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Il paraît vraisemblable que le coq des deux stèles ci-dessus symbolise Tanit comme le poisson de la seconde.

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Philippe Berger, Les ex-voto du temple de Tanit, à Carthage, p. 20.

On ne voit pas au Corpus la stèle sur laquelle Berger signale << un cygne qui mange du grain dans un thymiatérion »; elle doit donc être anépigraphe; si la pierre n'a pas péri, elle est au Musée Guimet. L'éminent orientaliste ajoute : « Cette figure peut exciter quelques doutes; on serait tenté d'y voir une autruche; mais je me suis laissé guider, ici comme ailleurs, par la comparaison des monuments analogues. Les monnaies de Marium au type d'Astarté portent fréquemment un cygne sur le revers; l'un de ces cygnes même présente certains traits qui le rapprochent, beaucoup du nôtre; il a les ailes fermées, le dos fuyant, et il tient le bec au dessus d'un petit autel où se trouvent des mets. Le cygne d'ailleurs, comme l'a rappelé le duc de Luynes, était l'oiseau consacré à Vénus, c'est lui qui, sur un bas-relief du Musée de Florence et sur les médailles de Camarina, transporte la déesse de l'Océan à l'Olympe; il était connu à Carthage, si nous en croyons Virgile dont l'exactitude scientifique est rarement en défaut (Aeneid. I, v. 392). »

Je ne me souviens pas d'avoir vu une seule amulette punique en forme de cygne, mais le mobilier funéraire carthaginois renfermait une lamelle d'ivoire « sur laquelle est gravé au trait excessivement fin un cygne les ailes déployées », une cuiller à encens en bronze dont la tige est recourbée à son extrémité en forme de tête de cygne', deux étuis amulettes

1) Delattre, Deux sarcophages anthropoï les en marbre blanc, CR., 1903, p. 19 [9], Les grands sarcophages anthropoï les, p. 9 a, 10 a et fig. 21.

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d'argent et des manches d'ivoire ornés de cette tête, une spatule en ivoire à extrémité en col de cygne', et surtout de nombreux rasoirs rituels en bronze, de style égyptisant pour la plupart, dont la poignée est invariablement formée de la tête et du cou de cet oiseau'; le personnage d'une figurine de terie cuite porte sur les épaules un poisson dont la queue se termine en tête de cygne.

Un masque punique trouvé en Sardaigne est tatoué d'une barque à tête de cygne 5.

Le cygne et l'oie, qu'il n'est pas toujours aisé d'en distinguer, sont souvent représentés sur les vases grecs à figures noires qu'on trouve dans les tombes les plus anciennes de Carthage".

En Judée, le cygne était tabou'. Je ne sais s'il avait un rôle religieux en Égypte, mais l'oie y était Sibou, le dieu Terre 8; c'était aussi la monture d'Harpocrate et on la sacrifiait à Isis9.

Les rasoirs scandinaves de l'âge du bronze étaient terminés en col de cygne ou en tête de cheval; à cette époque, le cygne était dans toute l'Europe le principal symbole ou attribut du

1) P. Gauckler, Note sur des étuis puniques à lamelles gravées, en métal pécieux: CR., 1900, p. 178, 191 [2, 16]. Les nécropoles puniques de Curthase, t. I, no 186 p. 74, p. 152.

2) L. Drappier, La nécropole puntque d'Ard el-Kheraïb, à Carthage. n° 2, RT., 1. XVIII, 1911, p. 139 [4].

3) Une Bibliographie du rasoir punique que j'ai dressée est trop longue pour que je la donne ici.

4) Delattre, Carthage: Nécropole punique voisine de Sainte-Monique, troisième mois des fouilles (extr. de Cosmos), s. d. [1900], p. 15 a.

5) Gauckler, 1. l., p. 22, note.

Nisard, 1843, p. 407 b.

Cf. Apulée, à la suite de Pétrone, éd.

6) Delattre, La nécropole punique de Douïmès, fouilles de 1893-1894, fig. 10. 12, 32, 38, 49, p, 5, 6, 19, 21, 26, La nécropole punique de Douïmès, 1895 et 1896, fig. 16, 85, p. 35, 131.

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8) Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient classique, t. I, p. 8687 et fig.

9) Georges Lafaye, art. Harpocrate, DA., t. III, part. I, p. 13 b et fig 3705,

soleil'; il est également l'emblème de cet astre dans le Véda. Une bractée d'or de la nécropole de Mycènes figure deux cygnes affrontés. Une monnaie de Clazomènes, en Asie Mineure, a le cygne au revers'.

En Grèce, cet oiseau désigne parfois Léda ou Némésis, mais est aussi consacré à Apollon et à Aphrodite, et l'Artémis Persique a quelquefois pour attributs deux oies ou deux cygnes qu'elle tient par le cou; c'est ainsi, par exemple, qu'elle est représentée sur un joli vase grec de la nécropole de Carthage du VII au ve siècle".

Quelle divinité le cygne vu par Philippe Berger symbolise-til? C'est difficile à dire. Par ses antécédents, il conviendrait également à Tanit et à Baal-Hammon; peut-être s'adressait-il aux deux, combinaison avantageuse et bien dans la mentalité des Carthaginois.

$7. -L'ELEPHANT.

Encore une représentation unique :

Philippe Berger, Les ex-voto du temple de Tanit, p. 18 et fig. p. 19; CIS. I, 182, t. I, p. 282, 290, pl. XLV.

La pierre a péri.

Stèle probablement à acrotères, côtés verticaux, mutilée en haut. Un seul registre?

1) Déchelette, Le culte du Soleil aux temps préhistoriques, p. 26-31 et fix, 1517, 19-21. Le col de cygne des rasoirs scandinaves et puniques est-il une simple coïncidence?

2) Schliemann, Mycènes, fig. 279, p. 263.

3) DB., fig. p. 191 a; NL., t. III, fig. p. 47 a.

4) R. Gadechens, art. Apollo, RE.. t. I, part. II, 2o éd., 1866, p. 1297; Scheiffele, art. Venus, ibid., t, VI, p. 2458; A.,-M. Berthelot, art. Apollon, GE., t. III, p. 356 b; art. Divination, ibid., t. XIV, p. 720 a; L. de Ronchaud, art. Apollo, DA., t. I, part. I, p. 311 a-b et fig. 367, p..312 b, 317 a, 320 b; Leon Heuzey, Les figurines antiques de terre cuite du Musée du Louvre, 1883, p. 14 et pl. 18 fig. 3; Lang, Mythes, cultes et religions, p. 508.

5) P. Paris, art. Diana, DA., t. II, part. I, p. 152 b, 155 b; Delattre, La nécropole punique de Douïmès, 1893-1894, fig. 32, 38, p. 19, 21.

Au fronton, traces très confuses d'un symbole qui paraît n'être ni la main levée, ni le croissant sur le disque; peut-être le séma sur l'autel à gorge?

Dédicace usuelle, suivie de la formule parce qu'ils ont entendu sa voix, ils l'ont béni; dédicant, Bod-'Astart, fils de Hi-Milk, fils de Ba'al-Maleak.

Éléphant à gauche, au trait. « Il a, dit Philippe Berger, le front fuyant et les oreilles en éventail qui distinguent l'éléphant d'Afrique de celui d'Asie. »

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La nécropole des rabs (du - IV au siècle) renfermait la moitié supérieure d'une statuette de terre cuite représentant << une déesse assise sur un siège à large dossier; la coiffure échancrée laisse soupçonner l'intention de figurer une tête d'éléphant, qui se reconnaît à la trompe entre les défenses; c'est ainsi que l'on représentait l'Afrique »'.

Dans les colliers du - IVe siècle au 11, on voit assez souvent des amulettes en forme d'éléphant; une d'elles porte une inscription hiéroglyphique, mais le R. P. Delattre fait remarquer que l'éléphant est une amulette très rare en Égypte (où, par extraordinaire, cet animal n'a point été déifié1).

Une minuscule pièce d'argent de la nécropole des rabs porte au revers un éléphant à droite. Du reste « les monnaies de

1) Delattre, Note sur une nécropole punique voisine de Sainte-Monique, BAC., 1903, p. 269 [10] et pl. XXIV n° 1. (Dans le dessin, on ne distingue ni trompe ni défenses).

2) Delattre, Nécropole puniqne le la colline de Saint-Louis (extr. des Missions catholiques), 1896, p. 69, La necropole des rabs, 3o année,. p. 38 bet fig. 90; Gauckler, dans BAC., 1900, p. cxxx, CXLI, CALIV, Note sur des étuis puniques à lamelles gravées, C R., 1900, p. 201 [26], Les nécropoles puniques de Carthage, t. I. nos 128, 143, 158 186, 192, 199, 209, 311 (?), p. 42, 47, 56, 76, 80, 85, 89, 133; Merlin et Drappier, La necropole punique d'Ard ei-Kheraïb, n° 67. p. 62; Merlin, Note sur des tombeaux puniques découverts à Carthage en 1916. BAC, 1917, no 25, p. 147, Fouilles de tombeaux puniques à Carthage, BAC, 1918, nes 4, 39, p. 318, 329.

3) Delattre, La nécropole des rabs, 3′ année, p. 15 b, Pouilles exécutées dans la nécropole punique voisine de Sainte-Monique (extr. de CR., 1901), p. 18.

Carthage, ainsi que celles des rois de Numidie et de Maurétanie, ont souvent pour type l'éléphant de guerre monté quelquefois par un cornac1»; on voit encore un éléphant à gauche, monté, sur une médaille de Philippe l'Arabe (244-249). Mais Carthage n'eut d'éléphants qu'après la mort d'Alexandre ( — 323), à l'imitation des rois grecs de Syrie et d'Égypte3.

L'éléphant était déjà représenté dans les gravures rupestres de Berbérie. En Assyrie et en Égypte, il était connu très anciennement, mais comme animal exotique apporté en tribut'. Cependant, dès la ve dynastie égyptienne et sans doute avant (— III• millénaire), l'île d'Éléphantine portait le nom d'Abou (Eléphant), ce qui semblerait déceler un mythe, et ce nom était représenté dans l'écriture hiéroglyphique par l'image du pachyderme. Il serait intéressant de rechercher si celui-ci se montre en amulette dans les sépultures égyptiennes avant les Ptolémées, qui introduisirent em Égypte l'éléphant de guerre.

Au revers d'une monnaie libyenne de Ptolémée Soter (-323 à 285), Zeus Ammon est dans un char traîné par quatre élé

1) E. Babelon, art. Eléphant, III, GE., t. XV, p. 814 a; Prudhomme. Note sur une monnaie numide inèdite, dans Recueil des notices el mémoires de la Société archéologique du département de Constantine, t, XXVI, 1890-. 1891 (1892), p. 451 et fig.; NA, t. II, no 37, p. 61, t. III, nos 3, 16-18, 43, 44, 55, 56, p. 9, 17, 27, 34, 42-45 (Müller n'attribue pas à Carthage de monnaie à l'éléphant).

2) DB., fig. p. 461.

3) Babelon, Carthage, p. 64, Une médaille romaine commémorative de la victoire remportée en Sicile par Métellus sur les Carthaginois (251) montre le triomphateur sur un char attelé de deux éléphants (NL., t. Vl, fig. p. 58 c). 4) L. Bertholon, L'année anthropologique nord-africaine, RT., t. IX, 190%, p. 310, 320; E.-T. Hamy, Note sur quelques antiquités découvertes par M. E.-P. Gaultier dans les vallées de la Sousfana et de la Saoura, CR., 1905, p. 251; Carton, Chronique d'archéologie nord-africaine, RA., t. X, 1903, p. 72; Dixième chronique archéologique nord-africaine, RT., t. XX, 1913, p. 117 [15].

5) Babelon, art. Eléphant, GE., t. XV, p. 813 a.

6) Maspero, art. Eléphantine, NL., t. IV, p. 108 b; art. Elephantine, GE., t. XV, p. 816 b,

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