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aux Réformateurs. De même les quelques pages consacrées à Lefèvre d'Etaples et à Erasme sont insuffisantes, allusions fragmentaires plutôt qu'exposé de leur pensée; il eut été intéressant aussi de pénétrer plus profondément les tendances des premiers huguenots, de rechercher comment leurs idées, encore vagues, ont pu être transformées par les écrits de Luther ou de Zwingle et vers lequel de ces deux hommes ils se sont surtout senti attirés. Et enfin dans le chapitre, très vivant d'ailleurs, sur le Calvinisme, on regrette de ne pas trouver un tableau d'ensemble, suffisamment précis, de la pensée théologique de Calvin, de cette pensée que les réformés des xvIe et XVIIe siècles ont défendue avec tant d'énergie et qui est restée, officiellement au moins, la doctrine du protestantisme français jusque vers 1850. Il semble que M. V. ait craint d'aborder ces questions difficiles, qu'il connaît pourtant si bien parce qu'elles auraient peut-être rebuté le lecteur frivole.

Cette histoire est donc essentiellement une histoire politique. Mais là encore nous ferions quelques réserves. Erudit plein de probité, désireux de s'appuyer uniquement sur les témoignages du temps. M. V. se laisse aller, un peu trop semble-t-il, à un simple récit chronologique des événements. De là d'abord la place qu'il fait à l'énumération des martyrs, ce qui contribue parfois à donner à son livre un aspect apologétique qu'il ne veut pas avoir. De là aussi une crainte de présenter des tableaux d'ensemble parce que les généralités sont souvent fausses: et pourtant les chapitres sur le mouvement littéraire et anticlérical de 1530 à 1547, sur le calvinisme sont fort bien venus. Pourquoi M. V. n'a-t-il pas essayé de nous donner, après M. Romier, une vue générale des forces du protestantisme français dans cette année climatérique » de 1560?; on aurait aimé aussi à trouver quelques pages sur les théories politiques de certains huguenots au lendemain de la St Barthélemy, et sur l'état du protestantisme en 1598.

Ces quelques réserves ne doivent pas nous empêcher de rendre hommage à la haute valeur de ce livre et à la probité scientifique de l'auteur. Et puisque M. V. connaît aussi bien l'histoire du Protestantisme français au XIXe siècle qu'au XVIe (le premier volume de sa biographie sur Sabatier en est la preuve) puisse son éditeur être assez libéral pour lui permettre de pousser jusqu'à nos jours cette Histoire de la Réforme française.

A. ALBA.

Notices Bibliographiques

J. DENIKER. Les Races et les Peuples de la Terre, Paris, Masson, 2e édition, 1926.

La famille de Deniker a eu la belle et pieuse pensée de publier, du grand ouvrage de cet éminent ethnographe, une seconde édition que celui-ci avait préparée pendant la guerre et que la mort l'avait empêché de faire paraître. La première édition avait vu le jour en 1900; une mise au point s'imposait, elle a été faite excellemment ; l'ouvrage expose clairement tous les grands problèmes de l'anthropologie et de l'ethnographie, et sera d'une égale utilité pour le spécialiste qui devinera les raisons dont l'auteur s'est inspiré, et le lecteur ordinaire qui aspire à se faire rapidement une opinion précise sur ces questions dont la connaissance est la base indispensable de nombre de sciences connexes !

Nous pouvons ici aborder d'autant moins l'examen détaillé des différentes parties de l'ouvrage que rares sont les chapitres ayant avec la science des religions des liens directs. Deniker, en effet, résume tout d'abord l'anthropologie tout entière, l'étude physique de l'homme, ses rapports avec le singe, les caractères somatiques et morphologiques des races; il aborde ensuite l'étude de leurs caractères ethniques, et résume les grands problèmes de la linguistique, en y comprenant la recherche de l'origine de l'écriture, les questions essentielles de la sociologie comparée et celles enfin qui relèvent de la vie psychique des primitifs il fait dériver du jeu les préoccupations artistiques, il montre le rôle social des danses, des fêtes primitives dont il met en lumière l'aspect religieux; et expose brièvement les religions primis'inspirant essentiellement des doctrines de Tylor. Cette étude est d'ailleurs d'une très grande valeur, et Deniker analyse notamment très exactement la notion d'esprit en montrant que dans la croyance des incultes, tout corps quelqu'il soit en est pourvu, même les corps fabriqués de la main des hommes qui sont, dès lors, à ces premiers stades, maitres, dans une large mesure, du monde divin. Enfin suit l'étude de la vie sociale proprement dite, des relations matrimoniales,

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de l'organisation de la famille, où abondent les suggestions intéressantes, et où le seul regret que j'aie à exprimer, c'est que peut-être n'est pas assez nettement montré comment cette vie sociale et la vie religieuse étudiée précédemment ne font qu'un en réalité et réagissent constamment l'une sur l'autre.

La seconde partie de l'ouvrage est consacrée à une description des différents peuples- énumérés par continent, ce qui permet au lecteur d'aisément s'y retrouver, mais laisse moins apparaître les parentés fréquentes entre des populations d'origine commune, mais habitant des continents différents.

Dans l'ensemble, c'est un ouvrage de premier ordre, et qui rendra certainement les plus grands services. Ajoutons que le livre est richement illustré, et pourvu d'appendices statistiques particulièrement précieux.

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R. KREGLINGER.

VOLLMER HANS. Ein deutscher glossierter Auszug des 15. Jahrhunderts aus den alttestamentlichen Propheten. Berlin, Weidmann, 1927. 10 Mk.

Cet ouvrage est le 3 volume des Materialien zur Bibelgeschichte und religiösen Volkskunde, publiés par le même auteur. Le but en est de faire connaître la manière de traduire et d'expliquer la Bible usitée en Allemagne au xve siècle. Les livres des Prophètes, qui font l'objet de ce 3e volume, étaient peu connus, même au temps de Luther, parmi les laïcs. Il est vrai que des traductions en langue vulgaire de tous les livres de l'Ancien Testament avaient existé longtemps avant Luther. Mais ces traductions n'étaient pas populaires. Ce n'était que les prédicateurs, les Religiosi, qui les lisaient et les interprétaient dans le sens bien connu, c'est-à-dire que l'Ancien Testament n'avait été écrit que pour annoncer la doctrine et l'histoire du Christ. Il faut savoir gré à M. Vollmer d'avoir montré, par un exemple concret, comment on a compris les prophètes en Allemagne au XVe siècle.

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M. GINSBURger.

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J. GOULVEN. Les Mellahs de Rabat-Salé. Paris, P. Geuthner, 1927, un volume 8° carré de XII-165 pages, très nombreuses illustrations en noir et en couleur.

M. Goulven, qui possède une profonde connaissance de toutes les questions touchant l'Afrique du Nord-Ouest, avait déjà tracé une histoire du judaïsme marocain dans des Notes sur les origines anciennes des Israëlites du Maroc publiées dans Hesperis (1921, pp. 317-337) et dans une Esquisse historique sur les Mellahs de Rabat-Salé parue dans le Bulletin de la Société de Géographie du Maroc (2o trimestre

1922, pp. 11-42). De ces Mellahs dans leur état actuel, il nous donne aujourd'hui un tableau d'une extrême précision. L'enquête n'allait pas sans difficulté, sans risque de lacunes : « Ce serait, dit l'auteur (p. viii), une erreur de croire que les Israélites nous ont donné des indications de bon gré. Depuis l'établissement du Protectorat, en mars 1912, une grande révolution sociale s'est opérée chez eux, non sans provoquer des troubles profonds et divers dans les individus. Les uns, en effet, effrayés par les idées nouvelles si brusquement propagées au Mellah, ont subi comme un renforcement de leurs croyances et ont cherché à se retrancher encore davantage derrière la loi. Auprès de ceux-là nos enquêtes sont demeurées pénibles... Les autres, au contraire, particulièrement les jeunes, ont été attirés par les apparences du progrès avec une rapidité incroyable et se sentaient prêts à renier un passé dont ils avaient évidemment souffert, s'ils n'avaient été soumis au frein de leurs parents, des communautés israélites et des Rabbins. En ce qui nous concerne, cette facilité d'adaptation à une condition nouvelle eut souvent des résultats déconcertants: les jeunes gens riaient des coutumes de leurs pères et, sans affirmer ni nier leur existence, traitaient textuellement d'obscurantisme tout ce qui se rapportait aux traditions et aux études anciennes. >>

M. G. n'entend pas expliquer, ni comparer, mais simplement décrire. L'ethnographe, le folkloriste, l'historien des religions trouveront dans cet excellent relevé des matériaux authentiques et classés en chapitres très clairs: Dans les Mellahs de Rabat-Salé de 1913 Les petits Juifs Caftans noirs et châles blancs. Un mariage de jeune fille à Salé. Coutumes ancestrales et croyances païennes. -Les jours sanctifiés. Les grandes fêtes d'Israël. Le culte des saints. Les communautés israélites de Rabat-Salé. Le rôle des grands Rabbius. Israélites et musulmans au Maroc. L'activité commerciale des israélites. Les rites funèbres: une société d'enterrements.

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La documentation photographique est fort abondante, pittoresque et, techniquement, d'un « rendu >> qui mérite tous les éloges.

D. L.

F. SCHWENN. Gebet und Opfer, Studien zum griechischen Kultus (Religionswisenschaftliche Bibliothek, 8). Heidelberg, 1927; 1 vol. petit in-80 de 144 pages.

Ce n'est pas une monographie de la prière et du sacrifice qu'on trouvera dans cet essai très riche d'idées et de faits. L'auteur s'est efforcé, au moyen de deux exemples de mettre en lumière la transformation que l'esprit grec a fait subir à la religion primitive. C'est ainsi que dans la première partie, étudiant l'antique invocation de la liturgie éleusinienne "re-xe, le « chant d'appel » des femmes d'Elis à Dionysos-Héros, la prière de Chrysès, les imprécations qui accom

pagnent les serments et d'autres invocations de l'Iliade, il y démèle très ingénieusement les traces de la « mentalité primitive ». Il montre que les prières de l'âge homérique n'usent guère de formules magiques destinées à contraindre la divinité, mais s'efforcent, par des supplications motivées, de convaincre des dieux conçus comme doués de sentiments, semblables à ceux des hommes. Un chapitre étudie la prière en tant qu'œuvre d'art, donne d'intéressantes indications sur la genèse de l'hymne littéraire et montre quelle influence les formes artistiques de la prière ont exercé sur le développement de la vie spirituelle. La seconde partie énumère les différentes formes du sacrifice, examine les rites étranges des Bouphonies à Athènes et explique la signification du sacrifice grec, qui, à la suite d'une longue évolution, n'est plus qu'un présent offert à une divinité pour se concilier sa faveur.

Une des idées les plus justes et les plus fécondes qui se dégagent de cette étude est que la pratique de la prière et du sacrifice a exercé une influence capitale sur la formation de l'idée de divinité. Car ce n'est pas un dieu que la prière suppose à l'origine, mais un objet conçu comme doué de la vie. Somme toute excellent petit livre auquel pourra recourir avec plaisir et profit quiconque s'intéresse à l'histoire de la religion hellénique.

André BOULANGER.

A. DUFOURCQ. L'Avenir du Christianisme. Première partie, Histoire ancienne de l'Eglise, tome II, La révolution religieuse, Jésus, 6e édition. Paris, 1927; 1 vol. petit in-8° de 474 pages.

En publiant la sixième édition de son grand ouvrage, M. Dufourcq ne s'est pas contenté d'en réimprimer le texte. Non seulement il lui a fait subir maintes modifications de détail, mais il y a joint près de 200 pages de notes additionnelles. L'extrême richesse de ces notes où tous les travaux les plus récents sont mis à profit et où abondent les aperçus personnels, fait de l'ouvrage ainsi complété un indispensable instrument de travail. On remarquera tout spécialement ce qui concerne la renaissance du sentiment de la paternité divine (p. 156171), l'auteur y donne une idée très exacte de l'immense matière religieuse, si confuse et si mal connue jusqu'ici, au sein de laquelle apparaît le christianisme naissant; le messianisme juif (p. 184-192); l'influence du paganisme sur Israël et d'Israël sur le paganisme (p. 198-213); les sources de saint Luc (p. 431-442). Selon la théorie de l'auteur qu'il ne peut être question de discuter ici saint Luc aurait utilisé, pour compléter et rectifier les évangiles de Matthieu et de Marc, un document certainement hiérosolymitain, un évangile perdu de saint Jacques le Mineur et des conversations avec le même Jacques, avec la Vierge et avec les « veuves de Jérusalem.

André BOULANGER.

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