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Contribution à l'étude des problèmes

johanniques:

Les petites épîtres "II et III Jean"

Comme le remarquait déjà Origène (cf. EUSEBE, Hist. ecclés. livre 6, 25, 7), aucun des livres de la Bible ne rivalise pour la brièveté avec la deuxième et la troisième « épîtres de Jean » : elles comprennent respectivement treize et quinze versets, tandis que les deux autres épîtres du Nouveau Testament ne formant chacune qu'un chapitre, l'épître à Philémon et l'épître de Jude, ont l'une et l'autre vingt-cinq versets. Dans l'Ancien Testament, le livre d'Abdias en contient vingt et un.

Mais si beaucoup d'autres écrits du christianisme aux premiers siècles sollicitent davantage l'étude critique par leur ampleur et leur importance historique et littéraire, ceux-ci occupent, dans le champ de la littérature johannique si riche en énigmes, une place originale. Si l'on arrive à éclairer ces deux petits billets, peut-être contribuera-t-on par contre-coup à préciser, sinon à élucider l'un ou l'autre des problèmes johanniques plus étendus qui, même après de récentes et pénétrantes études (1), restent à l'ordre du jour.

Le contenu des deux billets se résume ainsi : II Jean. Un auteur anonyme qui s'intitule & écrit à une exλexty xupiq (v. 4) qu'il a rencontré avec joie

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(1) Cf. MAURICE GOGUEL. Introduction au Nouveau Testament, T. II. Le Quatrième Evangile, Paris, Leroux, 1924. ALF. LOISY. Le Quatrième Evangile. Les Epitres dites de Jean. Paris, Nourry, 1921.

certains de ses éxva « marchant dans la vérité » (v. 4). Puis, après une exhortation générale à vivre dans l'amour (v. 5-6), il met sa correspondante en garde contre certains prédicateurs itinérants qui professent des vues docètes sur la personne du Christ (v. 5-11). Il espère continuer l'entretien de vive voix (v. 12). Le billet s'encadre entre la salutation initiale de l'auteur (v. 1-3) et l'envoi des salutations d'une <<< sœur élue » (v. 13).

πρεσβύτερος

III Jean. Le рpeoßútepos écrit à Gaïus, son bien-aimé (v. 1). Il lui souhaite une bonne santé ; il le félicite de « marcher dans la vérité » (v. 2-4) et d'exercer l'hospitalité envers des frères qui voyagent ὑπὲρ τοῦ Ὀνόματος (ν. 5-8). Il censure un certain Diotrèphes autoritaire et inhospitalier (v. 9-10). Au contraire, après une exhortation à imiter non le mal mais le bien (v. 11), il se joint au bon témoignage que <«< tous et la vérité elle-même » rendent à Démétrius. Il espère sous peu continuer l'entretien de vive voix (v. 13-14). Salutations transmises et à transmettre (v. 15).

Caractères généraux.

On ne peut hésiter à reconnaître ici de véritables lettres missives. L'auteur emploie tout naturellement ce moyen écrit de communiquer avec les destinataires respectifs de chacun des billets. Alors que pour l'épître aux Hébreux, celle de Jacques, la seconde de Pierre, celle de Jude et surtout peut-être la « première épître de Jean », par ailleurs très apparentée aux « deuxième et troisième », il n'est pas aisé de savoir si ces écrits furent d'abord effectivement adressés à des individus ou groupements déterminés, ou si leurs cadres et étiquettes épistolaires représentent un artifice attesté ailleurs à cette époque (2), pour II Jean comme pour III Jean, la seule présence de vœux et salutations dont l'ampleur relative contraste avec la faible étendue de l'ensemble, suffirait à écarter

(2) DEISSMANN. Licht vom Osten, 4e édition, 1923, p. 193-208.

toute incertitude, malgré les diverses hypothèses qu'a pu soulever, nous le verrons, le terme éxλsx

xupiq.

Les rapports réciproques des deux morceaux sont intimes et fréquents. Ils vont jusqu'à l'identité dans les cas suivants :

II Jean

V. 1. « Que j'aime dans la vérité ».
V. 4. Marchant dans la vérité ».
V. 12. «Ayant beaucoup de choses à
vous écrire, je n'ai pas voulu em-
ployer le papier et l'encre, mais
j'espère aller vous voir et vous entre-
tenir de vive voix ».

III Jean

V. 1. « Que j'aime dans la vérité ».
V. 3, 4. « Tu marches dans la vé-
rité ».
« Marchant dans la vérité ».
V. 13, 14. J'aurais beaucoup de
choses à l'écrire, mais je ne veux pas
le faire au moyen de l'encre et de
la plume. J'espère, par contre, le
voir bientôt, et que nous nous entre
tiendrons de vive voix »>.

'Dans l'ensemble, il y a unité de coloration; elle frappe plus que les particularités du contenu. Un seul tempérament, un seul auteur s'y affirme si manifestement que l'histoire de l'exégèse ne présente presque aucune hypothèse attribuant II Jean à un peßútepos autre que celui qui écrit III Jean. Mais l'auteur unique rédigea-t-il les deux lettres dans l'ordre qui devait devenir canonique? Si dans III Jean 9 la mention d'un message déjà écrit (ypaya) « à l'église » visait de toute certitude II Jean, comme l'admettent entre autres Westcott et Holtzmann, la question serait tranchée par l'affirmative. Mais en l'absence de toute précision (pain) l'allusion peut viser soit II Jean, soit une autre lettre aujour d'hui disparue. Il reste en tout cas probable que II et III Jean furent rédigées à un court intervalle. A tous égards ce sont bien des « sœurs jumelles » (3).

Indépendamment de cette parenté interne, leur langage et leur pensée présentent des points de contact spécialement nombreux avec la « première épître de Jean », ainsi que, bien qu'à un degré moins prononcé, avec le quatrième évangile. Quoique des statistiques ne présentent à cet égard qu'une valeur relative, nous avons relevé en étudiant le texte des petites épîtres mot à mot et phrase à phrase :

(3) L'expression a été imaginée par Holtzmann.

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Or, les autres livres du Nouveau Testament ne nous en ont fourni que 188. L'évangile et la première épître de Jean représentent donc ici 40 0/0, alors qu'ils occupent seulement en étendue 12 0/0 du recueil.

On distingue nettement d'abord ce coefficient johannique dans le style et la langue. Voici les expressions ou tournures les plus caractéristiques :

MÉVELY Ev Tɩví. II Jean 2; 9. I Jean 2, 14. Jean 12, 38. περιπατεῖν ἐν τινί (αληθεία). Η Jean 4; 6. III Jean 3; 4. I Jean 2, 11. Jean 12, 35.

ópavɛóv. III Jean 11. Jean 1, 18.

Èx ToŨ Oεoû elva, III Jean 11. I Jean 3, 10; 4, 6. Jean 8, 47. eyetv

ἀκούειν

an' aps. II Jean 5; 6. I Jean 2, 7, 24 bis.

quoλoyev. II Jean 7. I Jean 1, 9; 4, 2, 3, 15. Jean 9, 22; 12. 42.

rios (Jésus). II Jean 3; 9. 22 fois dans I Jean.

viy plots. II Jean 7. I Jean 2, 18, 22; 4, 3.

paptopsiv. III Jean 3; 6; 12. I Jean, 1, 2; 4, 4; 5, 6, 7, 8, 9, 10. 32 fois dans Jean.

ἡ μαρτυριά ἡμῶν ἀληθής ἐστιν. III Jean 12. Jean 19, 35, 21, 24. EXEL TOV паτéρа. II Jean 9. I Jean, 2, 23.

àyaπãv àλλýλous. II Jean 5. I Jean 4, 7, 11. Jean, 13, 34. Evroký xatvý. II Jean 3. I Jean 4, 7, 14, Jean 13, 34. ἵνα ἡ χαρὰ ἡμῶν πεπληρωμένη ᾖ. Η Jean 12. I Jean 1, 4. va sans idée de but. II Jean 6. III Jean 4. I Jean 3, 23. le xa d'insistance. II Jean 2. III Jean 5. I Jean 3, 1. uetá, chez, parmi. II Jean 2. II Jean 2, 19; 4, 17. oûte...xal. III Jean 10. Jean 4. 11.

xx vv employé comme transition. II Jean 5. I Jean 2, 28.

Juxtaposition d'une affirmation et d'une négation sans

II Jean 9. I Jean 1, 6, 7, 9, 10; 2, 9, 10, 23; 3, 6, 7-8; 4, 3, 6, 7,8; 5, 10, 12.

Progrès par définition plus détaillée : οὐχ ὡς ἐντολὴν γράφων σot xaιvny, áλλà... II Jean 5. I Jean 2, 7.

Les phrases se suivent le plus souvent du moyen de xxi. On constate une extrême pauvreté de particules yáp ne revient que trois fois dans I Jean, une fois dans II Jean (v. 11), une fois dans III Jean (v. 3); dè, plus fréquent dans I Jean (neuf fois), manque dans II Jean et n'apparaît qu'une fois dans III Jean (v. 14).

Les citations de l'Ancien Testament, déjà rares dans le quatrième évangile (on en compte quatorze), ont totalement disparu des deux petites épîtres comme de la grande.

Cependant la ressemblance n'exclut pas certaines particularités notables. Malgré sa faible étendue, II Jean emploie un äna eiρnuévov du Nouveau Testament: c'est xapons (v. 12); dans III Jean l'on en trouve deux tλоnρwτεów (v.9), pλvapā (v.10). Citons, d'autre part :

κατά au lieu de ἐν après περίπατειν : II Jean 6 ; jamais dans Jean et I Jean. Toutes les subtilités imaginées par certains commentateurs pour trouver une nuance de sens entre le v de II Jean 4 et le xará du v. 6 ne sauraient infirmer cette observation.

ἐρχόμενον ἐν σαρκί, Η Jean 7. ἐληλυθότα έν σ”, I Jean, 4, 3. κοινωνεῖν, II Jean 11. κοινωνίαν ἔχειν, I Jean 1, 3, 6. μειζοτέραν III Jean 4. μείζω Jean 5, 36.

Tò xaxov, III Jean 11. Absent dans I Jean.

But. On peut le définir en deux mots essentiels: il s'agit d'affermir les destinataires dans la vérité, ànsia et dans l'amour, àɣánŋ. II Jean les met spécialement en garde contre certains hérétiques qui chercheraient à les détourner de

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