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suite de Saténiq, lorsque cette princesse vint en Arménie pour épouser le roi Ardachès. C'est alors qu'ils entendirent la prédication du prêtre Oski, et qu'ils furent baptisés par lui au bord de l'Euphrate, après avoir vu, de leurs yeux, le Christ luimême Leur chef se nommait Bahadras ou Baraqada; il reçut le nom de Souqias après son baptême. Les Sou iasanq menèrent la vie qu'avaient menée avant eux les Oskianq, et se retirèrent également dans la montagne Dzalkêo, ne vivant que d'herbes, c'est-à-dire de végétaux. Plus tard trouvant la vie. trop facile par suite de l'abondance des herbes, ils cherchèrent un endroit plus austère et se retirèrent dans la montagne Soukaw, district de Bagrévand Ils y vécurent 43 ans, menant une existence très dure, supportant, été comme hiver, toutes les intempéries, à telle enseigne que leurs corps ressemblaient à des boucs sauvages ou à des pierres couvertes de mousse.

A la mort de Cbapouh, roi des Alains, son successeur, Titianos, fit dire aux Souqiasanq, par son officier Barlaha, qu'ils aient à rentrer dans leur pays; en cas de refus de leur part, Barlaha devait les faire périr. Après les avoir interrogés, Barlaha les trouva fermes dans leur foi. Suivant l'ordre qu'il avait reçu, il fit empaler les Souqiasanq, puis il leur fit grésiller le corps, enfin on les acheva à coups d'épée, l'an 130 du Seigneur.

Cependant, deux des plus jeunes Souqiasanq, pris de peur, s'étaient cachés dans les montagnes. L'orage passé, ils revinrent pour enterrer leurs anciens compagnons. Mais ils ne les trouvèrent point, car Dieu lui-même les avait cachés, se réservant de révéler plus tard le lieu de leur sépulture. Les deux cénobites, peinés d'avoir été privés de la joie du martyre, menèrent une vie plus austère encore jusqu'au jour où ils moururent et furent enterrés par les paysans de l'endroit. Au lieu même où les Souqiasanq avaient subi le martyre, une source miraculeuse jaillit, opérant toutes sortes de prodiges et guérissant toutes les maladies,

II. Groupe des saints appartenant à l'époque de la conversion officielle de l'Arménie au christianisme. - Avant d'aborder l'exposé des différents cycles qui composent le groupe desi saints appartenant à l'époque de la conversion officielle, mention doit être faite d'un martyr isolé que la date assignée à son martyre reporte à l'époque de Tiridate et des persécutions que ce roi, à l'instar de Dioclétien, dirigea contre les chrétiens de son royaume.

La vie de saint Théodore Salahouni a été racontée par le P. Alichan, en une forme qui tient autant du roman que du récit hagiographique. Le résumé très succinct que je vous en proposerai suffira à montrer comment on procède en pareille circonstance'.

En 269, naquit Athénadore, qui ne tarda pas à devenir courageux comme son père Sourên, gracieux comme sa mère Alouitha. Il fut atteint, dès sa jeunesse, d'une maladie incurable. L'argent qui devait servir aux plaisirs de Sourên et aux parures d'Alouitha fut consacré à payer les médecins et les remèdes. Tout espoir de guérison fut bientôt perdu. Alouitha fit alors construire au bord du lac Sighipolon une ferme avec ses nombreuses dépendances, afin que la pureté de l'air et la beauté de la nature procurassent quelque soulagement aux maux dont souffrait son fils. En face du lac, coulait l'onde pure d'une claire fontaine, nommée Arpénoud. C'est là qu'Alouitha espérait obtenir la guérison de son enfant. Elle y fit construire un hospice où 35 malades, vivant des aumônes d'Alouitha, attendaient le salut de leur corps.

Au nombre de ces infirmes, se trouvait le vénérable Dasik, à l'air respectable et à la barbe d'argent, que l'on tenait pour

1 Cf. S. Theodore le Salahounien martyr arménien, par le P. Léonce M. ALICHAN. Traduit par J. HEKIMIAN.. (Venise, imprimerie arménienne de Saint-Lazare), 1872, in 12, 45 pages.

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un prêtre du dieu Dir. Mais, véritable pasteur de ses compagnons, adoucissant leurs souffrances corporelles, ressuscitant leurs âmes enténébrées, il les convertit à la religion nouvelle du Nazaréthien. Alouitha et Athénadore entendirent la voix de Dasik et crurent à Jésus. Ils pratiquèrent en secret le nouveau culte qui leur était enseigné.

Sourên, voyant la maladie de son fils se prolonger indéfini- ment, l'invite à se rendre aux temples d'Hercule et d'Esculape, et à sacrifier à ces divinités secourables. Mais l'enfant refuse et le père, appelé par ses fonctions militaires, n'insiste pas.

L'affaire en était là, lorsqu'un jour le bourg de Sourênachên fut réveillé par le bruit d'une troupe en armes. Ces hommes ne partaient pas à la guerre; ils se rendaient à Artachat pour déposer dans un des cachots de la ville un prisonnier nommé Grégoire.

Dasik, Athénadore et leurs compagnons purent s'approcher de Grégoire et converser avec lui. Celui-ci ordonna à Dasik d'amener l'enfant à la source voisine où il fut baptisé et, quittant son nom païen d'Athénadore, il prit celui de Théodore. Ce Grégoire n'était autre que le futur illuminateur de l'Arménie, et il se rendait au cachot qui lui était réservé pour de longues

années.

Sourên finit par comprendre que son fils est chrétien et il fait tout son possible pour le détourner et le ramener au culte des dieux. Peine inutile.

Ici, j'abrège le récit du P. Alichan.

Sourên, après plusieurs tentatives, ne réussit pas à persuader Théodore. Alors, plein de colère, il lève l'épée et abat la tête de son propre fils, au pied de l'arbre où s'était endormi l'enfant ; puis on procède à l'ensevelissement du nouveau martyr. « A l'ombre de cet arbre, près de cette pierre devenue un autel, la tombe du jeune chrétien fut creusée, et le corps du martyr enseveli. Une simple croix de pierre marque le lieu du sacrifice et le tombeau de Théodore » (ALICHAN op. cit., p. 37).

« Ce fut sur le lieu de son martyre que le premier temple

chrétien fut construit en Arménie, après celui des saintes Ripsimiennes... Grégoire lui-même, avant d'être sacré, y fit bâtir une chapelle et la confia à Dasik... (ALICHAN, op. cit., p. 41).

))

« Le temple de Théodore et la fontaine, où tombèrent quelques gouttes de son sang, quand Sourên y eut lavé son épée, devinrent un lieu de pélerinage où furent guéris beaucoup de malades et de possédés... » (ALICHAN, op. cit., p. 43). Saint Théodore avait été martyrisé le 11 mai 296, à l'âge de 28 ans 1/2. Sourên mourut en l'an 300 et Grégoire l'Illuminateur sortit de la fosse profonde en 301.

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Cycle des Ripsimiennes. L'histoire de la vie et des souffrances de sainte Ripsimê et de ses compagnes constitue la perle littéraire de l'hagiographie arménienne, le joyau de ces traditions moitié historiques, moitié légendaires, et l'on regrettera que le grand Corneille, après avoir tiré de la vie de Polyeucte, martyr arménien de Mélitène, la tragédie que vous savez, n'ait pas consulté ensuite la vie de Ripsimê. La scène française se fût enrichie d'un nouveau chef-d'œuvre.

Rien de pittoresque, de poignant, de dramatique, comme le martyre de cette sainte femme et de ses compagnes. Il suffit, pour s'en instruire, de suivre le récit d'Agathange':

L'empereur Dioclétien désire contracter mariage; mais il lui faut pour cela la femme la plus belle, la plus gracieuse, la plus aimable, la plus parfaite qui soit dans son empire. Afin de découvrir cette perle rare et précieuse, on charge les peintres les plus habiles, les artistes les plus réputés, de la mission suivante ils doivent, en toute hâte, se rendre dans toutes les parties de l'empire, tracer fidèlement le portrait des plus

1) Texte arménien dans Dzaghik.., p. 146. Traduction française dans V. LANGLOIS, Collection des historiens arméniens. . (Paris, (1867), t. I, p. 137 et suiv.

grandes beautés qu'ils parviendront à découvrir, et faire connaître à l'empereur le résultat de leur enquête. Les artistes avaient ordre de pénétrer partout, pour remplir leur mission, même dans les intérieurs les plus fermés et les plus intimes, même et surtout dans les couvents des chrétiens.

Il y avait, en ce temps-là, dans la grande ville de Rome, un monastère de vierges pures, qui ne vivaient que de végétaux. Le jour et la nuit, elles faisaient monter au ciel l'encens de leurs prières et de leurs louanges. La supérieure se nommait Gayianê; une de ses disciples était Ripsimê, la fille d'un homme de qualité.

Les peintres, exécutant les ordres qu'ils ont reçus, pénètrent de force dans la maison de ces saintes femmes; frappés de la beauté rare de Ripsimê, ils fixent immédiatement ses traits sur la toile, qu'ils transmettent à l'empereur. Celui-ci, à la vue du tableau, est pris d'un amour subit, insensé, fou. Il arrête sans tarder le jour de la célébration des noces. Des messagers sont dépêchés dans les provinces de l'empire, afin que les sujets du roi fassent parvenir leurs cadeaux, destinés à rehausser l'éclat de la fête.

Mais l'empereur avait compté sans la pureté et la chasteté de Ripsimê et de ses compagnes. Ces vertueuses femmes décident de fuir. Traversant les contrées les plus variées, franchissant les montagnes les plus élevées, par delà la mer et les fleuves, elles arrivent enfin au cœur de l'Arménie, au pied du grand Ararat, dans la ville de Valarchapat; elle vivent cachées dans les environs de la ville, en un endroit où l'on rassemblait les cuves pour les vignes. L'une d'elles savait travailler le verre, et la vente des perles qu'elle fabriquait subvenait aux besoins de toute la communauté.

Leur tranquillité ne devait pas être de longue durée. Sur l'ordre de Dioclétien, des messagers sont expédiés, à la recherche des fugitives, dans tous les coins de l'empire. L'un d'eux est porteur d'une lettre adressée à Tiridate, roi d'Arménie, à Valarchapat, ville de sa résidence. L'empereur lui mande par le

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