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à Lanuvium des cérémonies en l'honneur de Juno Sospita : Cicéron nous en donne l'assurance formelle à la fin de son plaidoyer pour Murena (23). Le culte de Juno Sospita appartenait à la religion proprement romaine, comme le culte de Jupiter Latiaris, au sommet des Monts Albains. Il était donc naturel que les Vestales de Rome prissent part à quelque rite de ce culte.

Il n'y a d'ailleurs aucune contradiction entre les détails du rite et ce que nous savons du caractère ou des attributions des Vestales. Le gâteau, qu'elles apportaient au dragon sacré, avait sans doute été pétri par elles, de même qu'elles fabriquaient la mola salsa ; l'influence de leur virginité sur la prospérité agricole, influence qui s'exprime dans le dernier vers du passage de Properce:

Clamantque agricolæ : Fertilis annus erit.

est loin d'être en contradiction avec leur rôle dans le culte romain, puisqu'elles tenaient une place importante dans les rites des Fordicidia et des Parilia, destinés à promouvoir la fertilité du sol et la fécondité des troupeaux. Enfin, remarquons que l'épreuve, en elle-même, ne suffisait pas à démontrer la faute de la Vestale ou des Vestales coupables. Le refus du dragon de toucher aux aliments qui lui étaient présentés était tenu seulement pour une présomption. Une enquête était faite : αἱ παρελθουσαι ελέγχονται, précise Elien. L'application des sanctions prévues dépendait du résultat de l'enquête.

J. TOUTAIN.

(23) Cicéron, Pro Murena, 41; Date (Murenam) Lanuvio, municipio honestissimo... Nolite a sacris patriis Junonis Sospitae, cui omnes consules facere necesse est, domesticum et suum consulem potissimum avellere.

A propos du texte nouveau

de l'Apocalypse de Pierre.

Lorsque, en 1892, fut publié un fragment de l'Apocalypse de Pierre, découvert à Akhmin, en Haute-Egypte, au cours de l'hiver 1886-1887, en même temps que quelques pages de l'Evangile de Pierre et que le texte grec des trente-deux premiers chapitres du livre d'Hénoch, cette publication fit sensation et provoqua un nombre considérable de travaux et d'éditions. De fait, les deux fragments pétriniens étaient des documents de la plus haute importance. L'Apocalypse notamment ouvrait des perspectives nouvelles sur la conception du monde d'outre-tombe dans le christianisme ancien.

L'impression produite par cette découverte rend, il faut l'avouer, assez surprenant le fait que la mise au jour, sinon de l'Apocalypse tout entière, du moins d'un fragment beaucoup plus étendu que celui que nous possédions en grec, ait passé, en 1910, à peu près inaperçue.

MM. Harnack (1) et James (2) avaient exprimé l'idée qu'il ne fallait pas renoncer à l'espoir que le texte de l'Apocalypse de Pierre soit encore conservé dans une version orientale. Cette prévision s'est trouvée réalisée, puisque c'est dans une version éthiopienne que l'Apocalypse de Pierre a été retrouvée. Elle est incorporée à un recueil de littérature pseudoclémentine qui, sous sa forme actuelle, paraît remonter au VII ou au vIII° siècle. Cet ouvrage avait été étudié par Dill

(1) Chronologie, I, p. 32.

(2) Revelation of Peter, 1892, p. 57 n.

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mann (1858), par Paul de Lagarde (1891) et par M. Bratke (1893). Nous empruntons à M. Bardenhewer la notice suivante à son sujet : « Sous le titre de Apocalypses Sancti Petri per Clementem, Liber Clementis, etc., existe en manuscrits, en arabe et en éthiopien, une œuvre considérable qui se donne comme composée par Clément de Rome et prétend contenir des révélations du Seigneur à Pierre. Les descriptions des manuscrits ne s'accordent pas, évidemment parce que l'œuvre est conservée en diverses recensions et paraît avoir subi plusieurs remaniements d'âges différents. L'ouvrage contient des développements historiques, apocalyptiques et juridiques. C'est même sous sa forme la plus primitive - une compilation dans laquelle sont utilisées des sources plus anciennes et qui paraît vouloir donner une image complète de l'histoire du monde ou de l'histoire de l'Eglise depuis le commencement du monde jusqu'au retour du Seigneur. Autant que permettent d'en juger les fragments publiés jusqu'ici, l'œuvre est sans aucun rapport avec la vieille Apocalypse de Pierre. Dillmann a rendu compte de l'œuvre éthiopienne d'après un manuscrit de Tübingue; il pense que le texte éthiopien est la traduction d'un original arabe qui aurait été écrit par un monophysite en Egypte, au milieu du viIIe siècle. Paul de Lagarde a donné quelques extraits du texte arabe d'après un manuscrit de Paris. Bratke a fourni un aperçu sur la tradition très embrouillée de l'ouvrage. Les fragments qu'il a publiés sont un morceau dogmatique à tendance fortement eschatologique traduit de l'arabe sur un manuscrit de Berlin par E. Prym et un fragment qui traite également des derniers jours, traduit de l'éthiopien sur un manuscrit de Tübingue par Dillmann »> (1).

Ainsi, dans les fragments étudiés par M. Bratke (2) et par ses prédécesseurs, ne se trouvait rien qui présentàt une affinité quelconque avec le texte grec de l'Apocalypse de Pierre. On

(1) BARDENHEWER, Geschichte der altchristlichen Litteratur, I, Freiburg i. B., 1902, p. 475.

(2) Handschriftliche Ueberlieferung und Bruchslücke der arabischaethiopischen Petrus-Apokalypse, Z. f. wiss. Th., 1893, p. 454-493.

ne comprend pas, dans ces conditions, comment M. Weinel a pu écrire que, dès 1893, on aurait pu reconnaître que l'Apocalypse de Pierre pouvait se trouver dans les pseudo-Clémentines éthiopiennes.

De 1907 à 1910, M. Grébaut a publié dans la Revue de l'Orient Chrétien, sous le titre de « Littérature éthiopienne pseudo-Clémentine », d'après un manuscrit de la collection d'Abbadie (N° 51), la traduction d'un ouvrage éthiopien où se trouve le récit d'une révélation faite par Jésus à Pierre et transmise par celui-ci à son disciple Clément, sur les événements de la fin du monde. M. Grébaut n'a pas remarqué la ressemblance, cependant très étroite, de certaines parties du texte publié par lui avec l'Apocalypse de Pierre.

C'est un savant anglais, spécialement compétent en matière d'apocryphes, M. R. James, qui, le premier, a reconnu que l'Apocalypse de Pierre se retrouvait dans le texte éthiopien publié et traduit par M. Grébaut. Il a signalé le fait et étudié sommairement les relations des deux textes dans un article publié au t. XII (1910-1911) du Journal of theological Studies, sous le titre « A New Text of the Apocalypse of Peter ». Il publiait en même temps un nouveau fragment grec découvert sur un feuillet de vélin datant du ve siècle et acquis en Egypte, en 1895, pour la bibliothèque Bodleienne. M. Nau a fait connaître la découverte de M. James dans une courte note de la Revue de l'Orient Chrétien, en 1910 (p. 441).

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A la suite de M. James, M. Duensing a donné, dans la Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft de 1913, une traduction allemande du texte éthiopien sous ce titre : Eine, Stücke der urchristlichen Petrus apokalypse enthaltender, Traktat der äthiopischen Pseudoklementinischen Litteratur (p. 65-78). A la traduction du fragment principal est jointe une analyse du reste du livre et quelques remarques assez sommaires sur les rapports de la version éthiopienne tt du texte grec. L'auteur termine son, étude par ces mots pleins de vérité : « Hier gibt es noch genug zu untersuchen » (p. 78).

Dans un article inséré dans un volume d'hommage à Harnack (Bonn, 1919), M. Klostermann, d'après M. Weinel, s'est borné à indiquer l'importance de la découverte.

C'est là tout ce que je connais sur le nouveau texte, c'est tout ce que j'ai trouvé cité dans la notice de M. Weinel dont je parlerai tout à l'heure. La découverte a donc passé assez inaperçue, ainsi que le prouvent les deux faits suivants :

Dans sa traduction du Nouveau Testament, publiée en 1922, M. Loisy, toujours si admirablement informé, a ajouté en appendice les fragments de l'Evangile et de l'Apocalypse de Pierre, il les donne d'après le texte grec et ne fait, dans l'introduction qu'il leur consacre, aucune allusion à la version éthiopienne.

Dans la seconde édition du premier volume de l'excellent Handbuch der Kirchengeschichte de Preuschen-Krüger (Tübingen, 1923, p. 46), M. Krüger signale seulement, sans paraître attacher à ce fait une importance particulière, que, d'après M. Duensing, des fragments de l'Apocalypse de Pierre seraient conservés dans la littérature pseudo-Clémentine éthiopienne.

Il est probable que, maintenant, le nouveau texte attirera davantage l'attention des historiens. Il vient en effet d'être inséré dans un recueil où il ne peut guère leur échapper, rous voulons parler de la seconde édition de l'excellente traduction allemande des Apocryphes du Nouveau Testament, de Hennecke, qui vient d'être achevée. A la traduction du texte grec de l'Apocalypse de Pierre, qu'il avait donnée dans la première édition, M. Weinel a ajouté, dans la seconde, une traduction du texte éthiopien, établie à l'aide de celles de MM. Grébaut et Duensing et de corrections communiquées par MM. Duensing et Littmann. L'introduction a naturellement été entièrement refaite.

C'est en me servant du travail de M. Weinel que je voudrais essayer de donner une idée des conditions dans lesquelles se présente maintenant l'Apocalypse de Pierre et de l'aspect en partie nouveau que prennent les problèmes que pose ce document.

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