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Karl v. AMIRA. - Die germanischen Todesstrafen. Untersuchungen zur Rechts-und Religionsgeschichte (= Abhandlungen der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch - philologische und historische Klasse, XXXI. Band, 3. Abhandlung). Munich 1922, in-4°, 416 pp.

Cet ouvrage annoncé depuis dix ans (cf. le Grundriss des germanischen Rechts du même auteur, 3e éd. [1913], p. 241, note) représente l'effort de toute une vie. Après avoir réuni une documentation vraiment étonnante, M. v. Amira entend démontrer de façon définitive le caractère religieux de la peine capitale chez les Germains. Ce problème qu'il aborda pour la première fois en 1876 est fort compliqué: il touche à l'histoire du droit et à celle des religions. Les historiens du droit ne sont pas d'accord sur la donnée initiale. Les uns affirment, à la suite de M. v. Amira, que les Germains appliquaient normalement la peine capitale; les autres prétendent, avec H. Brunner et R. Schröder, qu'ils l'ignoraient en tant qu'institution juridique, que la « mise hors la paix» était le châtiment suprême du droit germanique. Les historiens de la religion ont donc le choix entre deux théories: selon celle qu'ils adoptent, ils interpréteront de façon différente les sacrifices humains attestés partout dans la Germanie. Mogk, qui nie l'existence de la peine de mort, a souligné le caractère exclusivement religieux de tous les sacrifices humains. M. v. Amira, au contraire, s'efforce de prouver que certains de ces sacrifices, avaient de plus un caractère juridique : c'était l'exécution rituelle d'une sentence capitale.

La plus grande partie de ce travail ressortit à l'histoire du droit. L'auteur analyse les crimes qui entraînent la peine de mort, il décrit avec une érudition prodigieuse les 13 supplices attestés dans le monde germanique, il en étudie l'âge, l'extension géographique, la répartition selon la nature du crime ou la personne du criminel. Mais toute cette enquête minutieuse a pour but d'étayer la doctrine religieuse exposée dans deux chapitres (pp. 198-235) qui seuls intéressent ce compte rendu.

L'exécution d'une sentence capitale a, dit l'auteur (p. 198), un double caractère : c'est un acte juridique, mais aussi un acte du culte. Sous cette forme très générale, la proposition n'a rien que de raison

nable; elle s'accorde très bien avec ce que l'on sait des origines religieuses du droit pénal primitif. Mais quand M. v. Amira entreprend de démontrer dans le détail que tous les supplices germaniques ont été à l'origine de véritables « sacrifices », il s'aventure sur un terrain bien glissant. L'esprit précis du juriste semble d'ailleurs s'être rendu compte (p. 232) de la hardiesse de tant d'hypothèses fondées sur de simples combinaisons.

L'auteur analyse le cérémonial de chaque supplice; il en énumère les éléments essentiels et prétend démontrer qu'ils ont une origine religieuse ou qu'ils s'expliquent par des représentations religieuses. Il y réussit le plus souvent, mais le procédé est dangereux. Malgré l'admirable sûreté de son érudition, M. v. Amira se laisse entraîner plus loin qu'il ne convient. On s'étonne par exemple de ses spéculations sur la forme de la rune anglo-saxonne ear (p. 211) ou de l'interprétation manifestement abusive de la locution scandinave i hel (p. 219). Mais ce sont là peccadilles dues à l'ardeur de son zèle. L'explication du détail est en général excellente, mais elle ne permet pas les conclusions que l'auteur en tire. C'est la méthode qui prête à la critique: elle fausse les résultats obtenus.

La méthode employée suppose que l'auteur n'a pas une conception suffisamment précise du phénomène religieux qu'il se propose d'étudier. Tout sacrifice est défini par un rituel. Qui dit rituel, dit système cohérent dont toutes les parties se commandent. Mais où retrouver la trace de ce rituel? le plus souvent il n'est pas attesté pour l'époque païenne et on ne saurait le retrouver sous une forme originale dans les supplices du moyen âge. M. v. Amira prétend retrouver du moins des traits caractéristiques, des « rites» qui permettent des inductions. Une analyse de ce genre est pleine de pièges; elle ne saurait se défendre en bonne méthode. Chacun des « rites » analysés peut s'expliquer isolément et se rapporter à des conceptions religieuses ou magiques. Leur juxtaposition ne prouve rien; il faudrait démontrer la cohésion du système dont ils font partie. L'auteur ne tente jamais cette démonstration.

Les pages qui traitent de la pendaison sont parmi les meilleures. Dans ce cas spécial, on sait que l'on pendait les victimes consacrées à Wodan et les renseignements précis qu'on a sur le culte de ce dieu permettent une synthèse des détails. Mais le plus souvent, on

ne sait pas à qui s'adressait le prétendu sacrifice (cf. pp. 200, 215, 219), on ignore tout du rituel primitif : la méthode inductive a alors des inconvénients qui sautent aux yeux. La roue était sans doute un ancien symbole du culte solaire : mais ce fait, même combiné à plusieurs autres, ne prouve pas que le supplice de la roue continue un sacrifice païen (pp. 204-207). De même pour la lapidation (pp. 218219). M. v. Amira prend pour des «rites » des détails accessoires qui relèvent évidemment de la magie populaire et il en tire des conclusions injustifiées. La lapidation n'est pas un sacrifice; c'est, sous sa forme la plus ancienne, une manière d'excommunication.

Maurice CAHEN.

NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

A. MINGANA. The book of religion and Empire by 'Ali Tabari, Manchester, University Press. 1922, xxII-174, p. in-8. Le livre traduit par M. Mingana, qui en avait donné un aperçu dans le Journal of Royal Asiatic Society (1920. 4° fasc., p. 481-488) fut composé par Abou'l Hasan Ali (ben Sahl)1 dont la famille était originaire du Tabaristan d'où son surnom d'Et Tabari 2. On admet généralement qu'il était juif comme Rabban astrologue et médecin renommé 3, mais M. Mingana, d'accord avec Tabari et Ibn Khallikân, le tient pour chrétien et cette opinion paraît fondée si l'on considère sa connaissance du syriaque car le texte de la Bible dont sont tirées ses citations est la Pechitta. Il embrassa l'islamisme par les soins du khalife El-Motaşim, après avoir été secrétaire de Mazyar ben Qaran et El Motaouakkil l'admit parmi ses familiers. On peut admettre que ce dernier, qui promulgua en 255 de l'hégire un édit de persécution contre les chrétiens, favorisa, s'il ne la commanda pas, l'œuvre de 'Ali Tabari. Suivant l'auteur, les raisons pour lesquelles l'Islam a été combattu par ies non-musulmans sont au nombre dequatre: 1o à cause de leurs doutes sur l'histoire du Prophète; 2o en raison de leur mépris et de leur insolence extraordinaires; 3o à cause de la tradition et de la

1. Ibn Abi 'Oşaïbyah est le seul qui donne Sahe pour père à 'Ali Tabari. Les autres sources le font fils de Rabben, quelquefois altéré en Zaïn. (¿?) = ctj). 2. Sur 'Ali Tabari cf. Ibn en Nadim, Kitâb el Fihrist éd. Flügel et A. Müller, Leipzig, 1871-1872, in-4, t. II, p. 296; t. II, p. 14; Ibn Abi Oṣaïbyah, 'Oyoun el Anba'. Le Qaire, 1299 hégire, 2 vol. in-8; t. I, p. 309; Ibn el Qifti, Akhbâr el 'Olamâ, Le Qaire, 1326 hégire, in-8, p. 155; Țabari, Annaies, éd. de Goeje, Leiden, 1879-1901, 15 vol. in-8, IIIe série, t. II, p. 1276-1277; 1283-1284; Ibn Miskaoueih, Tadjârib el Omam, ap. de Goeje, Fragmenta historicorum arabicorum, Leiden, 1869, in-4, p. 512; Yaqout, Mo'djem el boldân, éd. Wüstenfeld, Leipzig, 1866-1870, 6 vol. in-8 t. II, p. 608; Brockelmann, Geschichte der arabischen Litteratur, Weimar-Berlin, 1894-1902, t. I, p. 231; Steinschneider, Die arabische Literatur der Juden, Frankfurt a. Main, 1902, in-8, p. 32.

3. Ibn Abi 'Oṣaibyah, Oyoun el Anbâ, t. I, p. 308-309.

4. A plusieurs reprises, 'Ali mentionne un certain Marc qui aurait traduit d'hébreu en syriaque les livres saints. M. Mingana y voit avec raison un écho de la tradition qui attribue à Marc l'évangéliste la traduction syriaque de la Bible connue sous le nom de Pechitta.

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coutume; 4o en raison de leur folie et de leur stupidité. En conséquence il s'efforcera de dissiper ces doutes, d'indiquer les moyens de distinguer la vérité de l'erreur, de comparer leurs récits à ceux de l'Islam et de montrer qu'ils ne font que confirmer ceux-ci et, partant, que les non-musulmans sont inexcusables de ne pas croire au Prophète, comme ils croient aux leurs.

Il ne saurait être question d'examiner ici la valeur des arguments mis en avant par 'Ali Tabari dans sa controverse avec les infidèles, au premier rang desquels sont les chrétiens. Les citations employées pour appuyer sa thèse sont prises dans les meilleurs ouvrages musulmans, à commencer par le Qorân. Après avoir énuméré les vertus du Prophète et les miracles après sa mort, il établit que Mohammed étant complètement illettré, le Qorân ne peut avoir été composé par lui, mais qu'il est une révélation divine et que son succès est une marque de la vérité de sa mission. Cette démonstration continue par l'apologie des successeurs du Prophète et de ses compagnons : Abou Bekr, 'Omar ben Khaṭṭâb, 'Ali (5), el Omar ben 'Abd el Aziz, 'Abd Allah ben 'Omar. Il énumère toutes les prophéties qui, dans l'ancien et le nouveau Testament, font allusion à Moḥammed ou le désignent clairement celles de Moïse, David, Isaïe, Michée, Habacuc, Zephanias, Zacharie, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, Jésus et les apôtres. Les prescriptions que les « gens du livre » blâment dans le Qorân sont pratiquées par leurs prophètes eux-mêmes les sacrifices par Abraham, la guerre sainte par le même, par Josué, par Samuel. Dans sa conclusion, il parle sommairement des Mages, des Zindiqs, des Chrétiens, des Juifs et des Musulmans qui habitent l'Inde et la Chine et termine par l'éloge d'El-Motaouakkel.

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Il est inutile d'insister sur l'importance de ce livre, et M. Mingana, qui l'a traduit et annoté aussi exactement que possible, autant que j'ai pu en juger, rendra un nouveau service en publiant le texte.

René BASSET.

J. BRÉVIÉ. Islamisme contre naturisme, avec une préface de Maurice Delafosse. Paris, Leroux, 1923. XII-320 pp. in-8. Le rôle de l'Islam en pays noir est une question de la plus haute importance pour la France, puissance musulmane, et, comme telle, obligée de se tracer une ligne de conduite. Doit-elle favoriser la propagande islamique ou doit-elle la combattre ? Pour mieux résoudre le problème, M. Brévié, mettant à profit l'expérience acquise par lui dans les fonctions d'administrateur colonial, consacre la première partie de son livre à l'étude de la mentalité des noirs chez qui le fétichisme s'oppose à toute tentative d'islamisation par la force. Bien entendu, il faut faire une distinction entre les populations musulmanes du Sénégal, Dyolofs, Peuhls, Toucouleurs, et d'une

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