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Christopherson, bien connu des lecteurs du livre de M. F.-S. Boas, University Drama in the Tudor age, (Oxford, 1914), est une bonne tragédie de collège où l'influence d'Euripide, naturellement de l'Euripide d'Iphigénie à Aulis, se fait sentir sans permettre cependant une accusation de plagiat. L'auteur est un cambrian, fellow de Trinity Collège, évêque de Chichester en 1557 et mis en prison, où il mourut au bout d'un mois, sous le règne d'Elisabeth pour des opinions prêchées à St-Paul's Cross en novembre 1558. La traduction donnée par M. Fr. H. Fobes, professeur à Amherst College, rend avec habileté les élégances un peu froides et les couleurs médiocrement bibliques des vers grecs de Christopherson.

P. A.

LOUIS PONNELLE et LOUIS BORDET. S. Philippe Neri et la Société romaine de son temps (1515-1596). Paris, Bloud et Gay, 1928. Un volume 8o de 600 pages avec quatre portraits du Saint.

<< Humeur pittoresque, spontanéité, fine bonhomie, bénignité, tences caractéristiques du saint fondateur de l'Oratoire romain expliquent, selon les auteurs de ce livre de premier ordre, l'attrait qu'exerça S. Philippe Neri sur son époque et sur ses plus récents biographes. Les abbés Ponnelle (1) et Bordet ont fait partager à leurs lecteurs l'impression de charme apaisant, à la fois franciscain et salésien, qui se dégage de cette figure unique au milieu de ce xvre siècle si fécond mais si enfiévré. Humilité, simplicité qui ne veut pas dire simplesse, ce sont les deux termes qui résument toute la théologie morale enseignée par S. Philippe. « Il se plaisait à dire en se touchant le front, que la sainteté tient dans l'espace de trois doigts parce qu'elle consiste à se mortifier la cervelle >> (p. 584). Il se défiait de l'excès en ascèse comme en mystique; ceux qui s'exténuaient de veilles et de jeûnes étaient auprès de lui presqu'aussi mal venus que les extatiques et les visionnaires. Aussi bien les zèles trop ardents, quels qu'ils fussent, éveillaient sa défiance ou son ironie, au demeurant sans åpreté la pénitence sûre d'elle-même lui déplaisait : « Que je passe cette journée et je ne crains pas demain » disait-il, entendant par là que la vie spirituelle doit être vécue au jour le jour. Les formules teintées de la plus délicate malice sont d'ailleurs fréquentes chez lui ; toutes reflètent cette compréhension de la faiblesse humaine, de ses faux-pas sur une route trop ambitieuse. « Tenir bon à ce qu'on entreprend, c'est le difficile de la vie spirituelle ». Perspicacité sans ombre de pessimisme les a-coups dans l'œuvre de salut sont à ses yeux chose toute naturelle : « Dieu ne veut pas rester à ne rien faire, disait-il parlant des tentations qui viennent après les meilleures com

(1) M. l'abbé Ponnelle qui avait entrepris ce livre a été tué au cours de la

guerre.

a

munions; et il disait encore : << Celui qui ne va pas vivant en enfer court grand risque d'y aller après sa mort ». Cette spiritualité d'un si fin réalisme explique que ses procédés pour la cure des âmes aient été à peine une << méthode >> Rien de théorique, rien qui ressemble à des << exercices spirituels les mêmes pour tous. La liberté qu'il voulait voir se maintenir entière entre les différentes maisons nées de l'Oratoire romain, il exigeait qu'elle se maintînt entre les àmes. Sa direction est continue, mais discrète, délicate,« respectueuse de l'Esprit qui travaille les âmes et les travaille selon des voies parfois très différentes : << Chacun, disait-il à Frédéric Borromée, un don particulier qu'il doit suivre... Son petit groupe n'entreprit jamais de fabriquer des saints et surtout pas sur un modèle unique. D'ailleurs les individualités y étaient très différentes; un Tarugi n'avait de commun avec un Baronius que cet « esprit philippien que Mgr Baudrillart reconnaît se réduire bien vite au seul lien de la charité. Il se définit peut-être mieux encore par cette familiarità, cette domestichezza de la vie spirituelle qui, pour S. Philippe, tenait lieu de toute règle abstraite. Ce « secret du saint a été, dans le monde ecclésiastique et laïque de son temps, le secret de sa fondation et de son succès. Nous ne saurions assez louer l'ampleur et l'intérêt constant des tableaux romains que nous présentent MM. P. et B. avec une érudition aussi vivante qu'elle est riche. Mais la figure de S. Philippe domine et éclaire de sa « joie parfaite » tous ses alentours historiques.

>>

A. Z. AEŠCOLY-WEINTRAUB.

P. A.

Introduction à l'étude des hérésies religieuses parmi les Juifs. La Kabbale. Le Hassidisme. Essai critique, Paris, P. Geuthner, 1928. Un volume in-8° de x1-202 pages.

Le mouvement des hassidim dont le promoteur fut le baal-schem en abbréviation le bescht ou comme le transcrit plus exactement M. A. W., le b'ast Israel B. Eliezer, est bien connu de l'histoire juive, et mieux que Graetz, MM. Horodetzky, Dubnow et J. Hessen avaient consacré à cette puissante secte des monographies en hébreu, en allemand et en russe. Celle de M. A. W., qui est sous une forme assez élargie une thèse de doctorat de Paris très favorablement accueillie par la Sorbonne, a d'abord le grand mérite de situer le hassidisme dans l'histoire des sectes juives et de montrer ses attaches réelles avec la Kabbale, attaches qui avaient été trop sommairement définies; ensuite d'indiquer la part qui revient dans le développement du hassidisme à R. Baer qui créa le Saddikisme, et à R. Jacob Joseph de Polna qui est l'organisateur pratique de la collectivité hassidiste. La personnalité du b'ast s'en trouve ramenée à de plus justes proportions, sans cependant disparaître comme celle de Jésus au profit de S. Paul d'après certains mythologues modernes. M. A. W. nous

fait suivre la tradition hassidique fondée par R. Baer et R. Jacob Joseph, sa décadence en grande partie causée par la « dégénérescence >> des Šaddikim, retardée pour un temps par l'enseignement moral de R. Seneor Zalman, par la mystique rigoureuse de R. Nahman de Bratzlav, ensuite précipitée par les puériles superstitions du hassidisme ukrainien et galicien. Plus tardif en Pologne où il échappe d'ailleurs aux dangers mortels du šaddikisme héréditaire, il manifeste, surtout avec R. Bunem, des aspirations moralisantes; avec R. Mendel, il se teinte très fortement de messianisme; moralisme et messianisme prennent le pas sur ce besoin de miracles qui tourmentait les autres fractions du hassidisme; aujourd'hui et surtout par un effet des événements de 1914-1919, le hassidisme polonais paraît avoir cessé d'être un mouvement sectaire pour ne se plus perpétuer que dans le folklore.

L'exposé de M. A. W. est clair et pour autant que nous en pouvons juger paraît étayé sur les plus sûrs et les plus nombreux documents. Le suivrons-nous dans toutes ses conclusions? Le hassidisme a été vaincu par son triomphe même, car cette victoire « qu'il remporta dès le début de son existence, l'obligea à prendre la place de son ennemi le judaïsme officiel avant d'avoir atteint un développement suffisant Cette victoire ainsi perdue par trop de hâte en son succès, M. A. W. (nous le lisons dans et travers les lignes de so livre) estime que le hassidisme doit la remporter un jour, peut-être prochain, parce qu'il la mérite : il a été « un nouvel essai pour faire prédominer l'idée sur la matière ». Laissons M. A. W. réprouver termes formels la pensée d'un Hermann Cohen, d'un Claude Montefiore, celle des « civilisateurs russes, de tous autres « assimilationnistes >> et saluer avec joie l'aurore d'un néo-hassidisme; ses préférences et ses antipathies ne sont pas de notre ressort. Remercions le de cette très sérieuse contribution à l'histoire des sectes juives d'hier et d'aujourd'hui.

en

RENÉ HUBERT.

P. A.

D'Holbach et ses amis, Paris, A. Delpeuch, 1928, un volume de la collection Civilisation et christianisme, 224 pages in-8°.

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M. R. Hubert, dans l'introduction à ce recueil de textes de D'Holbach, Diderot, Grimm, Boulanger et Damilaville, raconte la formation et précise les tendances de cette coterie holbachique que le pauvre Rousseau accusait d'avoir provoqué ses plus dures misères. M. R. H. qui a publié naguère une excellente étude sur les Sciences sociales dans l'Encyclopédie, nous montre ici les ébauches de « sciences religieuses qu'on peut retrouver chez les Encyclopédistes. Avant tout ils sont antichrétiens, et ce n'est pas seulement chez eux « « l'expression d'une révolte motivée par leurs ambitions intellectuelles ou leur tempéra

ment >> ; ils cessent de penser en chrétiens parce qu'ils veulent « penser en savants», et tendre par « positivisme» à la laïcisation complète de la philosophie, à la laïcisation de la politique, à la laïcisation de la morale. D'Holbach va plus loin: il a ou il emprunte à d'autres un semblant de méthode dans l'étude du fait religieux. M. R. H. a vu clairement que les hypothèses du Baron sur le rôle joué par les cataclysmes naturels dans la genèse des sentiments religieux primitifs étaient du Boulanger de l'Antiquité dévoilée. Il faut reconnaître qu'à lire D'Holbach on se sent dans une zone intellectuelle bien inférieure à celle où un De Brosses développait sa féconde théorie comparatiste. Quand il parle du paganisme qui remplit l'Olympe d'une foule de divinités 《 monstres de luxure, de débauche, d'infamie »>, l'antichrétien D'Holbach fait de l'histoire des religions à la manière d'Arnobe ou de Firmicus Maternus.

P. A.

V. BUGIEL. Les Grands poètes polonais, avec Introduction, traduction et notes, Paris, 1928, La Renaissance du Livre, un volume in-16 de 223 pages.

M. le Dr Bugiel, à qui nos études doivent de précieuses recherches sur le folklore, et en particulier sur la chanson religieuse populaire en Pologne, donne dans ce volume des Cent chefs-d'œuvre étrangers un choix des meilleurs poèmes des cinq plus grands poètes polonais, Jean Kochanowski, Antoine Malczwoski, Adam Mickiewicz, Jules Slowacki, Sigismond Krasinski. On en sera reconnaissant à M. Bugiel en pays français où, seul des. cinq, Mickiewicz est connu et admiré par un plus vaste public que le cercle restreint des slavisants. L'histoire du sentiment religieux en Pologne a conservé un souvenir vivant du premier de ces lyriques: Kochanowski, en 1580, donne une paraphrase des Psaumes davidiques en cent-cinquante pièces, d'une étonnante variété de rythme, d'une beauté de forme qui a certainement aidé leur puissance d'émotion. On sait qu'il est aisé et cela n'a pas manqué d'être fait nombre de fois déjà de dégager une religion ou plutôt une religiosité propre à Adam Mickiewiez de l'œuvre, vers ou prose, de l'auteur de Monsieur Thadée. Alexandre Erdan, dans sa France Mystique,a parlé superficiellement des rapports de Mickiewiez (et du groupe de Michelet) avec Towianski. Nous avons sous les yeux un petit factum imprimé en 1844 qui accuse Michelet Mickiewicz et Quinet de renouveler au Collège de France les phénomènes extatiques des groupes phrygiens du me siècle! (Les Nouveaux Montanistes au Collège de France, par André Jacoby, Paris, A. Siron, 1844, in-16). Ces pauvres attaques, sous leur appareil pédantesque, prouvent l'émotion provoquée par le messianisme que proclamait l'ardent poète dont M. Bugiel lui-même (Congrès intern. des trad. popul. 1900) a montré les attaches avec la littérature populaire, P. A.

MICHELIS DI RIENZI.

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Les petites églises. Paris, Librairie Universelle,

un volume in-8° de 195 pages.

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sortes

De temps en temps, la curiosité du grand public ou tout au moins de ceux qui lui parlent par métier ou par goût, se porte sur les petites religions qui fourmillent soit à Paris soit en province, à peine moins qu'en pays anglo-saxon. Ces petites religions», ce sont tantôt des dévotions particulières issues des grandes religions, lantôt des schismes en miniature, tantôt des survivances de sectes, tantôt des chapelles groupées autour d'un illuminé sincère ou d'un habile entrepreneur. M. Michelis di Rienzi nous raconte ses visites à ces campements spirituels », qui se dressent autour des sources, des fontaines, des puits rencontrés à l'écart des << cinq ou six grands fleuves religieux qui parcourent la plaine humaine ». A l'écart? Pas tant que cela, et l'historien peut le plus souvent rattacher aux grandes familles religieuses ces groupes de parents qui ont préféré courir l'aventure. Avec une verve qui n'est jamais dépourvue de tact et sans les bévues trop fréquentes dans ces d'enquêtes, touchant l'identité exacte de ces ecclesiolae, M. M. di R. nous décrit celles qu'il a pu fréquenter quelques jours ou quelques heures : : catholiques gallicans, antoinistes, adventistes du septième jour, swedenborgiens (l'ancienne église de la rue Thouin), scientistes chrétiens, mithraïstes (?), vieux catholiques, rosicruciens, quakers, gnostiques (que l'on croyait disparus depuis les jours de l'archiviste Doinel et de Synesius-Des Essarts), communistes chrétiens, vaudois, biocosmiques, gens de la petite Eglise, élimites, libres catholiques, armaguedoniens, catholiques apostoliques etc. Certains des groupes qu'il a rencontrés dans son intéressant voyage de découvertes ne se présentent d'ailleurs à l'état de petites églises » que dans nos pays latins les quakers, les mormons, voire les salutistes et les théosophes fournissent, en terres anglaises ou américaines, des chiffres imposants à la statistique religieuse, ont une importance morale et sociale qui est très loin d'être négligeable. D'autres comme les catholiques grecs ou syriens, les israélites libéraux etc. représentent des sous-églises ou des nuances doctrinales à l'intérieur des grandes religions universalistes et ne peuvent être assimilés aux petites sectes qui font l'objet de ce très agréable ouvrage.

P. A.

GASTON LUCE. Léon Denis, l'apòtre du spiritisme. Sa vie, son œuvre. Paris, Editions Jean Meyer. Un vol. in-12 de 308 pages. M. CLARK. Avant, pendant et par delà la vie terrienne. Paris, Editions Jean Meyer, un vol. in-12 de 284 pages.

Ces deux livres ne dissimulent pas leurs tendances apologétiques, mais ils réprouvent l'un et l'autre cette << commercialisation du

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