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être le latin persuaserunt populo. Les questions de ce genre soulevées par D devraient être reprises par un helléniste de métier. Présentement, on ne peut guère que se tenir, en ce qui concerne D, sur une prudente réserve.

D'une façon générale, M. Couchoud part du point de vue que les variantes des manuscrits proviennent de fautes de lectures ou d'erreurs d'audition. Il y a lieu, me semble-t-il, de faire intervenir aussi, et assez souvent, d'autres éléments. Certes, nombre de copistes se sont bornés à transcrire servilement et parfois sans intelligence le texte qu'ils avaient sous les yeux, mais on sait, par l'état des textes byzantins notamment, qu'à mainte reprise des copistes ont émendé pour des raisons grammaticales ou littéraires. Un cas fréquent également a été la phrase lue en entier ou par longs passages et modifiée plus ou moins consciemment, d'après ce que le scribe avait dans l'esprit. Plus un texte se rapprochait de la langue habituelle, plus il était sujet aux variations de ce genre. Beaucoup de variantes attribuées par M. C. à l'influence du texte latin, les différences de temps par exemple, sont explicables de cette façon. Car il ne faut pas oublier que le grec tient beaucoup moins que le français ou le latin à une succession régulière de présents ou de passés; il en fait souvent un mélange qui surprend le lecteur occidental. Les pages 177-178 de M. C. sont, sous ce rapport, très sujettes à caution. L'auteur n'y a pas non plus tenu compte du fait que fréquemment un chapitre ou un développement de l'évangile de Marc commence par un présent, qui est comme une ponctuation.

M. C. explique (p. 176) par la dictée à haute voix des divergences telles que ἔπεισαν, ἐποίησαν, αἰτίαν, ἀλήθειαν. La diffe rence d'accent de ces mots empêchera tout Grec de jamais les confondre à l'oreille, et ce sont cependant des Grecs qui ont écrit la plupart de nos manuscrits. L'intrusion de noi, et de ¿ì¿Bazy est due à une autre raison.

Il arrive à chacun de nous de ne pas comprendre ou de mal comprendre certains passages des évangiles. M. Couchoud a subi la loi commune et je ne relève des erreurs de ce genre que parce qu'elles l'ont amené à des conjectures qui me semblent peu accep

tables.

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A XIV, 72 (p. 174), èñibaλwv čxλ présente-t-il un sens si obscur ? J'ai cherché à montrer que nakov signifiait « se sauvant» et qu'il y avait là une expression vulgaire. Th. de Bèze a été, lui aussi, conduit à la même hypothèse. En admettant qu'elle ne soit pas fondée, quelle apparence y a-t-il que la forme COEPIT ait été lue COIECIT et surtout que ce COIECIT ait été traduit par ἐπιβαλών ?

A VIII, 26, l'interdiction d'entrer au village n'est pas tellement bizarre, puisqu'il est dit un peu plus haut que Jésus, avant de faire son miracle, a conduit l'aveugle hors du village.

A XIV, 65, l'expression ῥαπίσμασιν αὐτὸν ἔλαβον est d'excellent grec vulgaire et la variante 6akov peut s'expliquer par l'influence d'une tournure de même sens dont il reste des traces aujourd'hui.

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A XIV, 8, ὃ ἔσχεν ἐποίησεν et προέλαβεν μυρίσαι ne sont nullement deux énigmes à peu près insolubles et moi n'est pas absurde. Le grec moderne tranche la difficulté: « ce qu'elle avait (en son pouvoir), elle l'a fait; elle a, juste à temps, oint mon corps pour la sépulture ». Il n'y a donc pas lieu de supposer un HAEC qui aurait été lu FECIT. La tradition k n'a pas saisi le sens du grec et a traduit servilement: quod habuit haec praesumpsit. La Vulgate est mieux inspirée, qui dit: quod habuit, haec fecit: praeuenit ungere corpus meum in sepulturam.

A IV, 28 (p. 178), M. C. suppose que plenum triticum, venant pourtant après des accusatifs, a pu être pris par un traducteur pour un nominatif; d'où la leçon is tos (D midpus ó ios). On peut envisager une autre explication. Пps est un adverbe en grec byzantin. Les exemples de cet emploi adverbial sont nombreux dans les papyrus, à partir du re siècle de notre ère. On en trouve des traces jusque dans les manuscrits du N. T. A Mc VIII 19 par exemple, pets a pour variantes. Il n'est pas impossible que l'auteur ait écrit pas otov et qu'on ait corrigé ensuite grammaticalement en πλήρη σίτον, πλήρης σῖτος, πλήρης ὁ σίτος, variantes de nos manuscrits.

A II, 16 et à IX, 28 (p. 179), le texte grec s'explique sans qu'il soit besoin de passer par un intermédiaire quia. Atari et

Et signifient l'un et l'autre pourquoi. C'est le latin quia qui repose sur un őt mal compris.

A XI, 3 (p. 179-180), j'aimerais beaucoup et si quis uobis dixerit quit facitis? dicite: domino necessarius est et continuo eum dimittet, en donnant, avec M. C., comme sujet à dimittet le propriétaire de l'ânon. Mais le texte de k porte et continuo eum dimit (puis, sur une autre ligne :) sit et abierunt et dixerunt. Dans ces conditions, ne faut-il pas lire dimittit (= àñoσTÉλλεt) ἀποστέλλει) et, s'il y a bien un présent, le sujet n'est-il pas Jésus ? Ce passage est du reste encore un de ceux qui sont difficiles par eux-mêmes. A IX, 10 (p. 182), l'auteur cite, toujours d'après k, les mots sermonem tenebant apud se, qui signifient tenir conversation, et il en infère que le grec les a rendus mécaniquement par to λóyov τὸν λόγον Expát, szν πрos éαutous. « L'expression grecque, ajoute-t-il, n'est intelligible qu'en regard du latin. Autrement on cherche le sens : ils gardèrent fidèlement la Parole entre eux, que le contexte repousse vivement. Les disciples gardent mal la Parole qu'ils viennent d'entendre car ils ne la comprennent pas. »>> Mais le latin n'a pas la clarté que lui prête M. C. Il dit: quem sermonem tenebant apud se quid esset a mortuis resurrexerit. N'y a-t-il pas omission d'un mot: conquirentes, qui se trouve dans la Vulgate ? Au verset précédent, Jésus a recommandé aux disciples de ne rien dire à personne de ce qu'ils ont vu pendant la transfiguration, sauf quand le Fils de l'homme sera ressuscité des morts. Le grec porte: καὶ τὸν λόγον ἐκράτησαν, πρὸς ἑαυτοὺς συνζητοῦντες τί ἐστιν τὸ ἐκ νεκρῶν ἀναστῆναι. Les mots πρὸς ἑαυτούς vont avec GuyToutes, non avec xp, et le sens est: « Ils obserσυνζητοῦντες, vèrent cette recommandation, en discutant seulement entre eux sur ce que pouvait signifier cette résurrection du Fils de l'hom

me. »

A XV, I, III, 6 (p. 182) συμβούλιον ποιήσαντες (consilium fecerunt) suuбoúλio èo:Ouvτo (consilium faciebant), avec les variantes ἑτοιμάσαντες, ἐποίουν, ἐποιοῦντο, ποιοῦντες, ἐποίησαν, ἐδίδουν (Β), est-il un latinisme si criant? Le grec auubohov avait aussi, à cette époque le sens de délibération, qui convient admirablement

à ces deux passages, et les verbes not ou didwμt sont ici naturels, indépendamment de toute influence latine.

Α ΙΧ, 21, ἐκ παιδιόθεν, et ἀπὸ μακρόθεν a divers autres passages, ne sont pas des pléonasmes à l'instigation du latin a pueritia, de longinquo, qui n'ont aucun point commun avec -0v. On trouve, bien antérieurement, ἀπ ̓ οὐρανόθεν (Hom.), ἐκ Διόθεν (Hés.), ex pú (Théocr.) et les tournures de ce genre, qui s'expliquent par un affaiblissement de ev, sont courantes en grec postclassique.

Α ΙΧ, 28, εἰσελθόντος αὐτοῦ ἐπηρώτων αυτόν n'est pas une construction défectueuse à cette époque et ne suppose point cum introisset... discipuli eum interrogabant.

Ρ. 183, ἵνα μή, dans παρεκάλει ἵνα μή, επετίμα ἵνα μή, etc., n'offre rien d'atroce et ne provient pas du latin ne.

J'ignore si, à V, 43, ut daretur manducare est du latin acceptable; ôółñva: žúry paysi me semble irréprochable, pour la raison qu'on dit aujourd'hui às do pai, lequel n'est autre chose que va doby aùty payev. Ici encore, je croirais plutôt que le latin est le calque du grec.

P. 185-186, M. C. fait quatre citations qui tendraient à prouver qu'en passant du latin au grec le texte de Marc a été influencé par celui de Luc. Les trois premières peuvent tout aussi bien être interprétées dans le sens opposé. A la troisième (Lc, XIX, 15) qui n'est pas plus convaincante, il y a un lapsus: D porte τί διεπραγματεύσαντο et non τίς τί διεπραγματεύσατο. La quatrième est intéressante. I s'agit de Mc. IV, rg : καὶ αἱ περὶ τὰ λοιπὰ ἐπιθυμία.. L'auteur remarque avec justesse que ni λοιπά, ni ἐπιθυμία, ni Tepi avec l'accusatif, dans ce sens, ne se trouvent ailleurs chez Mc. On en peut conclure avec lui qu'il y a bien des chances pour que ces mots soient dus à une intrusion. D les omet, et ceci prouve que la tradition qu'il représente mérite d'être prise en considération. Mt. XIII, 22, et Lc. VIII, 14, les omettent également. Cet argument ajouté aux deux autres leur donne encore plus de poids Mt. et Lc. ont pu ne pas trouver les mots en question dans leur texte de Mc. Mais, après avoir suivi M. C. jusqu'ici, on ne peut guère ensuite que se séparer de lui. Enouμia

est absent des Actes et ne se rencontre qu'une fois dans l'évangile de Luc (XXII, 15): èm:Avμía èñelμ77. Quant à la tournure

p et l'acc., avec le sens de au sujet de., elle se présente à un passage de Luc (X, 40, 41), mais n'est point particulière à cet auteur. On est en présence d'une intrusion accidentelle. Si des traducteurs avaient employé les procédés que suggère M. C., les exemples n'en seraient-ils pas plus nombreux?

Un article de Revue n'est pas un livre et il est naturel que M. Couchoud n'ait pu, au cours des 30 pages dont il a disposé, traiter dans toute son ampleur une question de pareille importance. En fait, il ne l'a, et c'était son droit, considérée que sous un certain angle. On peut l'aborder d'une autre manière. Sa thèse est susceptible d'une contre-épreuve relativement aisée. Si nos manuscrits grecs reposent sur un texte latin dont k nous aurait conservé une partie, si mutilée fût-elle, k ne doit contenir qu'un nombre restreint d'hellénismes. Si au contraire il apparaît que ce texte de k est souvent le calque du grec, comme le lecteur l'a peut-être déjà entrevu, ceci ne prouve-t-il pas qu'on est en présence d'une traduction? Je crois cette contre-épreuve des moins favorables à la thèse de M. Couchoud et c'est une des raisons pour lesquelles je n'ai examiné dans ce qui précède qu'une partie de ses arguments.

Mais, songera peut-être le lecteur, à supposer que certains des latinismes invoqués par M. Couchoud soient discutables, toutes les études qui traitent de la langue de Marc n'en mentionnent-elles pas nombre d'autres, et ceci n'est-il pas en soi une présomption en faveur d'un original latin? C'en serait une, si les listes qu'on en trouve, même dans des ouvrages récents, ne témoignaient d'une connaissance très incomplète de l'évolution du grec. Ces prétendus latinismes, dont le nombre va du reste diminuant, comme celui des aramaïsmes, ne sont souvent que des phénomènes nettement helléniques, non reconnus comme tels parce qu'on les a comparés au grec ancien, sans tenir assez compte du grec pos

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