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3.

ALLEMAGNE, AUTRICHE-HONGRIE, RUSSIE. Memorandum dit de Berlin, en date du 12 mai 1876.

Oesterr. Rothbuch, 1878 Nr. 326.

12 mai 1876.

Les nouvelles alarmantes venant de la Turquie sont de nature à engager les Cabinets à resserrer leur entente.

Les trois Cours Impériales se sont cru appelées à se concerter entre elles pour parer aux dangers de la situation, avec le concours des autres Grandes Puissances chrétiennes.

Dans leur pensée, l'état présent des choses en Turquie réclame une double série de mesures.

Il leur paraît avant tout urgent que l'Europe avise aux moyens généraux de prévenir le retour d'évènements, tels que ceux qui viennent d'éclater à Salonique et qui menacent de se reproduire à Smyrne et à Constantinople. A cet effet les Grandes Puissances devraient, à leur avis, se çoncerter sur les dispositions à prendre, pour préserver la sécurité de leurs nationaux et celle des habitants chrétiens de l'Empire ottoman, sur tous les points où elle se trouverait compromise.

Ce but semblerait pouvoir être atteint par un accord général, concernant l'envoi de bâtiments de guerre sur les points menacés, et l'adoption d'instructions combinées aux commandants de ces navires, pour le cas où les circonstances exigeraient de leur part une coopération armée en vue du maintien de l'ordre et de la tranquillité.

Toutefois ce but ne serait qu'imparfaitement atteint, si la cause première de ces agitations n'était point écartée par la prompte pacification de la Bosnie et de l'Herzégovine.

Les Grandes Puissances se sont déjà réunies dans cette pensée, sur l'initiative prise dans la dépêche du 30 décembre dernier, afin d'obtenir une amélioration effective du sort des populations des ces contrées, sans porter atteinte au statu quo politique.

Elles ont demandé à la Porte un programme de réformes destinées à répondre à ce double but. La Porte, déférant à cette demande, s'est déclarée fermement résolue à mettre ces réformes à exécution et l'a officiellement communiqué aux Cabinets.

Il en est résulté pour ceux-ci un droit moral celui de veiller à l'accomplissement de cette promesse, et une obligation celle d'insister pour que les insurgés et les réfugiés secondent cette oeuvre d'apaisement en cessant la lutte et en rentrant dans leurs foyers.

Cependant ce programme de pacification, bien qu'accepté en principe par toutes les parties, a rencontré un double écueil.

Les insurgés ont déclaré que l'expérience du passé leur défendait de se fier aux promesses de la Porte, à moins d'une garantie matérielle positive de l'Europe.

La Porte a déclaré, de son côté, qu'aussi longtemps que les insurgés parcouraient le pays en armes et que les réfugiés ne se repatriaient pas, il lui était matériellement impossible de procéder à la nouvelle organisation

du pays.

En attendant les hostilités ont repris leur cours. L'agitation entretenue par cette lutte de huit mois s'est étendue à d'autres parties de la Turquie. Les populations musulmanes ont dù en conclure que la Porte n'avait déféré qu'en apparence à l'action diplomatique de l'Europe, et qu'au fond elle n'avait pas l'intention d'appliquer sérieusement les réformes promises. De là un réveil des passions religieuses et politiques, qui a contribué à amener les déplorables évènements de Salonique, et la surexcitation menaçante qui se manifeste sur d'autres points de l'Empire ottoman. Il n'est pas douteux non plus, qu'à son tour cette explosion du fatanisme réagit sur la situation des esprits en Bosnie et en Herzégovine, comme dans les Principautés voisines.

Car les Chrétiens de ces contrées ont dû être vivement impressionnés par le fait du massacre de Consuls européens, en plein jour, dans une ville paisible, sous lex yeux des autorités impuissantes, alors qu'on les engage à se confier au bon vouloir des Turcs irrités par une lutte longue et acharnée.

Si cette situation se prolongeait, on risquerait ainsi de voir s'allumer l'incendie général que la médiation des Grandes Puissances avait précisément en vue de conjurer.

Il es donc de toute nécessité d'établir certaines garanties de nature à mettre hors de doute l'application loyale et complète des mesures arrêtées entre les Puissances et la Porte. Plus que jamais il est urgent de peser sur le Gouvernement du Sultan pour le décider à se mettre sérieusement à l'oeuvre afin de remplir les engagements contractés par lui envers l'Europe.

Comme premier pas à faire dans cette voie, les trois Cours Impériales proposent d'insister auprès de la Porte, avec toute l'énergie que doit avoir la voix unie des Grandes Puissances, afin de l'amener à une suspension d'armes pour le terme de deux mois.

Ce délai permettrait d'agir à la fois sur les insurgés, et les réfugiés, pour leur donner confiance dans la sollicitude vigilante de l'Europe, sur les Principautés voisines, pour les exhorter à ne pas entraver cette tentative de conciliation, et enfin sur le Gouvernement ottoman, pour le mettre en demeure d'accomplir ses promesses. On pourrait ainsi ouvrir la voie à des pourparlers directs entre la Porte et les délégués bosniaques et herzégoviniens, sur la base des voeux que ceux-ci ont formulés et qui ont été jugés aptes à servir de points de départ à une discussion.

Ces points sont les suivants:

1o Les matériaux pour la reconstruction des maisons et églises seraient fournis aux réfugiés rentrants, leur subsistance serait assurée jusqu'à ce qu'ils puissent vivre de leur travail.

20 En tant que la distribution des secours relèverait du commissaire turc, celui-ci devrait s'entendre sur les mesures à prendre avec la commission mixte, mentionnée dans la note du 30 décembre, afin de garantir

l'application sérieuse des réformes et d'en contrôler l'exécution. Cette commission serait présidée par un Herzégovinien chrétien, composée d'indigènes représentant fidèlement les deux religions du pays: ils seraient élus dès que l'armistice aurait suspendu les hostilités.

3o A l'effet d'éviter toute collision, le conseil serait donné à Constantinople de concentrer les troupes turques, au moins jusqu'à l'apaisement des esprits, sur quelques points à convenir.

4o Les Chrétiens garderaient les armes comme les Musulmans.

5o Les Consuls ou Délégués des Puissances exerceraient leur surveillance sur l'application des réformes en général et sur les faits relatifs au repatriement en particulier.

Si, avec l'appui bienveillant et chaleureux des Grandes Puissances et à la faveur de l'armistice, un arrangement pouvait être conclu sur ces bases et mis immédiatement en oeuvre par la rentrée des réfugiés et l'élection de la commission mixte, un pas considérable aurait été fait vers la pacification.

Si cependant l'armistice s'écoulait sans que les efforts des Puissances réussissent à atteindre le but qu'elles ont en vue, les trois Cours Impériales sont d'avis qu'il deviendrait nécessaire d'ajouter à leur action diplomatique la sanction d'une entente, en vue des mesures efficaces qui paraitraient réclamées dans l'intérêt de la paix générale, pour arrêter le mal et en empêcher le développement.

4. SERBIE.

Lettre adressée, le 22 juin 1876, par le Prince Milan au Grand - vizir pour annoncer l'entrée des troupes serbes dans les provinces turques.

Oesterr. Rothbuch, 1878 Nr. 512.

Altesse!

Belgrade, le 10/22 juin 1876.

Dans mon télégramme du 27 mai j'avais fait part à Votre Altesse de la résolution que j'avais prise d'envoyer à Constantinople un délégué spécial chargé d'échanger avec la Sublime Porte des explications franches et loyales, destinées à établir une entente durable entre le Gouvernement Impérial et la Serbie.

Votre Altesse n'a pas cru devoir m'encourager dans ce projet par Son télégramme responsif en date du 31 mai, et d'autre part, tandis que je reçois de la Sublime Porte des assurances conciliantes, de grands mouvements de troupes Impériales ont lieu dans la direction des frontières de la

Serbie. Le projet d'Hussein Avni Pacha qui ne visait à rien moins qu'à livrer la Serbie en pillage à des hordes sauvages de bachibouzouks, de Tcherkesses, d'Albanais et même de Kurdes, qui devaient être appelés du fond de l'Asie, reçoit son commencement d'exécution. Ces bandes sanguinaires se rassemblent le long de nos frontières, prêtes à renouveler sur le territoire de la Principauté les scènes horribles dont la Bulgarie vient d'être le théâtre. A l'approche de ce danger j'ai dû renoncer au projet d'envoyer à Constantinople un commissaire spécial et, pour ne pas perdre de temps, m'adresser directement à Votre Altesse afin d'arriver à une entente que j'apelle de tous mes voeux.

C'est en vue de cette entente que je dois d'abord, Altesse, appeler Votre attention sur l'origine de cette conflagration que nous voyons prendre tous les jours de plus grandes proportions.

La population chrétienne de la Bosnie et de l'Herzégovine, poussée à bout par les violences des beys indigènes et les abus des organes administratifs, proteste périodiquement, les armes à la main, contre un état de choses reconnu généralement comme insupportable.

Chacun de ces mouvements, en portant la surexcitation dans les esprits, fournit un nouvel aliment au fanatisme des populations, impose de nouveaux devoirs à la Sublime Porte en l'obligeant à des mesures de répression et crée un nouveau péril pour la paix européenne.

Cette situation ne saurait convenir à personne, mais elle est préjudiciable surtout à la Principauté de Serbie à cause du voisinage de ces pays et des intérêts de tout genre qui se trouvent compromis..

Même aux époques de tranquillité parfaite le Gouvernement serbe avait continuellement motif de se plaindre à la Sublime Porte des entraves que les autorités de Bosnie mettent aux relations de toute nature que les Serbes entretiennent avec la population de ces provinces. Ceux de nos négociants, artisans ou agriculteurs qui s'y rendaient pour leurs affaires particulières, quoique munis de passeports réguliers, y étaient jetés en prison, maltraités, dépouillés, souvent même tués et tout cela sous des prétextes dont les autorités de Bosnie ne sont jamais parvenues à prouver la consistance.

Ces procédés dirigés contre la liberté, la fortune et la vie de nos ressortissants voyageant en Bosnie et en Herzégovine ont fini par réduire à des proportions insignifiantes le commerce de la Serbie autrefois assez actif dans ces contrées.

Mais ce n'est pas seulement sous ce rapport que la Serbie a à souffrir dès qu'un mouvement insurrectionnel vient à se manifester dans les provinces de l'Empire qui l'avoisinent. Le contre- coup moral qu'en ressent la population de la Principauté est toujours des plus fâcheux. Alors tous les intérêts se trouvent atteints à la fois, toutes les passions se déchaìnent et mon Gouvernement se trouve réduit à une situation des plus critiques. Une multitude de réfugiés, dénués de tout, afflue dans la Principauté tombant à la charge des populations et de l'État; les agressions se multiplient à nos frontières; nos gardes sont tués; des bandes de pillards accompagnées souvent de troupes régulières, pénètrent jusque dans nos vil

lages, dévalisent les églises, assaillent à l'improviste les maisons isolées et emmènent le bétail, laissant après eux l'incendie et la mort. Ces incursions contraignent nos populations à prendre les armes pour la défense de leur vie et de leurs biens. Les travaux de la campagne sont abandonnés, le commerce cesse et le crédit disparaît.

De tout temps la Principauté a eu à lutter contre ces maux et contre d'autres encore; mais c'est surtout dans les dix derniers mois qui viennent de s'écouler, c'est à dire depuis le commencement de l'insurrection actuelle, que la Serbie a été mise à une dure épreuve.

La Sublime Porte a porté nos maux à leur comble en plaçant à nos frontières des corps d'observation qu'elle a continué à maintenir, bien que nos frontières soient entièrement dégarnies de troupes déjà depuis l'automne dernier. Cette attitude menaçante que rien ne justifie, vu le dévouement inébranlable que le Gouvernement et le peuple serbes lui ont témoigné de tout temps et même dans les circonstances les plus critiques pour l'Empire, a d'une part blessé profondément le sentiment et de l'autre condamné la Serbie à des sacrifices énormes imposés par la nécessité de pourvoir à la défense du pays.

Sans être en guerre nous en subissons toutes les conséquences.

J'ai toujours professé le plus haut respect pour les décisions de la Sublime Porte et des Grandes Puissances. Aussi en les voyant s'occuper vivement de l'amélioration du sort des chrétiens, dont on reconnaît hautement la triste condition, quelque grandes que fussent les difficultés contre lesquelles je devais avoir à lutter à l'intérieur, je résolus d'attendre le résultat de leurs efforts, persuadé qu'avec la fin des souffrances des populations insurgées tarirait la source des maux qui accablent la Principauté.

L'attente générale a été malheureusement déçue. Les chrétiens ne trouvant pas de garanties suffisantes pour être rassurés sur leur sort futur, persistent dans la lutte et de leur côté les musulmans répondent aux intentions humaines de Sa Majesté Impériale le. Sultan par une recrudescence inouïe de violences et de cruautés. L'armée Impériale elle-même continue à manifester des velléités belliqueuses à nos frontières.

Il est évident que cet état de choses ne saurait se prolonger davantage sans amener la ruine de la Principauté au double point de vue moral et matériel.

La gravité de cette situation m'a obligé d'examiner les moyens par lesquels je pourrais seconder la Porte dans ses efforts pour mettre un terme à cet état de choses. Ce n'est pas, Altesse, que je puisse croire un seul instant les forces dont dispose le Gouvernement Impérial insuffisantes pour atteindre le but qu'il se propose, mais peut-on s'abandonner à l'espoir que, momentanément domptée, l'insurrection ne renaîtra pas dans un avenir plus ou moins rapproché? Peut-on espérer que la répression par les armes fera disparaître les causes qui raniment périodiquement cette situation?

Des essais réitérés de réformes ne peuvent pénétrer dans la population. Elles se heurtent à l'écueil d'une bureaucratie qui, étrangère à la langue et aux moeurs du pays, finit toujours par aliéner à la Sublime Porte les sujets de Sa Majesté Impériale le Sultan. Par là l'insurrection se

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