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Traités qui le lient à la Grande Bretagne; pour en detailler au Miniftêre de Sa Majefte Britannique les Confequences fatales; et pour en reclamer enfin la Suppreffion.

Le Souffigné, en ayant l'Honneur de s'acquitter de ces Ordres auprés de fon Excellence M. le Vicomte Howick, fe permet de lui demander toute l'Attention ferieufe qu'exige l'Importance de l'Objêt pour cet Expofé; qui fera dicté à la fois par cette Franchise et par cette Modèration, dignes d'un Gouvernment indépendant, et Ami de l'Angleterre, qui ont conftamment guidé la Cour de Dannemarc dans fes Procedés et dans fes Difcuffions avec celle de Londres.

De toutes les Cours qui ont le Devoir et l'Interêt de defendre les Droits de la Neutralité, celle du Souffigné s'y trouve de Préférence appellée à cette Occafion, tant par fa Situation, que par la Nature de l'Ordre du Confeil in queftion: C'eft contre fes Interêts principalement que l'Effèt en eft dirigé; ce font fes Sujêts qui fouffriront de fes Confequences. Prefqu' exclufivement en Poffeffion du Commerce avantageux de Cabotage entre les different Ports qui dorénavant vont leur devenir inacceffibles, ils font menacés d'être privés d'une Branche de leur Navigation, qui occupoit jufqu' ici des Centaines des Vaiffeaux, des Milliers de Matelôts et de Bras induftricux, et des Capitaux onfidérables. Dorénavant la Mediterranée fera,

en

en grand Partie, fermée à leurs Expéditions: Un Voyage d'Hollande en France, d'Italie en Espagne, des Villes Anféatiques aux Ports de la Mediterranée, doit rendre leurs Vaiffeaux et leurs Cargaifons fujêts à Confifcation. Exclûs de la plupart des Ports du Continent de l'Europe, on veut qu'ils renonçent, non feulement aux Avantages confiderables que leur affure la Neutralité de leur Pavillon pour faire le Commerce du Cabotage, mais auffi à la Continuation d'une Partie éffentielle de leur Commerce directe et legitime avec les Ports mentionnés. Après avoir vendû le Produit de leurs Pays, des Planches, des Poiffons, des Bléds, dans un des Ports feptentrionaux de la Hollande, de la France, de l'Espagne, ils feront obligés à s'en retourner fur leur Left, parcequ'il de leur fera pas permis de chercher dans les Ports méridionaux de ces derniers Pays, et de l'Italie, les Marchandifes dont le Nord a befoin, et qui feuls peuvent conflituer des Retours fuffifamment avantageux pour payer les Fraix de, leurs Voyages. Pour fe procurer des Sels, des Vins, les Eaux de Vie, et des Huiles, il leur faudra faire voile des Ports Danois en grande Partie fur leur Left, les chercher dans les Ports de la Mediter ranée; s'ils n'aiment pas mieux, comme, il y a toute Apparance, renoncer tout à fait à un Trafic, qui dès à préfent deviendroit une Spéculation ruineufe.

Et comment les Sujêts de fa Majefté Danoise ferent-ils privés de la Pourfuite de lur Trafic lé

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gitime, d'une des principales Branches de leur Industrie? De quel Droit seront-ils arrêtés dans le Cours d'une Occupation paifible, dont l'Exercife leur eft garantie par le Droit Public des Nations, et par la Foi facrée des Traités; qui affurent, de la Part de la Grande Brétagne, au Dannemarc, la Liberté illimitée des Mers pour autant qu'il n'a lui même confenti, par de Stipulations expreffes, à renoncer à l'Exercife d'une Partie de ces Droits?

Ils le feront d'après un Principe de Rétaliation, non contre le Dannemarc, car celui-ci n'a jamais derogé à la ftricte Execution de ses Traités, et de fes Devoirs envers l'Angleterre ; mais contre une Puiffance Tièrce, dont la Grande Biétagne parait ne vouloir que trop promptement fuivre l'Example, pour subordonner les Loix des Traités et les Rapports pacifiques des Nations à un Droit de Guerre, indéfini dans fon Principe, illimité dans fon Etendue, incalculable dans ces Conféquences, mais complêttement étranger et nullement obligatoire pour une Puiffance Neutre, indépendante, et protégée par des Traités folemnels et récents.

Le Souffigné a l'Ordre exprés de fa Cour, de declarer, en fon Nom, qu'elle regarde le Droit de Rétaliation, fur lequel l'Ordre du Confeil de Sa 'Majefte Britannique fe fonde, comme abfolument inadmiffible et dans fon Principe et dans fes Conféquences. Pour établir ce Droit, il faudrait commencer par détruire les premières Idées de droit

commun

commun et public. Il faudrait vouloir pofer en Principe, que chaque Puiffance a le Droit de renoncer arbitrairement à des Engagemens, et de deroger à dès Stipulations folemnelles avec un autre Puiffance, par la feule Raison que fes Relations avec une Puiffance Tièrce ont changées de Nature. Il faudrait vouloir foutenir que les Privilèges, les Intérêts, et la Propriété d'une Nation Neutre, font à la Difpofition de toute autre Puiffance, quoiqu'elle lui foit Alliée par des Traités, auffitôt que les Evénements, ou fes Inclinations envéloppent cette dernière dans une Guerre, tout à fait étrangère à la prémière.

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L'Inconfiftence et la Fauffeté palpable d'un pareil Raifonnement ne faurait être egalée que par fes Conféquences funeftes pour la Société. Il ne peut pas échapper à la Pénétration du Ministère de Sa Majesté Britannique, qu'un Principe qui rendrait les Rélations et les Obligations mutuelles des Deux Nations, dependantes des Actions quelconques d'une Puiffance Tiérce, ou pour mieux dire, qui conftituerait l'état de Guerre le fuprême Regulateur de tous les Rapports de la Société humaine, detruirait jusqu'aux Bases mêmes de cette Société, pour fanctionner ouvertement le regime de Droit du plus fort, et pour amener enfin celui d'une Anarchie universelle.

C'est cependant, le Souffigné régrette de se l'avouer, la tendance du principe d'après lequel les

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Réfolutions adoptées contre le Commerce de la Grande Bretagne par le Gouvernement François, font cités comme ayant fervies de Motifs à Sa Majefté Britannique pour mettre de côté les Traités fubfiftants entre l'Angleterre et le Dannemarc, et nommément celui du 17 Juin 1801, qui leur guarantit, dans le cas expreffement prevû d'une guerre maritime quelconque, la Liberté entière de fon Commerce, à l'Exception des feules Reftrictions mentionnés dans l'Article 3. C'est l'Efprit d'une Méfure qui porte au Commerce des Sujêts Danois le coup le plus fenfible dont l'Hiftoire de la Neutralité offre un Example.

Le Souffigné ne craint pas avoir trop dit en avancant cette Affertion; Il s'en est fervi a deffein, et tout en prévoyant que le Decrêt François du 21 Novembre 1806, avec tout des Confequences pernicieufes pour le Commerce des Neutres, fera cité pour la détruire. Le Souffigné fe feroit eftimé heureux d'avoir pu evitér la Neceflité de faire des Comparisons entre les Deux Méfures, ou de tirer une paralléle entre leurs Effets plus ou moins pernicieux pour le Commerce du Dannemarc; mais la Nature grave et importante de la Tâche qu'il a à remplir, lui en impose le Devoir. Il se bornera cependant, pour donner au Miniftête de Sa Majesté Britannique le Méfure de l'Impreffion, qu'ont dû faire en Dannemarc le Deux Decrêts en Oppofition, à indiquer; que, felon les Eclairciffements officiels que le Souffigné vient de récevoir de fa Cour,

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