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Et, devenu ensuite marcionite, il imposait cet exemplaire à sa communauté.

Henri DELAFOSSE.

HERMANN RASCHKE, 330 p., lena, 1924.

Die Werkstaff der Markusevangelisten,

Ce livre comprend deux parties. La première étudie l'origine de l'évangile de Marc. La seconde nous apprend comment nous devons l'interpréter.

L'auteur estime que notre évangile de Mare, sauf de menues surcharges, est l'œuvre de Marcion. Du même coup il rejette l'opinion qui jusqu'ici avait été admise et d'après laquelle Marcion avait composé son évangile en mutilant Luc. Quelles sont ses preuves?

La première est tirée du silence de Justin qui, dans sa grande apologie, parle avec horreur de Marcion mais ne l'accuse pas d'avoir mutilé un évangile. Cet argument, s'il prouve quelque chose, prouve surtout que Marcion n'a point rejeté l'incarnation du Christ, puisque Justin ne lui fait aucun reproche sur ce point. L'auteur accepte-t-il cette conséquence? L'a-t-il même prévue?

La seconde preuve est empruntée à Irénée qui dit que les docètes de son temps utilisaient l'évangile de Marc, et dont les renseignements sur l'évangile de Marcion conviennent parfaitement à l'évangile de Marc. Voici la vérité. Irénée dit, en toutes lettres, que Marcion a mutilé l'évangile de Luc de manière à le réduire à une « parcelle d'évangile, et que son évangile, à lui Marcion, consiste dans ce résidu qui ne comprend ni les histoires de l'enfance ni beaucoup des enseignements du Seigneur. Tout commentaire me paraît superflu. Après cela que les docètes aient utilisé l'évangile de Mare, c'est une affaire tout autre et dont on n'a pas le droit de conclure que l'évangile de Mare a été composé par Marcion.

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La troisième preuve est fournie par Hippolyte qui, dans les Philosophumena, dit que l'évangile de Marc a été mutilé par Marcion. Hippolyte parle comme Irénée dans le résumé du Syntagma qu'on lit à l'appendice des Prescriptions de Tertullien. Il dit, en effet, ceci en parlant de Marcion : « Solum evangelium Lucae, nec tamen totum recipit». On tient généralement pour une distraction l'assertion

qu'il émet dans les Philosophumena. En tout cas, même dans ce texte où il accuse Marcion d'avoir mutilé Marc, Hippolyte ne patronne pas la théorie de l'auteur qui voit dans Marc l'œuvre même de de Marcion additionnée de très légères surcharges.

J'arrive à Tertullien et à Épiphane. Ici l'auteur a dépensé une somme de travail considérable pour embrouiller la question. Je dois dire qu'il n'a pas réussi. Malgré les sophismes qu'il a entassés, la question reste claire pour tous ceux qui ont lu le livre IV du traité Contre Marcion et l'hérésie XLII du Panarion. Tertullien et Epiphane ont eu entre les mains un évangile de Luc mutilé; ce livre faisait autorité dans les communautés marcionites; dans ces mêmes communautés il était considéré comme l'œuvre de Marcion. Ces trois points sont au-dessus de toute contestation possible, et ce serait perdre son temps que de s'arrêter à les prouver.

J'ai dit que la seconde partie du livre nous apprend à interpréter les récits de l'évangile de Marc. Voici un exemple de la manière de l'auteur emprunté au récit de la guérison de la belle-mère de Pierre (p. 140). Je traduis littéralement : « L'évangéliste semble dire que Jésus se borne à quitter la synagogue pour aller tout près de là dans la maison de Simon. Mais la « maison de Simon » est une fiction qui désigne un autre endroit situé sur le prolongement de la route de Capharnaum à Bethsaïde au sud-ouest de la rive du lac. Dans la maison de Simon nous trouvons sa belle-mère. Cette mention de la belle-mère est surprenante. Ni le père de Simon ni sa femme ne sont mentionnés; seule sa belle-mère l'est. Et puis Jésus est consulté pour un cas de fièvre. Le récit qui, en soi, est invraisemblable, est pragmatique. Dans la langue araméenne la bellemère est désignée par le mot «< chamatha » et la fièvre par le mot «< chamta » ... Tibérias, avant d'être ... dédiée à Tibère, s'appelait à cause de ses sources d'eau chaude « Chamata » ... Derrière la bellemère se cache la ville de Chamata-Tibérias....... Le contenu du morceau est donc l'évangélisation de Tibérias sous le symbole de la guérison d'une belle-mère malade de la fièvre... »

Toutes les dissertations de l'auteur sont à l'avenant.

Henri DELAFOSSE.

Notices Bibliographiques

W. O. E. OESTERLEY.

The sacred Dance, Cambridge, University Press, 1923, in-12, x-234 p.

Depuis longtemps on a observé que la danse avait dans l'antiquité un caractère religieux et qu'elle le conserve encore de nos jours chez beaucoup de sauvages. Oesterley l'étudie de ce point de vue en un petit volume d'une information solide et d'une présentation très claire et méthodique. Il essaie d'abord de reconstituer l'idée que s'en faisaient les hommes préhistoriques d'après celle que s'en forment encore aujourd'hui certaines tribus polynésiennes, qui semblent plus proches de la mentalité primitive. Puis il montre que la danse sacrée joua un rôle considérable et particulièrement instructif dans la religion d'Israël. Enfin il en examine sucessivement les formes principales, pour montrer comment chacune à diverses époques et en divers pays garde la marque très nette de son origine archaïque. Nous voyons ainsi defiler devant nous les danses processionnelles, les danses circulaires, les danses extatiques, les danses saisonnières, les danses triomphales, les danses nuptiales, les danses funéraires. L'exposé, toujours vivant et limpide, abonde en rapprochements curieux et suggestifs. Comme il est l'œuvre d'un bibliste, il intéressera particulièrement tous ceux de ses lecteurs qui se sont voués à l'étude de l'Ancien Testament. Prosper ALEARIC.

Sicaitische Heiligentegenden, lena Diederich.

H. W. SCHOMERUS.
1925, in-8°, XXXI-306 p.

Dans la collection bien connue des Religiöse Stimmen der Völker, dirigée par Walter Otto, M. Schomerus avait déjà publié un premier volume de Texte zur Gottesmystik des Hinduismus, contenant un recueil de poésies religieuses. Il en donne maintenant un second, consacré à des Vies de saints adorateurs de Civa. Ces Vies sont extraites de deux recueils tamouls, qui semblent avoir été écrits vers le x siècle. Elles sont certainement légendaires. Mais leurs

légendes sont, en un sens, plus vraies que l'histoire, parce qu'elles reflètent l'idéal spirituel d'une masse considérable de croyants répandus dans tout le sud de l'Inde. Elles contrastent avec les récits hagiographiques des textes plus anciens rédigés en sanscrit. Ceuxci présentaient leurs héros mythiques comme des ancêtres prodigieux dont les exploits en imposaient aux dieux eux-mêmes et qui d'ailleurs étaient mal vus par eux. Les Saints tamouls se font remarquer plutôt par la piété dont ils font preuve à l'égard de Civa. Ils ne vivent que pour leur dieu, n'ayant d'autre souci que d'obtenir sa faveur et ils comptent pour cela sur sa bonté accueillante plutôt que sur leurs œuvres propres. Ils sentent, parlent et agissent presque en Chrétiens. Par là ils offrent pour nous un intérêt spécial. Ils montrent comment les religions les plus dissemblables sont régies, au cours de leur évolution, par des lois uniformes. Prosper ALFARIC.

Alfred GUILLAUME. The traditions of Islam, an Introduction to the study of the Hadith Literature, Oxford, Clarendon Press, 1924, in 8°, 184 p.

Dans la vie de l'Islam, la Tradition est inséparable de l'Ecriture. Elle l'explique et la précise. A l'occasion elle en atténue discrètement le danger. Surtout elle la complète et permet de répondre à maintes questions qui ne sont point posées dans le Coran. Aussi s'est-elle constituée de bonne heure, dès le temps de Mahomet, et elle n'a cessé depuis lors de s'enrichir et de se transformer, pour répondre aux besoins changeants de ses adeptes. Or son histoire est assez mal connue. M. Alfred Guillaume a voulu en tracer une esquisse sommaire à l'usage du public cultivé qui s'intéresse aux questions musulmanes. Il montre donc en quelques traits rapides comment s'est formée et développée une littérature fort riche qui s'appliquait à recueillir les survivances orales de l'enseignement du prophète. Puis il donne quelques exemples caractéristiques des résultats ainsi obtenus par l'Islam. Un chapitre intéressant explique comment la figure de Mahomet s'est progressivement idéalisée. Un autre s'attache à montrer que les textes évangéliques ont été ici souvent mis a profit et que d'une manière générale la tradition chrétienne a été souvent exploitée par l'Islam. Cette partie du livre sera lue avec un intérêt spécial. L'ensemble de l'exposé est d'ail leurs fort instructif. Il aide à mieux comprendre non pas seulement la vie intérieure de l'islamisme, mais encore celle du Christianisme et en général de toutes les religions qui s'appuient sur un texte sacré.

Prosper ALFARIC.

D. S. BLONDHEIM. Les parlers judéo-romans et la Vetus latina. Paris, E. Champion, 1925. Un vol. in-8° de cxxxvш-247 pages.

M. S. B. a fait précéder d'une introduction três importante le vocabulaire comparatif des parlers romans des Juifs au moyen âge qui forme le corps de ce volume. Cette introduction a d'abord pour objet de fournir des preuves, surtout d'ordre historique, d'une tradition linguistique, ininterrompue depuis l'antiquité, chez les Juifs; mais M. S. B. entend établir en outre les probabilités en faveur d'une influence linguistique de la synagogue sur l'Eglise latine naissante. Il est remarquable en effet que les traductions bibliques dues aux Juifs au moyen âge aient employé un vocabulaire qui dérivait de la Bible grecque, mais aussi que ce vocabulaire présente des accords frappants avec celui de l'ancienne Bible latine, la Vetus latina ou Itala simples coïncidences, occasionnées par la traduction, plus ou moins contemporaine, en latin vulgaire de la Septante ou de ses révisions? Preuves d'une influence chrétienne sur les Juifs? Preuves d'une influence juive sur les chrétiens? C'est de cette dernière hypothèse que le livre de M. S. B. tend à démontrer la plausibilité et cela nous vaut, de la part du savant philologue de John Hopkins University, une magistrale étude sur la tradition scripturaire dans l'Israël occidental. M. S. B. voit d'ailleurs à cette étude un prolongement considérable pour l'histoire du christianisme : elle aboutit à montrer que les vues de M. Deissmann, qui fait au judaïsme la part assez belle dans le développement du christianisme occidental, sont plus acceptables que celles de M. Harnack qui considère le rôle des Juifs dans l'Ouest comme très modeste... La Vulgate n'est qu'une révision, parfois superficielle, de la Vetus latina; par la Vulgate est entré, an dire de M. S. B., un fort elément biblique dans notre vocabulaire doute aussi dans notre sensibilité moderne.

et sans

P. ALPHANDÉRY.

CARLOS F. MELO. Hermès. Buenos Aires, Espiasse et Cie, 1925, un vol. in-12 de 245 pages.

M. Carlos F. Melo est un très distingué professeur de l'Université de Buenos Ayres. Esprit des plus ouverts, il juge que le devoir de tout homme cultivé est d'accueillir à la fois les plus hautes intuitions de la poésie et de la pensée, « la rumeur sacrée de la fontaine de Dodone »>, et le souci des problèmes que pose son époque, Il prèche d'exemple: son livre renferme quatre essais, et ils sont consacrés à Berthelot, a Dante, à Camoens, à la question de la paix universelle; disons d'ailleurs que, dans l'esprit de M. C. F. M. Dante et Camoens ne sont guère moins actuels que la chimie cons

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