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entendus en un sens astral. Bethlée « maison du pain »>, est identique à la constellation de la Vierge, où se trouve l'Epi. La croix de Jésus est la voie lactée, arbre du monde. Luc, plus habile astronome que Matthieu, sait qu'un des Chiens célestes se rapproche de la voie lactée quand l'autre s'en éloigne : d'où le contraste entre les attitudes qu'il prète à ses deux larrons. Voilà comme il sait créer! Dante lui vient à peine à la hanche (p. 75). Goethe lui-même n'a point de conceptions aussi élevées que les siennes (p. 421).

C'en est assez pour nous convaincre que les textes évangéliques sont des « palimpsestes» (p. 280, 319). Je crains seulement qu'on ne perde beaucoup de temps à les lire.

Matériellement, le volume est admirable belle impression, nombreuses gravures, curieuses planches astronomiques ou de mythologie astrale. Magni passus, mais si loin de la terre, en plein ciel!

F. NICOLARDOT.

FREDERIC MACLER. Rapport sur une mission scientifique en Arménie russe et en Arménie turque (juillet-octobre 1909) (extr. des Nouvelles archives des Missions). Un vol. 8° de 135 pages avec pl. Paris, Imprimerie Nationale, 1911. Ce rapport de mission résume une enquête sur l'activité des Arméniens, et principalement leur activité littéraire, au lendemain de la proclamation de la Constitution en Turquie. Un séjour à Etchmiadzin a été employé par l'auteur au dépouillement des vieux évangiles datés et à rechercher sur quel original, grec ou syriaque, fut faite la version actuelle de l'Évangile arménien. Si nombre de renseignements sont plus spécialement destinés aux spécialistes arménisants, l'historien des religions orientales ne pourra négliger de consulter le rapport de M. Macler et il y trouvera, sur l'état actuel du culte arménien, sur les survivances du folklore, sur les sanctuaires anciens et modernes, des renseignements abondants, précis et sûrs qu'il chercherait vainement ailleurs. L'attention sera particulièrement attirée par l'exposé des origines du christianisme en Arménie d'après les recherches de M. Galoust TèrMkrttchean. Le Christianisme aurait pénétré dans cette contrée avant Grégoire l'Illuminateur, apporté du sud par les Syriens. L'évêque Albianos aurait joué un rôle important avant Grégoire, M. Macler voit dans la réfutation de la doctrine. des Marcionistes par l'écrivain arménien Eznik de Kolb (ive-ve siècle) un témoignage de l'existence d'une forme très ancienne du Christianisme en Arménie. Il est certain que les Marcionistes étaient nombreux et actifs en Syrie où l'on a retrouvé un de leurs sanctuaires daté de 318. Cette question est liée à l'invention de l'alphabet arménien et aux premières traductions des livres saints; elle ne pourra être élucidée définitivement qu'après de minutieuses collations. En attendant, il faut féliciter M. Fr. Macler de l'abondante moisson qu'il a recueillie en Arménie et du savant rapport, fort bien illustré, par lequel il communique les premiers résultats de ses patientes recherches.

R. D.

A. CLARENCE FLICK. The Rise of the Mediaeval Church. New-York et Londres, G. P. Putnam, 1909, un vol. 8o de xin-623 pages.

Ce gros livre de très honorable vulgarisation est essentiellement l'œuvre d'un professeur: M. A. Cl. Flick est en effet chargé, à l'Université de Syracuse (Kansas), d'enseigner l'histoire de l'Europe. Il se rattache à l'école de H. C. Lea, c'est-à-dire qu'il n'épargne ni son temps, ni sa peine pour asseoir chaque page qu'il écrit sur une solide base bibliographique et qu'il utilise documents originaux et ouvrages de seconde main avec l'abondance un peu tumultueuse de l'illustre historien de Philadelphie. Malgré des défauts de composition et de mesure, le livre de M. F. est appelé à rendre des services pédagogiques aux étudiants américains; il met en formules claires bien des idées longuement controversées dans les Universités d'Europe. M. F. ne dissimule pas que son ambition a été de « séculariser » l'histoire de l'Église, que l'enseignement aux États-Unis a peut-être persisté à croire pure matière théologique. L'auteur de ce manuel car c'est, en dernière analyse, un manuel sous un titre à la Pfleiderer doit à la science allemande une bonne part de ses orientations critiques en tête de son livre il paie loyalement son tribut de reconnaissance d'abord à M. Harnack, et encore à MM. Nippold, Loofs et Hauck. Mais leurs travaux ont surtout servi à établir la doctrine personnelle de M. F.; il propose aux étudiants une bibliographie sensiblement plus exotérique où figurent, outre des source-books assez nombreux, des manuels de valeurs diverses (et Darras lui-même !).

P. A.

V. VEDEL.

Heldenleben - Mittelalterliche Kulturideale J.-Rit

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Leipzig, Teubner,

- M. V. Vedel, de l'Uni

terromantik Mittelalterliche Kulturideale II. 1910-1911, 2 vol. in-12 de v-138 et de iv-170 pages. versité de Copenhague, nous donne, dans ces deux volumes de la collection Aus Natur und Geisteswelt, les deux premières parties d'une tétralogie où selon lui, peut s'inclure tout l'idéal de la civilisation médiévale. De cet idéal, selon M. V., les Haupttypen seraient le héros (guerrier), le chevalier courtois, l'homme d'église (le moine surtout), le bourgeois et c'est cette division, un peu bien simpliste, qui commande les aperçus, d'ailleurs ingénieux et d'une érudition étendue, que M. V. nous offre sous des rubriques non dénuées de romantisme «< Juventus mundi » (II), « Von der Baronenburg bis zum Ritterhof » (II), etc. De lecture très agréable et très accessible au plus vaste public, ces deux petits livres peuvent avoir leur utilité scientifique : çà et là l'emploi (souvent intempérant) de la méthode comparative soulève d'un mot une question, jette au hasard une hypothèse... Nous attendons avec une curiosité que nous ne cherchons pas à dissimuler le livre III: « Kirchliches, insbesondere klösterliches Leben ».

P. A.

A. BIANCONI,

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Girolamo Savonarola, giudicato da un suo contemporaneo. Documenti inediti di Tommaso Sardi. Publicati da Alfredo Bianconi. Rome, L. Loscher, 1910, un vol. 8° de XLVIII-92 pages. Ces documents nédits sont essentiellement constitués par un poème de Tommaso Sardi, conservé en manuscrit dans l'Archivium generale des Dominicains; M. A. B. en publie, avec des notes abondantes et précises, toute la partie où il est question de Savonarole Ce poème, de souffle assez court, est intitulé l'Anima Peregrina; il a des prétentions à la grandeur dantesque et fait tout au plus songer à Bunyan, L'âme pèlerine traverse le Paradis, les Limbes, le Purgatoire, l'Enfer, puis contemple face à face les sept sacrements. L'auteur est bon théologien, nourri de Dante et de Pierre Lombard; il ne cache pas que son poème est écrit à la gloire de l'Église romaine et de Jean de Médicis, le futur Léon X. Au cours de ses voyages, l'âme rencontre Charles VIII, Ludovic le More, Jean de Médicis et Savonarole. L'auteur avait été témoin oculaire de la scène du 23 mai 1498. Il y fait des allusions sans grand intérêt historique et place dans la bouche du fr. Girolamo un discours emphatique sur la réforme que réclamait l'Église de son temps.

P. A.

G. BARZELLOTTI.-Monte Amiata e il suo Profeta (David Lazzaretti). Milan, Treves, 1910, un vol. 8° de xv-357 pages, avec quatre planches en couleur et 49 gravures. Lorsqu'il parut à Bologne en 1885 (2a éd. en 1886), e livre de M. Barzellotti provoqua une émotion assez vive dans le public italien qui connaissait mal les actes des Lazzarettistes et les circonstances où le prophète d'Arcidosso avait trouvé la mort. Éloquent, ému et pourvu d'une inattaquable documentation locale, ce livre dont la maison Treves donne une nouvelle édition impatiemment attendue, renseigna bon nombre d'esprits curieux d'histoire religieuse sur ce rêve montaniste éclos en une bourgade de Toscane au dernier quart du XIX° siècle. Renan écrivit alors à l'auteur: «< Le mouvement galiléen du 1er siècle de notre ère et le mouvement ombrien de François d'Assise en reçoivent de très vives lumières ». On jugea désormais avec plus de sang-froid que les juges du procès de Sienne la personnalité étrange de David, ancien garibaldien promu par révélation divine aux fonctions de chef d'une communauté messianique et abattu par le coup de fusil d'un carabinier royal au moment où, à la tête de sa colonie mystique, il marchait, étendards au vent, vers la terre promise aux saints.

Certains survivants du Lazzarettisme ont à ajouter ou à corriger au livre de M. B. c'est du moins ce que nous apprend un article paru dans la Voce de Florence un peu avant que ne parût la nouvelle édition (no 51, décembre 1909). Tel qu'il est, ce livre mériterait grandement d'être connu en France, à travers une traduction ou une adaptation (qui l'écourterait çà et là). Nous croyons savoir que l'attention de M. Paul Sabatier s'est maintes fois portée sur le

Lazzarettisme et l'influence, mal connue encore, du Santo du Monte Amiata : l'adaptateur que nous souhaitons ne pourrait-il se rencontrer parmi les travailleurs que groupe l'influence de l'éminent historien de saint François ?

P. A.

F. UZUREAU.- Un Prêtre français pendant l'émigration. M. de la Corbière, chanoine d'Angers. Paris et Arras, Sueur-Charruey, in-8, 114 p. (Extrait de la Revue de Lille, 1909). — La déportation des religieuses angevines. Leur séjour à Lorient (1794-1795). Ibid., in-8°, 15 p. (Extrait du Prêtre, 28 janvier 1909).

On ne voit pas pourquoi ces deux publications ont été adressées à notre Revue. Absolument vides d'idées générales et de faits pouvant intéresser l'histoire des religions, elles ne peuvent présenter quelque intérêt que pour les spécialistes de l'histoire religieuse de la Révolution. Mais puisqu'on nous les envoie, il nous faut en accuser réception.

La première brochure contient des notes prises au jour le jour par un émigré pour « vaincre le plus cruel, le plus dangereux ennemi » qu'il ait rencontré, «< l'oisiveté ». La seconde est la relation des tribulations d'une ursuline, morte en 1849, à l'âge de 88 ans, relation écrite quarante ans seulement après les événements. Les deux auteurs étaient de bien braves gens.

Leurs papiers sont publiés avec le minimum de soins scientifiques. L'éditeur a fourré des notes là où elles sont inutiles, il les a omises là où elles auraient pu rendre service. Il a tiré d'un dictionnaire ce renseignement précieux : «< Granville, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Avranches (Manche) ». Mais il n'a point vérifié les noms géographiques étrangers; il les estropie honteusement, à les rendre méconnaissables. Il n'a pas cherché non plus, même dans son martyrologe, ce que pouvait bien être le personnage qu'il appelle << saint Evremont », dont l'émigré vit avec plaisir le mausolée à l'abbaye de Westminster et auquel, comme il dit, il paya le tribut dû à un compatriote.

A. HOUTIN.

CHRONIQUE

COMMUNICATION

Les livres sacrés des Yazidis.

La bibliographie déjà complexe des

Yezidis 1 vient de s'enrichir de deux nouveaux documents, bien singuliers, les deux textes dont le R. P. Anastase Marie (La découverte récente des deux livres sacrés des Yezidis, dans Anthropos, t. VI, janv.-févr. 1911, pp. 1-40) a donné avec traduction, un fac-simile d'après calque.

Il ne saurait être question d'analyser ici le long et curieux récit de cette trouvaille tout au moins demanderions-nous à l'auteur de publier en photographie une des minutes qu'il a fait calquer de si périlleuse façon par les intermédiaires qu'il sut gagner successivement dans la « bibliothèque » qui se trouvait, dirent-ils, sur le mont Sinjâr (p. 3). Car il est impossible de se fier beaucoup à un calque ainsi obtenu et retranscrit.

Si nous passons à l'examen de ces deux textes, nons nous trouvons en présence d'une écriture alphabétique inconnue et bien étrange; grâce aux traductions arabes qu'il aurait trouvées ultérieurement, l'éditeur en publie la clé (p. 11). C'est un alphabet de 34 caractères qui, quoique destiné à noter des textes en vieux kurde, a conservé toutes les consonnes arabes. Cet alphabet est évidemment, l'éditeur l'a observé (p. 10), un alphabet artificiel, qu'on ne peut faire dériver ni du syriaque ni de l'arabe : un alphabet forgé. Mais à quelle époque, et dans quel but? Le procédé de fabrication a été bien hésitant, bien maladroit, tantôt suivant servilement l'alphabet arabe pour les points diatantôt embrouillant pour dépister le lecteur

critiques (cfr. ċ et 5,5),

les formes que l'écriture arabe donne comme identiques (cfr. b, b).

Quant à la traduction française de ces deux textes, qui seraient les deux livres sacrés des Yézidis, le Ktébi Jalweh » (Livre de Révélation), et le Mashaf Raš» (Livre Noir), on ne peut que regretter la hâte avec laquelle

1) Il peut être utile d'en rappeler ici les linéaments, en résumant les indications que nous a obligeamment fournies M. Etienne Combe, l'auteur du «< Culte du dieu Sin» après Lajard, Siouffi (1882 et 1885), Menant (1892), E. G. Browne (1895), Chabot (1896), Lidzbarski (1897), Mgr. S. Giamil (1900), Brockelmann (1901), Perdrizet (1903: ap. Bull. Soc. Geogr. Est avec bibliogra phie), Guérinot (1908), G. Jacob (1909) et Isya Joseph (Americ. J. of sem. L. L.: 1909, t. XXV-2). Ajoutons un rapport inédit de L. Krajewski, actuellement consul à Djeddah (Archives des Affaires Etrangères), et les huit articles du R. P. Anastase, parus à Beyrouth, dans « Al Machriq » en 1899; 'cf. Lammens, M. F. O., Beyrouth, 1907, t. II, p. 3ʊ6.

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