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effet, tout autant que Leto (1), la grande déesse du pays lycien (2). Artémidore, dans sa Clef des Songes (II, 35), expliquant les rêves où apparaît Artémis, rapproche l'Ephésienne, l'Artémis de Pergé (3) et ἡ λεγομένη παρὰ Λυκίοις Ελευθέρα; et l'on comprend le rapprochement en voyant, sur les monnaies des villes lyciennes de Myra et de Kyaneai, l'idole d'Eleuthera, coiffée d'un modius avec un long voile, engaînée et le corps couvert de mamelles (4). Les inscriptions nous montrent le culte d'Eleuthera répandu depuis Telmissos à l'Ouest (5) jusqu'à l'extrémité orientale du massif lycien, à Termessos de Pisidie. Une inscription de cette ville loue son prêtre à vie, Τιβέριος Κλαύδιος Φλώρος, d'avoir contribué de ses deniers à la fabrication d'une statue en argent de la déesse, qui sera portée dans les processions (6).

(1) Le culte d'Apollon étant le culte principal de la Lycie, Isis, mère d'Horus, y avait été identifiée avec Latone », écrit Lafaye, loc. cit., pour expliquer, à la ligne 78: Ev Auxía Artó. Mais il n'est pas besoin de l'intermédiaire d'Apollon et d'Horus pour expliquer cette assimilation, Leto étant une grande divinité de la Lycie, où elle possède, près de Xanthos, son sanctuaire le plus illustre.

(2) Quelques textes sont cités par Jessen dans l'article Eleuthera du Pauly-Wissowa, X, 2344-2345. Je complète cette liste, sans oser croire qu'il m'échappe rien.

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(3) Sur Artemis Pergaia, cf. B. Pace, Anatolian Studies devoted to Sir William Ramsay, 297 sqq.

(4) Voir Cat. gr. coins Br. Mus., Lycia, pl. XII, 9; XV, 7; XVI, 4 (cf. p. LIV, LVI, 57, 71); Imhoof-Blumer, Nomisma, VIII, pl. I, 15. On la trouve aussi sur des monnaies fédérales lyciennes, d'après Imhoof-Blumer, ibid., p. 6, note 2. Pour l'interprétation de la polymastie de l'Artémis Ephésienne, cf. Hogarth, The archaic Artemision, 329-330; E. Meurer, Römische Mittheilungen, 1914, 200-219; Ch. Picard, Ephèse et Claros, 529-532.

(5) Tituli Asiae Minoris, II, 6: 0px; 'EXɛuбép¥ €ÙX[]. L'éditeur n'a pas su que cette inscription avait été éditée par A. Maiuri, Annuario della Scuola arch. di Atene, II, 138, n. 8, qui a vu cet autel à Rhodes, n'en a pas connu la provenance lycienne et n'a pas aperçu le sens de la dédicace, qu'il transcrit : (Θ)ρασελευθέρα εὐχή[ν].

(6) Bull. de Corr. Hell., 1899, 999, n. 23 : Η πατρὶς ἱερέα Θεᾶς Ἐλευ θέρας διὰ βίου Τι. Κ. Φλῶρον υἱὸν Τι. Κλ. Μολιανοῦ ἄρξαντα καλῶς τὴν ἐπώνυμον ἀρχὴν καὶ φιλοτειμησάμενον εἰς κατασκευὴν ἀγάλματος πομπικοῦ ἀργυρέου Θεᾶς Ελευθέρας "μύρια) βρ. Cf. les images en argent d'Artémis données à Éphèse par C. Vibius Salutaris (Ephesos, II, 27), et qui doivent être transportées en procession de l'Artémision au théâtre lors de certaines fêtes (cf. A. Reinach, Revue Epigraphique, I, 1913, 230-234).

Près de là, sur le site d'Ewde-chan (1), quatre autels dédiés par un irénarque, père ou fils de opos, à Apollon Patrôos, Nemesis Adrasteia, Tyché Agathé et Artémis Agrotera (2), portent en tête Oɛžç Exɛubépa (3). La déesse est adorée à Antiphellos (4), à Kyaneai oi elle est appelée αρχηγετὶς ἐπιφανής Θεά (5). Enfin elle est la grande déesse de Myra. C'est à sa vengeance qu'en appellent les morts qui craignent la violation de leur sépulture (6). Déesse apyyyetis, on y célèbre en son honneur des concours et une panégyrie (7), et l'un des décrets rendus pour Opramoas de Rhodia

(1) Sur ce site, cf. Hirschfeld, Monatsber. Ak. Berlin, 1874, 716-718; Lanckoronsky-Petersen, Villes de la Pamphylie, I, 21; Rott, Kleinasiatische Denkmäler, 29-31; Woodward, Annual Br. School Ath., XVI, 77-79; Paribeni-Romanelli, Monumenti Antichi, XXIII, 79 sqq, 227; G. Moretti, Annuario della Scuola arch. di Atene, III, 136-141. Le nom antique en est inconnu. On a supposé que cette agglomération dépendait d'Attaleia ou d'Olbia (cf. Lanckoronsky, loc. cit.); elle dépendait de Termessos; en effet, Hill (Journal of Hell. Stud., 1895, 128) a identifié le père du dédicant des inscriptions citées ci-dessous avec un personnage de Termessos; cf., à Termessos, l'inscription du tombeau élevé par ce T. Kλ. Þλūpos lɛpɛú; à ses popeis (Bull. de Corr. Hell., 1899, 22).

(2) W. Weber, dans Rott, Klein. Denkmäler, p. 360, n. 53 a-d. Le troisième se trouve déjà, à l'insu de l'éditeur, dans le Journal of Hell. Stud., 1895, 128, n. 27 Inscr. gr. ad res rom. pert., III, 454 (avec mauvaise restitution de la première ligne), ainsi que la fin du second, ibid., n. 26 Inscr. gr. ad res rom. pert., III, 455.

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(3) Les pierres portent T ɛ EXεu0épx. On y voit une abréviation de τῆς) θεᾶς Ελευθέρας, ce qui me semble improbable.

(4) Petersen et von Luschan, Reisen in Lykien, p. 62, n. 117: 'Appis Ελευθέρα χαριστήριο [ν].

(5) Le Bas-Waddington, III, 1286; Inscr. gr. ad res rom. pert., III, 700 (qui écrivent à tort Ελευθερία) : Ελευθέρᾳ ἀρχηγετίδι ἐπιφανεῖ θεᾷ. (Pour intoavis, cf. F. Steinleitner, Die Beicht in der Antike (1913), 15-21; F. Pfister, dans Pauly-Wissowa, Supplément IV, S. υ. Επιφάνεια). Pour les monnaies, cf. Cat. Br. Mus., Lycia, pl. XII, 9.

(6) Bull. corr. hell., XVI, 306 (corrigé par Ad. Wilhelm, Beiträge zur gr. Inschriftenkunde, p. 321, et déjà dans BCH, XVII, 640) Esta áμxprwλös εἰς τὴν Ἐλευθέ[ραν] καὶ τοὺς Μυρέων θεοὺς πάντας.

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(7) Cf. Inser. gr. ad res rom. pert., III, 704, II A, 8: ǹywvolétyσev TỶC πανηγύρεως τῆς ἀρχηγέτιδος θεᾶς Ελευθέρας; γι4, 3-4 : αὐτ[οετὲς (restitué par Ad. Wilhelm, Anat. Studies devoted to Sir William Ramsay, 423) ἀγωνοθετήσαντα πανηγύρεως τῆς ἀρχηγέτιδος θεοῦ Ελευθέρας (1. 8, suppléer,

polis (1), bienfaiteur de Myra et de son sanctuaire comme des autres villes de Lycie, appelle le sanctuaire d'Eleuthera à Myra « le plus beau et le plus grand des édifices de Lycie » (2) .

Il n'est donc pas douteux que, dans la litanie d'Oxyrhincos, Isis ne soit assimilée à Eleuthera, comme, en d'autres invocations, elle est appelée du nom de la grande déesse du pays : ἐν Κρήτῃ Δικτυννίν, ἐν Βαμβύκη Αταργάτει, ἐν τῇ ̓Αραβίᾳ Μεγάλην Θεάν (3), ἐν Λυκίᾳ Λητώ, ἐν Καρίᾳ Ἑκάτην, ἐν Πέρσαις ̓Αναείτιν (4).

Athènes, juillet 1928.

Louis ROBERT.

non pas τὴν ἱερατείαν τοῦ θεοῦ ἔ[τι] ἄγοντα, mais sans doute ἐ[ξ]άγοντα); 739, XIII, 40 sqq. : ἀγωνοθετήσας τῇ μὲν Μυρέων πόλει πανη[γύρεως θεάς Ε]λευ[θέ]ρας καὶ τοῦ κυρίου αὐτοκράτορος.

(1) Ibid., 739. Pour la chronologie, cf. E. Ritterlirg, Rheinisches Museum, 73, 35 sqq.

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Aussi n'est-il

que

(2) ΧΙΧ, το sqq.: τό τε ἱερὸν τῆς Ἐλευθέρας ἐγείρει τῶν ἐν Λυκίᾳ ἔρ[γων τὸ κάλλιστον καὶ μέγιστον. douteux pas les monnaies de Myra montrant une idole soit dans son temple (cf. les références citées plus haut, p. 283, note 4), soit dans un arbre que semblent attaquer deux hommes et défendre deux serpents (Cat. Br. Mus., pl. XV, 6), ne représentent Eleuthera. C'est à tort que H. Graillot, Culte de Cybèle, 385, 396-397, l'appelle la Mère des Dieux.

(3) Cf. F. Cumont, Syria, VIII (1927), 368.

(4) Corrigé et expliqué par F. Cumont, Rev. de Philologie, 1916, 133-134.

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Addendum. B. A. van Groningen, dans sa dissertation De papyro Oxyrhincita 1380 (Groningue, 1921), veut écrire 'Eλɛ0ε[pi]αv : < Cyaneis, in urbe Myris propinqua, venerabantur deam Ελευθερία Αρχηγετες (CIG, III, p. 1140, n. 4303 h, 1). Itaque hoc loco littera capitali scribendum est Ἐλευθερία neque merum epitheton est. Utrum Myris alia Libertas » cognomine Kεvý fuerit an auctor erraverit, difficile est diiudicatu ». Je ne m'entends avec van Groningen que sur la nécessité de mettre une majuscule au début du mot. Il lui a échappé, en plus de tous les témoignages sur le culte d'Eleuthera en Lycie, et notamment à Myra, que le mot 'EXɛɛpix, dans l'inscription qu'il cite (voir ci-dessus, p. 284. n. 5), n'est dû qu'à une correction de l'éditeur, dont Carl Keil, voici 80 ans (Philol., V, 1850, p. 650), a montré l'inanité, en rapprochant le texte d'Artémidore.

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ΠΟΤΝΙΑ « ΑΝΔΡΩΝ ΤΕ ΘΕΩΝ ΤΕ »

Note sur le type de la Déesse-Mère entre deux assesseurs anthropomorphes.

(Pl. I-III.)

Tandis que de nombreuses études ont été consacrées à la Πότνια θηρῶν, déesse « préhellénique >> dompteuse des fauves, les historiens des religions grecques ont plutôt laissé dans l'ombre un autre aspect, je crois, de la même personnalité divine: celui où elle apparaît avec des servants humains disposés de chaque côté d'elle : personnages de rang divin, héroïque, ou plus

humble (1).

De rares documents, qui n'ont pas tous été signalés, ou étudiés d'assez près, m'ont cependant, prouvé que, sous cette forme, un type très curieux des puissances du monde supérieur, dès l'époque préhellénique, pourrait être retrouvé, et déjà plus ou moins suivi ; la Πότνια « ἀνδρῶν τε θεῶν τε » n'a peut-être pas été moins célèbre que la « dompteuse des fauves », dont, au vrai, elle ne se distingue guère; Lucrèce n'invoquait-il point une

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Magna deum mater, materque ferarum » ? (II, 598 sqq.). Les deux groupes héraldiques formés par la dompteuse et ses animaux soumis, d'un côté ; par la « Mère » et ses servants anthropomorphes (qui ne sont pas des adorants), d'autre part, n'ont pas eu l'un et l'autre une égale fortune; mais le second

(1) Au Congrès des Historiens français, le 21 avril 1927, j'avais résumé l'essentiel de cette étude; cf. Actes du 1er Congrès, 1928, p. 24.

où la déesse prélude à son rôle de régulatrice de la vie humaine ne m'a pas paru le moins intéressant.

Dès avant la guerre, mon attention avait été appelée, à ce sujet, sur une petite plaquette d'or inédite (1), estampée et ajourée, du Musée de Candie (vitrine 76, des trouvailles de l'Ida). Elle a été achetée en 1909 à un paysan d'Axos Melopotamou, d'après les renseignements qui m'ont été récemment fournis par l'administration du Musée. Sans qu'il soit utile de décrire ici l'objet (fig. 1, pl. I), dont la reconstruction a été facile, on voit que la déesse est représentée de face entre deux hommes de profil; le peu qui subsiste des deux acolytes mâles suggère qu'ils devaient être vêtus à la crétoise (pagne, et mitré plutôt qu'étui phallocrypte, à dr.) La matière employée, le style miniaturesque, le soin attentif qu'on voit apporté à la décoration de la robe de la déesse, serrée à la taille (2), sont divers indices d'un travail qui peut encore remonter aux derniers temps de l'époque dite géométrique (3).

Un tel document n'est pourtant pas certes un incunable, et c'est à reconstituer ses antécédents créto-mycéniens, si possible, qu'il

(1) Haut. conservée o, 032. J'ai mentionné l'intérêt de ce document dès 1922; cf. Ephèse et Claros, p. 503, n. 4; mais j'avais eu tort alors d'indiquer comme provenence: grotte de l'Ida. Max. Collignon, qui (Monum. Piot, XX, 1913, p. 14, à propos de la statuette d'Auxerre), avait signalé aussi l'objet, l'examina au sujet seulement du costume de la déesse, et peut-être sans bien en voir la signification essentielle : << femme debout, dit-il, vue de face, vers laquelle se dirige un homme marchant à gauche (?). Ibid., la robe

même de la déesse a été inexactement décrite.

(2) On comparera la robe de la Dame d'Auxerre Max. Collignon, Monum. Piot, XX, 1913, p. 5 sqq. (cf. fig. 6-7); et par ailleurs, une plaque d'ivoire du sanctuaire d'Artémis Orthia à Sparte (BSA, XIII, 1906-1907, p. 106, fig. 32).

(3) C'est après le moment, précisément, où s'était tant développé le culte des Courètes, dans la grotte N. de l'Ida, tournée vers Cnossos; xie-ixes. Sur un << bouclier » - cymbale, bien connu, de la grotte de l'Ida, le dieu mâle au taureau est assisté de deux génies ailés assyrianisants, symétriquement disposés à ses côtés Courètes, selon A. B. Cook, Zeus, I, p. 654 sqq.; cf. A. Plassart, Les sanctuaires et les cultes du Mont Cynthe à Délos, p. 67, n. 4. Il est possible que l'art oriental eût ajouté des ailes aussi aux Courètes et Dioscures, comme il en a donné à Attis, à Paris même (selon Sir A. Evans, par confusion du nœud dorsal, attribut des assesseurs divins). Cf. pour les Dioscures clazoméniens, Picard-Plassart, BCH, XXXVII, 1913, p. 408 sqq.

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