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sectes chrétiennes, au chapitre 6 de son Hodoporicon ad Terram sanctam : « Sectæ multæ sunt christianorum undique in his ultramarinis partibus, ritibus et diversis nominibus discrepantes. Sunt enim ibi Græci, Syriani, Nestorini, Jacobitæ Christiani, Decentuani, Nubiani, Ethiopes, Indi, Presbyteri Joannis fidem tenentes, et Georgiani, quorum fidem modumque vivendi ac errores describere, longum est (1). » Il ne semble pas mentionner les Arméniens. Est-ce un oubli de sa part? ou ne les tenait-il pas pour assez hérétiques pour les faire figurer dans une liste des principales sectes chrétiennes de son temps?

Une omission du même genre, volontaire ou involontaire, avait déjà été faite par RICOldus de MontE CRUCIS (Monte di Croce). Né vers 1240, dominicain à Florence, ce missionnaire visite l'Orient vers 1294, pour venir mourir à Florence le 31 octobre 1308 (2). Dans son liber peregrinationis, il traitait des Tartares et de leur erreur, des Jacobites, des Maronites, des Nestoriens, des Sarrazins, etc. (3). Je n'ai pas relevé de passage consacré aux Arméniens et à leurs erreurs.

Par contre, BURCHARD de Mont Sion, qui voyagea en Orient vers 1283, donnait, à son retour en Europe, une Descriptio Terræ sanctæ des plus intéressantes (4). Il propose plusieurs divisions de la Terre sainte et du reste du monde (5), et il énumère les diverses religions de la terre sainte, dans l'ordre suivant Sarraceni, Syriani sive Syri, Greci... Item sunt ibi

(1) Cf. Thesaurus monumentorum ecclesiasticorum et historicorum siue Henrici CANISII lectiones antiquæ ad sæculorum ordinem digestæ... (éd. BASNAGE)... (Antverpiæ, 1725), in-fol., t. IV, p. 348.

(2) Cf. Reinhold RÖHRICHT, Bibliotheca geographica palæstina... (Berlin, 1893), in-8°, p. 61-62.

(3) Cf. Peregrinatores medii ævi quatuor. BURCHARDUS de Monte Sion. RICOLDUS de Monte Crucis. ODORICUS de Foro Julii. WILBRANDUS de Oldenborg... (éd. J. C. M. LAURENT), Lipsiæ, 1864, in-4°.

(4) Cf. Peregrinatores medii ævii quatuor... (éd. J. C. M. LAURENT), Lipsia, 1864, in-4, p. 88-95.

(5) Sur ces divisions du monde au moyen âge et sur la géographie légendaire qui avait cours à cette époque, voy:z Ch.-V. LANGLOIS, La connaissance de la nature et du monde au moyen âge, d'après quelques écrits français à l'usage des lacs (Paris, 1911), in-16, p. 89 et suiv.

Armenii, Georgiani, Nestoriani, etc. (1). Il donne de précieux détails historiques, qu'il est important de connaître, et que j'ai traduits en français (2). Je me permets de renvoyer le lecteur à cette traduction. On y trouvera une description pittoresque de la vie du catholicos et du roi d'Arméno-Cilicie au XIII siècle.

Avec le XIVe siècle, les voyages sont aussi nombreux et les renseignements n'en sont pas moins précieux. Il s'agit toujours de nouveaux projets de croisade et des moyens les plus propres à renseigner la chrétienté occidentale.

Le directorium ad passagium faciendum, faussement attribué à Brochard, ou Brocard (« Burcardus ») est un des nombreux projets de croisade composés au début du XIVe siècle ; il fut adressé au roi de France, Philippe VI, en 1332 (3). Parmi les ren seignements abondants qu'il communique aux Occidentaux, relatifs aux Orientaux, le chapitre quod cavendum est ub Armenis (4) est une manière de de erroribus Armenorum, puisque l'auteur y expose pour quelles raisons les Arméniens. n'ont pas toujours gardé fidèlement la foi catholique de Rome. « Je parle premierement de ces Armenins pour ce qu'ilz ne guarduerent oncques entierement verité et loiauté à la foy catholicque, ne à l'Eglise de Romme, ne à eulx-mesmes, ains entre tous les Orientaux ilz sont très mauvais heretiques et enveloppez en moult d'erreurs, tant le clergie comme le menu peuple; desquelles choses je me passe d'en dire plus avant, car il n'appartient pas ad ce present ouvraige, jà soit ce qu'on puist dire veritablement que, en tout Orient, il n'y a nulle erreur, en quelque nation que ce soit, qu'ilz ne communiquent, en tout ou en partie... »

(1) Cf. Peregrinatores medii ævi quatuor... (éd. J. C. M. LAURENT), p. 89.

(2) Cf. F. MACLER, Notes latines sur les Nestoriens, Maronites, Armé- niens, Géorgiens, Mozarabes, dans Revue de l'histoire des religions, 1918, II, p. 258.

(3) Recueil des historiens des Croisades, publié par les soins de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Documents arméniens, tome II. Documents latins et français relatifs à l'Arménie (Paris, Impr. Nat.), 1906, in-fol. p. CXLIII et suiv.

(4) Ibidem, p. 487 et suiv.

La Responsio ad errores impositos Hermenis (circa 1341) de DANIEL DE TAURIS, ainsi que la volumineuse correspondance échangée entre les papes d'Avignon et le clergé arménien, appartient à cette littérature religieuse qui prend aux débuts des relations entre l'Arméno-Cilicie et la chrétienté cccidentale, et se poursuit jusqu'après le règne de Louis XIV (1). Le pape Benoît XII a entendu parler des erreurs de l'église arménienne, et il se refuse absolument « à faire appel à la chrétienté en faveur d'un peuple fauteur de schisme et d'hérésie» (2). C'est alors que Daniel de Tauris intervient, pour réfuter le mémoire envoyé par Benoit XII à Léon IV et au catholicos Jacques II. La réponse de DANIEL est un des documents les plus précieux du moyen-âge, pour connaître la vie intérieure de l'Eglise arménienne de l'Arméno-Cilicie, ses rites, ses croyances, ce qu'on est convenu d'appeler ses erreurs ; elle réfute les accusations portées contre la doctrine et la discipline de l'Eglise d'Arménie par Nersès Balients, et affirme le désir des Arméniens de rester unis à l'église de Rome et scumis au pape, résidât-il à Avignon ou à Rome.

Il va sans dire qu'il est question ici de l'Eglise de l'Arménie occidentale, la seule qui fût en relation avec Rome, et non de l'Eglise arménienne orientale.

A la même époque se place le De itinere terre sancte, de Ludolphus de Sudheim (3). Ce curé de Suchen en Westphalie visita la Terre sainte de 1336 à 1341 (4). Sa chronique date vraisemblablement de 1350, et contient des notices intéressantes sur les Grees, le rite des Grecs, le rite des Syriens, Des Nubiens, Du rite des Indiens (Indorum), Des Arméniens, Des Géorgiens, Des Nestoriens, etc. La notice relative aux Armé

(1) Recueil des historiens des Croisades, publié par les soins de 'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Documents arméniens, tome II. Documents latins et français relatifs à l'Arménie (Paris, Impr. Nat.), 1906, in-fol., p. CCVIII et suiv.

(2) Ibidem,p. CCIX.

(3) Texte publié dans Archives de l'Orient latin..., t. II (Paris, 1884), p. 368-369.

(4) Cf. Aug. POTTHAST, Bibliotheca historica medii ævi..., I (Berlin, 1896), in-8°, p. 748-749.

niens vaut d'être citée : « De Armenis. Armeni sunt Sarracenis semper infesti et litigant cum eis et semper prevalent contra eos. Isti bene conveniunt cum Latinis in diurno officio et in episcopis et presbyteris ordinandis; sed in consecratione vino (sic) (1) addunt oleum. In Adventu Domini stricte ieiunant. In vigilia Pasche carnes comedunt. Et est tanta conversacio (2) inter Grecos et Armenos, quod, quidquid uni placet in observandis ecclesiasticis, alteri displicet, [et] in se invicem excommunicatur » (3).

La liste des œuvres de JEAN DE HILDESHEIM, prieur de Cassel, carme vers 1360, mort le 5 mai 1375 à Marienau (4), est si riche, qu'il est inutile de la citer ici in extenso. Il suffira de mentionner: De trium regum corporibus Coloniam translatis; Chronicon historiarum... ;- Speculum fontis vitæ, etc. J'ai trouvé dans un incunable de la Bibliothèque nationale de Paris, qui n'est ni paginé ni folioté, un passage intéressant de cet auteur, relatif aux Arméniens (5). Je crois utile de le citer ici : « Item armeni sunt christiani in armis strennuissimi et multos antiquos errores postposuerunt et ritus perversos ita dimiserunt ; nam in vigilia Pasche carnes comedere consueverunt dicentes quod Dominus sabbato surrexit a mortuis et presbiteri in consecracionibus ad vinum oleum addiderunt ; sed nunc quotidie ad fidem ecclesie romane accrescunt et episcopi eorum et presbiteri ab episcopis latinis consecrantur et ordinantur et eorum missas et prefaciones cantant melodya latinorum et isti Armeni indifferenter per omnia utuntur habitu vestimentorum et pilleis in capite in presentem diem in modo et forma prout tres reges fuerunt usi et inducti

(1) Lisez vini.

(2) Lisez controversia (?), ou contestatio (?), non dans le sens du latin classique attestation », « témoignage », mais dans le sens du

français contestation »,

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dispute »,

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opposition ».

(3) Archives de l'Orient latin..., t. II, p. 368-369.

(4) Cf. Bibliotheca carmelitana... tomus Ilus (Aurelianis, MDCCLII), in-fol., p. 5.

(5) Bibliothèque nationale. Département des imprimés. Hain n° 9395. Rés. H. 213, au feuillet 34, col. b, en bas.

quando in Jherusalem Dominum quesierunt et in regnis eorum sunt usi dum vixerunt ».

Quelques pages plus loin (feuillet 37 v°), Jean de Hildesheim donne encore cette notice intéressante: «< Capitulum XLII. Ceterum omnes predicti et supradicti christiani et heretici, scilicet armeni, georgiani, soldini, jacobite, maronite, suriani, copti, ysini et greci ac nestorini et mandopolos et omnes secte predicte; quedam secta et eis habet magis de heresi et quedam secta minus; sed quevis secta habet aliam odiose excommunicatam et condemnatam, nec una secta vult cum alia aliqualiter communicare vel participare, et istarum sectarum presbiteri obediunt episcopis de quorum dyocesi ipsi vel parentes eorum sunt nati... >>

Le temps m'a manqué pour confronter le texte manuscrit de RICHARD FITZ-RALPH, archevêque d'Armagh, tel qu'il est conservé à la Bibliothèque de Cambrai (n° 565 [523]) (1) avec l'édition qui a été faite des œuvres de cet auteur. Cet archevêque, né dans le comté de Louth, mourut à Avignon en 1360. Il était réputé pour sa science de théologien, de jurisconsulte et de philosophe. On a publié de lui un Traité contre les erreurs des Arméniens (Paris, 1511 et 1512) (2).

Avant de clore cette liste de de erroribus Armenorum datant du XIV siècle, mention sera encore faite d'un document anonyme, en latin, conservé à la bibliothèque de la ville d'Avignon (au musée Calvet). Ce texte date du XIII ou du XIVe siècle. Je l'ai publié dans la Revue des Etudes arméniennes, t. II, fasc. 2 (1922), p. 269-276. Deux planches, donnant le texte, permettront au lecteur de se faire une idée de la paléographie du document. On y traite, comme dans les ouvrages précités, des erreurs dogmatiques que la catholicité voyait ou croyait

(

(1) Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (Paris, 1891), tome XVII, p. 216-217, Richard Fitz-Ralph, archevêque d'Armagh... Explicit Armacanus de erroribus Armenorum, finitus anno Domini millesimo quadringentesimo tercio, mensis julii die 27 » (XVe siècle; parchemin).

(2) Cf. Abbé J.-B. GLAIRE, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques (Paris, 1868), t. II, p. 1961.

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