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Charles GUIGNEBERT, professeur à la Sorbonne. Le christianisme antique. Paris, Flammarion, 1921, in-12, 270 pages; prix: 7 fr. 50 net. (Bibliothèque de Philosophie scientifique.)

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Admirablement informé de tous les travaux publiés sur les origines du christianisme, M. Guignebert en expose, dans ce livre, les conclusions. Il se rallie aux solutions moyennes qui semblent rationnelles et raisonnables.

Les deux premiers chapitres racontent « l'initiative » et « l'échec » de Jésus. Après avoir dit « l'impossibilité où nous nous trouvons réduits de nous représenter la vie de Jésus avec quelque apparence de certitude» (p. 34), M. Guignebert le peint comme un prophète galiléen, humble et doux, dont la piété s'élevait vers le Dieu de ses pères, d'un confiant élan filial, tout simplement » (p. 236); il parle << du souvenir touchant de ses vertus, de son charme personnel >> (p. 62-63); il déclare que « c'est une conclusion d'exégèse très sûre que Jésus n'a point proclamé sa messianité » (p. 51), qu'il « avait tout à fait renoncé à la violence de langage de son prédécesseur »> Jean-Baptiste (p. 50), etc., etc. N'y a-t-il point contradiction entre le portrait qu'esquisse de Jésus M. Guignebert, et « l'impossibilité » qu'il a proclamée tout d'abord? Les traits qu'il choisit ne sont-ils pas contestables? De plus, M. Guignebert ne me semble pas avoir replacé, ou suffisamment replacé, la primitive prédication du christianisme dans son vrai cadre historique, qui fut celui d'une épidémie de prophétisme, épidémie qui amena la destruction de Jérusalem et la dispersion des Juifs. A propos de la communauté de Corinthe, il parle de sa << pleine anarchie pneumatique »; quelques mots d'explication auraient-ils été superflus, en particulier, sur le phénomène si instructif de la glossolalie ?

La suite du volume, - où l'auteur explique les religions de mystères, l'organisation de l'Église, l'établissement de sa doctrine et de sa discipline, le sens de son triomphe, résume, vulgarise et clarifie les plus récentes hypothèses, les derniers travaux. Ce résumé est si parfait que, malgré le progrès probable de l'histoire, il restera sans doute longtemps très utile.

A. HOUTIN.

Dr Valentin WEBER. Des Paulus Reiserouten bei der zweimaligen Durchquerung Kleinasiens, Neues Licht für die Paulusforschung. Becker, Wurzbourg, s. d. (1920), in-8, 41 p.

M. Valentin Weber, professeur à la faculté de théologie catholique de Wurzbourg, s'est fait, depuis bien des années déjà, à la suite de Ramsay et de quelques autres, l'avocat d'une théorie d'après laquelle l'épitre aux Galates serait adressée non pas à des Églises que Paul aurait fondées dans la Galatie proprement dite mais aux communautés de Lycaonie et de Pisidie, régions qui faisaient partie aussi de la province romaine de Galatie. Ce n'est pas le lieu de discuter ici cette théorie qui présente d'inextricables difficultés mais qui - c'est ce qui explique qu'elle trouve, malgré tout, tant de partisans permet de faire remonter la composition de l'épître aux Galates jusqu'àvant la conférence de Jérusalem et par suite supprime radicalement la contradiction que la plupart des critiques aperçoivent entre Gal. 2 et Acles 15.

Dans la présente brochure, M. Weber apporte à l'appui de sa thèse fondamentale un argument nouveau tiré de l'interprétation des deux passages Actes 16,8 et 18,23. En 16,8 il est dit que Paul et ses compagnons traversent τὴν Φρυγίαν καὶ Γαλατικὴν χώραν. Μ. Weber soutient qu'il faut traduire « la Phrygie galatique » c'est-à-dire la partie de la Phrygie qui confinait à la Galatie. En effet, dit-il, Paul, à ce moment là, a achevé sa tournée en Galatie c'est-à-dire sa visite des Églises fondées pendant le premier voyage missionnaire. Seules les Églises d'Antioche (de Pisidie) et d'lconium n'ont pas reçu sa visite. Mais, dit M. Weber la tournée dont le récit commence au verset 6 du chapitre 16 doit être séparée de l'arrivée de Paul à Lystre par un intervalle appréciable car Timothée n'a certainement pas été en état de se mettre en route immédiatement aprés avoir subi la circoncision. M. Weber, a consulté des médecins qui ont estimé à trois ou quatre semaines le délai nécessaire. Paul n'a pas dû resté inactif pendant ce délai. On peut, d'après notre exégète, supposer qu'il a mis ce temps à profit pour aller du côté d'Iconium et d'Antioche de Pisidie. Il avait donc achevé de visiter les Églises de la Galatie, si on entend par là celles qu'il avait fondées pendant le premier voyage, au moment où il se mit en route avec Timothée.

Donc il ne peut être question de la Galatie dans 10,6. On pourrait, semble-t-il, retourner l'argument et dire que puisqu'au départ de Lystre et de Derbe, Paul se met à parcourir la Galatie, c'est que les régions auxquelles il a jusque là consacré son activité n'étaient pas la Galatie. L'argument ainsi présenté serait très fort et constituerait contre la thèse de M. Weber une critique de poids. Mais n'insistons pas sur ce point puisqu'aussi bien l'hypothèse de la Galatie du Sud apparaît à M. Weber comme une de ces vérités qui n'ont plus besoin d'être examinées. Contentons nous d'observer que bien peu nombreux seront sans doute les exégètes qui seront en état de suivre la subtile argumentation de l'auteur. Bien peu surtout seront, nous semble-t-il, en état de partager la robuste confiance que le récit de la circoncision de Timothée et, d'une manière générale, le récit du début du deuxième voyage inspire à M. Weber. Admirons son optimisme tout en regrettant d'être loin de pouvoir le partager1.

La Galatie proprement dite, c'est à dire la Galatie du Nord ayant été éliminée de 16,6 comme nous venons de l'indiquer, il s'agit de prendre position à l'égard de 18,23 où il est dit que Paul, avant son arrivée à Éphèse, traverse καθεξής την Γαλατικὴν χώραν καὶ Φρυγιάν Ici il n'est plus question, selon M. Weber, de la Phrygie galatique mais de la Galatie et de la Phrygie. L'emploi du terme x20575 doit montrer qu'il s'agit de deux régions successivement visitées. L'auteur a eu bien soin d'employer cet adverbe pour montrer que l'expression géographique qu'il employait ne devait pas être comprise comme celle de 16,6. Sans entrer dans une discussion approfondie de cette interprétation nous indiquerons seulement qu'il nous semble que l'auteur aurait eu d'autres procédés plus efficaces pour marquer nettement le sens de ce qu'il entendait dire.

Dans une étude antérieure que complète la brochure dont nous parlons l'auteur a voulu opérer une grundlegend Radikalkur de la conception habituelle de l'histoire de l'apôtre Paul et de ses relations. avec l'Église de Jérusalem. Il est permis de penser que cette cure

1) Signalons une question de détail. M. Weber a une singulière manière de traiter le problème du texte de 16,6. D'abord il n'opère pas avec les témoignages des manuscrits ou des versions mais avec le texte reçu et le texte de Lachmann et surtout il reconstruit un texte primitif en prenant, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ce qui lui paraît favorable à sa théorie.

n'était pas aussi nécessaire que le pensait M. Weber et qu'elle n'a pas été aussi efficace qu'il veut bien se l'imaginer.

R. A. NICHOLSON.

Maurice GoGUEL.

Studies in islamic mysticism.

Cam

bridge, University Press, 1921; 1 vol. in-8, XII-22 pages.

Les Khouan « frères », comme on les appelle en Algérie, sont répandus sur toute la surface du monde musulman. Ils constituent la partie active de l'islamisme, trop porté vers l'engourdissement intellectuel que lui procurent les dogmes intangibles, les commentaires du Coran figés depuis Béîḍâwi et Soyoûtî, les doctrines juridiques sur lesquelles il n'y a pas à revenir depuis les quatre grands chefs d'école qui en ont posé les bases. C'est le même phénomène dont l'Europe a été témoin avec l'apparition des ordres monastiques, les uns mendiants, les antres contemplatifs. L'Orient en est resté à ce stade; il n'y a point chez lui de moines ligueurs, parce que la mystique n'y entre point en lutte avec le pouvoir établi, ni de moines d'affaires, parce qu'il n'y a pas encore d'industrie; ce qui n'empêche pas certains chefs de congrégation de s'entendre fort bien pour mener à leur profit des spéculations sur la construction d'immeubles ou sur les échanges de biens dédiés (istibdál). Le derviche, grand voyageur, a toujours été soupçonné de servir à l'espionnage, oh! en tout bien tout honneur; à des époques où les relations entre peuples n'étaient pas faciles, où les voyages étaient longs et coûteux, sans compter les dangers inhérents à la voie de terre comme à la voie de mer, le derviche arrivant de contrées lointaines était reçu à bras ouverts par les gouvernants, qui pouvaient se renseigner ainsi sur ce qui se passait, ou se disait, chez leurs voisins, amis ou ennemis.

Il est important pour nous de connaître ce que pensent ces mystiques, quelles sont leurs doctrines, leurs enseignements, leur psychologie, leur morale; à ce point de vue, il est utile d'étudier les œuvres de ceux qui ont écrit, car il y a eu parmi eux de grands prosateurs et des poètes éminents, soit en arabe, soit en persan et même en turc Dans son volume d'études sur ce sujet, M. Nicholson, qui dans un précédent volume a traité magistralement du Lobab

el Albab d'Aufi et des Louzoumiyyat d'Abou 'l-'Ala el-Ma'arri au point de vue littéraire, aborde le champ de la mystique. Ce sont trois essais qu'il nous donne, sur trois mystiques fameux en Orient et méritant d'être mieux connus en Europe: Abou-Sa'id ben Abou 'l-Khaïr, ‘Abd-el-Kérîm el-Djîlî, et 'Omar ben el-Fâred.

Le premier est un Persan, derviche libre-penseur et menant une vie libre, sous le nom duquel on a placé des quatrains, sorte d'anthologie de divers auteurs anonymes, dans la masse desquels il y en a peut-être d'authentiques; ceux ci auraient formé le noyau autour duquel les autres se sont agglutinés. Fils d'un droguiste, comme Férîd-ed-dîn 'Aṭṭår, il se livra aux austérités habituelles, mortifications, jeûne perpétuel, litanies ininterrompues (dhikr); il veillait la nuit et s'astreignait à ne dormir qu'assis, les jambes croisées; il fréquentait les mosquées et n'allait jamais au marché, car le Prophète a dit que le marché est l'endroit le plus sale (au moral comme au physique). Il resta un an entier sans adresser la parole à personne. Dans l'espace de vingt-quatre heures, il récitait le Qorån en entier. Le peuple l'appelait fou (p. 15). Ayant lu dans les traditions que certains anges adoraient Dieu la tête en bas, il essaya d'en faire autant en attachant son orteil à un clou au moyen d'une corde; au cours de cette belle expérience, le sang lui sortit par les yeux et il s'évanouit. Il mourut en 1049.

M. Nicholson a tiré ses renseignements de deux ouvrages, un manuscrit anonyme du British Museum que Joukovski a reconnu, dans sa publication du texte, être le Ha'at et l'Asrár el-Tauhid de Mohammed ben el-Monawwar publié à Petrograd en 1899 par le même Joukovski. Ce sont une série d'anecdotes plus ou moins légendaires, permettant néanmoins de se rendre compte de ce que le peuple islamique attendait de gens qu'il canonisait comme des saints.

Abou Said a formulé en dix articles la règle qu'il imposait à ses disciples 1° tenir ses vêtements propres, et le corps en état de pureté; 2° ne pas s'asseoir dans les mosquées pour bavarder; 3o accomplir la prière canonique en commun; 4° se livrer à de fréquentes prières pendant la nuit; 5° à l'aurore, demander pardon à Dieu et réclamer son concours; 6° au matin, lire le plus possible du texte du Qorân, et ne pas parler jusqu'à ce que le soleil soit levé; 7° entre la prière du coucher du soleil et celle de la nuit close, répé

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