sous les yeux), porte in gehenna incidere ubi ubi ignis non extinguetur et uerum in quo oritur omnia autem substantia consumitur. bonum est sal set si sals fatum, fatum fuer. in quod illut condistis habetis in uobis panem. pacati estole in illa uicem. Ceci n'est pas sans importance, car le lecteur, faute d'en être averti, peut attacher à telle ou telle forme de k plus de créance qu'elle n'en mérite peut-être. Il eût été bon d'indiquer tout au moins que le copiste de k était d'une crasse ignorance, qu'il ne comprenait sans doute que fort peu le latin qu'il avait sous les yeux, et qu'il était, comme scribe, tout à fait inexpérimenté.

Je doute qu'il s'agisse, à ce passage de la nécessité où peut se trouver l'Église d'expulser des membres qui furent excellents. Nous sommes toujours dans le sermon sur la prééminence. Mais bornons-nous aux trois questions philologiques qu'a soulevées M. Couchoud.

1o omnis substantia consumitur. Substantia, traduit par OYIA, aurait été lu orΣIA; d'où la mention de sacrifice et, comme conséquence, des modifications diverses apportées au texte. L'idée de toute substance détruite dans la géhenne est-elle si naturelle ? Pourquoi ne serait-ce pas YEIA qu'on aurait lu OVEIA et traduit par substantia? Ici encore, la leçon la plus simple n'est peut-être pas la meilleure.

20 Voici quelle est, pour le verset 50, l'opinion de M. C. Le latin signifie : « Si le sel est fade, fade sera ce en quoi vous l'avez mis; le texte primitif était sans doute si sal fatuum fuerit, fatuum erit in quod (pour id in quod) illud condistis. Les mots fatuum fatuum ont été pris pour une répétition de copiste et on a lu si sal fatuum fuerit (ἐὰν τὸ ἅλας ἄναλον ya). Par suite, in quod a été pris pour un interrogatif (iv) et condistis a été lu condietis (aptúete). La phrase, dit M. C., a un sens, mais tout différent si le sel devient fade, avec quoi l'assaisonnerez-vous ?

Le sens adopté par M. C. repose sur une hypothèse qu'il indique en note: « le texte primitif était, sans doute si sal fatuum fuerit, fatuum erit... » Il ne semble pas d'ailleurs que condere salem soit une expression naturelle. Je crois que le vrai texte portait: sed si sal fatuum fuerit, in quo illud condietis ? Les répétitions de mots sont fréquentes dans ce manuscrit; on en a un exemple quelques lignes plus haut (ubi ubi). Le copiste confond également s et e multae diuitias X, 22; quas pour quae XIII. 17; ds pour de XV, 40; profetas pour profetae Mt. VII, 12. Enfin, s'il était besoin d'un autre argument encore, on le trouverait Mt. V, 13, οὐ ἐὰν δὲ τὸ ἅλας μωρανθῇ, ἐν τίνι ἁλισθήσεται est traduit par k si autem sal infatuatum fuerit, in quo fallietur (lire salietur) terra? Cet in quo est le calque de viv et l'addition de terra est une adaptation de la fin de la phrase aux paroles du début : ὑμεῖς ἐστε τὸ ἅλας τῆς γῆς, uos estis sal terrae. Ce texte latin de Mt. est banal; le grec dit beaucoup plus.

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30 ἔχετε ἐν ἑαυτοῖς ἅλας n'est nullement dépourvu de sens.

Seulement il faut traduire : ayez du sel en vous-mêmes, et non vous avez en vous-mêmes du sel. La phrase finale constitue l'épilogue du sermon sur la prééminence. Il y a toutes chances pour que la bonne leçon soit salem, répondant à 7; et que habetis in uobis pacem (ms. panem) ait été amené par pacati estote, qui vient immédiatement après.

Dans la suite de son article, M. Couchoud a rassemblé un grand nombre de faits particuliers qu'il a groupés sous six rubriques mauvaises lectures, formes ambiguës, littéralismes, paraphrases, traductions multiples, agglomérals. Ne pouvant, en ces quelques pages, suivre l'auteur pas à pas, je voudrais néanmoins formuler des réserves sur quelques points encore.

Le manuscrit D (grec-latin) reste, dans sa partie grecque, très voisin du latin. On le considère ordinairement, et à juste titre, comme occupant une place à part dans la tradition. C'est en D que se vérifient, dans une certaine mesure, quelques assertions de M. C. Encore convient-il de vérifier les passages. Ainsi, M. C. écrit (p. 174) « TENENS lu TENDENS par DW: I, 31 tenens manum eius B xpathons this yetpó; (main de la malade) DW exteivas Thy Neipz (main de Jésus). » Je n'ai pas à ma disἐκτείνας χεῖρα

position la collation de W, mais je lis dans l'apparat critique de Tischendorf : D (b f q) ἐκτείνας τὴν χεῖρα, κρατήσας ἤγει ρεν αὐτὴν, pev zv. bq ille autem uenit et extendens manum adprehendit eam et levavit, f adpraehensa manu eius elevabit eam. TENENS est donc représenté dans D par xp22. Ceci nous éloigne de la confusion TENENS-TENDENS et nous pouvons nous demander si ixteivas n'est pas simplement dû au fait que cette expression est employée ailleurs, dans des circonstances analogues (Mc. I, 41 par exemple). L'ingénieuse suggestion de M. C., tentante au premier abord, se heurte donc au texte même. Je me garderai d'en conclure que D n'a pas été influencé par le latin. A XV, 11, le datif savyo, donné par lui, paraît bien

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