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l'Apôtre 1. Tu ressembles, ô fils de l'homme, à la vache qui, de loin, a beuglé après son veau égaré. Comme ce jeune veau a entendu la voix de sa mère, il est venu promptement vers elle, en courant et il a échappé à la souffrance. Ainsi ton.....?..... qui............. au loin..... rapidement avec grande joie.

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19me sentence. Celle-là est mauvaise. Ainsi parle Luc, l'Apôtre Fils de l'homme, lave ta main. Devant le mal ne garde aucune crainte. Conçois des pensées pures. Ce que tu possèdes d'amour pour Dieu réalisc-le pleinement.......................... » 2.

Comme Zavtaï et Luc ne sont pas des Apôtres proprement dits, mais appartiennent au groupe des disciples, on peut conjecturer que le contexte mettait en scène chacun de ces derniers pour leur faire prononcer une brève sentence. Nous aurions donc ici un fragment de l'Evangile des soixante-dix 3. Comme, par ailleurs, la 19me allocution est qualifiée de «mauvaise » et fait suite à la 18me qui est présentée comme bonne et dont la précédente était plutôt terrifiante, on se trouve aussi amené à penser que l'ouvrage entier offrait la même alternance, bien conforme à l'esprit général du Gnosticisme et qu'il débutait par des menaces pour finir sur une annonce rassurante. On s'explique par là qu'il ait été en faveur chez les Manichéens.

DESCENTE DU CHRIST AUX ENFERS. Fauste de Milève semble s'appuyer, vers la fin de son œuvre pastorale, sur un autre texte évangélique de même nature. Parlant des Patriarches du

1) Zavtaï est mis certainement ici pour Zébédée (Marc, 1, 19; Matt., ÌV, 21; Luc, V, 10). Il apparaît sous la forme Zabdaï dans une liste des soixante-dix disciples que donne Michel le Syrien, d'après Bar Salibi (Chronique, trad. J.-B. Chabot, t. I, fasc. II, p. 147 suiv.) et sous la forme Zebedeion dans une liste analogue du même chroniqueur (ibid., p. 154), sous les noms de Zabaraion et Zabrion, sur d'autres catalogues apparentés aux précédents (Th. Schermann, Propheten und Apostellegenden nebst Iüngerkatalogen, p. 308-310, cf. p. 349).

2) D'après la remarque initiale, la suite du texte devait formuler des menaces contre quiconque ne mettrait pas en pratique ces prescriptions.

3) Aucune des nombreuses listes de disciples publiées par Th. Schermann ne place Luc après Zébédée. Mais ces listes sont très discordantes et ne suivent aucun ordre qui s'impose dans le classement des disciples.

Judaïsme, il dit que leur mauvaise conduite les a menés en enfer et que seul le Sauveur a pu les en délivrer dans sa bonté par la vertu de sa Passion mystique 1. Or, l'Evangile de Nicodème contient, à la suite des Actes de Pilate, consacrés à la Passion et à la mort de Jésus, un long récit destiné à montrer comment, après le drame du Calvaire, le Christ est descendu dans les Enfers pour y apporter le salut 2. Cette dernière œuvre est très différente de la première et ne lui a sans doute été associée qu'assez tardivement. Elle se présente comme une révélation faite par deux Juifs, Carinus et Leucius, fils de Siméon, qui sont ressuscités après le crucifiement du Sauveur et qui racontent ce qu'ils ont vu dans le séjour des morts et comment leur résurrection vient de s'effectuer 3. Les noms de Leucius et de Carinus se lisaient en tête d'autres apocryphes néotestamentaires très appréciés par les Manichéens 4. C'est donc, apparemment à cette Descente du Christ aux enfers que Fauste se réfère. L'ouvrage a dû paraître de bonne heure, comme tous les écrits de la même famille, dans un milieu gnostique 5.

TESTAMENT DU SEIGNEUR. — L'auteur de la Théosophie se réclamait aussi d'un Testament du Seigneur 6. Le titre suppose un recueil d'instructions qu'au terme, de sa carrière le Christ aurait données à ses fidèles. Une œuvre de ce genre nous est arrivée sous le nom de Clément de Rome 7. Elle n'a rien, en sa forme actuelle, de manichéen, ni même de gnostique. Mais,

1) Augustin, Cont. Faust., XXXIII, 1.

2) Evang. Nicod., XVII-XXII. Trois recensions, une grecque et deux latines de cette Descente du Christ aux enfers ont été publiées par Tischendorf, Evangelia apocrypha, 2me éd., p. 323-332, 389-406 et 417-432.

3) Voir Tischendorf, loc. cit., Lat. A. c. 3, 11 et B, c. 1, 3, 6, 8, II. 4) Augustin, Cont. Fel., II, 6, et Evode, De fid. cont. Man., 5, 38 (Leucius); Photius, Biblioth., Cod. 114 (Lucius Carinus).

5) Il n'apparaît qu'assez tardivement dans une compilation confuse qui porte le nom d'Eusèbe d'Alexandrie (P. G., LXXXVI, 384-406 et les notes 405-414). Mais la tradition qu'il exploite est déjà supposée dans les textes anciens telle que la re Epître de Pierre (III, 19).

6) Karl Buresch, Klaros, p. 95, loc. cit.

7) J. E. Rahmani, Testamentum D. N. Jean Christi, Mayence, 1899.

comme tous les apocryphes clémentins que nous possédons, elle n'est qu'un remaniement de textes plus anciens. Peut-être, comme les Homélies et les Recognitions, provient-elle originairement des milieux ébionites où le nom de Clément était particulièrement vénéré. En ce cas, elle aura offert, en sa forme première, beaucoup de traits empruntés à la Gnose. Et on ne s'étonnera pas de la voir invoquée par un Manichéen.

Ce Testament constitue les deux premiers livres d'une sorte d'Octateuque syriaque, qui se présente aussi, dans son entier, comme écrit par Clément de Rome. Le troisième livre donne un exposé de la doctrine des Apôtres, où chacun intervient tour à tour, le quatrième des conseils pour les possesseurs de charismes, le cinquième une liturgie des ordinations, le sixième des règles pour les clercs et les fidèles, le septième un rituel des exorcismes, le huitième enfin des canons apostoliques 1. L'ensemble porte le titre de Constitutions Apostoliques, mais diffère sur beaucoup de points du recueil ordinairement désigné par ce nom. Ici encore, nous nous trouvons en présence de textes souvent remaniés et adaptés aux besoins de l'Eglise. En sa double forme, l'ouvrage du Pseudo-Clément est aujourd'hui à peu près orthodoxe. Il l'était beaucoup moins autrefois, car, encore à la fin du vir° siècle, le Concile in Trullo en interdisait la lecture aux fidèles, à cause des erreurs que des «< hérétiques » y avaient introduites 2. Aussi ne sommes-nous pas étonnés d'apprendre que l'auteur de la Théosophie invoquait avec le Testament du Seigneur les Constitutions des saints Apôtres 3.

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EVANGILE DE PHILIPPÉ. En dehors de ces œuvres, très composites, d'autres livres d'un caractère plus homogène et personnel ont été également en faveur chez les Manichéens. Dans le catalogue qu'il donne des Ecritures de la secte, Timothée de Constantinople signale notamment un Evangile de Phi

1) V. P. de Lagärde, Reliq. jur. eccl. graec. antiq., p. XVI et XVII, 2) Voir P. G., I, 547.

3) Karl Buresch, Klaros, p. 95, loc. cit.

lippe 1. Parlant du même ouvrage, Léonce de Byzance ajoute qu'il a été composé par les disciples de Mani 2. Cette dernière assertion est fort peu vraisemblable. Déjà les anciens Gnostiques possédaient un Evangile du même nom. Epiphane en fait expressément mention. Il en rapporte même un passage important. Dans le texte cité par l'auteur du Panarion, Philippe s'exprime comme un partisan de la Gnose:

« Le Seigneur m'a révélé ce que l'âme doit dire quand elle monte au ciel et comment elle doit répondre à chacune des vertus supérieures : « Je me suis connue moi-même, déclare« t-elle, et je me suis recueillie en tout sens; je n'ai point « engendré des fils à l'Archonte, mais j'ai extirpé ses racines; « j'ai réuni les membres dispersés; je sais qui tu es, étant une « des Vertus supérieures ». Ainsi elle est relâchée. Mais s'il se trouve qu'elle s'est donné une descendance, elle est retenue icibas jusqu'à ce qu'elle puisse la ressaisir et l'attirer à elle » 3.

Un écrit gnostique du m° siècle, la Pistis Sophia, fait allusion au même ouvrage. Et il nous en donne une idée plus précise. Il nous montre Jésus ressuscité, s'entretenant avec les douze Apôtres et leur expliquant comment la Sagesse est tombée au pouvoir des Ténèbres et comment elle a été arrachée à leur étreinte. Puis il continue :

« Quand Jésus eut achevé de dire ces paroles, Philippe s'élança, il se tint debout, il laissa à terre le livre qui était entre ses mains, car il écrivait tout ce que Jésus disait ou faisait. Philippe vint donc en avant et il lui dit : « Mon Seigneur, est«ce à moi seul que tu as donné de prendre soin de ce monde <«< afin que j'écrive tout ce que nous dirons ou ce que nous « ferons?........... » Jésus, ayant entendu Philippe, lui dit : « Ecoute, << Philippe, le bienheureux, que je te parle. C'est toi, avec Tho«<mas et Matthieu que j'ai chargé, par le premier Mystère, << d'écrire tout ce que je dirai et ce que je ferai et tout ce que « vous verrez..... » Lors donc qu'il eut parlé ainsi, Jésus dit à ses disciples « Que celui qui a des oreilles pour entendre, << entende ». Marie s'élança de nouveau en avant, elle vint au milieu, elle se tint debout près de Philippe et elle dit à Jésus :

1) De recept., P. G., LXXXVI, 21.

2) De Sectis, III, 2. P. G. LXXXVI, 1213.

3) Haer., XXVI, 13.

«Mon Seigneur, mon homme de Lumière a des oreilles et je « suis prête à entendre en ma Vertu et j'ai compris le discours <«< que tu as dit..... Ecoute donc que je te dise l'explication de « cette parole que l'Esprit de Lumière a prophétisée autrefois « par Moïse, à savoir: « De par deux ou trois témoins toute «< chose se tiendra » (Deut., XIX, 15). Les trois témoins sont Philippe, Thomas et Matthieu » 1.

D'après ce passage, l'Evangile de Philippe rapportait donc les propos et les actes du Christ ressuscité. Il exposait des doctrines gnostiques assez semblables à celles que devait soutenir Mani. Enfin, il était étroitement apparenté à des œuvres similaires de Thomas et de Matthieu, ou, pour mieux dire, de Matthias 2.

EVANGILE DE THOMAS. Justement, avant l'écrit de Philippe, Timothée de Constantinople mentionne, parmi les Ecritures manichéennes, un (( Evangile de Thomas » 3, qui est rangé dans la même catégorie et rejeté comme hérétique par le second Concile de Nicée et par Léonce de Byzance 5, comme aussi, en Occident, par le Pseudo-Gélase 6. Parlant de cette œuvre, Cyrille de Jérusalem fait remarquer qu'elle ne doit pas être acceptée par les Catholiques, car « elle ne vient pas d'un des douze Apôtres, mais d'un des trois mauvais disciples de

1) Pistis Sophia, c. 42, 43, 44, chez C. Schmidt, p. 44-45; chez Amelineau, p. 37-38.

2) Cette dernière hypothèse a été faite par Th. Zahn, qui conjecture également qu'il faut lire Matthias, à côté de Philippe et de Thomas, dans un autre passage de Clément d'Alexandrie, Pédag., II, 16 (Gesch. des Neutestam. Kan., II, 752). Un Evangile de Matthias est cité à la suite de celui de Thomas, par saint Jérôme, dans une traduction d'Origène (Hom. I in Luc). Clément d'Alexandrie attribue au même apôtre un recueil de Traditions, dont il cite plusieurs passages (Strom., II, 9, 45; III, 4, 26; VII, 13, 82). Enfin Hippolyte dit que Basilide et ses disciples prétendent avoir de lui des « livres apocryphes » (Philos, VII, 20). 3) P. G., LXXXVI, 21.

4) Act., VI, 5, circ. init.

5) De Sectis, act. III, 2. P. G., LXXXVI, 1213.

6) P. L., LIX, 162o; Dobschütz. Das Decretum Gelasianum, Leipzig, 1912, 8°, p. 11 et 295-296.

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