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gne ». Et si ces deux portraits étaient historiques, nous nous trouverions en face d'une antinomic irréductible. Heureusement nous n'en sommes pas là. Le jugement des contemporains de Jésus n'a pu être inventé par l'apologétique pour laquelle il était une pierre de scandale, tandis que les prophétics de la passion et du retour n'ont aucune consistance (voir p. 12) D'où il suit que le discours de la plaine a été fabriqué de toutes pièces par Luc avec réminiscences des psaumes — et que le discours de la montagne en est une copie considérablement agrandie et modifiée.

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Un mot encore sur quelques traits de la prédication de JeanBaptiste rapportés par Luc III, 7-17 et Matthieu III, 7-12: «Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Ne dites pas en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que, de ces pierres, Dicu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la hache est mise à la racine des arbres. Tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu... Il a son van à la main; il nettoiera son aire et il amassera le blé dans son grenier; mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteindra pas ». Les pierres dont Dieu peut faire des enfants d'Abraham, ce sont les païens substitués aux Juifs. La hache et le van désignent la puissance romaine qui doit exterminer les Juifs lesquels sont symbolisés par les arbres stériles et la paille. Pour tout dire la prédication. de Jean-Baptiste annonce la réprobation et l'extermination de la nation juive, c'est-à-dire des événements étrangers à l'horizon des disciples de Jésus, à l'horizon de Paul. Cette prédi cation n'a aucune attache historique; c'est une composition. libre inspirée par le cataclysme de 70 et dont l'auteur est Luc qui a passé sa copie à Matthieu.

Je m'arrête. Après les constatations que nous venons de faire on est autorisé, je crois, à conclure que l'hypothèse d'une Source commune ne suffit pas pour rendre compte des rapports de Matthieu et de Luc. Je ne dis pas qu'elle est fausse; je dis qu'elle est insuffisante. Matthieu a pu quelquefois puiser

ses renseignements à la même source que Luc sans utiliser Luc lui-même. Mais, il s'est beaucoup servi de Luc pour écrire son évangile. Il a reproduit plusieurs de ses textes; sur d'autres il s'est livré à un travail d'interprétation, de correction, de transposition, de rapiéçage, de sublimation. Le principe de la dépendance est acquis. Voilà un premier résultat obtenu. Et en voici un second. Luc ne craint pas d'attribuer au Christ des prophéties que le Christ n'a jamais faites, des propos que le Christ n'a jamais tenus. Il invente de toutes pièces des récits et des discours. L'histoire, telle qu'il la comprend, est un exercice dans lequel le principal rôle appartient à l'imagination. En cela d'ailleurs il est un homme de son temps. Un siècle avant lui Cicéron avait dit: Concessum est rhetoribus ementiri in historiis (Brutus, XI). Cicéron, il est vrai, avait en vue les avocats. Mais précisément l'évangile que Luc a écrit est un plaidoyer d'avocat.

Henri DELAFOSSE.

Armes avec motifs astrologiques et talismaniques

On a décrit et commenté ailleurs les motifs et les inscriptions de caractère talismanique gravés sur des armes du Musée de Genève :

1. dague du XIIe siècle, avec entrelacs et carré sur le pom

meau 2.

2. amulette d'archer, du xve siècle 2.

3. épée, avec IN ÷ MINI †1.

4. Couteau de chasse, xvIIe siècle, avec inscription hébraïque et grecque 5.

On veut compléter ici cette étude en signalant quelques documents nouveaux étroitement apparentés entre eux par leur décor:

1) Talismans de Guerre, de chasse et de tir, Indicateur d'antiquités suisses, 1921, p. 142, 194.

2) Ibid., p. 145 sq., fig. 2.

3) Ibid., p. 198 sq., Pour M. Hoffmann-Krayer, ce ne serait pas une amulette, mais la figuration de quelque scène épique.

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4) Ibid., p. 203. On lit des inscriptions analogues sur des armes du Musée de Berne: IHN MINI; IN MINI; MINI. Pour M. Wegeli, ce serait la déformation des formules INRI ou JHS MARIA. Jahresber. d. bernischen historischen Museums in Bern, 1921, p. 50-1, n. 367, 368, 370. Je ne le crois pas; il s'agit plutôt d'une formule réversible, dont M. Wegeli donne lui-même un exemple, AINANIA, sur une arme, Inschriften auf mittelalterlichen Schwertklingen, 1904, p. 23, fig. 31; cf. encore sur ces formules réversibles, mon compte rendu de l'ouvrage de M. Besson, Indicateur d'histoire suisse, 1922, p. 251 sq. 5) Ibid., p. 150 sq.. 194 sq.

Les uns appartiennent au Musée de Genève:

5. B. 500. Couteau de chasse, 2o moitié du xvIIe siècle (fig.

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6. B. 504. Sabre xvIIe siècle (fig. 3-4).

7. B. 542. Sabre, fin du XVIIe s. ou début du xixe s. Pommeau en tête d'aigle (fig. 5). De chaque côté de la lame, les

1) Reproduit déjà : Indicateur d'antiquités suisses, 1921, p. 197, fig. 3, 198.

mêmes inscriptions cabbalistiques, à peu de chose près identiques à celles du n° 12; dans un médaillon ovale, personnage en turban, de face (fig. 6).

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Les trois couteaux de chasse suivants, datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle, font partie de la collection de M. Ch. Buttin, qui a bien voulu nous les signaler et nous permettre de les étudier.

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