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CHRONIQUE

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FRANCE

Les Congrès. Le Congrès international d'histoire des religions qui doit se réunir au mois de septembre, du 3 au 9, à Paris, se prépare sous des auspices favorables. Les adhésions commencent à arriver en nombre assez considérable. Dès à présent le succès de ces premières assises de l'histoire des religions paraît assuré. Des savants notables en tout pays ont bien voulu accepter les fonctions de «< correspondants du Congrès » à l'étranger, pour faire connaître la nature de la réunion et lui recruter des adhérents et des communications d'une réelle valeur scientifique. Le concours actif de plusieurs maîtres dans l'ordre de nos études est promis. Nous avons ainsi le légitime espoir qu'au milieu des innombrables Congrès convoqués à l'occasion de l'Exposition universelle l'Histoire des Religions fera bonne figure. Les lecteurs de notre Revue tiendront sans doute à honneur d'y prendre part. Ils sont priés de faire connaître leur adhésion aux secrétaires, MM. Jean Réville et Léon Marillier, à la Sorbonne; d'envoyer leur cotisation (10 francs) au trésorier, M. Philippe Berger, membre de l'Institut, 3, quai Voltaire, Paris, et de faire connaître le plus tôt possible à la Commission d'organisation les sujets de leurs communications.

Parmi les autres Congrès dont les travaux se rapporteront à nos études, nous avons déjà fait connaître celui des Traditions populaires, qui se réunira les 10, 11 et 12 septembre, immédiatement après celui de l'Histoire des Religions, de manière que les mêmes personnes puissent facilement prendre part aux deux. Depuis notre dernière Chronique un autre Congrès a été annoncé, dont une section tout au moins doit être signalée ici, ne fût-ce que pour prévenir des confusions que certaines expressions du prospectus pourraient provoquer. Il s'agit du Congrès international d'histoire comparée. Destiné primitivement à continuer le Congrès international d'histoire qui s'est réuni à La Haye en 1898 et qui était à l'origine un Congrès d'histoire diplomatique, le Congrès d'histoire comparée qui se réunira à Paris, du 23 au 29 juillet 1900, a pris des proportions encyclopédiques, de telle sorte qu'il semble empiéter parfois sur d'autres Congrès spéciaux, qui se tiendront également pendant l'Exposition. Il comprend huit sections 1o histoire générale et diplomatique; 2o histoire comparée des institutions

et du droit; 3° histoire comparée de l'économie sociale; 4° histoire comparée des affaires religieuses; 5° histoire comparée des sciences; 6o histoire comparée des littératures; 7° histoire comparée des arts du dessin; 80 histoire comparée de la musique. C'est la quatrième section qui nous intéresse ici, avec son titre quelque peu énigmatique : « histoire comparée des affaires religieuses ». A première vue on est disposé à se demander si cette section ne fait pas double emploi avec le Congrès d'Histoire des Religions. Il ne semble pas, toutefois, qu'il en soit ainsi. Du moins telle n'est pas l'intention des organisateurs, parmi lesquels figurent plusieurs membres de la Commission d'organisation du susdit Congrès d'Histoire des Religions. Ceux-ci déclarent dans leur circulaire que ce Congrès a toutes leurs sympathies, qu'ils ne veulent ni ne doivent faire double emploi avec lui et les cinq questions qu'ils ont portées à leur ordre du jour dénotent que leurs préoccupations ont un caractère d'actualité et comportent des applications pratiques, bien étrangères au Congrès, tout scientifique, de l'Histoire des Religions. Voici, en effet, ces questions : 1. Les relations des Églises chrétiennes et leurs tentatives d'union entre elles; 2o Les effets sociaux et politiques de la Réforme; 3. La propagande et les missions des diverses religions; 4° Le régime des Concordats et de la séparation des Églises et de l'État au point de vue historique (1516-1900); 5° L'influence des doctrines religieuses sur le sort de la femme.

J. R.

L'histoire religieuse à 1 Académie des Inscriptions et BellesLettres. Séance du 29 décembre 1899: M. Maspero, dans une note présentée par M. de Barthélemy, commente une inscription hiéroglyphique trouvée à KomGayef et datée du 13. jour du 4 mois de l'an 1 du règne de Nectanebo II, le dernier pharaon des dynasties indigènes. Le roi fait des offrandes à Nit, déesse de Saïs. Cette inscription atteste nettement l'existence de la dime en Égypte. Elle donne comme nom égyptien de la ville de Naucratis : Paramaïti.

Séance du 26 janvier 1900: D'après une communication de M. Maspero les fouilles entreprises pour le redressement des colonnes de la salle hypostyle à Karnak ont amené le déblaiement du temple de Phtah thêbain, déjà signalé par Mariette. Une stèle reproduit en détail la consécration d'un temple nouveau dédié à cette divinité par Thoutmosis III. Ce même temple a été restauré par Séti Ier. Les inscriptions en ont été martelées par Khouniatonou.

- Séance du 9 février: Note de M. de Mély sur un coffret d'argent déposé par saint Ambroise, en 383, dans le tombeau de saint Nazaire, à Milan.

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- Séance du 16 février : M. Barth donne de bonnes nouvelles de M. Finot, directeur de l'École française d'archéologie en Indo-Chine. L'exploration de l'ancien royaume de Çampâ a permis de découvrir deux nouveaux groupes de ruines remontant à la période hindoue.

M. Émile Guimet fait connaître des recueils de rites de certaines sectes bouddhiques, notamment un manuel japonais des gestes de l'officiant.

Séance du 2 mars M. Heuzey présente et commente un modèle en plâtre du magasin royal que M. de Sarzec a découvert à Tello, sous le grenier d'abondance du roi Our-Nina, lequel est considéré comme datant du XL siècle avant J.-C. Ce magasin sacré inférieur est en briques cuites bombées, pétries à la main, mais sans nom royal. Dans l'épaisseur des murs, des cachettes en forme de jarre enduites de bitume présentent des stries qui semblent avoir conservé l'empreinte de cordes enroulées, faites de joncs et de roseaux. Pius bas encore, à 17 mètres au-dessous du niveau inférieur du tell, M. de Sarzec a trouvé des objets et des armes de pierre analogues aux restes préhistoriques de même ordre retrouvés en Égypte et en Suziane.

Séance du 16 mars M. Heuzey, continuant sa communication, cherche à reconstituer l'autel circulaire qui se trouvait dans ce magasin inférieur et dont on a découvert des débris. Il devait porter la représentation d'une investiture: un guerrier, appuyé sur sa lance, reçoit le diadème d'un prince tenant un bâton condé. L'un et l'autre sont accompagnés de personnages au type asiatique, à la barbe rasée, ou à la barbe et la chevelure striées. L'autel était percé perpendiculairement de deux trous destinés, d'après M. H., à porter des armes votives.

-M. Maspero envoie l'estampage d'une inscription phenicienne découverte sur l'emplacement de l'ancienne Memphis et gravée sur le socle d'une stèle égyptienne. Elle est de l'époque des Ptolémées. Elle porte une dédicace à une ou plusieurs divinités.

L'Académie proroge les questions proposées pour le prix Bordin en 1900 et sur lesquelles aucun mémoire n'a encore été déposé : 1° (pour 1902) Étude sur deux commentaires du Coran : le Tefsîr de Tabarî et le Kachchâf de Zamakhshari. -2° (pour 1901) Étude générale et classement des monuments de l'art dit gréco-bouddhique du nord-ouest de l'Inde; constater les influences occidentales qui s'y manifestent et leur relation avec les monuments de l'Inde intérieure.

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D. A. Forget. L'Islam et le Christianisme dans l'Afrique centrale (Cahors, impr. A. Coueslant). - Parmi les thèses de baccalauréat présentées en ces derniers mois à la Faculté de théologie protestante de Paris, il en est une qui offre un intérêt plus général que la plupart de ces travaux de jeunesse. L'auteur, frappé du succès immense de la propagande islamique en Afrique et de l'insuccès correspondant des missions chrétiennes parmi les populations africaines gagnées à l'Islamisme, a cherché à s'expliquer ce phénomène qui intéresse au plus haut degré l'avenir de la civilisation en Afrique aussi bien que l'avenir du christianisme. Connaissant d'une expérience personnelle les indigènes de l'Afrique, il a pu joindre aux renseignements que lui ont fournis ses études d'histoire religieuse, les observations qu'il a pu faire lui-même chez les populations islamisées du continent noir.

Après quelques considérations générales sur l'islamisme, M. Forget étudie

d'abord les divers courants par lesquels l'Islam se répand dans l'Afrique nègre : le premier partant du bassin du Nil, le second venant de Zanzibar et s'infléchissant vers la région du Congo, le troisième correspondant au bassin du Niger supérieur et inférieur. Au sud du 10 degré de latitude australe l'Islam est sans avenir, malgré les progrès qu'il y peut faire, parce que les indigènes sont destinés à être absorbés par la race blanche envahissante. Dans l'Afrique du nord la puissance de l'Islam est minée par l'introduction de la civilisation européenne. Mais entre le 15 degré de latitude nord et le 10 de latitude sud le blanc ne peut pas se passer du concours du nègre qui, seul, peut travailler sous les ardeurs du climat tropical continental. Ici les races indigènes ont l'avenir pour elle.

L'auteur montre ensuite les affinités de vie sociale, familiale et même morale entre les noirs musulmans et les noirs fétichistes. L'élément arabe leur a apporté une civilisation élémentaire, mais bien appropriée à leurs intelligences. L'Islamisme se plie facilement à leurs goûts, à leurs besoins et à leurs coutumes. Entre l'Arabe et l'Africain, entre les Peulhs musulmans de longue date et les noirs, les croisements sont nombreux et féconds. Entre les blancs chrétiens et les nègres il y a un abîme; ils ne se comprennent pas et leurs croisements n'ont pas de fécondité persistante. Les conditions d'accès auprès des noirs sont ainsi beaucoup plus favorables pour l'Islamisme sémitique que pour le Christianisme gréco-romain. Il travaille depuis douze siècles à la conquête de l'Afrique; dès le x siècle il était déjà arrivé au lac Tchad. Par ses confréries religieuses il possède une armée spirituelle qui est admirablement appropriée aux conditions d'existence de ces pays. Elles font pénétrer dans ces populations un peu d'instruction, forment de véritables étudiants qui s'en vont au loin, dans les écoles musulmanes célèbres, puiser des connaissances et une autorité dont ils se serviront plus tard pour diriger leurs compatriotes indigènes.

A quoi tiennent, d'autre part, les insuccès flagrants des missions chrétiennes? Tout d'abord au contraste radical entre l'enseignement des missionnaires et la conduite des blancs qui sont censés professer leur religion. Ensuite à la séparation sociale entre l'Européen et l'indigène ; celui-ci n'est pas considéré par le blanc comme un semblable. Il n'y a aucune fraternité entre eux. L'auteur ne cache pas qu'à ses yeux la moralité des musulmans de ces pays noirs est bien supérieure à celle de la majorité des chrétiens.

Les chrétiens, en outre, lorsqu'ils ont vraiment à cœur le bien des indigènes, veulent les transformer à leur image. Ils en font de mauvaises copies des blancs. La propagande musulmane se greffe simplement sur la nature du noir sans qu'il soit besoin de la changer entièrement pour se la rattacher. Ces noirs christianisés n'ont dès lors plus rien en commun avec leurs frères de race demeurés païens.

La grande erreur des missions chrétiennes, aux yeux de M. Forget, est de prétendre amener les noirs au Christianisme par la même voie que l'on suit en

Europe, d'être déplorablement infestées d'ecclésiasticisme, d'imposer aux noirs un christianisme réglementé et disciplinaire dont la plupart des chrétiens d'Europe n'observent eux-mêmes pas les préceptes, de leur apporter une théologie, cette théologie grecque et romaine qui est le résultat d'une longue civilisation européenne et qui est inassimilable pour le nègre. Et la conclusion est celle-ci : << Il faut que le Christianisme prenne les habitudes de la pensée et de la vie africaines, comme jadis, quittant le sol de la Palestine, il prit en notre faveur les habitudes de la pensée et de la vie grecques. Il faut que le Christianisme non les Européens crée en Afrique une civilisation appropriée aux Afri

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cains ».

BELGIQUE

J. R.

Revue d'histoire ecclésiastique.

Sous ce titre un Comité de professeurs et d'anciens élèves de l'Université de Louvain, présidé par MM. A. Cauchie, professeur d'histoire ecclésiastique, et P. Ladeuze, professeur de patrologie, fait paraître depuis le 15 avril une nouvelle revue qui sera consacrée aux études d'histoire ecclésiastique générale histoire des peuples chrétiens; manifestations de la vie externe et interne des églises; constitution ecclésiastique, littérature, dogme, culte, discipline, rapports avec le pouvoir civil; action de l'Église sur la civilisation des nations chrétiennes. L'esprit qui présidera à sa rédaction semble suffisamment caractérisé par ce passage du prospectus : « S'il est vrai, comme l'affirmait récemment un écrivain d'une réputation mondiale, M. Godefroid Kurth, que l'Université de Louvain est la plus puissante citadelle scientifique que l'Église ait élevée au xix siècle, il va de soi que cette institution ne peut pas se désintéresser de ce mouvement grandiose des esprits » (c'est-à-dire des problèmes d'histoire ecclésiastique soulevés par les diverses écoles historiques). Les rédacteurs sont recrutés parmi les anciens membres du Séminaire historique de Louvain, dans les rangs du clergé séculier, chez le personnel des Archives et des Bibliothèques et parmi les professeurs d'université. La Revue paraîtra quatre fois par an et formera un volume annuel de 600 pages. Le prix de l'abonnement est de 12 francs pour la Belgique et 15 francs pour l'étranger. Adresser les souscriptions à MM. les directeurs de la Revue d'Histoire ecclésiastique, rue de Namur, Louvain, Belgique.

On ne peut que se féliciter de l'initiative prise par les historiens ecclésiastiques de Louvain. Il y a tant à faire pour répandre quelques notions scientifiques sur l'histoire de l'Église dans tous les milieux de la société actuelle !

HOLLANDE

MM. Burgersdijk et Niermans, libraires à Leyde, viennent de publier un Catalogue de livres et de périodiques anciens et modernes sur la théologie et la

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