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Sumériens pour remplacer l'ivoire), lapis-lazuli et calcaire rouge, et l'objet que M. Woolley qualifie d'étendard. C'est une sorte de pupitre à angle très aigu, dont les faces, mesurant o m. 47 de long sur o m. 22 de haut, sont réunies par une pièce triangulaire. Chaque face était recouverte de bitume où des incrustations de coquille avaient été rapportées sur un fond de petits morceaux de lapis, et comportait trois registres de figures, séparés et entourés par une bordure en mosaïque faite de petits losanges de couleur. Une face est consacrée à retracer un fait d'armes glorieux le combat des gens de pied, la charge des chars, et le dénombrement des prisonniers; l'autre célèbre les joies de la victoire.

Fig. 3. Le bateau d'argent de la tombe du roi D'après Antiquaries Journal, décembre 1928, pl. LXII.

Le roi donne un banquet à ses familiers et fait défiler devant lui le butin rapporté de l'expédition.

Ces bas-reliefs nous fournissent encore quelques points de comparaison la coiffure ébouriffée de certains personnages se rapproche de celle qu'on voit sur des cylindres de l'époque archaïque (environ 3.000 avant notre ère); la façon de rendre un troupeau de chèvres se retrouve sur une plaque au nom d'OurEnlil et sur un cylindre, tous deux de même époque. La disposition de la scène du banquet est celle du bas-relief d'Our-Nina qui est au Louvre. Le tout concourt à dater d'environ 3.000 au plus, la tombe à l'étendard.

Le second groupe B se compose des tombes du « roi » et de la « reine ». Nous décrirons d'abord la plus profonde, celle du roi (fig. 1, no 789). Le fond du puits auquel on accédait par

une pente douce partant de la surface du sol, a été laissé libre en partie, pour y entasser les offrandes; c'est dans un angle qu'on a bâti le caveau du roi (fig. 2). Mais dès l'antiquité les violateurs sont parvenus au caveau, en ont perforé la voûte et l'ont vidé de la plus grande partie de son contenu. On y a cependant retrouvé quelques objets d'importance: un jeu enrichi de plaques de coquille gravées, et un bateau en argent de o m. 64 de long (fig. 3).

Si l'on rapproche cette découverte de la présence, plusieurs fois constatée, d'un bateau de bitume dans les tombes creusées par la suite au-dessus des tombes royales, notamment dans celles qui datent de la dynastie d'Agadé, on voit que la croyance à un voyage dans l'au-delà qui nécessiterait une barque, est bien nette en Sumer pour une grande partie de la période archaïque, du moins en ce qui regarde le territoire d'Our. Nous savons qu'à Our le culte du dieu lune est prépondérant et qu'il s'en est allé avec les migrations araméennes à Harran, à Qatna (fouilles de M. Du Mesnil du Buisson à Mishrifé) (1). Or le croissant lunaire est assimilé à une nacelle dans laquelle le dieu vogue à travers le ciel (2). Y a-t-il un rapprochement à tenter entre ce mythe et le bateau des tombes? Nous ne saurions l'affirmer.

Si le caveau du roi fut violé, le reste de la tombe était resté intact et l'on y découvrit quantité d'offrandes funéraires. D'abord des victimes; au bas de la pente qui conduit à la surface du sol, six gardes du corps casqués et armés; le long des murs du caveau, bien alignées, les femmes du roi, toutes ornées de la même coiffure faite de rubans d'or et de pierres précieuses : des serviteurs, les gardes d'écurie et les conducteurs de deux chars à quatre roues tirés chacun par trois boeufs, massacrés eux aussi. Parmi les objets d'art, une tête de taureau en cuivre qui dut appartenir à une harpe dont le reste a péri, une autre tête de taureau en or, à crinière et barbiche en lapis-lazuli qui fit sans doute aussi partie de l'ornementation d'une harpe (fig. 4);

(1) Les ruines d'El-Mishrifé au nord-est de Homs: Syria VII, (1926), p. 289. et années suivantes.

(2) E. Combe, Histoire du culte de Sin en Babylonie, I, (1908), p. 108.

quantité d'armes d'argent ou d'or. On se rend compte que les parois de la fosse furent tapissées de nattes jusqu'à une certaine hauteur, et que des nattes furent étendues sur les offrandes avant de combler le puits funéraire qui contenait en tout soixante-deux cadavres.

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Fig. 4.

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Tête de taureau en or et lapis-lazuli, trouvée dans la tombe du roi. D'après Antiquaries Journal, décembre 1928, pl. LXIV.

La tombe dite de la « reine >> fut creusée dans le même puits de façon à être superposée à celle du roi (fig. 5); elle se compose aussi d'une grande fosse et d'un caveau, mais celui-ci a été placé à une extrémité de la fosse, en contre-bas, de sorte qu'il est contigu au caveau sous-jacent du roi (fig. 1, no 800).

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Fig. 5.

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Plan de la tombe < de la reine ». D'après Antiquaries Journal, décembre 1928, pl. LXV.

Ce désir évident de rapprocher autant que possible les deux corps, montre qu'il s'agit d'un couple princier; après la mort du roi, la reine lui succéda et garda le pouvoir jusqu'au moment où elle reçut les mêmes honneurs que son prédécesseur. Le rite funéraire des sacrifices humains s'adresse donc à la fonction royale, indépendamment de qui l'exerce et nous voyons quelle place tenait alors la femme dans la société.

Cette tombe n'a pas été violée; toutes les offrandes sont intactes et nous y retrouvons à la fois le même luxe de sacrifices humains, et une profusion d'objets d'art. Nous signalerons parmi eux, une vaisselle-d'or, d'argent, de pierres rares, de toute beauté ; une bijouterie compliquée, un peu barbare, boucles d'oreilles en énormes croissants de lune, peignes rappelant le peigne espagnol, breloques, colliers, pendentifs d'or, de lapis-lazuli et de cornaline; des épingles à attacher les vêtements brodés de pierreries qui ont été retrouvées sur place, bref un ensemble de la plus grande richesse. On a recueilli les restes d'un traîneau, sans doute le traîneau funéraire, dont l'usage remonte à l'époque où la roue n'était pas encore connue : il est à noter qu'en Egypte le mort continua d'être porté sur un traîneau à sa dernière demeure. Au milieu de la fosse se voyaient les traces d'un grand coffre qui avait dû contenir les vêtements de la reine; il avait été déposé sur une natte. Or ce coffre dissimulait un trou dans le sol qui communiquait avec le caveau du roi ; c'est par là que les pilleurs de tombes étaient entrés dans le caveau et c'est pendant les travaux de la tombe de la reine que le sacrilège s'était accompli. Voilà qui en dit long sur la mentalité des violateurs de tombeaux, cette plaie de l'antiquité, aussi bien de l'Asie que de l'Egypte. Tandis que des honneurs funèbres inouïs allaient être rendus à la reine, ceux qui les préparaient dérobaient les trésors du roi précédent, dont nul n'avait encore perdu le souvenir. Dès ce moment le respect des morts n'est plus universel, et l'on pourrait peut-être en inférer que la population accomplissait, contrainte et forcée, des rites qui lui avaient été imposés, mais qui ne faisaient pas partie de son fond propre. En effet, les sacrifices humains en l'honneur des morts cessent brusquement; rien dans

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