Slike strani
PDF
ePub

à la croix grecque, chaque branche dépassante étant pêrpendiculaire à l'un des côtés'.

L'utilisation de la croix pattée dans les coussins de cuir sur lesquels on repose la tête ou les bras est vraisemblablement guidée par des raisons de même ordre. On ne saurait en douter pour ce qui est des sachets à amulettes, en cuir teinté, destinés àquo enir quelques versets du Coran. La croix y est d'ailleurs

Fig. 12.

Coussin de Tombouctou.

cantonnée de quatre triangles ou de quatre lunules qui soulignent les relations de ce symbole avec les forces mystiques des quatre quartiers du monde'.

Les Touaregs mettent pour ainsi dire la croix partout, à l'extrémité des clefs, sur des cuillers" et sur un grand nombre d'objets de bois. « Les plus anciens sont de grandes masses miplates, ajourées et sculptées, dont l'extrémité inférieure est taillée en forme de pieu, qui se fichent en terre au bord des couchettes et supportent des sacs d'objets précieux, tels que livres dans les tribus maraboutiques ou amulettes chez les nobles. Le plus souvent d'ailleurs, ces pièces de bois restent nues et ornent l'intérieur de la tente d'une manière originale, en retenant les coussins de couchage sur l'emplacement du lit.

« Il semble, bien qu'aucun renseignement ne soit fourni à ce sujet par les Touaregs, que ces pièces de bois gardent en quelque sorte un caractère rituel de palladium symbolisant le foyer.

<< La partie hors de terre de ces pieux est un ovale très allongé,

[graphic]

1) Dr H. Barth, loc. cit.. Ii, 25 et fig. 34.

2) G. de Giron court, V, 55. D' H. Barth, loc. cit., II, 25 et fig. 36; IV, 100 fig. 84, 85, 86.

3) G. de Gironcourt, p. 55, fig. 17; p. 50, fig. 8 et Dr H. Barth, loc. cit., 1, 264 et fig. 30.

divisé régulièrement en trois parties: au centre, une croix rayonnante percée à jour de fenêtres parallèles ou d'une croix grecque en sa partie médiane: cette croix, par l'analogie frappante qu'elle garde avec la croix rayonnante des ostensoirs du

[graphic][graphic][subsumed][ocr errors][subsumed][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

culte catholique est certainement une des pièces les plus curieuses de l'art targhé. De part et d'autre du motif précédent, en haut et en bas de celui-ci, des sortes de losanges aplatis en pointe souvent cranée, portant parfois en gravure des filets parallèles aux arêtes. Enfin au-dessus et au dessous des losanges, deux arcs d'ogive pleins terminent l'ovale allongé; ceux-ci

s'ajourent souvent aussi d'une croix ou d'un simple triangle allongé.

<< Parfois la pièce de bois est simplifiée et ne comporte qu'une croix rayonnée montée sur un losange; mais chacune de ces deux formes types est une figure toujours intégrale et se complique a volonté d'une gravure superficielle de raies rectilignes, parallèles, transversales ou entrecroisées » 1.

Ce rapide et très superficiel coup d'oeil jeté sur l'emploi de la croix en Afrique, nous incline donc à penser qu'il s'agit d'un symbolė magico-religieux auquel on attribue une vertu protectrice. Cette croyance explique fort bien qu'on le place soit au cou et sur la poitrine, soit sur le front et sur la tête, dans les cheveux ou sur un diadème, sur des armes défensives voire même sur des objets d'utilité courante: coussins, clefs, cuillers, etc. Les croix fétiches du Congo indiquent bien, d'ailleurs, qu'il s'agit de quasi-divinités, tout au moins de sacra ou de véhicules de quelque mana protecteur. La croix, chez les Touaregs, ne montre guère moins nettement que c'est pour eux non pas un simple ornement mais une représentation rituelle qui met celui qui l'emploie sous la protection des forces bienfaisantes des quatre cantons du ciel.

§ 2. La Croix dans l'Amérique du Sud.

Sur l'emploi de la croix dans l'Amérique du Sud nous n'avons encore que des renseignements fragmentaires. Ils méritent cependant d'arrêter l'attention ne serait-ce que pour mieux établir la tendance universelle à donner à ce symbole un sens mystique. Dans les danses religieuses des Patagons (Rép. Arg.) les danseurs ont une croix grecque tatouée sur chaque joue et portent une sorte de tour de cou décoré d'une série de croix grecques dans des encadrements en losange'. Les premiers

1) G. de Gironcourt, loc. cit., V, 46.

2) Guinnard, Trois ans de captivité chez les Patagons dans Tour du Monde, 1861, 2. sem., p. 257. Ansault, Album, fig. 175, p. 202 et Ansault, Mémoire, p. 55,

missionnaires qui vinrent au Paraguay y trouvèrent une croix à laquelle ils supposèrent une origine chrétienne, aussi donnèrent-ils à la contrée où elle fut découverte le nom de Sainte-Croix'. Chez les Indiens du Chaco, en particulier chez les Chans et les Chiriguanos, on trouve parfois d'anciens sifflets aujourd'hui sans usage qui, employés jadis dans les expéditions guerrières, passaient sans doute pour avoir une puissance magique. Ils portaient exté

rieurement un dessin en forme de croix'.

[graphic]

3

Fig. 15. Danseuse patagone.

Des séries parallèles et alternées de croix grecques décorent une ancienne étoffe péruvienne ainsi que des grains de collier'. On retrouve d'ailleurs cette même décoration sur la coiffure ou le diadème d'une fortbelle tête en terre cuites. Une autre étoffe péruvienne est ornée d'une croix grecque cantonnée de deux motifs hiéroglyphiques représentant vraisemblablement un oiseau et un serpent'. La grande croix pectorale en or repoussé, provenant de Pachacamac, a certainement reçu une utilisation liturgique'. Les sépultures du Pérou que l'on qualifiait de Huacas comme les génies et comme les dieux, en raison de leur caractère sacré, recevaient une forme cruciales;

1) Ruiz, Conq. esp. del Paraguay, § 23 et 35, cité par Bedin, Traditions Messianiques, p. 448.

2) E. Nordenskiold, La vie des Indiens dans le Chaco, P.. 1912, in-8°, p. 149 et fig. 80.

3) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, P., 1880, in-4, p. 767, fig. M,

4) Marquis de Nadaillac, L'Amérique préhistorique, P., 1883, in-8°, p. 453, fig. 197.

5) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, p. 620.

6) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, p. 640.

7) H. Beuchát, Manuel d'Archéologie Américaine, P., 1912, fig. 237, p. 686, d'après Baeseler, Ancient Peruvian Art.

8) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, p. 527,

des tombeaux nommés chulpas avaient la forme de tours carrées enduites de stuc et peintes, en blanc et rouge, de façon à produire des dessins variés parmi lesquels d'immenses croix de Saint-André qui en couvraient des faces entières. Une véritable cité funéraire nommée coillur ou l'étoile, en raison de sa forme, était divisée en quatre quartiers par des murs disposés

[graphic][ocr errors][subsumed][merged small]

en croix de Saint-André'. A leur tour des vases funéraires sont ornés d'une double rangée de cette espèce de croixs et des momies portent cette même croix au milieu de la poitrine". Les Vestales péruviennes Mama-Sipas, dans certaines céré

1) Marquis de Nadaillac, L'Amérique préhistorique, p. 426, fig. 173. 2) Ch. Wiener, Pérou et Bolivie, pp. 132-133.

3) Marquis de Nadaillac, L'Am. préhis., p. 443, fig. 182 et Ansault, Album, fig. 396, p. 272.

4) Marquis de Nardaillac, L'Am. préhis., p. 432, fig. 178 et Ansault, Album fig. 383, p. 268.

« PrejšnjaNaprej »