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LES EXPLICATIONS DES NOMS DE PERSONNES

DANS L'ANCIEN TESTAMENT (1

On sait que, dans l'Ancien Testament, il y a un certain nombre de passages qui contiennent des explications de noms de personnes. Eve fut nommée Hawah, parce qu'elle était la mère de tous les vivants. Noé eut son nom de ce que l'on disait lors de sa naissance: « Celui-ci nous soulagera de notre œuvre et du travail de nos mains sur la terre que Jahwé a maudite, etc. Il va sans dire que les commentaires ne manquent pas pour expliquer et souvent aussi pour rectifier ces explications, mais, à ma connaissance, on n'a jamais essayé de trouver une solution d'ensemble, on ne s'est jamais demandé, pourquoi ce sont uniquement tels et tels noms qui sont expliqués et pas d'autres.

Le problème serait résolu, si l'on pouvait démontrer que tous les noms en question ou, du moins, la plupart d'entre eux ont un caractère particulier, une origine spéciale, de sorte que les rédacteurs de l'Ancien Testament trouvaient nécessaire d'y ajouter une explication. Il me semble que c'est dans cette direction qu'il faut chercher la solution du problème. J'ai tâché de le faire, sans prétendre y avoir réussi complètement. C'est une idée que je voudrais soumettre à l'appréciation des lecteurs de cette Revue.

(1) Communication faite au Congrès d'Anthropologie de Strasbourg de juillet

1925.

Commençons par un passage qui est typique sous ce rapport (Gen., XXX, 11).

Lorsque Zilpah, servante de Jacob, eut mis au monde un fils, Léah ditou, d'après une autre leçon, 7, tandis que les Septante traduisent 'Ev túyn, ils lisaient donc 7, en bonheur ou par bonheur.

Il est évident que, par cette explication du nom de Gad, l'auteur de ce passage n'avait d'autre but que d'écarter une autre explication, celle qui voyait en ce nom le nom du dieu Gad, divinité bien connu déjà dans l'Ancien Testament (Jos., XI, 17 et XII, 7; Is., LXV, 11), ainsi que chez les Araméens, chez les Phéniciens et chez les Assyriens (1).

La vocalisation massorétique prouve, à mon avis, que, au lieu de, qui n'était pas assez clair, on lisait d'abord, avec l'article pour indiquer qu'il s'agissait d'un nom commun et non d'un nom propre. D'autres écrivaient, le bonheur est venu, et, comme cela pouvait encore prêter à équivoque, on élimina le Alef et on écrivit en un mot 2.

T

Le nom de Ascher se trouve, pour la première fois, dans Gen., XXX, 13 et est expliqué par les mots dits par Léah : beoschri ki ischrouni banoth. Les Septante traduisent Maxxpíx ἐγώ, ὅτι μακαριοῦσι με αἱ γυναῖκες.

La traduction de beoschri par Maxapia yó semble indiquer que déjà le traducteur grec a corrigé le texte qu'il avait devant lui ou que ce sont les Massorètes qui l'ont changé. C'est pour cette raison qu'on a proposé de lire au lieu de (2). Mais je crois qu'il serait préférable de supprimer simplement le Yod final et de lire . De cette façon hous aurions une expression analogue à 7. Les deux termes signifient, en effet, en bonheur ou par bonheur.

T:

:

Le motif de l'explication du nom Ascher est identique à celui que nous avons trouvé pour le nom de Gad, puisque là encore

(1) Bertholet, Kulturgeschichte Israels, 68 n. 3 et Deimel, Panth. babyl., 420. (2) Revue des Études juives, t. XXXIV (1897), p. 318.

il s'agit d'une divinité païenne bien connue chez les Assyriens et rendue, dans les inscriptions cunéiformes, par A-šer, A-šaru-um, A-usar, A-šur et Aš-šur (1).

Dans ces deux cas, nous aurions donc une espèce d'interdiction. On ne pouvait, sans doute, pas éliminer ces noms d'origine païenne, et alors on leur a donné une explication qui les rendait inoffensifs et admissibles dans les milieux monothéistes.

La même raison peut être invoquée pour beaucoup d'autres noms expliqués. Le nom de Ruben était un nom païen, puisque, d'après Josèphe (Ant,, I, 19, 7), le Syrien et la traduction éthiopienne, sa forme populaire et, sans doute, originale était

visage ou amour de רעובעל on רעובל ראובל Powerlis, donc

Bèl ou Baal, nom qui correspond à 8¶¶ (Gen., XXXVI, 4, Exod., II, 18).

Siméon est l'équivalent du dieu phénicien Eschmun ou Baalsamen, qui signifie peut-être Maître du ciel, le soleil, de la racine, que nous trouvons encore dans les noms de Šamma (I Chr., VII, 37), Šamgar, Šemeber, Ašima (II Rois, XVII, 30) (2).

Le nom de Lévi est dérivé, d'après Goldziher (3) de Levjathan, comme Naḥaš de Neḥušthan, et signifie le dieu Serpent. A propos du nom de Judah on a remarqué, avec raison, qu'il faut le rapprocher des formes Abîhúd, Ahîhûd, Ammíhûd, où la seconde partie signifie probablement splendeur et désigne, sans doute, aussi une divinité solaire (4).

Dan était également le nom d'une divinité païenne, ainsi que le prouvent Amos VIII, 14 et des noms tels que Daniel et Abidan (Num., I, 11; II, 22; VII, 60, 65; X, 24).

Nafthali était un dieu qui avait son sanctuaire à Qedes Nafthali (Juges, IV, 6).

Zabulon correspond peut-être au phénicien Ba'al zeboul,

(1) A. T. Clay, The empire of Amorites, p. 170.

(2) Kohler, Segen Jacobs, p. 34.

(3) Der Mythos der Hebraeer, p. 211.

(4) Kohler, Ibidem, p. 44.

« Maître de la demeure céleste », terme emprunté à l'assyrien bît zábal, qui est l'équivalent de l'accadien sag-il ou sag-ga et qui est devenu Zabal en syriaque (1). Le même élément se trouve dans les noms phéniciens Izebel (Jézabel), i bya, bar (2) et Bel-Zeboul, dont Bel-Zeboub n'est qu'une alté

ration.

Benjamin est peut-être identique à Minjamin, nom qui se trouve dans Néhémie XII, 17, et Meni est une divinité païenne mentionnée dans Is., LXV, 11.

Les noms de Jacob pour Jacobël, Joseph pour Josephël, Israël, Ismaël, contiennent tous l'élément 'l, qui, d'après Stade (3), désignait, au début, comme Ba'al ou comme l'arabe dhû, un démon local, puis, chez les Himjarites, chez les Arabes du Nord et chez les Cananéens un dieu, une divinité, en général. C'est parce que ce sens était encore vivant dans les noms, que nous venons de citer, qu'on leur a ajouté une explication.

Enfin nous trouvons des noms de personnes dont l'étymologie est moins certainė, mais qui dérivent probablement aussi de divinités adorées par les anciens Hébreux ou par leurs voisins Hawah (Eve) est une divinité des enfers selon Gressmann (4) et Lidzbarski (5).

Qajin (Cain) doit provenir, d'après Eduard Meyer, du dieu sabéen Qainan (6).

Set est un des dieux primitifs de l'Égypte. Il était le dieu de la Basse-Égypte et en particulier de la région d'Avaris, capitale des Orientaux (7).

On ne connaît pas de dieu du nom d'Edom. Mais des savants

(1) Kohler, Ibidem, Jewish Quarterly Review, XI, 242/4.

(2) Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, LVII (1903), p. 794. (3) Geschichte des Volkes Israel et Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft, VI, 4/5.

(4) Archiv für Religionswissenschaft, X, 357 et ss., Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft, XXX, 27.

(5) Ephemeris, I, 26 et ss.

(6) Israeliten, p. 397.

(7) Alexis Mallon, Les Hébreux en Égypte, p. 55.

comme Gunkel (1), Procksch (2), Ulmer (3) sont d'accocd pour admettre qu'il doit avoir existé. Comme preuve ils citent surtout le nom de 'Obed Edom, « serviteur d'Edom » (II Sam, VI, 10 et ss.), les noms phéniciens [n] (CIS, I, 109) et

,CIS, I) עבד אדם CIS, 365) et le nom punique) מלכאדם

n. 295, 4). W. M. Müller (4) pense à une divinité égyptienne Atum, dont il a trouvé la forme féminine Atuma. Le t au lieu du d s'expliquerait par le fait que les Égyptiens ont l'habitude de changer les consonnes dans les mots d'origine étrangère. Le même W. M. Müller (7. c. p. 316 et ss.) croit que le nom d'Esau est à rapprocher de la déesse 'Asit qu'on rencontre parfois sur des monuments du nouveau royaume.

Le nom de Moïse a été expliqué de différentes manières par les savants modernes. La plupart d'entre eux ont voulu y voir un mot égyptien. Naville (5), Gardiner (6), Gressmann (7), Spiegelberg (8) ont pensé à Mosou « enfant », comme dans Ah-mosis, Enfant d'Ah, Thout-mosis, Enfant de Thot. Mais récemment, le savant Américain A. T. Clay a démontré, dans son ouvrage sur l'empire des Amorites (p. 181/2), que ce peuple adorait une divinité du nom de Masch ou de Mesch correspondant au dieu babylonien Nergal et se trouvant, par exemple, dans le nom de Meš-lam-ta-e, « Meš envoie encore un fruit ». Il est possible que ce même nom figure aussi dans les noms bibliques, tels que Maš (Gen., X, 23), Misal (Josué, XIX, 26), Mášal (I Chr., VI, 59).

Le même Clay (ibid., p. 177/8) observe que les fils de Moïse, Gerson et Eliézer, portent également des noms empruntés à des divinités émorites. Le nom du dieu Gir figure dans beau

(1) Genesis3, p. 76.

(2) Genesis, p. 321.

(3) Die semilischen Eigennamen, p. 25-26.

(4) Asien und Europa, p. 316.

(5) Store-city of Pithom, p. 7.

(6) Journal of Eg. Arch., V (1918), p. 221.

(7) Mose und seine Zeit, p. 432

(8) Zeitschrift der Deutschen Morgenlaendischen Gesellschaft, 1889, p. 633.

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