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dans l'hymne bilingue (reproduit p. 69 et suiv.) en l'honneur d'Ishtar d'Agadé, on reconnaît des emprunts à l'Ishtar d'Uruk.

En réalité, il n'y a pas plusieurs Ishtar, fondamentalement distinctes, et M. Plessis croit à un type unique constitué par quelques traits caractéristiques auxquels se sont ajouté des traits secondaires qui, parfois, l'ont emporté. Il la définit comme étant essentiellement la « déesse de la vie » : la vie, elle la communique en tant que déesse de la fécondité et de la végétation; elle la défend et la conserve contre les maladies et les mauvais sorts, en tant que déesse qui écoute favorablement les incantations; elle la protège enfin contre les entreprises des ennemis en tant que déesse guerrière» (p. 81).

Un chapitre particulièrement utile est celui consacré à l'Arabie du Sud et à l'Ethiopie. Ici, qu'il s'agisse des pays de Ma‘in, de Saba, de Qataban ou du Hadramaut, 'Athtar est toujours une divinité mâle. Par contre Shams, le soleil, est une déesse en Arabie méridionale et l'on tend même aujourd'hui — contrairement à notre identification avec la planète Vénus à reconnaître Allat dans la déesse solaire.Les inscriptions, seuls documents à notre portée, fournissent somme toute des données assez maigres qui « ne permettent qu'une ébauche de la physionomie d'Athtar; mais, si marqué que soit le contraste entre le portrait achevé de l'Ishtar babylonienne, et ce dessin à large traits, les deux figures marquent une ressemblance frappante » (p. 147).

Contre M. Nielsen, M. Plessis accepte avec D. H. Muller le témoignage d'el-Hamdani, à savoir que le dieu Ilmouqah était identifié à la planète Vénus, et par suite à 'Athtar.

Avec le pays d'Amurru (Syrie et Palestine), la documentation redevient abondante et variée. Encore l'auteur a-t-il pensé qu'il devait, en général, faire abstraction des documents grecs ou latins « relevant, dit-il (p. 162), des traditions tardives et reflétant des conceptions syncrétistes et récentes ». Cependant, le départ est assez difficile à établir et sujet à surprises. Ainsi nous savons aujourd'hui que l'identification de la Dame de Gebal avec Isis, affirmée par Plutarque et que, par suite, on pouvait estimer de basse époque syncrétiste, remonte au quatrième millénaire avant notre ère. Les découvertes de M. P. Montet, à Byblos, l'ont démontré et ainsi la

définition de la Dame de Gebal donnée par une tablette d'el-Amarna ialt sha sharri bêli-ya, c'est-à-dire déesse de mon maître le pharaon, prend une singulière valeur. M. Plessis, qui ne connaissait pas le résultat des nouvelles fouilles au moment où il publiait son ouvrage, a bien jugé que « la formule de Rib-Addi n'est pas complaisance ou habileté de vassal ».

Il faut noter qu'on a contesté la présence à Baetocccé de la déesse ascalonite » (ad p. 161).

Le commentaire de l'inscription d'Eshmounazar nous paraît peu réussi. Conclure qu'Eshmoun est le « Baʻal de Sidon » et ajouter «< ceci ne surprendra personne, car on sait qu'Eshmoun est au premier rang du panthéon sidonien », appelle de sérieuses réserves. M. Baudissin a écrit un gros ouvrage pour prouver le contraire et il eut fallu en présenter une réfutation, si sommaire futelle. Les arguments avancés ne nous ont pas convaincu et nous restons sur nos positions 1.

Plus que jamais, nous sommes persuadé qu'on fait fausse route en rapprochant 'Até (du complexe 'Attar'até, Atargatis) du dieu Attis, comme s'y sont efforcés Baethgen, Baudissin et Ed. Meyer. En dehors de l'argument décisif tiré des monnaies de Hierapolis, il faut observer que 'Até n'est pas autre chose que la déesse 'Anat puisque les papyrus judéo-araméens d'Eléphantine établissent que cette dernière est la parèdre de Bethel, forme locale de Hadad'. 'Anat étant évidemment la graphie la plus ancienne, on voit qu'il est difficile de maintenir l'identification avec Attis, même en ayant recours au subterfuge du changement d'apparence que le dieu pouvait offrir après sa mutilation.

Si les auteurs classiques n'ont pas été simplement entraînés à des comparaisons qui témoignent de leur érudition plus que de leur souci

1. En dehors de nos Notes de mythologie syrienne et de R. H. R., 1912, I, p. 362367, elles sont résumées par la traduction d'un passage controversé de l'inscription d'Eshmounazar que nous lisons (R. H. R., 1920, I, p. 88): « Eshmoun, prince saint, qui a rendu l'âme dans la montagne », d'après Psaumes, XXXI, 10 et 11. Quant à la valeur de shamim adirim, un texte du premier siècle (R. H. R., 1911, p. 335 et suiv.) nous paraît l'éclairer, aussi le shamim roumim des textes de fondation du temple d'Eshmoun pour lesquels nous avons proposé, ibid., p. 336 note 3, une lecture un peu différente.

2. Voir nos Origines cananéennes du sacrifice israélite, p. 232-233.

d'exactitude, l'influence du dieu phrygien Attis sur les cultes syriens de Hierapolis-Mabbog ne peut être que fort tardive. La preuve en est que, dans cette ville, les prétendus galles ne sont pas des prêtres et ne sont même pas en honneur: on leur interdit l'entrée du sanctuaire. En eût-il été ainsi, si le culte d'Attis s'était implanté de longue date à Hierapolis? D'autre part, nous avons montré que l'alektruon, où par un calembour peu en situation les savants modernes ont voulu voir un galle, était un fonctionnaire dont le titre araméen signifiait à la fois « inspecteur » et « coq1», ce qui explique la traduction grecque de Lucien. Il faut donc renoncer à des rapprochements qui sont de simples mirages et faussent la nature du culte hiérapolitain.

Le chapitre consacré à « Astarté dans la Bible » est particulièrement développé. La recherche s'étend aux œuvres littéraires où l'on a soupçonné un emprunt aux légendes d'Ishtar ou d'Astarté. Les suggestions de Jensen concernant l'histoire d'Esther sont curieuses, mais peu décisives. Pour les rapprochements de H. Winckler et Stücken, le mieux est de les passer sous silence. Quant aux épithètes divines dont l'identité est si frappante en Babylonie et en Israël, M. Plessis en fournit une liste intéressante empruntée aux fidèles d'Ishtar et à ceux de Yahvé et voici sa conclusion: « On ne saurait nier, dit-il, que les auteurs sacrés, les prophètes spécialement, dans leur lutte incessante contre l'idolâtrie, aient pu attribuer au seul vrai Dieu des prérogatives nobles que les païens partageaient entre les multiples fantômes de leur panthéon; qu'ils aient pu relever parfois des épithètes prêtées aux fausses divinités, et en prendre occasion pour affirmer que ces attributs appartiennent en réalité à Jahvé et à Jahvé seul. »

La première partie que nous venons d'analyser, est consacrée au Caractère d'Ishtar-Astarté ». La seconde partie de l'ouvrage concerne le culte d'Ishtar-Astarté »; on y étudie le personnel du culte, les offrandes et sacrifices, les fêtes et cérémonies.

M. Plessis a non seulement très utilement groupé et discuté une masse de documents d'un grand intérêt, mais il nous paraît être arrivé à vérifier l'essentiel de sa thèse, à savoir l'unité fonda

1. Journal asiatique, 1910, II, p. 645 et suiv.

mentale du type divin représenté par Ishtar, Astarté et 'Athtar. Il reconnaît contrairement à la doctrine panbabylonienne que cette divinité était « bien vivante » dès avant l'installation des Sémites en Babylonie.

René DUSSAUD.

S. EITREM et A. FRIDRICHSEN. Ein christliches Amulett auf Papyrus. Kristiania, Jacob Dybwad, 1921, 31 p., in-8°.

Il s'agit d'une formule d'adjuration, destinée à assurer à une maison et à ses habitants protection contre tout mal et tous malėfices des mauvais esprits et des hommes (ò mavτòç xxxcũ, àñò βασκοσύνης, πάσης ἀερίνων πνευμάτων καὶ ἀνθρωπίνου ὀφθαλμού) et aussi contre les scorpions et les serpents. Elle est écrite sur un petit papyrus acquis au Caire, et qui a 10 centimètres de haut, sur 16 de large. Son origine chrétienne n'est pas douteuse, et elle n'est pas antérieure au Ive siècle. Les deux auteurs se sont partagé son étude l'un a considéré le texte-il a 10 lignes du point de vue de sa langue et de son contenu; l'autre l'a commenté du point de vue de la théologie et de l'histoire des religions.

La formule s'apparente de très près à celle d'un papyrus d'Oxyrhynchus (VIII, 1152). Elle « lie» d'abord un démon qui a pouvoir spécial sur les scorpions et les serpents (Δένω σε Σκύρπιε Αρτεμίσιε) et c'est lui qui est requis de garder la demeure; elle invoque ensuite la protection du « Seigneur, fils de David selon la chair, qui es né de la Sainte Vierge Marie... » Le démon gardien est « lié » par les noms puissants de Dieu, de Salomon et probabiement du Christ : la lecture des lettres xp, à la fin de la première ligne, reste douteuse.

Le commentaire est nourri et satisfaisant. Un petit excursus, relatif aux pierres magiques, spécialement à celles qui portent le nom de Salomon, le complète, et deux reproductions photographiques l'illustrent. L'intérêt de la pièce tient surtout à ce qu'elle nous offre un bon exemple de syncrétisme populaire pratique. Les formules de la première partie sont païennes et juives et c'est à peine si,la

juxtaposition du nom du Christ change leur caractère; celles de la seconde partie, encore que d'intention magique, sont de forme orthodoxe correcte. L'auteur n'a pas été choqué d'accoupler la dynamis du nom du Seigneur à celle des noms réputés efficaces dans la magie judéo-païenne, pour faire « marcher » un démon comme il fallait.

Ch. GuigneBERT.

PRESERVED SMITH. A Short History of christian Theophagy. Londres et Chicago. The open Court publishing Company, 1922, in-8° de 223 p.

Le titre est hardi; le livre l'est aussi. Son auteur s'est proposé une étude purement objective, dans le champ de l'histoire comparative des religions, d'une pratique dont le christianisme a fait le centre de son culte et qu'il a dogmatisée. C'est en partant des débats du temps de la Réforme sur l'eucharistie que M. Smith s'est spécialement intéressé au problème; il l'a étudié en remontant jusqu'aux origines de la théophagie, c'est-à-dire jusqu'à l'origine des religions. Il lui a semblé que les débats du moyen âge et de la Réforme n'étaient que des tentatives de rationalisation et d'explication modernisée du «< ceci est mon corps »; il fallait rechercher d'où venait le concept, ou le mythe, que l'expression enferme.

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L'information est très étendue la bibliographie n'occupe pas moins de 9 pages et, si elle n'est pas critique, elle est du moins assez complète; je regrette pourtant de n'y pas trouver Les mystères païens et le mystère chrétien de Loisy. Pour M. Smith, la théophagie chrétienne remonte au temps où l'homme émergeait de l'animalité et c'est l'exemple le plus frappant du « conservatisme» de la religion. C'est en mangeant l'être divin - par exemple le tolem que le primitif absorbe son mana; le chrétien ne fait, au fond, pas autre chose. D'ailleurs, au temps où l'eucharistie chrétienne s'est constituée, le repas sacramentel tenait une place de premier plan dans tous les mystères. -- Toutes ces affirmations, d'ailleurs exactes, s'accompagnent d'un grand luxe de références à des textes qu'on

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