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déesse-mère crétoise, que furent Ariadne, Hélène, etc., figures dont M. M. P. Nilsson a si bien marqué le caractère évolutif (1), la Grèce archaïque conserva de son mieux, en le particularisant, le thème de la Пló entourée d'assesseurs à ceux-ci fut attribué alors aussi un rang semi-divin. L'association formée traditionnellement à Sparte même, entre Hélène et les Dioscures, ne s'explique pas autrement (2); et elle n'est guère qu'une suite directe, voire une transposition, du rapport montré ci-dessus par la plaquette d'or d'Axos. C'est ce que fait paraître un très intéressant relief de Sparte (pl. I, fig. 3), ici reproduit plus exactement que dans le Catalogue de MM. Tod et A. J. B. Wace (3). Le dispositif du groupe est rigoureusement comparable, l'« Hélène » paraissant, sur le relief spartiate, être une véritable statue de culte, dressée sur un socle, au pied duquel un des deux Dioscures caractérisés par leurs piloi, a fiché la pointe de sa lance., La « déesse tient aux mains les « fillets» (xi) des Potniai préhelléniques (4); sur sa tête on reconnaît, ouvert en évantail, un calathiscos (5), fait de roseaux taillés en pointe, celui que coiffaient aussi rituellement les adorantes de l'Artémis de Caryae, et qu'on reverra aux fronts mêmes des Danseuses sacrées delphiques sur la colonne « aux acanthes », à l'Hérôon de Trysa, etc.

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Dans une représentation comme celle-ci, paraît nettement le caractère divin des personnages assemblés; Hélène n'était-elle pas connue d'ailleurs comme fille de Zeus, dès le temps même de l'Odyssée (IV, 561-569)? Et par Léda, comme descendante de cette Némésis, qui a été une des héritières de la Terre-Mère cré

(1) Min.-Myc. Religion, p. 456 sqq. On ajouterait Phèdre.

(2) Pour sa longue fortune, cf. encore p. ex. W. Roscher, Lexic., s. v. Helena, p. 1951, fig. (sarcophage de Képhissia).

(3) A Catal. of the Sparta Museum, 1906, p. 158 sqq., no 201; cf. 201203 (fig. 38 sqq.); date tardive, d'après l'inscription; cf. sur les ottyDevtes, P. Perdrizet, BSA, III, 1896-1897, p. 160 sqq.

(4) Ch. Picard, Ephèse et Claros, p. 532 sqq. Ces chaines » rompues ont bien pu inspirer les thèmes de la « délivrance » d'Hélène (légende d'Aphidna). (5) Non noté par la description de Tod et Wace, l. 1.; cf. M. P. Nilson, Min.-Myc. Rel., p. 456, n. 3; pour les Dioscures et les Courètes, ibid., p. 469, n. 3, p. 470, p. 472.

toise (1)? Les Tyndarides ou Dioscures (2) furent aussi de même souche glorieuse. Par eux tous, revivait et persistait, au Péloponnèse l'association primordiale de la πότνια ἀνδρῶν τε θεῶν

τε

avec ses deux servants (3). Il est possible, ainsi que je le montrerai ailleurs, que si l'on révélait à Éleusis, selon Varron (4), et dans un ispòs óyos, pour quelle raison les femmes grecques pouvaient et devaient jurer par Castor et Pollux, cet enseignement secret eût surtout visé à rappeler, alors, les liens primitifs et comme mystiques, noués depuis la Crète entre les Dioscures et la Grande Mère minoenne, déesse préhellénique dont la Déméter Eleusinia continuait la tradition. Les « mystères» d'Hélène, en tous cas, rappelaient fort l'éleusinisme (5).

Je crois pouvoir ici contribuer à expliquer, en passant, un document curieux, d'art hellénistique, dont l'interprétation a été plus qu'amorcée par l'ingéniosité de M. P. Perdrizet (6). Il s'agit,

(1) De là son type et son culte à Rhamnonte, au ve s. encore; de là, son association si caractéristique, en Asie-Mineure, avec Niké (à Éphèse, Smyrne, etc.) Niké ayant avec la Gorgone, l'horrible tête en moins, des affinités que la statuaire archaïque connaît bien (alternance dans les groupes d'acrotères, p. ex.) Déjà aussi, la curieuse appellation : « Hélène de Rhamnonte », dans l'Hymnes "Apte. de Callimaque, v. 232.

(2) Sur cette équivalence linguistique, cf. en dernier lieu, G. Maresch, Glotta, XIV, p. 298-300 (Der Name der Tyndariden).

(3) Les Dioscures protégèrent toujours Hélène; cf. Ch. Picard, Rev. archéol., 1914, I, p. 223-236 (p. 224 sqq.); p. ex. sarcophages de Clazomènes, base laconienne de Magoula, coffret de Cypsélos (Pausanias, V, 19, 2), etc.; cf. aussi Picard-Plassart, BCH, XXXVII, 1913, p. 409.

(4) Cité par Aulu-Gelle, XI, 6. Les Dioscures ont figuré, avec Héraclès, parmi les grands initiés légendaires d'Eleusis. A coté d'eux, Hilaira et Phaebé, filles d'Apollon d'après les Kypria (Pausanias, III, 16, 1), et Leucippides, rappelleraient peut-être les Atászоupat. ou les deux Eileithyiai entourant Zeus (BCH, XLVI, 1922, p. 89-90).

on y buvait un pseudo

«

(5) Dans la Grèce centrale : kykeôn», extrait de l'Avtov (cf. Dictynna et le dictamne crétois). Hélène aurait symbolisé la corbeille où l'on portait les app,tá: cf. O. Gruppe, Griech. Myth., p. 163 (fête des róptz, à comparer avec les Thesmophories); sur les Heleneia de Sparte, fête laconienne, cf. Isocrate, Eloge d'Hélène, et Hésychius, s. v.; à Argos elle avait fondé elle-même un Eileithyiaeon près du temple des Dioscures (Pausanias, II, 22, 5-6).

(6) Terres-cuites Fouquet, pl. LXXII, en bas. Diam. o, 08. Provenance : Fayoum. Trou de suspension en haut.

semble-t-il, d'un oscillum de calcaire tendre (pl. III, fig. 4), jadis couvert d'une polychromie en partie disparue; il a représenté les Dioscures, l'un en face de l'autre, nus avec chlamyde flottante, reconnaissables encore à leur pilos; l'un d'eux fait précisément, le pied posé sur une éminence, ce geste d'épaτús dont je crois avoir montré la signification précise, à propos du second degré de l'initiation clarienne (1). Celui de gauche a la lance, et porte en sautoir le baudrier; l'autre paraît avoir pu tenir une épée (?) dans la main gauche. A l'arrière-plan, entre les deux héros, il faut, je crois, nettement reconnaître une colonne de silphion (2). Précisément, une curieuse légende spartiate racontée par Pausanias (3) associait les Dioscures, Cyrène, et le silphion: un jour, un prodige dû aux héros revenant de Cyrénaïque aurait fait apparaître, dans une maison laconienne qui leur avait été refusée, leurs statues vengeresses, avec une colonne de silphion sur une table-autel (cpáñe(x) (4)! L'oscillum Fouquet me semblerait tout juste illustrer une représentation de cet ordre celle dont on tira la fable. J'interprète là, bien entendu, la colonne de silphion comme substitut aniconique de la Nymphe Cyréné, une ancienne Potnia, dont le caractère est connu (5). Entre les Dioscures, elle rappelait, à son tour, la déesse crétoise et ses assesseurs de la plaquette d'Axos, ou bien l'Hélène, en statue de culte, du relief de Sparte. La correspondance symbolique entre la Colonne de silphion et Cyréné n'est pas plus douteuse, à mon sens, que celle entre le pilier minoen et la Rhéa crétomycénienne (6).

:

Nous retrouverions précisément des Dioscures, flanquant ou non, soit le pilier, soit la colonne considérée comme symbole divin,

(1) Ephèse et Claros, 1922, p. 306, n. 3; cf. ibid., pour le second grade des mystères apolliniens locaux.

(2) M. P. Perdrizet hésitait un peu là-dessus.

(3) III, 16, 2-3 signalée justement déjà par M. P. Perdrizet.

(4) Sur les autels à arbre sacré en Crète, cf. en dernier lieu, R. Vallois, REA, XXVIII, 1926, p. 121 sqq.

(5) Cf. Fr. Studniczka, Kyréné; etc.

(6) Cf. par exemple le relief de la Porte des Lionnes, à Mycènes ; Ch. Picard, REA, XXIX, 1927, p. 241 sqq.

sur toute une série de curieux miroirs étrusques; et là, par une survivance dont je crois avoir rendu compte ci-dessus, les deux héros portent parfois des draperies qui ne sont pas de leur sexe; parfois ils ont eux-mêmes certaine allure féminine (1) toutes ces figurations du re-re s. av. J. C. me paraissent donc imprégnées encore de vieux souvenirs crétois tenaces. En certains cas, la colonne figurée est restée lotiforme (2); ailleurs, c'est un arbre-mât surmonté d'un oiseau (3) (comme les mâts à verdure du sarcophage d'Haghia Triada, ou le mât dressé de la statuette de l'Artémision éphésien, porté sur la tête d'une prêtresse, etc.). La dérivation, à partir de l'iconographie orientale traditionnelle, paraît fort sensible.

Je crois bien, pour ma part, que c'est par cette série d'antécédents, maintenant constituée, et qui plonge,comme on voit, jusque dans le passé des cultes préhelléniques ! qu'il faut expliquer, par exemple, la constitution, la diffusion, beaucoup plus tard, de la figuration cultuelle de la Mater Larum, étudiée récemment de divers côtés par M. J. Carcopino, (Virgile et les origines d'Ostie, p. 98 sqq.) (4), par Me M. C. Waites (AJA, XXIV, 1920, p. 241 sqq.), par Me Lily Ross Taylor (AJA, XXIX, 1925, p. 299 sqq.), puis par M. M. Bulard encore (La Religion domestique dans la colonie italienne de Délos, p. 191). Tous ces auteurs ont bien vu le rapport étroit, essentiel, des Lares et des Dioscures. Mais il ne me semble pas qu'ils aient parfois assez insisté (5) sur les origines préhelléniques, et le sens premier, du groupement. Celui

(1) A. B. Cook, Zeus, I, 1914, p. 766 sqq., fig. 556-559; ces documents avaient été signalés par P. Perdrizet, BSA, III, 1896-1897, p. 165-166.

(2) Gerhard, Etruskische Spiegel, III, 35, pl. 46, 4; cf. A. B. Cook, Zeus, I, 1914, p. 769, fig. 560; fig. 562 Gerhard, . . III, 36 sqq., pl. 46,9 (Londres).

(3) Gerhard, l. l., III, 36 sqq., pl. 46,8 (Paris) Cook, l. 1., fig. 563. (4) Cf. sur le rapport Dioscures et Lares, ibid., p. 102. (5) Faut-il croire encore à l'antériorité de l'apparition des Lares en Italie ? Les documents ci-dessus étudiés (cf. notamment les représentations étrusques) arriveraient sans doute à faire renverser le rapport, au bénéfice des Dioscures.

ci, d'autre part, n'a pas été seulement le produit spontané, obligatoire, quasi mécanique, d'un hiératisme artificiel ; les intéressantes, mais déjà anciennes, observations de A. Jolles (1) sur les figurations antithétiques, n'impliquent point, certes, qu'il faille toujours voir dans l'arrangement ici étudié, notamment une association combinée surtout pour l'effet décoratif, voire en dehors de toute intention religieuse (2). Tout s'explique beaucoup mieux, à mon avis, si l'on pense au parallélisme du type de la ПlótvLX

pov, dompteuse de deux animaux du côté de l'Italie, comme en Asie-Mineure, et en Grèce même, avait subsisté longtemps le souvenir de cette entité créto-orientale, comme de la déesse qui était plutôt accostée de deux assesseurs à forme humaine et de rang semi-divin ou héroïque.

On retrouverait d'ailleurs, en bien d'autres endroits, les suites plus ou moins lointaines de la primitive figuration connue dans l'Égéide; ce sera ici une nouvelle occasion d'insister sur la diffusion vraiment méditerranéenne du legs religieux fait par la Crète, au profit du monde ancien (3). Nous savons, en général, combien la Thrace et la Phrygie, par exemple, avaient gardé de traditions cultuelles préhelléniques. Je signalerai bientôt le souvenir de la vieille association primitive de la déesse-mère et des « Dioscures »>,

(1) A. Jolles, Die antithetische Gruppe, Arch. Jahrb., XIX, 1904, p. 27 sqq. (2) Je ne souscrirais guère sur ce point, à certaines idées générales de Me M. C. Waites, .l., p. 254-255, 260; voire de M. M. Bulard, l. l., p. 191: << Il est arrivé maintes fois », dit encore par exemple cet auteur, « en Grèce comme en Italie, que des divinités jumelles précisément parce qu'elles étaient au nombre de deux et se prêtaient à encadrer une divinité centrale —, aient laissé prendre à celle-ci la première place, et se soient en quelque sorte placées sous ses ordres. Le fait a été signalé p. ex. pour ce qui est des Dioscures, dont le culte offre plus d'une ressemblance avec celui des Lares >>. (3) Il se peut que, même en Égypte où le type du dieu dompteur des fauves était apparu, on le sait, dès l'époque de Négadah, et sur le couteau célèbre dit de Djébel-el-Arak il y ait eu survivance aussi du type de lax entre personnages humains ; encore au temps de la xxve dyn., une stèle d'une Chanteuse d'Amon (revers) figure une déesse debout, les pieds posés sur un petit monnticule : or, vers deux femmes, symétriquement assises de part et d'autre, ses bras tendent deux vases d'où coule une eau vivifiante: Bull. of the Metrop. Mus. of art, déc. 1922, p. 37, fig. 28. Le type n'est pas rare.

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