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logique de Lc., 3, 1 mérite une entière confiance. Nous n'y voyons qu'une conjecture de l'évangéliste, conjecture dont nous ne sommes pas à même d'apprécier la valeur puisque nous ne savons pas dans quelles conditions et à l'aide de quels renseignements elle a été établie. Nous voulons seulement dire qu'il ne nous paraît pas prouvé que Luc, cherchant à déterminer les dates de l'histoire évangélique, n'ait pu utiliser d'autre source que l'indication donnée par Thallus, la dépendance à l'égard de son texte étant, en outre, exclue par le désaccord que nous avons constaté entre la chronologie que suppose le fragment que vise Julius Africanus et celle qu'a adoptée Luc. S'il fallait à toute force, ce qui ne nous paraît d'ailleurs pas nécessaire, admettre qu'il y a un rapport entre la chronologie de Thallus et celle de Luc, nous penserions plutôt que c'est à la tradition chrétienne que Thallus a emprunté la quinzième année de Tibère, mais sans avoir pris garde qu'elle se rapportait au début du ministère de Jésus

et non à sa mort.

Maurice GOGUEL.

A PROPOS DU « JOSÈPHE » ARMÉNIEN

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE

Les membres de la Société Ernest Renan, qui assistèrent à la séance du 23 janvier 1926, n'ont pas oublié la conférence brillante, étincelante que leur fit M. le Dr Robert Eisler. Il s'agissait, pour ce savant, en tablant sur la version slave de l'historien juif Josèphe, de prouver que celle-ci a conservé un bon nombre de passages assez longs du texte authentique de la “Αλωσίς της Tepousa de Josèphe concernant la vie et la mort de Jean le Baptiste, de Jésus et de ses sectateurs, au temps de l'empereur Claude.

Malgré la prodigieuse érudition de l'auteur, la thèse qu'il présentait ne remporta pas tous les suffrages, et une discussion consécutive à sa communication releva tout particulièrement le peu de confiance que l'on était en droit d'accorder à la version slave de Josèphe, eu égard aux nombreuses interpolations et à la date relativement récente de ce texte.

M. Eisler songea qu'il y aurait lieu de rechercher si d'autres versions anciennes de l'œuvre de Josèphe n'apporteraient pas des arguments en faveur de sa thèse, corroborant de la sorte la version slave. Et il songea assez naturellement à une ancienne version arménienne de Josèphe.

M. Eisler attira mon attention sur un passage du premier traducteur allemand du Josèphe slave, A. Berendts (T. U. XIV, p. 78), disant que l'arméniste anglais Conybeare, qui s'était

occupé de la version arménienne de Josèphe, aurait trouvé, en 1901, un vieux texte de cette version dans un manuscrit du XIIIe siècle, conservé au couvent arménien de San Lazzaro, lagune de Venise, et qu'il valait la peine de pratiquer quelques sondages et de voir de près ce qu'apportait de nouveau la prétendue découverte de Conybeare.

C'est alors que M. Eisler songea à me prier de me rendre à Venise pour rechercher et étudier le manuscrit arménien du XIIIe siècle, qui, sur le dire de Conybeare, devait renfermer une version arménienne de l'œuvre de l'historien Josèphe. Grâce à la libéralité de M. James Loeb, M. Eisler put mettre à ma disposition la somme qu'il jugeait nécessaire pour faire le voyage de Venise et, dans le courant de l'été 1928, je me rendis à San Lazzaro pour faire les recherches scientifiques que souhaitait M. Eisler.

Le résultat fut, dès le début, absolument négatif, et je ne tardai pas à découvrir qu'il n'y avait aucune trace de version arménienne ancienne de Josèphe à la bibliothèque des Pères Mkhitharistes de Venise. Mais l'enquête à laquelle je me livrai ne fut pas vaine et elle me permit à tout le moins de dresser la bibliographie du sujet, du point de vue arménien, et c'est à faire connaître les résultats bibliographiques de mon enquête que je consacrerai les lignes qui suivent.

I

Bien que ses ouvrages aient vieilli, l'auteur classique en matière de bibliographie arménienne est toujours le P. Garékin Zarbhanalian. Or, dans son très important Catalogue des anciennes traductions arméniennes (Siècles iv-XIII) [Venise, 1889], cet auteur ne mentionne pas de version arménienne de l'histoire de Josèphe. Il n'en cite pas davantage dans son Histoire de l'ancienne littérature arménienne (IV-XIIIe siècle) [Venise, 1897] où, à côté des écrivains nationaux, il fait la place assez large aux auteurs étrangers qui ont été traduits en arménien.

Comme mes recherches dans d'autres manuels de bibliogra

phie arménienne de moindre importance ne donnaient aucun résultat, je priai des Pères Mkhitharistes de m'aider dans mes recherches. Avec une bonne grâce dont je ne saurais trop les remercier, nous dépouillâmes, en y consacrant le temps nécessaire, les vieux inventaires manuscrits, les vieux catalogues hors d'usage: nulle part, nous ne trouvâmes trace d'une vieille version arménienne de l'histoire de Josèphe, traduite à l'époque classique de la littérature arménienne, soit, en descendant très bas, jusqu'au xire ou au xe siècle. Nous ne trouvâmes, en fin de compte, que la mention de l'édition de 1787, de l'histoire de Josèphe, traduite

en arménien.

II

Cette édition porte deux titres :

a) Le premier, en arménien naturellement, se traduit ainsi : Livres des histoires de Josèphe l'Hébreu, faits (ou : écrits) au sujet de la guerre des Hébreux contre les Romains, et la dévástation de Jérusalem. Traduit de l'idiome des Latins dans la langue des Arméniens par un certain Stéphannos d'Ilov (Lewow, Lemberg), serviteur de la parole de Dieu...

b) Le deuxième titre, sur le feuillet suivant, se traduit ainsi : Livres d'histoires faits (ou écrits) par Josèphe l'Hébreu, au sujet de la guerre des Hébreux contre les Romains et de la dévastation de Jérusalem et du temple ancien, traduit de l'idiome des Latins dans notre langue par le soin du bienheureux moine... Le texte de Josèphe est suivi, dans cette édition de 1787, de quatre mémoriaux qu'il convient d'analyser succinctement :

Le premier mémorial (p. 488-489) est celui du traducteur des Histoires de Josèphe l'Hébreu. On nous apprend que Stéphannos Léhatsi (Etienne le Polonais) a traduit du latin en arménien, sur la demande de Philippos catholicos et des moines d'Etchmiadzin, en 1660 J.-C., cet ouvrage qui a été écrit au sujet de la guerre des juifs avec les Romains, et qui contient d'autres parties relatives à l'histoire des anciens juifs. Cet ouvrage, en XX livres, débute par le commencement du monde et va jusqu'à la destruction de Jérusalem.

L'ouvrage traite d'autres sujets, tels que :

la lutte contre Dêmapion, en 2 chapitres ;

les louanges du martyre des 7 enfants Maccabées.

Le traducteur arménien déclare avoir traduit cette œuvre en sa langue, car c'est utile surtout pour ceux qui veulent connaître le temps qui s'est écoulé de Judas Maccabée jusqu'à la destruction de Jérusalem, prédite par Jésus-Christ dans l'Evangile selon Luc.

Deuxième mémorial (p. 489-491) le même Etienne le Polonais ou Stéphannos de Lewow donne quelques renseignements relatifs à des extraits de Josèphe, consacrés aux grands prêtres de la nation des Juifs.

Troisième mémorial (p. 491-492): ce mémorial est de Jean vardapet Kardjavantsi, qui l'a écrit et fait imprimer pour servir de témoignage à l'auteur du livre. Ce Jean est le frère d'Esaï le constructeur de couvents. J'ai, déclare-t-il, toujours désiré avoir l'histoire de Josèphe et j'ai prié notre frère Stéphannos Léhatsi de le traduire. Puis, je l'ai fait copier par d'autres, et j'ai conservé par devers moi l'exemplaire copié de sa propre main, en mémoire éternelle, en l'ère arménienne 1109 (= 1660 de J.-C.), sous le pontificat du seigneur Yakob de Djoulfa.

Quatrième mémorial (p. 492-496) : on informe le lecteur qu'il y a de bons et de mauvais livres. Josèphe est du nombre des bons. Il rapporte les événements survenus entre Juifs et Romains. Il va ensuite des derniers Maccabées jusqu'à la destruction de Jérusalem et des Juifs par Titus et Vespasien. Il raconte, avec un esprit humain et une langue humaine, des choses divines, c'est-à-dire la fin de la prophétie et des prophètes. En effet, Josèphe dit qu'avant lui, beaucoup de ses aïeux ont écrit sur la nation juive des choses vraies; d'autres ont écrit sur les Hellènes et ont traduit du grec en hébreu, mais beaucoup s'écartèrent de la vérité.

Josèphe déclare qu'il prendra l'histoire au début et il racontera ce qui s'est passé depuis l'arrêt des chronographes et des prophètes. Il racontera aussi l'accomplissement de la prophétie de Daniel... Il parlera aussi de l'accomplissement des paroles des prophètes, au sujet de l'avènement de N. S. et Dieu J.-C., bien

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