Slike strani
PDF
ePub

piscence n'avait pas souillée; car là où le semen n'est pas répandu, le péché d'origine n'intervient pas, quo enim paterni seminis transfusio non pervenit, peccati se illic origo non miscuit. Ce mode de naissance fut ignoré de notre ennemi dont la ruse fut ainsi déjouée (4), illusa est securi hostis astutia Voyant le Christ soumis aux conditions extérieures des autres enfants qui étaient sous son empire, par suite de la souillure inhérente à leur naissance, le diable crut que le Sauveur était né selon les lois ordinaires et que, par conséquent, il lui appartenait, qui nativitatem pueri... non aliter sibi quam omnium nascentium putavit obnoxiam... nequaquam credidit prima transgressionis exsortem. Il s'acharna donc à le tuer pour lui faire expier son origine viciée. Mais, en voulant punir celui qui n'avait pas de péché, il viola les conditions du traité sur lequel il s'appuyait, chirographum quo nitebatur excedit, ab illo iniquitatis exigens poenam in quo nullam reperit culpam. Le pacte dans lequel notre mort était écrite a été déchiré à la suite du mauvais dessein qu'il avait suggéré au diable, solvitur itaque lethiferæ pactionis malesuasa conscriptio, et l'injustice commise par la demande de ce qui n'était pas dû a fait perdre tout ce qui était dû, et per injustitiam plus petendi, totius debiti summa vacuatur. »

Adam, séduit par le diable, s'est rendu coupable. Après lui tous ses descendants sont devenus coupables, parce que la paterni seminis transfusio leur a communiqué, dès leur conception même, la faute paternelle. Souillés par le péché d'Adam, tous les hommes sont les esclaves du diable qui les fait ici-bas mourir corporellement (pour les entraîner ensuite dans l'enfer). Dieu, qui destinait les hommes à l'immortalité et dont la situation présente renverse le plan primitif, se propose de soustraire le genre humain à l'esclavage du diable et de lui restituer l'immortalité (toutefois, à la suite de la mort. corporelle, qui continuera de frapper tous les hommes et qui,

dans le plan primitif, ne devait pas exister). Mais ce projet qui, à ne tenir compte que de la puissance divine, est si simple, paraît irréalisable. En effet, l'empire tyrannique que le diable exerce sur le genre humain est fondé en justice, non immerito... jus tyrannicum... nec indebito dominatu) et il est fondé en justice parce que la justice sévère exigeait que l'homme coupable fût abandonné à celui par qui il s'était laissé séduire. Entre Dieu et le diable, il a été convenu que ce dernier serait le maître de tous les hommes à qui la paterni seminis transfusio communiquerait le péché d'Adam. Dieu qui pourrait, par sa puissance, déchirer ce pacte, ne veut l'annuler qu'en se conformant aux règles de la justice, non virtute uteretur potentiæ sed ratione justitiæ. Or la justice demande que le diable bénéficie de sa victoire jusqu'au jour où il sera vaincu par un descendant d'Adam, nisi de eo quod subegerat vinceretur. Le problème à résoudre est donc de trouver un descendant d'Adam qui soit capable de triompher du diable. Il est résolu par le Christ. Non par le Christ agissant en tant que Dieu cette solution serait celle de la puissance — mais par le Christ en tant qu'homme né dans le sein d'une vierge. N'étant point redevable de sa conception à la paterni seminis transfusio, le Christ vient au monde exempt de la souillure originelle; comme tel il n'est pas sous la dépendance du diable. Ce dernier, à qui la conception virginale a été soigneusement cachée, ne voit dans le Christ qu'un descendant d'Adam, né selon la loi commune, et il le fait mettre à mort. Il viole ainsi les condiitons du pacte qui lui donnait l'empire des hommes, il est vaincu par le fils de la vierge Marie, il perd ses droits sur le genre humain, et per injustitiam plus petendi, totius debiti summa vacuatur.

Quelques lignes plus loin, 5, Léon conjure le chrétien d'apprécier comme elle le mérite la reconciliationis hujus gratiam. La reconciliatio reparaîtra dans le sermon LXIV où nous l'expliquerons.

Sermon XXVIII, 3 (prononcé le jour de Noël: « Seule la

puissance de la divinité était capable d'arracher au joug du cruel tyran, a jugo diri dominatoris erueret, la créature faite à l'image de Dieu. Or le diable n'avait pas usé de violence à l'égard du premier homme et il ne l'avait amené de son côté qu'en obtenant le consentement de son libre arbitre. Il fallait donc anéantir le péché commis volontairement et l'entreprise de l'ennemi tout en tenant compte de l'obstacle que la règle de la justice opposait au bienfait de la grâce, ut... non obesset norma justitiae. Dans l'universelle défaite du genre humain... le seul remède qui pût servir aux vaincus était que naquît un fils d'Adam étranger à la prévarication originelle et innocent, si... originalis praevaricalionis alienus atque innocens nasceretur... Mais la génération naturelle ne permettait pas cela et la race viciée ne pouvait se propager que par une semence dont l'Ecriture dit qu'elle ne saurait être pure..... c'est pourquoi le Seigneur de David est devenu le fils de David et du fruit du germe promis est sorti un rejeton sans péché, proles est orta sine vitio. »

Empire du diable sur le genre humain; empire qui ne peut être brisé que par Dieu, mais selon les règles de la justice parce que ledit empire a été acquis par la persuasion sans recours à la violence; conception virginale d'un descendant d'Adam, seule manière possible de briser l'empire du diable sans violer les règles de la justice. Rien sur la manière dont un homme conçu d'une vierge pourra en toute justice affranchir le genre humain de l'esclavage. Nous avons donc ici la même doctrine que dans le sermon XXII, mais incomplètement exposée.

Sermon LXIV, 2, 3 (XIII sur la passion du Seigneur) : « Le Fils de Dieu... qui avait animé d'un souffle de vie raisonnable l'homme formé du limon de la terre, a voulu restituer à notre nature déchue..... sa dignité perdue. Pour réaliser son dessein, il a détruit la domination du diable plus par la voie de la justice que par la force, ad dominationem diaboli destruendam magis uteretur justitia rationis quam potestate virtutis... Il est

né dans la nature de notre chair et de notre âme sans être contaminé par l'antique prévarication, sine contagione antiquae praevaricationis. Seul le fils de la bienheureuse Vierge est né sans péché, natus est filius absque delicto... Il est le seul de la race d'Adam en qui le diable n'avait rien à réclamer qui lui appartînt, unus... in quo diabolus quod suum diceret non haberet. Aussi en s'attaquant à celui qu'il ne tenait pas en vertu de la loi du péché, il a perdu son droit à l'empire mauvais qu'il exerçait, jus impiae dominationis amisit. L'effusion du sang juste pour les injustes fut... d'un tel prix, tam dives ad pretium, que si tous les captifs croyaient à leur rédempteur, personne ne serait plus retenu par les liens tyranniques (ici Léon apostrophe les manichéens qui refusent de croire à la réalité du corps du Christ). Qu'ils disent par quel sacrifice ils ont été réconciliés, par quel sang ils ont été rachetés, dicant quo sacrificio reconciliati, quo sanguine sint redempti... Quel sacrifice fut plus sacré, quod unquam sacrificium sacratius fuit, que celui que le vrai pontife a accompli sur l'autel de la croix par l'immolation de sa chair? Sans doute la mort de beaucoup de saints a été précieuse devant le Seigneur, mais le meurtre d'aucun juste n'a été la propitiation du monde, propitiatio fuit mundi. »

[ocr errors]

La première partie de ce texte redit ce que nous savons déjà que le diable était maître du genre humain, que son empire était fondé en droit, jus impiae dominationis, que Dieu a entrepris de le détruire en tenant compte des réclamations de la justice, justitia rationis, et que, dans l'exécution de ce dessein, la conception virginale du Christ a eu un rôle essentiel puisque, grâce à elle, le diable, mis en présence d'un descendant d'Adam exempt de péché, donc non soumis à son empire, a été amené en le tuant à outrepasser ses droits. La seconde partie nous parle d'un sacrifice offert par le Christ, d'une réconciliation et d'une propitiation obtenues par ce sacrifice. Ces formules qui paraissent ici pour la première fois associées, pourraient sembler mystérieuses si nous les isolions.

du contexte qui les éclaire et les explique. C'est ce que font les théologiens dont la préoccupation est d'égarer le lecteur. Pour nous, cherchons ce qu'a voulu dire ici le pape Léon, en partant de ce principe qu'il a aligné des phrases non pour se contredire, mais pour développer sa pensée.

Dieu le Père, qui aime les hommes malgré leur péché, veut les arracher au joug du diable. Pour que ce projet soit réalisé conformément aux règles du droit, il faut que le diable soit amené à mettre à mort un descendant d'Adam exempt du péché originel et, par conséquent, né sans l'intervention de la concupiscence. Tant que cette condition ne sera pas réalisée, tant qu'un fils de vierge n'aura pas été mis à mort, le genre humain restera l'esclave de son vainqueur, il sera l'ennemi officiel de Dieu, qui, malgré son ardent désir de venir à son secours, ne peut rien faire pour lui (voir dans Augustin, Revue d'Histoire et de Littérature religieuses, VIII. [1922] 47-53, comment Dieu peut, à la fois, aimer le genre humain et le traiter en ennemi). Ainsi le veut la justice, celle qui est due au diable. Témoin de cette loi inexorable le Fils de Dieu s'y soumet par amour pour Dieu le Père dont il veut exaucer les désirs, et aussi par amour pour les hommes. Il s'incarne, il naît d'une vierge, il se présente aux coups du diable qui ne soupçonne pas sa conception virginale, il subit la mort. Mort doublement volontaire. Volontaire d'abord parce que le Fils de Dieu n'était pas tenu de s'abaisser au point de prendre rang dans la descendance d'Adam; volontaire encore parce que, devenu fils d'Adam, mais en même temps fils d'une vierge et, comme tel, exempt de la souillure originelle, le Fils de Dieu incarné n'était pas sous l'empire du diable. Mort qui a le caractère d'un sacrifice puisqu'on appelle de ce nom le renoncement à la vie accompli volontairement. Le Christ s'est sacrifié » pour le salut du genre humain comme le soldat se sacrifie pour le salut de son pays, comme Jeanne d'Arc s'est sacrifiée pour le salut de la France. Il a donné sa vie pour délivrer les hommes du joug du diable comme

« PrejšnjaNaprej »