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pas à être persécuté par des prêtres intéressés, qui le jalousaient. Il quitta alors la ville, se rendit aux environs et y construisit une église en bois, avec l'autorisation du prince musulman. Ses ennemis le chargèrent de lourdes accusations, et l'émir ordonna de brûler l'église en bois et de jeter Jean dans le brasier. Celui-ci rendit immédiatement son âme, mais pas un de ses cheveux ne fut touché par la flamme. On lui coupa la main droite et on la porta au prince; la nuit, ses doigts brillèrent comme des lumières, et tout son corps devint lumineux. Son innocence fut ainsi manifestée; on l'enterra alors avec beaucoup d'honneurs dans l'église de la Sainte Mère de Dieu, l'an 1403.

On mentionne, au XVIe siècle, le martyre de Kokdja, à Sébaste', ainsi que ceux de Thathéos et de Hayrapet.

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A la même époque, le nouveau martyr, Khatchatour*, confessa la foi à Amid, qui est Tigranakert, ville que l'on nomme aussi Diarbékir. C'était un adolescent d'une vingtaine d'années, qui nourrissait son esprit de lectures pieuses. Il lut la vie des saints et eut soif du martyre. En souge, il assistait à son propre martyre. Un jour, en quittant ses parents, il leur dit je vais au marché et je crois que je ne rentrerai pas à la maison, car le Seigneur m'appelle. Insulté par un musulman, il se contenta de le mépriser et de proclamer la fausseté de la foi de ce dernier. La foule s'assembla et le jeune homme fut traduit devant les tribunaux. Le juge lui conseilla de renier sa foi pour sauver sa vie Après de longues prières et des menaces sévères, le juge prononça la sentence Les bourreaux se saisirent de Khatchatour, lui écorchèrent le haut du buste; puis, munis de hachettes, ils lui brisèrent les bras et les péronés, et le lais

1) Text arménien dans le s. 805 de Berlin; cf. mes Nolices..., dans lournal asiatique, 1913, II, p. 617.

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4) Texte arménien dans AUCHER, Vie des saints, XII, p. 217-218, traduction française apud BROSSET, Collection d'historiens arméniens (Saint-Pétersbourg, 1874), t. I, p. 519-523.

sèrent ainsi jusqu'au soir. Les prêtres lui envoyèrent la sainte Communion, cachée dans un morceau de pain. Il la prit et mourut aussitôt. Une vive lumière éclaira son corps; puis, sur l'ordre du juge, on l'enterra avec l'assistance des chrétiens de la ville, le 20 août 1652.

Enfin, je rappellerai pour mémoire que Siroun fut martyrisé en 1655', que Mkhithar le fut la même année, et qu'Avétis fut glorifié par le Christ en 16563, après avoir subi les tourments les plus inimaginables.

Je m'excuse d'avoir retenu si longtemps votre attention sur un sujet qui pourra paraître à quelques-uns dénué d'intérêt historique, et j'arrêterai là cette énumération.

Un enseignement, et d'ordre historique, se dégage cependant de ce long martyrologe arménien, et l'interprétation psychologique de la légende jette heureusement quelque jour sur les données de la tradition, sinon sur celles de l'histoire. C'est notamment le cas pour les deux premières des périodes que nous avons envisagées.

Si peu explicite que soit l'histoire de l'Arménie, on peut inférer, de certains renseignements épars chez les écrivains, que le Christianisme est entré en Arménie, par le Sud, par l'intermédiaire des Syriens. Ce Christianisme était venu de Palestine, en passant par Antioche. Il avait comme centre religieux le Taron. Un évêque, Albianos, occupe une place à part dans cette chrétienté méridionale. Or tous les écrivains arméniens, actuellement connus, ont subordonné l'œuvre d'Albianos à celle de Grégoire l'Illuminateur+.

1) Voir le récit qu'en donne Araqél de Tauris, apud BROSSET, Collection d'historiens arméniens (Saint-Pétersbourg, 1874), t. I, p. 523-525.

2) Cf. ARAQEL, ibid., p. 525-527.

3) Cf. ARAQEL, ibid., p. 527-529.

4) Je me permets de renvoyer le lecteur à ce que je dis à ce sujet dans mon Rapport sur une mission scientifique... (Paris, 1911), in-8, p. 19 et suiv.

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La légende de Sandoukht, de Sanatrouk, de Thaddée concerne l'Église arménienne du Sud; tandis que l'Église de Grégoire l'Illuminateur est du Nord, de Césarée de Cappadoce. Grégoire était le missionnaire d'une province de la HauteArménie, Erzeroum; toute sa vie et ses œuvres se sont passées là, et non à Etchmiadzin; il n'a aucun rapport avec la légende primitive de Ripsimê, d'Etchmiadzin. La légende de la version arabe d'Agathange le montre comme le missionnaire d'Erzeroum. des Laz, des Ibères. Au contraire, les Géorgiens de l'Est (Tiflis) sont liés avec les Arméniens du Sud par les légendes de Nounê et de Ripsimê. Ces légendes montrent le lien étroit qui unissait Etchmiadzin et Tiflis d'une part, et, d'autre part, la parenté du christianisme entre la Haute-Arménie. le Lazistan et l'Iméréthie.

Pendant le ive et jusqu'à la fin du ve siècle, cette rivalité d'influence entre les Grégorides et les Albianides se partage l'Arménie. La maison de Grégoire, de ses successeurs et de ses disciples, se tient dans la sphère d'influence grecque de Cappadoce.

La maison d'Albianos semble représenter l'ancienne chrétienté arméno-syriaque. Or, tous les historiens de cette époque sont de l'école de Sahak, Ils tiennent les intérêts de la maison de Grégoire l'Illuminateur et de la théologie cappadocienne. Nous n'avons aucun représentant de l'école d'Albianos. Celleci disparaît, étouffée par celle de Grégoire.

par

Et ce que semble nous apprendre l'histoire paraît confirmé la légende hagiographique. A part quelques vies de saints et quelques actes de martyrs, que l'on estime pouvoir reporter à l'époque de l'influence syrienne sur l'Arménie, tout le développement ultérieur de la littérature arménienne hagiographique dérive apparemment de l'école de Grégoire l'Illuminateur et de ses successeurs. L'accord semble bien établi entre la légende et ce que l'on peut tenir pour historique dans les récits des premiers écrivains de l'Arménie. Il n'était pas sans intérêt de le signaler, en attendant l'étude critique des sources sur

lesquelles on édifiera un jour le monument historique de l'Arménie.

Jusqu'à ces dernières années, une grande partie de la littérature arménienne hagiographique n'était pas traduite. C'était un champ d'investigation fermé aux non arménisants. Ce ne sera bientôt plus le cas. Lorsque la traduction du synaxaire arménien, publiée sous la haute direction de Ms Graffin, aura achevé de paraître, ce jour-là quiconque le désirera pourra consulter aisément cette Légende dorée arménienne, et faire les rapprochements souhaitables entre l'histoire et la légende.

Ce jour-là aussi, Jacques de Voragine aura bien mérité de l'histoire.

Frédéric MACLER.

LES ANIMAUX EXCEPTIONNELS

DES STÈLES DE CARTHAGE

INTRODUCTION.

La présente notice est destinée à former avec six autres, si j'arrive à les publier malgré la défaillance lamentable où est tombée en France la presse intellectuelle, une monographie générale des animaux dans l'imagerie des stèles votives de Carthage'; ici, je passe en revue par ordre alphabétique ceux que j'appelle exceptionnels parce qu'aucun d'eux ne figure à ma connaissance sur plus de trois ex-voto.

Sauf indication contraire, la description des stèles ira toujours de haut en bas et de droite à gauche, sens de l'écriture phénicienne.

PRINCIPALES ABREVIATIONS

BAC. Bulletin archéologique du Comité.

CIS.1. Corpus inscriptionum semiticarum, pars prima.

CB. Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

DA. Saglio et Pottier, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.

DB. N. Theil, Dictionnaire de biographie, mythologie, géographie anciennes. GE. Grande Encyclopédie.

HA. Perrot et Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité.

NA. L. Müller, Numismatique de l'ancienne Afrique.

NL. Nouveau Larousse illustré.

RA. Revue archéologique.

RE. Pauly, Walz, Teuffel, Real-Encyclopädie der classischen Alterthums-Wissenschaft.

RÉS. Répertoire d'épigraphie sémitique.

RT. Revue Tunisienne.

Les dates antérieures à l'ère chrétienue sont précédées du signe

1) 1o Le bélier de Baul-Hammon, RA., 1921, t. XIII; 2o Les animaux des stèles de Carthage Le bélier, RT., t. XXVI, 1919; 3° La colombe, RT., t. XXVI et XXVII, 1919-1920; 4° Le poisson, en préparation; 5o Le taureau, sous presse; 6o Le naja haje, RT., t. XXVIII, 1921; 7° Le présent mémoire.

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