Slike strani
PDF
ePub

du Iv siècle avant notre ère', une déesse, Latone, est assise sur un siège à dossier; à ses pieds dort un petit personnage, le fidèle, de proportions réduites comme il convient; le palmier atteste qu'il s'agit d'une incubation apollinienne'; la déesse était sans doute en compagnie de ses enfants Apollon et Artémis dans la partie gauche du relief.

L'événement a-t-il quelque réalité? Atia est-elle venue au temple d'Apollon pour y quêter un songe et l'annonce d'un fils, comme le faisaient tant de futures mères'? Nous ne le savons pas; il se peut que ce ne soit qu'un élément purement légengendaire, qu'on rencontre dans d'autres récits de conceptions miraculeuses, où la mère croit voir le dieu lui annoncer un fils et pénétrer dans son sein.

27. Le serpent d'Apollon, père d'Octave.

L'apparition du serpent procréateur dans le sommeil de l'incubation n'est pas rare'; c'est l'image animale du dieu du temple, et c'est ici Apollon lui-même.

On sait que la conception par le serpent divin est un thème très fréquent, idée dérivant de l'assimilation du reptile avec le phallus', du culte des ancêtres sous forme de serpents, et des relations séculaires de cet animal avec la femme, qui survivent dans le folklore moderne".

1) Degas, Bulletin de Correspondance hellénique, 1910, p. 233 sq., pl. VIII; Rev. des ét, grecques, 1911, p. 181-2.

2) Bulletin de Correspondance hellénique, 1910, p. 236 sq. 3) Ex. à Epidaure, Defrasse-Lechat, Epidaure, p. 142 sq.

4) Defrasse-Lechat, Epidaure, p. 138 sq.

5) Saintyves, Les Vierges mères, p. 122 sq.; Van Gennep, Mythes et Légendes d'Australie, p. LI; Pareto, Traité de sociologie genérale, I, 1917, p. 488, note; Journal asiatique, 6, 1875, p. 166, note; Rev. hist. rel., 1914, LXIX, p. 348.

6) Harrison, Themis, p. 268; Eisler, Weltmantel und Himmelszelt, I, p. 123, note 4, référ.; Sénard, Essai sur la légende de Bouddha (2) p. 402, note 2. 7) Reinach, La femme et le serpent, L'Anthropologie, 1905, 16, p. 178; id., Cultes, II, p. 396 sq.: Ellis, Pudeur, p. 386 sq.; Schobel, Le mythe de la femme et du serpent, 1876; Rev. hist. rel., 1915, LXXI, 20-1; Cosquin, Contes populaires de Lorraine, II, p. 225, 226, 227, 228.

[ocr errors]

Les miracles d'Epidaure offrent des exemples analogues à celui d'Atia : « Nicasiboula de Methana. Cette femme en dormant eut un songe; il lui semblait que le dieu appelait auprès d'elle un grand serpent et qu'elle était avec ce serpent; après quoi il lui vint dans l'année deux garçons1».

«Andromède de Cos. Cette femme qui voulait avoir des enfants s'endormit et eut un songe. Il lui semblait que dans son sommeil un serpent était venu sur son ventre. Et après cela il lui vint cinq enfants' ».

Olympias, mère d'Alexandre le Grand, conçoit du serpent de Zeus Ammon, secret qu'elle révèle à son fils seul'. Plus d'un héros romain a une telle origine, et c'est entre autres le cas de Scipion'.

Apollon, sous l'aspect de son animal sacré, est le père d'Octave, et le serpent qui entoure la coupe de Genève, où sont illustrés les exploits d'Apollon-Octave, en même temps qu'il est le serpent cosmique, rappelle cette divine origine. Que de héros fils du Soleil et d'Apollon! N'en est-il pas ainsi de Pythagore, parfois confondu avec ce dieu et adoré sous ce nom à Crotone? de Platon, dont la mère fut fécondée en songe, tout comme Alia, par Apollon"?

28. La marque divine.

A son réveil, Atia aperçoit sur son corps une marque ressemblant à un serpent qu'elle ne put jamais effacer'. Le dieu a marqué la mère à son image, détail de la légende qui n'a assu

1) Defrasse-Lechat, Epidaure, p. 148, no 42.

2) Ibid., p. 148, no 39.

3) Cf. Saintyves, Les Vierges mères, p. 124-5, 221 sq.

4) Cf. Saintyves. op. l., p. 126, note 1. Il est inutile de dire que ces

« légendes passèrent d'ailleurs (de Grèce) chez les Romains »; ce sont des thèmes mythiques universels et sans filiation nécessaire.

5) Saintyves, op. l., p. 229.

6) Ibid.

7) Suétone, Aug., 94.

rément rien de réel, mais qui conserve le souvenir d'un rite encore en usage à cette époque. Les fidèles des cultes antiques tatouent leurs corps à l'emblème de la divinité dont ils se réclament, car le tatouage est un signe d'union, de communion avec le dieu, de dépendance, de soumission à son égard'. Le dionysiaste se fait marquer d'une feuille de lierre, celle de Dionysos, dieu agraire de la végétation, et tout d'abord dieulierre; le tatouage des femmes dionysiaques de Thrace est le chevreau, autre forme de Dionysos'. On pourrait citer de nombreux exemples parmi les populations barbares, comme chez les Grecs et les Romains, de ce tatouage religieux qui a survécu dans le christianisme'.

Le fidèle porte cette marque en divers endroits de son corps : joue, front, poignet, nuque, jambe, cuisse. Atia, pour la dissimuler, s'abstient désormais de bains publics, c'est-à-dire des occasions de se dévoiler. On peut donc croire qu'elle porte ce tatouage sur la cuisse, ou, ce qui est encore plus vraisemblable, sur le siège de la maternité, sur le ventres. Un détail de la légende d'Alexandre, qui offre tant d'analogies avec celle d'Octave, permet de le supposer. Olympias ayant conçu à Abydos du serpent divin, Philippe rêve qu'il scelle le sein de sa femme avec un cachet portant l'emblème d'un lion. Elle aussi, Olympias, est tatouée rituellement, dans le songe de son époux, comme avec un de ces cachets de terre ou de métal qui

1) Sur le tatouage dans l'antiquité classique, cf. Dict. des ant. s. v. Nota; Perdrizet, La miraculeuse histoire de Pandore et d'Echédore, suivie de recherches sur la marque dans l'antiquité, Arch. f. Religionswiss., XIV, 1911, p. 54 sq.

2) Ex. peinture de vases, Journal of Hellenic studies, 1888, pl. VI; Wolters, Hermès, 1905, p. 265 sq.

3) Perdrizet, op. l., p. 101 sq.

4) Sur ces places, ibid., p. 107 sq.

5) A Epidaure, une femme désireuse d'avoir un enfant s'endort dans l'aba. ton; il lui semble que le dieu lui touche le bas-ventre; elle devient enceinte et accouche d'un fils. Defrasse-Lechat, Epidaure, p. 147.

6) Cf. Saintyves, op. 1. p. 124, note 1,

imprimaient la marque au fer rouge ou avec de la couleur. Si Atia est scellée au signe du serpent. Olympias l'est à celui du lion. l'animal qui annonce la royauté du héros, qui occupe une grande place dans les génitures royales des astrologues', et qui de plus, est le symbole du soleil, soit ici de Zeus Ammon, père divin de l'enfant'. Atia reçoit cette marque dans le temple d'Apollon, lors de l'incubation; c'est parfois, en effet, dans ce rite que le dieu manifeste sa puissance en marquant le dévot à son sceau les récits miraculeux d'Epidaure en font foi, entre autres celui du thessalien Pandare, auquel Asklepios enlève ses tatouages dans son sommeil, pour les imprimer sur le front d'Échédore*.

29.

-

Les songes de la grossesse. Le songe d'Atia.
Les entrailles et l'arbre cosmique.

De la conception divine à la naissance miraculeuse, songes et présages ne cessent d'annoncer à la mère et au père le rôle surnaturel du futur maître du monde'. Atia et Octavius ne sauraient manquer à cette loi. Atia rêve que ses entrailles s'élèvent jusqu'aux astres', s'étendant sur tout le ciel et sur toute la terre. Ce songe a été suggéré par les pratiques de la

1) Dict. des ant., s. v. Signum, p. 1328; Indicateur d'ant. suisses, 1919, p. 87 sq.

2) Bouché-Leclercq, L'astrologie grecque, p. 139, 438 sq.

3) Les rapports d'Alexandre avec le lion sont bien connus; dans le roman d'Alexandre, le lion vu en songe est ce héros, Maspero, Les contes populaires de l'Égypte ancienne (3), p. 266.

4) Perdrizet, l. c.

5) Saintyves, Les Vierges mères, p. 163 sq. Thème de la prédiction relative à la naissance des héros et des dieux. Les [songes prophétiques et les annonciations.

6) L'astrologie s'occupe aussi des entrailles humaines, Bouché-Leclercq, L'Astrologie, p. 324, note 2.

7) Suétone, Aug., 94.

divination par les entrailles', qu'Octave utilisa souvent. On rêve parfois, dit l'onirocritique Artémidore, qu'on est disséqué comme une victime, et on tire de cette vision des présages utiles'.

Qu'on remarque la forme d'extension des entrailles maternelles elles s'élèvent comme un tronc d'arbre et elles se répandent sur le ciel et la terre comme les branches de celui-ci. Le présage annonce que le fruit des entrailles, tel un arbre gigantesque, croîtra demesurément, et dominera l'univers'. Aux origines de l'expansion turque, un chef de cette nation voit en songe sortir de son corps, un arbre immense qui bientôt couvre de son ombre la terre et les mers, symbole de la grandeur future de sa descendance'.

Il y a une relation sympathique entre les entrailles humaines et l'arbre, dont témoignent encore certains rites et croyances modernes, attribuant aux arbres une influence bienfaisante sur la délivrance des femmes et sur la naissance des enfants. Les Grecs les partageaient peut-être déjà, puisque Leto, sur le point d'accoucher d'Apollon et d'Artémis, serre entre ses bras un palmier et un laurier. Partout aussi il y a une relation

8

1) Bouché-Leclercq, Hist. de la divination, I, p. 166 sq.; IV, p. 63. 2) Ex. sous les murs de Perouse où les ennemis enlèvent les entrailles des vicumes, ce qui fait retomber le présage sur eux; cf. Bouche-Leclercq, Hist. de la divination, IV, p. 72-3 (autres ex.).

3) Bouché-Leclercq, Hist. de la divination, I, p. 312.

4) M. Lasserre dit de Verdi, Mistral, J. H. Fabre, trois génies paysans : « Ils ont poussé comme des chênes au milieu de la place de leur village et ils ont poussé si haut que l'univers a salue leur frondaison ». L'esprit de la musique française, 1917, p. 141.

5) Journal des Savants, 1917, p. 158.

6) Les anciens Germains prononçaient la peine suivante contre celui qui enlevait l'écorce d'un arbre qui n'était pas abattu, et qui avait un caractère sacré on arrachait le nombrii du coupable, on le clouait sur l'arbre à la place où l'ecorce avait eté enlevee, puis on forçait le patient à faire le tour de l'arbre jusqu'à ce que ses intestins fussent enroulés autour du tronc, Frazer, Rameau d'Or, III, p. 3. p. 36.

7) Frazer, op. i., III,

8) Hartland, The legend of Perseus, II, p. 33 sq.

« PrejšnjaNaprej »