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les tombes moins anciennes ne vient les rappeler; pas de répondants, pas d'oushabti comme en Egypte, alors que l'on continue à assurer la nourriture des défunts. Aucun texte ne fait allusion à cette pratique, alors qu'ils sont innombrables ceux qui mentionnent les offrandes ordinaires dues aux morts; cette coutume des sacrifices humains paraît oubliée aussitôt qu'elle cessa, au contraire d'un usage profondément entré dans les mœurs. La tombe de « la reine » qui contenait elle aussi un grand nombre de victimes, la tombe « du roi » sont maintenant dépassées; les fouilles de cette année viennent de faire connaître un cinquième puits funéraire, auquel je faisais allusion, où M. Woolley outre les trésors habituels, a relevé la présence de soixantequatorze cadavres.

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Nous avons précédemment essayé de fixer la date de la sépulture de Meskalamdoug et de la tombe à « l'étendard ». Peuton dater la tombe « du roi » et celle de « la reine » ? Dans la première aucun document épigraphique, mais dans la seconde plusieurs cylindres-cachets dont un, en lapis-lazuli, représentant une scène de banquet ou de sacrifice, était fixé sur le corps de la reine; il porte la mention « Shoubad, la Dame ». Le style du cylindre, celui des caractères, plus archaïques que ceux du nom de Meskalamdoug, nous invitent à placer la sépulture de la reine au début du IIIe millénaire; la tombe du roi, par définition, sera de quelques années plus ancienne et nous voyons ainsi que la tombe à l'étendard, celle du roi, celle de la reine s'échelonnent aux environs de l'an 3.000, tandis que celle de Meskalamdoug serait d'environ 150 ans plus récente; c'est donc gros le premier siècle et demi du IIIe millénaire avant notre ère qu'occupent les tombes royales d'Our.

en

Nous insisterons quelque peu sur les sacrifices humains dont elles nous révèlent l'existence. Ils sont évidents pour la tombe à l'étendard, celle du roi, celle de la reine et le dernier puits ; la présence de bijoux de femme, sans corps, dans la tombe de Meskalamdoug qui est la plus récente, pourrait être interprêtée comme la marque d'une coutume en voie de disparition; les bijoux représenteraient, pour ainsi dire, les femmes qui auraient

dû être immolées, comme certaines armes auraient pu tenir lieu des gardes et des courtisans habituellement sacrifiés. L'état des squelettes, traces plutôt qu'os tangibles, ne permet aucune considération sur la façon dont les victimes furent mises à mort, mais le sacrifice ne revêtait certainement pas l'allure d'un carnage; c'est une immolation méthodique, vraisemblablement sur place (la présence des bœufs et des chars le donne à penser); tous les cadavres sont symétriquement disposés aux places les plus convenables à leur situation; les femmes du harem alignées le long des murs du caveau, les gardes à l'entrée de la tombe, les serviteurs près des objets dont ils avaient la charge, les harpistes enfin, les mains posées sur leur instrument, comme prêts à le faire résonner. C'est toute une cour, figée dans la mort, qui accompagne le monarque, à qui l'on prête évidemment une existence calquée sur celle d'ici-bas, dans l'au-dela.

Il ne saurait être question, je crois, de voir dans ces massacres un sacrifice se rattachant aux rites de fertilité. Que le roi ait été grand pontife du culte de la cité, incarnant peut-être le dieu sur la terre, que le culte ait été à cette époque un culte rendu aux forces de fertilité et de fécondité, les textes nous le suggèrent; mais la composition même du sacrifice indique que tout se rapporte à un personnage bien déterminé. Aucune des victimes n'a avec elle aucune offrande personnelle, seulement ce qui fait partie de sa fonction; c'est bien le roi, dans un cas, la reine dans l'autre, que l'on veut honorer. On peut même être surpris du nombre infime d'objets auxquels on peut attribuer une valeur cultuelle, parmi tous les trésors de ces tombes. Tout au plus est-il possible de concevoir certaines têtes de taureaux isolées comme des vestiges d'idoles; or il s'agit peut-être d'ornements de harpes. Tout ce qui est dans les tombes est en général objet d'usage.

Mais la nature même des ornements et des œuvres d'art des tombes nous avertit que ce qui sera plus tard symbole religieux est déjà reconnu pour tel: les têtes de taureaux, des statuettes de bouquetin, (trouvées dans le puits aux soixante-quatorze cadavres), les énormes boucles d'oreilles en croissant lunaire nous

sont familières; les rois d'Our, s'ils pratiquaient des rites funéraires particuliers, suivaient du moins la religion générale.

Le gros point d'interrogation reste l'origine de ces sacrifices; une comparaison s'impose, en tous cas, et ceux qui ont déjà écrit sur ce sujet n'ont pas manqué de la faire, c'est le rapprochement qu'on peut instituer entre ces rites et les funérailles chez les Scythes. Hérodote nous rapporte tout au long la coutume (1) : « La sépulture des rois scythes est dans le pays de Gerrhus, où le Borysthène commence à être navigable; là, lorsque leur roi meurt, ils font une grande excavation carrée; ... ils déposent le mort dans la fosse sur un lit de verdure; ils l'assujétissent en plantant des deux côtés des dards, et ils étendent au-dessus de lui des poutres qu'ils recouvrent de claies. Dans l'espace vide, ils enterrent l'une de ses concubines qu'ils ont étranglée, et un échanson, un cuisinier, un palefrenier, un serviteur attaché à sa personne, un porteur de messages, des chevaux, des prémices de toutes ses richesses et des coupes d'or; car ils ne se servent ni d'argent ni d'airain. Pour finir, en rivalisant d'ardeur, ils comblent la fosse et s'appliquent à la recouvrir d'un tertre d'une très grande élévation. »

On ne peut nier que les traits essentiels s'y retrouvent le lit de verdure a son équivalent dans les nattes, et une javeline était plantée en terre à la tête du cercueil de Meskalamdoug. L'abri fait de poutres et de claies est représenté par les caveaux voûtés; même comblement de la fosse pour terminer. Bien que près de 2.500 ans séparent l'époque de ces rois d'Our de celle dont parle Hérodote, la coutume est curieusement la même. Nous savons que les Scythes, au premier millénaire, avant notre ère, ont fait de graves incursions en Asie Antérieure ; sommesnous déjà en présence à Our, d'un rameau appartenant à la même race? La seule réponse que nous puissions donner, quant à présent, est que Sir A. Keith, ayant mensuré les quelques crânes venant du cimetière d'Obéid daté de la Première dynastie d'Our, constate leur dolichocéphalie générale; les crânes asianiques carac

(1) IV, 71-72.

térisés par la brachycéphalie sont absents. I juge que nous sommes en présence d'individus situés à mi-chemin entre les Iraniens et les Sémites, avec prédominance des caractères Iraniens, conclusion qui s'accorde peu avec le type des Sumériens des monuments. Aurions-nous dans les tombes royales d'Our et dans celles d'Obéid, les sépultures d'envahisseurs, ayant été chassés du pays à l'aurore de l'histoire, ce qui expliquerait le brusque abandon de coutumes étrangères auxquelles la masse de la population était réfractaire? La chose est possible, mais toute hypothèse plus accentuée serait je crois prématurée en l'état actuel de nos informations.

G. CONTENAU.

ISIS ELEUTHERA

Un passage de la litanie isiaque d'Oxyrhincos n'a pas été jusqu'ici bien restitué ni bien compris. Dans la longue énumération des épithètes données à Isis dans les diverses villes et régions, on lit aux lignes 79-80 :

ἐν Μύροις τῆς Λυκίας κεδνήν. ἐλευθε[ρίζαν.

Les premiers éditeurs (1) ont admis la possibilité du supplément Xsup], mais ils ont préféré restituer leue[pi], alléguant que l'image d'Isis Eleutheria se trouvait sur des monnaies d'Alexandrie à l'époque impériale. La même restitution a été adoptée par Schmidt (2) et par Lafaye (3), qui explique que ἐλευθερία est une << épithète ordinaire de Zeus, attribuée à Isis parce qu'elle a mis fin au règne des tyrans ». Tout récemment, G. de Manteuffel (4), ayant étudié le papyrus, note que la lacune semble trop courte pour deux lettres et qu'il vaudrait mieux écrire bé[p]z, mais il renvoie à la remarque des premiers éditeurs sur Isis Eleutheria.

Il faut en réalité chercher dans une autre direction. Il me parait clair qu'il faut écrire Exculpa, et reconnaître une assimilation entre Isis et une divinité étrangère. Eleuthera est en

(1) Grenfell et Hunt, Oxyrhincus Papyri, XI, 1380, p. 214.

(2) Göttingische Gelehrte Anz., 1918, 112 (reproduction de l'hymne avec corrections).

(3) Revue de Philologie, 1916, 83.

(4) Ibid., 1928, 162.

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