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fin de l'histoire plus haute et plus vraiment humaine; mais c'est toujours la même foi dans l'avenir, la même recherche du secret de l'histoire, la même interprétation rationnelle des événements, la même division du temps par époques et la même finalité. Il faut ajouter un trait de plus c'est la même tendance à prophétiser, je veux dire à déduire, ce que sera l'avenir, de la connaissance du passé, à conduire le mouvement du progrès constaté dans les âges écoulés, jusqu'à la perfection et à la réalisation glorieuse de notre rêve de justice et de bonheur » (p. 10),

Les véritables créateurs de cette philosophie de l'histoire sont les grands prophètes d'Israël. Peu connue de la littérature antique classique (voir cependant la quatrième églogue de Virgile), elle prend une valeur très grande dans le christianisme messianique primitif. Mais la perpétuelle déception des espérances concrètes détourne successivement les Juifs et les Chrétiens du messianisme. Au lieu d'attendre l'établissement surnaturel du Royaume de Dieu sur la terre, l'Église triomphante assimile de plus en plus son propre règne à celui de Dieu. « Avec Constantin la période apocalyptique est close; une seconde va commencer, la période théologique » (p. 16). La Cité de Dieu de saint Augustin, le Discours sur l'histoire universelle de Bossuet en sont les plus célèbres manifestations. Avec beaucoup de finesse M. Sabatier montre comment Bossuet ouvre la porte à une nouvelle philosophie de l'histoire constituée sur la notion des lois ou rapports nécessaires des choses et comment de la conception encore théologique de Bossuet sort la philosophie du progrès, puis celle de l'évolution dans les temps modernes. Une très belle péroraison fait ressortir la profonde inspiration morale qui pousse l'humanité à avoir foi en ses destinées. Cette conférence est assurément une des plus instructives et des plus suggestives que nous ayons lues.

M. R. Basset continue la série de ses Apocryphes éthiopiens traduits en français par un dixième fascicule qui contient La Sagesse de Sibylle (Paris, Bibliothèque de la Haute Science, 10, rue Saint-Lazare). La version éthiopienne, dont il nous donne la première traduction en langue européenne, est elle-même inédite. Elle est d'assez basse époque et dérive d'un original arabe qui devait être différent des deux recensions arabes inédites qui existent à la Bibliothèque Nationale et dont M. Basset donne la traduction française en appendice. Dans une Introduction, faite avec le soin et la précision qui donnent tant de prix aux publications de M. Basset, il émet l'hypothèse qu'il a dù exister un original syriaque de ces différentes versions, d'où procéderait également une version arménienne actuellement perdue. Enfin le même cadre visionnaire se retrouve dans deux recensions latines du moyen âge, dont la meilleure a été conservée parmi les œuvres douteuses de Bède le Vénérable. M. Basset donne également la traduction française de cette dernière, d'après l'édition de M. Sackur, ainsi

que des chapitres consacrés à la fin du monde et aux signes qui l'annoncent dans la Perle des merveilles d'Ibn el-Ouardi, afin que l'on puisse comparer les traditions apocryphes chrétiennes aux traditions musulmanes et se rendre compte de l'influence que les premières ont exercée sur les secondes.

Les relations souvent intimes entre ces différentes versions sont évidentes, mais les noms historiques, plus ou moins dénaturés, mis en scène et les applications historiques des symboles apocalyptiques varient beaucoup. Il y a ici un exemple très frappant de l'utilisation d'un même schématisme fantastique à des événements historiques différents, sans aucun scrupule et, le plus souvent aussi, avec une prodigieuse insouciance de la réalité historique. De là l'extrême difficulté de se reconnaître au milieu de ces opera minora de la basse littérature apocalyptique. Les érudits qui ont le courage de tenter le débrouillage des écheveaux emmêlés de toutes ces versions, méritent en vérité quelque reconnaissance, d'autant que le résultat ne répond pas toujours à la peine que l'on s'est donnée pour l'obtenir.

M. A.-Ed. Chaignet, recteur honoraire, correspondant de l'Institut, vient de publier chez l'éditeur Leroux la traduction française du Commentaire sur le Parménide, de Proclus, précédé de la traduction de la Vie de Proclus, par Marinus et suivi du Commentaire anonyme sur les VII dernières Hypothèses (Paris, 2 voll.). Le vétéran auquel nous devons déjà de belles études sur la psychologie des philosophes grecs, sur Pythagore et la philosophie pythagoricienne, et la traduction française des Problèmes et solutions sur les premiers principes de Damascius, a rendu un nouveau service à l'histoire de la philosophie et, l'on peut ajouter, dans ce cas, à l'histoire de la religion dans l'antiquité, en rendant accessible à de nouveaux lecteurs l'œuvre, incomplète malheureusement, du dernier maître de la philosophie néoplatonicienne, dont la cause se confondait à l'époque de Proclus avec celle de la tradition religieuse de l'antiquité classique.

Les dernières livraisons de la Revue d'Histoire et de littérature religieuses contiennent sous la rubrique « Ancienne philologie chrétienne » une revue fort utile et intéressante, par M. Paul Lejay, des principaux travaux publiés de 1896 à 1899 sur les textes des auteurs chrétiens anciens depuis les Pères apostoliques jusqu'à Eusèbe. Au milieu de la surabondance de publications de toute sorte sur les divers domaines de l'histoire religieuse, des chroniques de ce genre, résumant pour ceux qui ne peuvent pas les suivre personnellement, les articles des périodiques ou les études de la critique littéraire et historique sur chaque période de l'histoire ecclésiastique, rendent les plus grands ser

vices.

Nous signalerons aussi, dans la livraison de mars-avril, l'article de dom G. Morin sur les Tractatus Origenis de libris sanctarum Scripturarum, découverts dans un manuscrit d'Orléans, puis dans un autre de Saint-Omer et publiés récemment par MM. P. Batiffol et André Wilmart comme une interprétation latine, assez libre, par Victorin de Pettau, de sermons réellement composés par Origène. M. G. Morin repousse cette attribution avec de bonnes raisons, semble-t-il, et croit pouvoir les attribuer à Grégoire d'Elvire, qui serait également l'auteur du De Trinitate du Pseudo-Vigile et du De fide du Pseudo-Ambroise. M. Weyman, dans le t. XI de l'Archiv für lateinische Lexikographie, a proposé d'attribuer ces homélies à Novatien. Il paraît certain qu'elles ne sont pas antérieures au Concile de Nicée; elles datent de l'époque des controverses ariennes. C'est un nouveau chapitre d'histoire littéraire chrétienne qu'il s'agit d'écrire sur Grégoire d'Elvire.

ITALIE

Le comte Angelo de Gubernatis a fêté le 6 avril dernier son jubilé universitaire. A cette occasion il a publié sous le titre Fibra, pagine di ricordi un beau volume de souvenirs de sa vie, tout pleins de cet enthousiasme, de cette générosité d'esprit qui pénètrent toutes ses œuvres, scientifiques, littéraires ou morales. Les années s'accumulent sur ce corps frêle sans qu'il en sente le poids; M. de Gubernatis reste jeune de cœur et d'esprit dans sa dernière publication comme dans celles de ses premières années.

A l'occasion de cet anniversaire une admiratrice du professeur et de l'écrivain, une « disciple » qui a voulu garder l'anonyme, a publié à Rome, en français, un recueil considérable de pensées, glanées dans les très nombreux écrits de M. de Gubernatis. Elle l'a intitulé Etincelles, parce que ces pensées sont destinées à susciter à leur tour le noble feu de l'enthousiasme dans d'autres âmes. Elles sont groupées sous seize rubriques différentes: Dieu, Religions, Mythologie, Idéalité et Poésie, etc. Une introduction à l'honneur du maître, une liste de toutes ses publications précèdent le recueil. Un choix de quelques lettres puisées dans la collection de 20.000 pièces de correspondance déposées par M. de Gubernatis à la Bibliothèque Nationale de Florence et qui ne seront rendues accessibles au public qu'après sa mort, clôt le volume.

Tous les amis des belles-lettres et de la science généreuse et libre s'associeront aux vœux qui lui sont parvenus de toutes les parties du monde.

J. R.

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P. 108, avant-dernière ligne.

109, 1. 33, au lieu de 124, 1. 7, au lieu de 135, 1. 10 au lieu de 280, 1. 28, au lieu de:

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Avant un peu, lire de trouver.
que, lire dont.
rivalité, lire révolte.

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ils, lire : il.

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Peschita, lire: Peschito; au lieu de Ijob, lire Hiob.

TABLE DES MATIÈRES

DU TOME QUARANTE-ET-UNIÈME

ARTICLES DE FOND

Pages.

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MÉLANGES ET DOCUMENTS

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29

A. Löwenstimm. Aberglaube und strafrecht (M. Mauss)

Pages.

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M. Klimo. Contes et légendes de Hongrie (L. Marillier).

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133

T. André. L'Église évangélique réformée de Florence depuis son origine
jusqu'à nos jours (A. Reyss).

138

R. E. Dennett, Notes on the folk-lore of the Fjort (French Congo). M.
H. Kingsley. West-African studies (L. Marillier)

-

220

E. A. Wallis Budge. The Book of the Dead (E. Amélineau).
R. Brown. Researches into the origin of the names of the primitive cons-
tellations of the Greeks, Phoenicians and Babylonians, vol. I (H. Hubert).

237

240

R. Garbe. Sânkhya und Yoga (A. Foucher).

W. C. Addis. The documents of the Hexateuch (X. König).
Th. Tyler. Ecclesiastes (C. Piepenbring).

E. Revillout. Le concile de Nicée d'après les textes coptes et les diverses
collections canoniques (P. Batiffol).

-

A. J. Mason. The mission of Saint Augustine to England (J. Loth)
Analecta Bollandiana, t. XVIII. Catalogus codicum Hagiographico-
rum græcorum bibliothecæ Vaticanæ. Bibliotheca hagiographica
latina antiqua et mediæ ætatis (A. Dufourcq)

A. Marignan. Études sur la civilisation française. I. La société mérovin-
gienne II. Le culte des saints sous les Mérovingiens (A. Dufourcq)
A. Debidour. Histoire des rapports de l'Église et de l'Etat en France de
1789 à 1870 (H. Hauser)

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H. G. Elhorst. De profetie van Amos (G. Dupont).

F. Field. Notes on the translation of the New Testament

Rubens Duval. La littérature syriaque (Fr. Macler)

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