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fausse lecture était possible. Puis, on y ajouta régulièrement les voyelles sauf dans les mots courants, où l'on ne pouvait pas se tromper. Les Juifs babyloniens se servirent du même principe avec la seule différence qu'ils remplacèrent les points voyelles par des lettres qui, plus tard, ont été modifiées dans leur forme, tandis que le système tibérien est basé sur un principe tout à fait nouveau, parce qu'il fut introduit à une époque, où une modification du système palestinien n'était plus possible.

Le système tibérien et le système babylonien doivent leur origine à la fondation de la secte des Caraïtes, évènement qui a forcé les Juifs de s'occuper d'une manière plus intense qu'auparavant du texte biblique et qui a eu pour résultat l'activité des Masorètes. Il faut placer cette activité entre les années 780 et 930 de l'ère chrétienne. Or. comme l'hébreu a cessé d'être une langue parlée peu de temps après l'exil babylonien, il est matériellement impossible que les Masorètes tibériens aient eu une connaissance exacte de la prononciation de l'hébreu comme langue parlée, et M. K. croit avoir démontré qu'en réalité la prononciation masorétique est différente de celle qui était en usage dans le courant des premiers siècles de l'ère chrétienne.

Il faut donc distinguer entre la prononciation masorétique et la prononciation prémasorétique et, en même temps, entre la grammaire masorétique et la grammaire prémasorétique de l'hébreu, puisque les Masorètes tibériens ont créé leur système de vocalisation d'après les règles de grammaire établies par eux. Par ces règles et par ce système ils voulaient réformer la langue hébraïque de leur époque, parce qu'ils la considéraient comme fautive.

L'hébreu prémasorétique est représenté dans les transcriptions grecques et latines de l'ancien hébreu. Une première étude sur ces transcriptions a été publiée par F. X. Wutz. Nous en avons rendu compte dans cette Revue. Une autre suivra et aura pour sujet la grammaire de ces textes anciens établis dans le premier travail.

L'hébreu prémasorétique est représenté encore dans beaucoup de fragments provenant de la Gueniza du Caire et dispersés dans les principales bibliothèques de l'Angleterre, de la Russie et autres. M. K. a étudié minutieusement ces textes anciens et en a fait prendre des clichés surtout à Leningrad qui en possède probablement la plus grande collection. Il a l'intention de publier une série de tra

vaux à ce sujet et d'y ajouter les originaux en fac-similé avec des traductions et des notes explicatives. Celui, qui nous occupe ici-même, est le premier de cette série. Il contient une étude sur la vocalisation de l'hébreu en occident, de là le titre Masoreten des Westens, une description des plus anciens manuscrits de l'A. T. à Leningrad, des textes liturgiques vocalisés selon le système palestinien et des phototypies.

Inutile de dire que ces travaux sont de la plus haute importance pour les études de linguistique et d'exégèse de l'A. T., même si l'on n'est pas d'accord avec tous les détails.

M. G-r.

Chanoch ALBECK, Unterserchungen über die Redaktion der Mischna... Berlin, 1923.

Chanoch ALBECK, Untersuchungen über die halakischen Midraschim, 1927 (Veröffentlichungen der Akademie für die Wissenschaft des Judentums. Bd. II. III.)

Bien qu'il existe déjà un nombre assez considérable de travaux sur la littérature halachique des Juifs, sur les recueils qui contien

les traditions rituelles et juridiques rédigés dans les écoles palestiniennes, beaucoup de questions restent encore à résoudre.

M. Albeck a pris pour tâche non seulement de s'attaquer à des problèmes nouveaux, mais d'appliquer, en général, une méthode nouvelle pour montrer la composition de toute cette littérature. Cette méthode consiste à choisir des passages caractéristiques et à en tirer les conséquences pour tout le recueil.

Le résultat de ce travail est des plus instructifs et des plus intéressants. Il montre que la Mischna a été conservée, même par la rédaction finale, telle qu'elle avait été établie dans les différentes écoles. Si donc deux Mischnajot concernant le même sujet montrent de grandes différences, cela prouve qu'elles proviennent d'écoles différentes. Ceci nous permet de distinguer les différentes sources de la Mischna et de voir plus clair à propos de sa composition. Il nous montre encore que la rédaction finale n'a eu nullement l'intention de créer un canon juridique pour la vie pratique, mais qu'elle se

limita à donner uniquement un recueil coordonné des Mischnajot. Ce travail de coordination a été commencé à Jabné. Avant la fondation de cette école il n'existait pas de Mischna coordonnée.

Après la rédaction finale de la Mischna, telle qu'elle avait été établie dans les écoles, des additions et des variantes y ont été ajoutées par des copistes postérieurs, et notre auteur en a relevé toute une série qui serait facile à augmenter.

Les Midraschim halachiques ont passé par une évolution analogue à celle de la Mischna. Ces Midraschim ont pour but d'expliquer l'Ecriture sainte et d'en tirer des conséquences pour d'autres cas de la vie pratique qui ne sont pas mentionnés dans les passages en question. Ils répètent les explications chaque fois que le mot, auquel se rattache l'explication, est répété dans le texte biblique. Ces répétitions présentent souvent des différences qui nous permettent également d'attribuer les interprétations à des écoles différentes. La comparaison des passages contenus dans nos Midraschim et dans le Talmud a permis à M. A. d'établir les faits suivants :

1o Le Talmud n'a pas utilisé et même pas connu nos Midraschim halachiques.

2o Ces Midraschim ont été composés probablement en Palestine après la rédaction finale du Talmud.

Il est hors de doute que ces travaux donneront une nouvelle impulsion aux études de la littérature talmudique.

M. GINSBURGER.

HENRY J. CADBURY, The Making of Luke-Acts, New-York, London, Toronto, Macmillan and Co. 1927, 1 vol. in-8° x-385 p. 12 sh. 6.

M. Cadbury qui a déjà consacré aux écrits de Luc (évangile et Actes) plusieurs travaux excellents, expose, dans le livre dont nous venons de transcrire le titre, les conclusions de ses études. Il les présente sous une forme assez ample, très claire et qu'il illustre par une série de parallèles intéressants empruntés à la littérature profane. On estimera peut-être que certaines parties au moins de son livre, par exemple celles qui traitent des conditions générales de la rédaction des évangiles synoptiques et de leurs sources, auraient pu être un peu condensées et que la place ainsi économisée aurait

pu être utilement consacrée à une justification plus détaillée des idées particulières de l'auteur. Il y a, en effet, dans son œuvre, un mélange assez singulier d'idées courantes et de vues personnelles, parfois assez neuves. Il est normal qu'il en soit ainsi car c'est en partant de ce qui est connu et admis que l'on a le plus de chances d'arriver à des connaissances nouvelles. Ce qui nous paraît regrettable c'est que l'argumentation destinée à justifier ces vues nouvelles, ne soit pas, sur les points les plus essentiels, un peu plus développée. Nous ne nous arrêterons ici qu'à deux points sur lesquels les vues de M. Cadbury, si elles étaient admises, auraient des conséquences importantes et à propos desquels l'argumentation donnée ne nous a paru être proportionnée ni à l'importance, ni à la nouveauté des théories proposées. Le premier est relatif aux relations du troisième évangile et du livre des Actes, le second à la date de la composition de l'œuvre de Luc. M. Cadbury soutient qu'il ne faut pas considérer l'évangile et les Actes comme deux œuvres indépendantes mais bien comme deux parties d'un même livre. Pour lui, l'idée que l'on se fait des rapports du troisième évangile et des Actes a été faussée par les circonstances qui ont rapproché l'évangile de Luc de ceux de Matthieu, de Marc et de Jean avec lesquels il a été conservé et copié, en d'autres termes par le fait qu'il est devenu une partie de l'évangile tetramorphe tandis que les Actes ont été généralement associés soit aux épîtres de Paul, soit aux épitres catholiques, copiés et conservés avec elles. Pour M. Cadbury l'histoire du canon et celle du texte ont séparé ce qui, primitivement, était organiquement uni et si on yeut vraiment comprendre l'économie et la structure de l'œuvre de Luc, il faut oublier cette séparation, considérer l'œuvre de Luc dans son ensemble et parler de Luc-Actes ou bien des premier et second livres à Théophile. Personnellement c'est la première de ces deux désignations qu'il adopte, elle n'est peut-être pas des plus heureuses puisqu'elle associe deux termes de caractères très différents. Mais ce n'est là qu'une question de terminologie dont l'importance n'est pas primordiale. Ce qui a beaucoup plus de portée c'est la question de savoir si les deux livres à Théophile doivent être compris et étudiés dans leur ensemble. La réponse affirmative à cette question ne nous paraît pas aller de soi autant que M. Cadbury parait le supposer. S'il est évident que le livre des Actes est la suite du troisième évangile, il n'en résulte pas nécessairement qu'il en soit la

seconde partie. Il n'est pas prouvé que, quand il a écrit son évangile, l'auteur à Théophile disons, pour simplifier, Luc comme le fait M. Cadbury mais sans être plus assuré que lui que les livres qui portent son nom soient bien l'œuvre du médecin Luc ait eu l'intention d'écrire une œuvre en deux parties. Deux raisons au moins portent à en douter. La première c'est que, dans le prologue de l'évangile, Luc n'indique pas qu'il ait d'autre dessein que de remplacer par une narration mieux ordonnée et plus complète, les essais de narration évangélique faits avant lui. S'il s'était proposé, dès ce moment là, quelque chose de plus, surtout s'il avait écrit, comme le pense M. Cadbury, pour présenter une apologie de l'apôtre Paul à Théophile qui aurait été un personnage influent susceptible d'exercer directement une action sur l'issue du procès encore pendant, il serait surprenant que rien dans la préface ne l'indique.

En second lieu, tout au moins sous la forme où il se présente actuellement, le livre des Actes n'est pas le prolongement en ligne directe du troisième évangile puisque le premier chapitre des Actes présente l'ascension de Jésus autrement que le dernier chapitre du troisième évangile. Nous ne mentionnons cette seconde raison que pour mémoire car le début du livre des Actes paraît avoir subi un remaniement secondaire. Encore aurait-il fallu que M. Cadbury l'ait établi et il ne paraît pas avoir envisagé cette question.

L'unité d'auteur de l'évangile et des Actes ne prouve pas que Luc, en commençant à écrire l'évangile, ait eu l'intention d'écrire un second livre et que, par conséquent, ce soit une erreur de méthode de considérer l'évangile en lui-même et non comme une partie d'une œuvre plus large. Il faut, sans doute, tenir compte dans l'étude de l'évangile de ce que l'analyse des Actes peut révéler sur l'esprit, les procédés, le style de l'auteur mais ce ne sont là que des éléments accessoires; pour l'essentiel l'évangile de Luc doit être compris en lui-même.

Une autre considération conduit à la même conclusion c'est que tandis que les Actes, autant qu'on en peut juger, représentent une forme littéraire nouvelle, c'est-à-dire dans laquelle l'auteur n'est pas, en quelque sorte, guidé par les règles du genre et n'a aucun modèle ou aucun précédent sous les yeux, il n'en est pas de même pour l'évangile. A elle seule cette raison suffirait pour obliger à considérer à part le premier livre à Théophile.

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