REVUE DB L'HISTOIRE DES RELIGIONS PUBLIES SOUS LA DIRECTION DS MM. RENE DUSSAUD & PAUL ALPHANDÉRY AVEC LE CONCOURS DE MM. R. BASSET, A. BOUCHÉ-LECLERCQ, J.-B CHABOT, FR CUMONT, E. DE FAYE, QUARANTE-DEUXIÈME ANNÉE TOME QUATRE-VINGT-TROISIÈME W L'ORIGINE DE BARBE-BLEUE Pour résoudre le problème de l'origine de Barbe-Bleue, il nous manque un recueil de parallèles analogue à celui que nous possédons pour Cendrillon et Peau d'Ane. Nous présentons donc cette étude avec toutes les réserves qu'elle comporte, vu l'insuffisance du matériel dont nous disposons. D'après Collin de Plancy suivi par Charles Giraud, le type de Barbe-Bleue serait un personnage historique, le maréchal Gilles de Rais, brûlé en 1440. pour avoir égorgé environ cent cinquante enfants sur lesquels il avait exercé sa lubricité'. 2 Il est certain que la légende bretonne s'est emparée de Gilles de Rais et que ce malheureux est connu dans tout le pays sous le nom de Barbe-Bleue'. Dans le pays nantais tous les châteaux sans propriétaires connus sont ceux de Gilles de Rais'. Les paysans de Champtocé et de Champtoceaux (Maine-et-Loire) disent que les châteaux en ruine ont appartenu à Barbe Bleue'. Les récits populaires n'ont pas oublié ses crimes, ils en ont même enrichi la liste. A Tiffauges on montre non-seulement la chambre où il égorgeait ses petites victimes mais dans un ancien château celle où il pendait ses femmes. Pendant 1) Les Contes de fées de Ch. Perrault, 2e éd. précédée d'une lettre critique de Ch. Giraud, Lyon, Perrin, 1885, p. XXXVII. 2) Sur la culpabilité de Gilles de Rais contestée par M. Salomon Reinach voir Cultes Mythe et Religions. Paris, 1912, IV, 267-299. 3) P. Sébillot, Le Folklore de France, III, 354. 4) P. Sebillot, Légendes locales de la Haute Bretagne, II, 178. 5) M. Michel dans Rev. des Trad. pop. (1887), II, 432. 6) Abbé Bossard, Gilles de Retz, 1886, in-8, p. 418 et 414. |