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comme le seul bien informé sur sa venue (I Cor., VIII, 6) A travers les Acta Archelai, il cite tour à tour les Epitres aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, aux Philippiens, la Ire aux Thessaloniciens, la 1re à Timothée et l'Epître aux Hébreux 2. Les citations des deux dernières sont caractéristiques. Ici encore Mani se montre moins exclusif que Marcion. En revanche, il n'invoque jamais aucun des autres écrits du Nouveau Testament. Sans doute les rejetait-il aussi résolùment que l'auteur des Antithèses, puisqu'il regardait l'enseignement de Paul comme « le seul bien informé » sur la venue du Christ.

CRITIQUE D'ADIMANTE. - Adimante, le grand docteur des Manichéens d'Occident 3, paraît avoir adopté une attitude absolument identique. Dans le traité scripturaire dont Augustin a écrit la critique, il cite surtout Matthieu. Mais il invoque aussi Marc, Luc et Jean 4. Il met en avant plusieurs passages des Epitres aux Romains et aux Galates, de la 1re aux Corinthiens et même de la 1 à Timothée 5. Mais il ne fait valoir en dehors des Evangiles que des écrits de Paul.

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1) Act. Arch., 47.

2) Il cite Rom., II 28; III, 29; IV, 2; V, 14;

I Cor., VII, 35; XIII, 9; XV, 50 et 56;

II Cor., III, 6-11; IV, 4 et 16;

Gal., II, 18; III, 13; IV, 3;

I Thess., I, 8;

Phil.,, II, 7;

I Tim., I, 20;

Heb., VI, 8; VIII, 13.

3) Augustin, Cont. Adim., XI, 12.

4) Il cite Matt., III, 7 (V, 1); V, 3 (XIX, 1); V. 9 (XXVII); V, 34-35 (X, 1); V. 38-40 (VIII 1); V, 44 et 45 (VIII, 1 et XVII, 1); VI, 26 et 34 (IV, et XXIV); VII, 17 (XXVI); VIII, 21, 22 (VI, I); X, 9-10 XX, 1); XII, 10 (XXII); XVI, 24-26 (XVIII, 1); XIX, 12, 21 et 29 (III, 1, XXI et XXIII); XXII, 30 (XXV); XXIII, 15 (XVI, 1);

Marc, VII, 15 (XV, 1); X, 17-18 (XIII,1);

Luc, VI, 24 (XIX, 1); XII, 20 (XX, 2); XXI, 3-4 (XIV, 1);

Jean, I, 10 et 18 (I et IX, 1); V, 17 (II, 1); VI, 37-38 (IX, 1); VIII, 44 (V, 1); XVII, 25 (XI, 1).

5) Il cite Rom., XIV, 21 (XIV, 1 et XV, 1);

I Cor., VII, 18-19 (XVI, 2); X, 21 (XIV, 1); XIV, 33 (XX, 3); XV, 90

(XII, 1);

CRITIQUE DE FAUSTE. - Fauste de Milève procède de même. Il se réclame fréquemment de Matthieu et de Jean, plusieurs fois de Marc et de Luc1. Il cite, par ailleurs, les Epîtres aux Romains et aux Galates, aux Corinthiens (1re et 2me), aux Ephesiens, aux Colossiens, aux Philippiens et à Tite, ainsi que la 1° à Timothée 2. Mais lui aussi passe sous silence les autres écrits du Nouveau Testament. Une fois seulement, il met en avant les Actes des Apôtres 3. Mais c'est pour répondre à une objection qu'en tirent ses adversaires catholiques. Pour lui, comme pour Mani et Adimante ses deux seuls Maîtres, la Bible chrétienne se réduit aux Evangiles et aux écrits de Paul.

Encore est-il loin de la regarder comme infaillible. D'une part, il tient tous les Evangiles pour apocryphes. Il y voit l'œuvre de disciples inconnus, qui, écrivant longtemps après la venue du Christ et la mort des Apôtres, ont surchargé la tradition chrétienne d'éléments judaïques et soutenu, soit par igno

Gal., IV, 10-11 (XVI, 3) ;

II Tim., 1,17 (XXVIII); VI, 16 (X, 1).

1) Il cite Matt., III, 16-17 (XII, 1; XVI, 2 et XXIII, 2); V, 21 32 et 38 (XIX, 3); VII, 16 (XII, 1); VIII, 29 (XVI, 1); IX, 9 et 16-17 (XVII, 1 et XV, 1); XV, 18-19 (XVI, 6); XXIII, 15 et 34 (XVI, 6 et XIX, 2).

Marc, I, 1 (II, 1 et III, 1);

Luc, III, 23 (XXIII, 2); IV, 29 (XXVI, 2); XXIII, 43 (XIV, 1); Jean, III, 5 (XXIV, 1); V. 46-47 (XVI, 1, 6 et 7); VIII, 13-18 (XII, 1 et XVI, 2); X, 8 et 38 (XII, 1 et XVI, 2); XVI, 13 et 28 (XXXII, 6 et XII, 1); XX, 37 (XVI, 8).

2) Il cite Rom., I, 21 (XII, 1); II, 14-15 (XIX, 2); VII 2 (XV, 1); VIII, 2 (XIX, 2);

Gal., I, 15 (XXIV, 1); III, 13 et 27 (XIV, 1 et XXIV, 1); IV, 19
(XXIV, 1); V, 1 (VIII, I);

I Cor., I, 24 (XX, 1); III, 5 et IV, 15 (XXIV, 1); V, 45 (XXXIII, 1);
XII, 28 (XIX, 2); XIII, 11 (XI, 1);

II Cor., III, 5 (XV, 1); IV, 4 (XXI, 1); V, 16 (XI, 1);

Eph., II, 11 (XIII, 1); IV, 22-23 (XXIV, 1);

Col., III, 9-11 (XXIV, 1);

Phil., III, 8 (XXXII, 1);

Tit. I, 12 (XIX, 2);

I Tim., IV, 1 (XXX, 1); VI, 16 (XX, 1).

3) X, 14-15 (XXXI, 3).

rance, soit par imprudence, soit par malice, de nombreuses erreurs, sans arriver d'ailleurs à en faire un exposé cohérent, ni seulement à s'accorder entre eux 1. Aussi en rejette-t-il de nombreux passages, par exemple ceux qui se rapportent à la naissance de Jésus, à sa circoncision, à son baptême, à sa tentation 2, ainsi que ceux qui relatent des propos plus ou moins favorables à la Loi juive 3. D'autre part, il opère un triage analogue jusque dans les écrits de Paul. Il note, en effet, que l'Apôtre a évolué et que telle idée émise par lui dans l'Epître aux Romains se trouve rejetée dans la re aux Corinthiens 4. Partout il s'applique à séparer l'ivraie du bon grain 5.

AUTRES CRITIQUES. Les Manichéens de Carthage qu'a connus Augustin faisaient les mêmes distinctions. Quand on leur opposait un texte du Nouveau Testament qui allait à l'encontre de leurs doctrines, ils disaient que l'enseignement du Christ avait été vicié par des faussaires. Mais ils ne possédaient pas d'exemplaire critique où la Bible chrétienne se présentât sans mélange d'erreur 6.

Ce sont aussi les Evangiles et les écrits pauliniens mis en avant par Fauste de Milève que Fortunat fait intervenir en discutant contre Augustin 7. C'est de ces mêmes textes que Félix se réclame dans la conférence contradictoire qu'il engage à son

1) Cont. Faust., XXXII, 2 et 7; XXXIII, 3. Cf. XVII, 1.
2) Cont. Faust., XXII, 7. Cf. II, 1 ; III; VII, ; XXIII, 1-4.
3) Cont. Faust., XVII, 1; XVIII, 1 et 3; XXXIII, 1 et 2.

4) Cont. Faust., XI, 1.

5) Cont. Faust., XVIII, 3.

6) Conf., V, 21.

7) Fortunat cite Matt., VII, 17 (Cont. Fort., 21); X, 16 (22); XV, 13

(14 et 21);

Jean, X, 18 (32); XV, 22 (21);

Rom., VII, 23-24 et VIII, 7 (21); IX, 21 (26);

I Cor., XV, 50 (19);

Gal., V, 17 et VI, 14 (21) ;

Eph., II, 1-18 (16) et VI, 12 (22);

Phil., II, 5-8 (7).

tour avec l'évêque d'Hippone 1. Enfin le Romain Secundin n'en invoque pas d'autres 2. Partout les Manichéens adoptent la même attitude à l'égard des textes canoniques de l'Eglise officielle.

A quelques siècles de distance, un des premiers docteurs de la secte paulicienne, Constantin, originaire de Samosate, s'inspirant de leur enseignement, ne voulait admettre que « l'Evangile et l'Apôtre » 3. Dans la suite, ses disciples forcés par la persécution de se dissimuler et de se confondre extérieurement avec les orthodoxes, adoptèrent pratiquement les autres écrits du Nouveau Testament à l'exception des deux lettres attribuées à Pierre et de l'Apocalypse. D'après Pierre de Sicile, ils admettaient « les quatre saints Evangiles et les quatorze Epîtres de Paul, celle de Jacques, les trois de Jean, celle de Jude et les Actes des Apôtres » 4. Cependant certains d'entre eux gardaient l'intransigeance de leurs devanciers et ne voulaient admettre que « l'Evangile et l'Apôtre » 5. Dans une note marginale d'une écriture ancienne, un lecteur de Pierre de Sicile le note expressément : « Je ne sais, dit-il, si, de son temps, les Manichéens se sont servis de l'Epître de Jacques, ou d'une autre et des Actes des Apôtres. Ceux d'aujourd'hui se servent sculement de deux Evangiles, surtout de celui de Luc, et des quinze

1) Félix cite Matt. VII, 17; XIII, 27 et XXV, 41 (Cnt. Fel., II, 2); Jean, I, 5 (II, 15); XVI, 3 (I, 2 et 10);

Rom., VIII, 7 (II, 2);

II Cor., IV, 4 et XII, 7 (II, 2);

Gal., III, 13 (II, 10).

2) Secundin cite Matt., VII, 13 (Epist., 3); XII, 25 (4); XXV, passim (1) XXVII, 15 (4) ;

Luc, XXIII, 37 et 39 (4);

Jean, XX, 27 (4);

Rom., VI, 13 (1); XIV, 12 (3);

Eph., VI, 12 (1) ;

Phil., III, 8 (5) ;

I Tim., XV, 20 (4).

3) Photius, Cont. Man., I, 2. Cf. Pierre de Sicile, Hist. Man., 19.

4) Pierre de Sicile, Hist. Man., 19.

5) Pierre de Sicile, Hist. Man., 19.

Lpîtres du saint apôtre Paul, ils ont, en effet, une Epitre supplémentaire aux Laodicéens » 1.

Ce dernier détail s'explique assez bien et peut remonter aux origines du Manichéisme. Mani dépendait de Marcion. Or, ce dernier admettait l'Epitre aux Laodicéens comme une œuvre authentique de Paul 2. Le rapprochement se conçoit d'autant mieux que c'est surtout l'école marcionite qui a mis en avant l'Evangile de Luc 3. Ainsi les Manichéens dont parle l'annotateur anonyme de Pierre de Sicile étaient des conservateurs qui suivaient une très veille tradition. Et leur traditionalisme ne leur faisait pas seulement rejeter certains textes scripturaires que les Catholiques considéraient comme authentiques. Il leur en faisait admettre d'autres que ces mêmes Catholiques tenaient pour apocryphes.

II

ÉCRITURES CHRÉTIENNES APOCRYPHES

De tous temps, les Gnostiques ont admis dans leur Canon des textes chrétiens que l'Eglise officielle en excluait. Et les Manichéens ont suivi leur exemple. Ils ont regardé comme inspirés des Evangiles et des récits ou messages apostoliques qu'autour d'eux on rejetait communément comme hérétiques.

NAISSANCE DE LA VIERGE. L'auteur de la Théosophie s'appuyait, comme il a été dit, sur un livre de la Naissance de la Vierge 4. Le fait n'a rien de surprenant. Les Gnostiques faisaient jouer un grand rôle à Marie, la mère putative du Christ. Ilsla montraient questionnant le Sauveur, lui faisant progressivement définir la science du salut, et ils possédaient un « grand »

1) A. Maï, Nova Patrum Bibliotheca, t. IV, 2, pars., p. 14. 2) Epiphane, Hacr., XIII, 9.

3) V. supra, p. 64.

4) Karl Buresch, Klaros, p. 95 (Oracles des dieux helléniques, no 4).

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