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intérieur, est représenté par les prophètes, ainsi que par les moines. Il est impossible de suivre ici dans le détail l'aperçu systématique que donne Ed. Lehmann de l'état présent de l'histoire des religions. Nous avons déjà mentionné que la tendance dominante est celle de la philosophie idéaliste du protestantisme septentrional; elle aboutit à se réclamer de la piété altruiste, chrétienne qui « sait unir, dans une préoccupation égale de Dieu et de l'homme, la fermeté personnelle et l'activité sociale. »>

Après cet exposé de la méthode de l'ouvrage et de son point de vue scientifique, on pénètre dans les travaux de détail, au nombre de quinze, répartis sur deux volumes. Les études consacrées aux diverses religions sont accompagnées de notices bibliographiques qui ne prétendent pas être complètes; mais à côté des œuvres maîtresses dont aucune n'est oubliée, on trouve aussi nombre d'ouvrages importants qu'il y a profit à voir citer avec tant de discernement. Là aussi le célèbre Manuel conserve son utilité pratique et la solidité de son contenu. La liberté la plus complète a été laissée, quant au resic, à chaque collaborateur pour organiser son ressort à sa guise.

Le professeur Ankermann, de Berlin traite, des primitifs. Ainsi qu'il est habituel en cette matière, le point de vue ethnologique est prépondérant. Les riches trouvailles des chercheurs sont analysées et classées en bonne place. Les idées dominantes de Tylor (animisme) et de Codrington (mana) servent ici aussi de lignes directrices. Les Peaux-Rouges, les Nègres, les indigènes du Pacifique en fournissent les exemples classiques. Le totémisme demeure un problème central, bien que son importance universelle ait un peu pâli depuis que les recherches de certains historiens, sur les religions méditerranéennes par exemple, semblent n'en pas trouver trace. Il cesserait donc d'ètre la racine originelle de toutes les religions du globe. Mais il garderait toute sa valeur symptomatique, dans la mesure où il est la forme-type de la transition qui met les conceptions religieuses au service de

fins sociologiques pratiques. Le symbole animal y est un symbole de race, l'application collective l'emporte de beaucoup sur l'application individuelle. Dans l'ensemble, on peut dire que cet exposé de la religion des primitifs, extrêmement prudent, se défend d'employer « la béquille de l'hypothèse » et tient à n'utiliser que des résultats certains. Ceci est cause qu'il se borne à rassembler les données de la préhistoire en matière de religion, plutôt que de risquer d'envisager comme un phénomène mondial et global une religion primitive dans toutes les migrations et les combinaisons de ses éléments composants et dans leur évolution divergente. L'auteur s'abstient de tout principe systématique ainsi l'idée du dieu naturel (Naturgott) n'est pas rapprochée de celle du symbole naturel, (Natur-symbol) d'où est pourtant sorti tout le système d'imąges antérieur au déisme. L'auteur admet comme base sûre d'investigation méthodique les recueils d'anecdotes des voyageurs ou des folkloristes indigènes; c'est ainsi qu'un livre comme La Religion des Evéens, de Spieth, figure en première ligne.

Pour la religion des Chinois, le professeur 0. Franke a pu se référer à ses propres œuvres sur L'agriculture et la sériculture, leur signification morale et religieuse au Kéng-tschi t'u, ainsi qu'à ses études sur l'histoire du dogme confucianiste et la religion d'Etat des Chinois. Il décrit le vaste sol nourricier sur lequel apparaît, dès une époque reculée, cette masse énorme de tribus séparées dont l'ensemble forme ce qu'on peut appeler le peuple chinois. Il décrit ensuite le taoïsme ancien et la réaction confucianiste, puis l'évolution qui fait du confucianisme la religion d'Etat et enfin le système reli gieux et mystique qui naît de la philosophie spéculative de Lao-Tsé. Une place est réservée au boudhisme, dans la mesure où il a passé de son pays d'origine en Chine, ainsi qu'au lamaïsme, «< cette variété étrange et grimaçante du bouddhisme, dont la laideur choque notre sentiment et qui règne au Thibet et en Mongolie. » Le dernier stade de cette évolution est mar

qué par les événements qui, après la fixation du dogme au XIIe siècle, laissèrent tout juste subsister un formalisme pétrifié, et aboutirent en 1912 à la chute de la monarchie; cette. chute porta un coup mortel à la plus vieille religion d'Etat qui se fût maintenue depuis des milliers d'années sur la terre.

Dans la mesure où les relations qu'elle entretient avec l'Etat. font la valeur d'une religion, et où l'Etat en question se distingue par sa vigueur politique et son activité économique, on peut comprendre que le professeur K. Florenz, de Hambourg, ait donné à son exposé de la religion japonaise des proportions, que la valeur originale de cette religion ne justifierait peutêtre pas. Sa pénétrante étude s'attache principalement à la vieille religion nationale du Japon, le shintoïsme, et à la forme qu'y a prise le bouddhisme après son implantation. Le mélange. même qui se produisit au pays du soleil levant et de la fleur du cerisier, entre l'attachement aux ancêtres, chez un peuple très civilisé, et la force d'attraction d'un intrus vigoureux, a entraîné tant de nuances et de flottements que c'est là que réside la vraie richesse de la religion japonaise. Florenz me. semble avoir étudié avec une extraordinaire compétence ces particularités diverses. Au demeurant, l'interprétation linguis tique était ici facilitée, l'orthographe japonaise étant l'orthographe phonétique universellement usitée, où les voyelles sont celles de l'allemand, les consonnes celles de l'anglais.

C'est tout ce qui a paru du tome premier. Le second traite des peuples indo-européens et débute par une grandiose description des religions hindoues, dûe au norvégien Sven Konow, professeur à Christiania. L'énorme matière se répartit ainsi : aperçu général du pays et de la race, des périodes et des sources; les temps védiques, d'où l'auteur détache d'abord les épo ques pré-indoues, en signalant dans la religion védique des vieilles conceptions aryennes qui sont l'origine du plus ancien panthéon hindou. On examine ensuite quelles relations les Hindous védiques entretiennent avec les puissances supérieures et le rôle que jouent dans ces relations la sorcellerie et les sacri,

fices C'est ici que se placent quelques brèves considérations métaphysiques sur la vie et la mort et les croyances eschatologiques. Nous voyons ensuite la secte, puissante des brahmanes conquérir sa situation dominante; après l'exposé de leur croyance spéculative au sacrifice, nous pénétrons dans ce qui est leur création religieuse originale, le panthéon brahmanique. Dans l'intervalle, en même temps que se développait le rituel des sacrifices qui domine tout à l'origine, se développait aussi la théorie du sacrifice. « La connaissance, le djiniana, est aussi une imitation magique du réel et a la même valeur que l'action. le Karma. » C'est déjà la pensée des Upanishads. De cette pensée naissent des systèmes cohérents de philosophie religieuse, qui sont l'œuvre d'une série d'écoles religieuses, L'idée que la religion contient des vérités éternelles et se révèle aux seuls voyants, est très ancienne dans l'Inde. C'est à cette idée que se rattachent les pratiques de l'école du Yoga dont l'origine est extrêmement reculée. Le djaïnisme apporte ici une innovation. L'idée monacale du renoncement et la prati. que du jeûne ont pour initiateur un personnage historique, le prince Vardhamana, né en 599. Le djaïnisme a été le précurseur du bouddhisme; il a survécu, puisqu'il possède encore de nos jours des adeptes, peu nombreux à la vérité; mais c'est le bouddhisme, plus récent, qui est devenu une religion mondiale. Konow raconte d'abord la vie du Bouddha, puis décrit sa doctrine, la communauté bouddhique et son culte, enfin les sectes qui se sont formées à l'intérieur du bouddhisme. JI passe ensuite à sa diffusion. Toutefois le brahmanisme subsisto si fort qu'il réussit avec le temps à expulser le bouddhisme de l'Inde. Ce n'a pas été sans perdre quelque chose de son caractère savant et sacerdotal, à mesure qu'il se laissait envahir par des croyances populaires. Les conséquences en ont été les religions locales hindoues avec leur système de castes; l'autorité des Vêdas et celle des brahmanes, la doctrine du karma, le culte de la vache sont communs à tous les Hindons. Mais au sein de l'hindouisme surgit une au

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tre nouveauté qui est la croyance à un dieu suprême, le Bhagawat, c'est-à-dire le Vénérable, le Sublime. Ceci produit avec la doctrine du Bhakti tout un mouvement d'écoles nouvelles. Leur tendance générale semble êtro de ramener au monothéisme le panthéon innombrable des dieux hindous, en choisissant l'un ou l'autre des dieux principaux. C'est ainsi qu'il a existé dans l'Inde méridionale une secte bhakti qui cherchait à développer et à affermir la religion de Vischnou. Une autre secte bhakti, pure de tout sentiment de caste, a travaillé dans le nord sous l'invocation de Rama. La doctrine bhakti atteignit le pays des Marhattes, mais sous forme poétique principalement. Ces poèmes ont pour auteurs plus de cinquante poètes appartenant aux catégories sociales les plus variées : brahmanes, agriculteurs, tailleurs, jardiniers, potiers, orfèvres, femmes esclaves, anciennes hétaires, voire prolétaires hors caste. « Les cantiques sont expliqués par les prédi cateurs et chantés par des choeurs. Le peuple assemblé écoute avec recueillement et émotion, et l'esprit du bhakti les saisit tous. » Mais le bhakti ainsi vénéré est ce même Krishna qui est célébré dans le Bhagavad-Gita ; Rhada se joint à lui. De même le tisserand musulman Kabir qui a influé sur la religion des Sikhs, avec Nanak, leur premier guru. Le deuxième, grand dieu hindou, Siva, est, comme Vishnou, honoré dans des sectes nombreuses; il demeure, quant à lui, l'Insondable, mais se manifeste par les révélations de la Sakti. Ces innombrables transformations et prolifications du panthéon hindou nous amènent en pleine période chrétienne. Au xvie siècle, sous le règne de l'empereur Akbar, s'accuse la tendance d'établir une religion universelle unifiée. « Il invita des hindous et des bouddhistes, des musulmans, des parsis et des chrétiens à soutenir dans des discussions publiques et contradictoires leurs articles de foi, et il tenta de combiner dans un monothéisme à nuance panthéiste ce qui lui parut juste et vrai dans ces diverses religions. » Ce fut en vain. L'Inde passa alors par une période de rationalisme qui ne coïncide pas tout à fait

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