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Il prédisait aussi l'avenir d'après la manière dont un cheval passait à travers des lances disposées d'une certaine façon.

Thietmar (VI, 24) parle assez vaguement d'oracles dans lesquels un cheval sacré joue un rôle. Ce cheval passe sur deux lances fichées à terre. Parfois aussi, dit-il, un sanglier énorme sort de la mer et apparaît aux croyants épouvantés.

La Chronique dite de Dalimil signale le hibou (vyr) comme un oiseau sacré.

D'après Saxo Grammaticus (XIV, p. 567, éd. Holzer), les Rugiens, avant de tenter quelque entreprise, tiraient des présages des animaux qu'ils rencontraient, de morceaux de bois blancs ou noirs, de lignes paires ou impaires tracées dans la cendre par des devineresses. Les biographes d'Otto de Bamberg (Herbord, II, 32, 33; Ebo, II, 12; Priefling. II, 11) parlent encore en termes assez vagues de divinations par les coupes et par les sorts. On ne sait exactement ce qu'était cette divination par les coupes... Une fête annuelle était célébrée à Pyris; elle avait un caractère tout ensemble rustique et guerrier; une autre à Volyn (Ebo, II, 12, 13).

J'ai cité un peu plus haut le texte de Cosmas sur le prince Břetislav II qui chassa de ses domaines les sorciers et les devins. Le chroniqueur ajoute: «< Item sepulturas quæ fiebant in sylvis et campis atque scenas quas ex gentili ritu faciebant in biviis et in triviis quasi ob animarum pausationes, item et jocos profanos. quos super mortuos suos inanes cientes manes ac induti faciem larvis bacchando exercebant exterminavit. >>

Ce dernier texte nous amène à rechercher de quelle façon les Slaves païens pratiquaient le culte des morts, et s'ils avaient quelque idée de la vie d'outre-tombe.

(A suivre.)

Louis LEGER.

maison, que tu ne me voies pas non plus l'année prochaine » (Schein, Materialy dlia izoutchenia byta Sev. Zap. Kraïa, t. II, p. 601).

LA DÉESSE « ARURU »

>>

Dans un récent ouvrage sur la religion assyrienne, M. Jastrow1 propose d'identifier la déesse Aruru avec Istar d'Erech. Il s'appuie sur un rapprochement entre un passage du poème de Gilgames, où Ištar est appelée bêlit ilâni et une ligne du syllabaire K 4349, col. II, où se trouve l'équation:

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que Jensen', le premier, a proposé de compléter et de lire :

ilu [A-ru]ru | bêlit ilâni.

La conjecture de Jensen, pour plausible qu'elle soit, reste une conjecture, et asseoir une théorie sur une hypothèse n'est pas très prudent. Prenons cependant l'hypothèse pour vérifiée; les conclusions qu'en tire M. Jastrow paraîtront encore bien téméraires. Que Istar et Aruru aient été appelées toutes deux bélit iláni, il n'en résulte nullement qu'elles n'aient été qu'une seule et même divinité. Toute déesse a pu être appelée << souveraine des dieux » dans sa ville préférée, ou même par les fidèles qui l'honoraient d'un culte spécial; la communauté d'épithètes aussi vagues ne saurait prouver l'identité des personnes.

Le texte à propos duquel M. Jastrow a proposé l'identification que je conteste me paraît justifier un autre rapprochement. Il est question de Marduk et de la création de l'homme. Le poète ajoute :

Aruru zêr amelûti ittišu ibtanu.

Aruru fit avec lui la race humaine.

1) The Religion of Babylonia and Assyria, Boston, 1898, p. 448.

2) Ed. Haupt (Nimrod-Epos), p. 139, l. 118. - Jastrow renvoie par erreur à la ligne 111, sans doute d'après la transcription de Jensen.

3) Kosmologie der Babylonier, p. 294, note 1.

4) Récit babylonien de la création, publié par Pinches, J. R. A. S., XXIII (1891), p. 393.

Puisque Marduk a une compagne fort connue dans le panthéon assyrien, la pensée se présente tout naturellement que c'est elle qui a dû l'aider dans son œuvre de créateur. Le nom de la déesse, Sarpanitum, vient à l'appui de cette idée. On sait, en effet, que les Babyloniens eux-mêmes l'expliquaient par les deux mots zêru, semence, et bânú, faire, qui sont précisément employés dans le vers cité plus haut. Ce n'est là fort probablement qu'une étymologie populaire, mais peu importe sa valeur pour l'objet de notre démonstration. Il suffit qu'elle ait été acceptée couramment en Babylonie, et je ne serais même pas éloignée de croire qu'elle est reprise ici pour expliquer le nom de Aruru.

Que de pareils calembourgs aient pu être acceptés et reproduits par les auteurs des poèmes religieux, il suffit pour le prouver de rappeler cette étymologie fantaisiste donnée dans le poème Enuma elis, pour le nom de Nibir appliqué à Marduk :

ma sa kirbis Tidmat itebbi[ru]. . .

Sumšu lu nîbiru . . .

K. 8522 rev. 5 et 6.

Celui qui a traversé le milieu de Tiamat.

Que son nom soit Nibir.

Il reste donc à prouver que les mots zêr amelûti ittišu ibtanu peuvent être considérés comme une explication du nom Aruru.

Aruru, suivant toute vraisemblance, n'est pas un nom sémitique. Il serait difficile de tirer du radical un sens qui s'accordât avec ce que nous savons du rôle bienfaisant de la déesse. signifie «< maudire, emprisonner, brûler et trembler »; or les noms de divinités assyriennes que nous pouvons expliquer s'accordent avec les fonctions qui leur sont attribuées. Si l'on suppose que les Assyriens ont pu passer du sens de maudire à celui de bénir, par le même procédé qui a permis aux Arabes de tirer d'une même racine des sens aussi opposés que « se hâter », et «< se reposer »>, il restera encore contre l'existence d'une divinité Aruru des objections, à mon sens plus graves. Dans une racine yy, la voyelle, probablement brève, de la seconde radicale, aurait dû tomber et nous aurions Arru, comme nous avons arratu, malédiction; arru, oiseleur, etc. Enfin les noms franchement sémitiques de déesses

assyriennes ont tous la terminaison caractéristique du féminin : Allatu, Anatu, Anunit, Bélit, Malkatu, Taśmitum, Sarpanitum. Seul, le nom d'Istar fait exception; encore ferai-je remarquer que l'origine de ce nom n'est nullement claire. Pour toutes ces raisons, je ne crois pas que la lecture assyrienne du complexe A.RU.RU soit a-ru-ru, mais que nous sommes en présence d'un idéogramme dont il faut essayer de déterminer le sens, et, s'il se peut, la prononciation.

Le signe A possède, entre autres valeurs, celles de aplu, et mâru, fils; RU (et dans ce cas, il se lisait ŠUB) est l'équivalent de nûdû, jeter, construire. Mâru et nâdû sont des synonymes de zêru et de bánú; A.ŠUB.ŠUB est donc, pour le sens, l'équivalent exact de Sarpanit et le vers zêr amelûti ittiśu ibtanu en est en quelque sorte l'explication et le commentaire. Quelle était maintenant la prononciation assyrienne de l'idéogramme? J'inclinerais volontiers à croire que c'était précisément sarpanitum, mais je n'oserais l'affirmer, et jusqu'à ce qu'un syllabaire ou une variante vienne confirmer cette lecture, je ne puis la proposer que comme possible.

On pourra m'objecter que « la créatrice » est une épithète tout aussi vague que « la souveraine » et que A.ŠUB.ŠUB a pu s'appliquer à d'autres déesses que Sarpanit. Je n'y contredis pas. J'ai voulu prouver seulement, et je crois y être parvenu, que, au moins dans le texte en question, il était plus raisonnable d'identifier la prétendue Aruru avec Sarpanit qu'avec Istar.

C. FOSSEY.

BULLETIN

DES

RELIGIONS DE L'INDE'

III

BOUDDHISME

I

Comme dans les précédents Bulletins, je continuerai dans celui-ci à traiter séparément du bouddhisme du nord et de celui du sud, mais seulement pour la littérature et après m'être débarrassé d'abord des travaux et des découvertes archéologiques qui ont plus spécialement porté sur les origines. Cette division est en effet commode et conforme aux faits, à considérer le bouddhisme actuel et les collections des écritures sacrées telles qu'elles nous sont parvenues: elle répond en somme aux deux grandes branches de la religion, le hînayâna et le mahâyána. Mais elle est inexacte et peut devenir fausse, si on l'applique aux anciens temps. Les bouddhistes eux-mêmes l'ont toujours ignorée; en fait de divisions, ils n'ont jamais connu, outre celle en sectes ou « écoles », que celle des deux (parfois trois) yanas ou « véhicules », et, pour la longue période durant laquelle la religion a été florissante dans l'Inde, ce sont les bouddhistes qui ont raison. Jusqu'à un certain point, ces divisions étaient bien régionales: certaines écoles étaient représentées par des communautés plus nombreuses dans certaines contrées; mais elles n'étaient particulières à aucune. Même à Ceylan, où paraît s'être établie de bonne heure une orthodoxie plus jalouse, il y avait encore au ve siècle de notre ère des Mhîçâsakas à côté des Theravâdins', et toutes les sectes

1) Voir Revue, t. XXXIX, p. 60-97; t. XL, p. 26-59.

2) Introduction au commentaire du Játáka, I, p. 1, vers 10; et Fa-hian de Legge, p. 111.

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