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regrettons, car nous sommes très porté à estimer qu'il n'est guère au Moyen Age de pouvoir mystique qui se comprenne sans un fondement de messianité plus ou moins formulée; et, a fortiori, lorsque ce pouvoir mystique est reconnu à des souverains capétiens, héritiers de la mission apocalyptique et du titre permanent de roi des derniers jours » que la tradition sibylline avait imposés aux empereurs carolingiens. En Angleterre, c'est évidem ment par l'effet d'une imitation intéressée d'un rite proprement capétien, par le souci de s'approprier le prestige surnaturel de la race rivale, que les Plantagenets, sans ascendance mystique, adoptent la pratique du « toucher » et, créent l'usage par mesure administrative. Mais en France, l'usage est bien rattaché à tout un système mystique; d'autres éléments symboliques le décèlent sainte ampoule, oriflamme, « croix des royaux de France Il est opérant de noter cette rencontre le premier, Guibert de Nogent célèbre le pouvoir thaumaturgique des rois de France, et il se trouve que le premier aussi depuis Adson (Libellus de Antichristo), c'est Guibert de Nogent qui, au 1. I des Gesta Dei per Francos, proclame le rôle messianique des Français et prête à Urbain II des déclarations formelles sur le sens tout eschatologique de la Croisade dirigée par eux.

M. B. nous offre encore l'occasion d'un rapprochement facile : il cite comme une preuve du caractère sacerdotal de la royauté capétienne la bénédiction donnée à ses troupes par PhilippeAuguste au matin de Bouvines. Or, soit par création spontanée de la foi populaire, soit que cette floraison mystique ait été politiquement préparée et entretenue, il est patent que Philippe-Auguste, pourtant si réaliste, s'est trouvé environné d'un prestige messianique exceptionnel, favorisé de promesses apocalytiques qui enrichissent sa renommée de toute la Kaisersage byzantino-carolingienne. Une epistola excitatoria anonyme répandue vers (Rigord, éd. Delaborde, p. 94), lui promet l'empire sur Jérusalem, et une traduction française du De Antichristo de Adson vient à point dans le même temps, pour compléter la prédiction dans le sens du messianisme sibyllin traditionnel. En dehors de l'eschatologie propre à la Croisade, la même « messianisation » de PhilippeAuguste se manifeste et s'étend, peut-être encouragée par la propagande antiromaine des groupes hétérodoxes: tandis qu'ils

enseignent que le Pape est l'Antehrist, Rome la Babylone impure, certains disciples d'Amaury de Bêne annoncent qu'aux temps de l'Esprit « Regi Francorum subjicientur omnia regna et filio ejus... i non morietur, et dabuntur duodecim panes Regi Francorum, id est scientia Scripturarum et potestas » (Ces. de Heisterbach, Dial. Mirac., dit. V, c. xx). Peut-être, à propos de ce dernier texte, serait-il aussi à noter que la sanatio morborum est avec le spiritus prophetiae (dont l'intelligentia Scripturarum est fréquemment un synonyme) tout ce qui reste des charismes primitifs pour les hagiographes latins du XIIIe siècle. L'un, chez eux, entraîne si souvent l'autre que, pour un peu, 'nous compléterions potestas par potestas sanandi...

P. ALPHANDéry.

Notices Bibliographiques

H. PINARD DE LA BOULLAYE, S. J.

L'Etude comparée des Religions. Essai critique. Tome II. Ses Méthodes (Paris, Beauchesne, 1925, gr. in-8°, X1-520 pages; prix: 45 francs).

Après avoir, dans un précédent volume (Cf. Revue, 1923, t. LXXXVII, p. 281), raconté l'histoire de l'étude comparée des religions dans le monde occidental, l'auteur présente des règles et des méthodes qui répondent aux exigences de la saine critique. Il explique « le procédé comparatif, qui se trouve en fait employé par toutes les écoles, essentiel à toutes les méthodes, puis les règles de la critique dite historique, qui porte, selon l'usage courant du mot, sur les textes et monuments de l'âge historique, celles de la critique philologique, qui atteint par l'étude des langues les périodes archaïques des civilisations modernes, et celles de la méthode anthropologique, qui s'applique, par l'intermédiaire des non-civilisés, à éclairer les périodes primitives » ; il expose ensuite a comment la psychologie religieuse peut atteindre au cœur même des religions ». Toutes ces explications sont présentées avec une méritoire objectivité, une logique serrée, une admirable clarté, un grand luxe d'érudition bibliographique. L'ouvrage est terminé par quatre-vingts pages de tables alphabétiques (noms de personnes et noms de choses), tables qui en font un répertoire commode. Ce manuel sera utile aux savants et il épargnera aux débutants de pénibles tâtonnements et de lourdes dépenses de livres moins pratiques et moins renseignés. Est-ce à dire que l'ouvrage soit absolument parfait ? Serait-il impossible d'y relever quelques défauts? Plutôt que de m'exposer à paraître chercher chicane au savant auteur, je préfère tranquillement espérer qu'il formera dans sa Compagnie une école d'historiens des religions, pendant des Bollandistes. A. H.

Paul CARUS. God. An Enquiry into the nature of man's highest ideal and a Solution of the problem from the standpoint of science (Chicago, Open Court Publishing Co, 1908, in-12, iv-249 pages).

L'auteur préconise la conception d'un Dieu « suprapersonnel », qui me paraît être « impersonnel ». Il soutient ses idées contre divers contro

versistes et correspondants, Haeckel, le Père Hyacinthe Loyson, etc., etc. Entre temps, il examine la question La théologie est-elle une science, oui ou non ? L'ouvrage se termine par trois poèmes : ils ne sont ni plus clairs ni plus obscurs que la prose qui les précède.

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A. H.

Gaston RICHARD, de l'Université de Bordeaux. L'athéisme dogmatique en sociologie religieuse. Extrait de la Revue d'histoire et de philosophie religieuses, cahier n° 7 (Strasbourg, Istra, 1923, in-8°, 48 pages, prix 3 francs).

((

Professeur de science sociale, l'auteur a voulu examiner les titres de la sociologie religieuse à figurer comme une science dans l'enseignement officiel. Cette sociologie a-t-elle « le droit de se présenter comme une science impartiale, neutre entre les croyances, une science vraiment appuyée sur l'observation, l'histoire et l'induction », ou bien ne seraitelle pas le déguisement d'une métaphysique aventureuse, étayée par une construction artificielle de l'histoire des croyances Qu des pratiques»? L'auteur, incarnant cette science nouvelle en la personne d'Emile Durkheim, recherche la place qu'occupait l'étude de la religion dans ses premières œuvres, veut y découvrir « l'erreur qui l'a égaré » et critique très fortement tout son système.

A. H.

1. Lief. Germa

D. HANS HAAS. Bilderatlas zur Religionsgeschichte. nische Religion (1923). 2-4. Lief. Aegyptische Religion (1924). 5. Lief. Religion der Hethiter (1925). - 6. Lief. Babylonisch-Assyrische Religion (1925). Leipzig, A. Deicherische Verlagsbuchhandlung. Cette publication, entreprise par le professeur d'histoire des religions à l'Université de Leipzig avec la collaboration de plusieurs spécialistes, répond à des préoccupations d'enseignement de plus en plus générales. Par de nombreuses illustrations, accompagnées d'un texte explicatif, elle fournit le moyen d'acquérir les notions essentielles concernant les diverses religions. Surtout, elle offre le complément graphique indispensable à tout enseignement des religions.

L'abondante moisson archéologique qui, chaque année, récompense le labeur des égyptologues, se marque ici par un traitement de faveur. Une triple livraison est consacrée à la religion égyptienne et soixante planches, groupant cent soixante-six images, sont empruntées aux monuments de la vallée du Nil. Nous ne trouvons pas, chez les Hittites et les Assyro-babyloniens, de pareilles descriptions graphiques de la vie d'outre-tombe; force est de se limiter à des éléments d'architecture et aux représentations de dieux et de génies. On est surpris de ne rien trouver ici se référant au cycle de Gilgamesh. L'importante procession divine de Maltaya (Malatia) devra être rectifiée d'après la nouvelle publi

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cation de Thureau-Dangin, Revue d'Assyriol, 1924, p. 36. Chaque notice est très utilement accompagnée d'une carte de la région correspondante. Sur la carte de l'Asie antérieure, il faut intervertir les indications de la légende en ce qui concerne le royaume d'Hammoura'bi et l'empire d'Asarhaddon.

R. D.

A. COWLEY. Aramaic papyri of the fifth century B. c. Un vol. in-8° de xxx et 319 pages. Oxford, Clarendon Press, 1923.

Nos lecteurs ont à plusieurs occasions été mis au courant de la découverte des papyrus d'Eléphantine et des publications dont ils ont été Fobjet. Le savant conservateur de la Bodléienne en a entrepris la revision minutieuse et fournit en transcription avec traduction et commentaire la collection des papyrus araméens antérieurs à l'ère chrétienne qui lui ont été accessibles.

La collection se compose de lettres, de documents officiels, de listes de noms el de trois morceaux littéraires (Ahiqar et inscription de Béhistoun). Ces textes sauf trois d'écriture plus récente se placent au cinquième siècle avant notre ère. La plupart de ces papyrus émanent de la communauté juive d'Eléphantine juive insiste M. C. et non samaritaine comme on l'a prétendu. Ces juifs, installés tout d'abord comme garnison à la frontière de la haute Egypte, ont fondé une véritable colonie.

Dans sa substantielle introduction, M. Cowley indique les principaux renseignements que ces textes apportent sur le culte de ces juifs. Les noms divins ainsi certifiés ne sont pas toujours aisés à définir ou à expliquer. Dans l'ensemble cette population, qui reconnaissait Yahou comme dieu national, qui le glorifiait à Eléphantine par un temple et des sacrifices, conservait les pratiques anciennes. La situation est encore telle qu'elle était décrite un siècle auparavant par Jérémie (XLIV).

La publication que nous annonçons, établie avec le soin le plus louable, est munie d'un précieux index et constitue un excellent intrument de travail.

R. D.

PETER THOMSEN. Die neueren Forschungen in Palaestina-Syrien und ihre Bedeutung für den Religionsunterricht. Broch. in-8° de 30 pages. Tübingen, Mohr, 1925.

Ces pages sont destinées à montrer aux théologiens que l'enseignement de la religion ne peut plus se passer du bagage archéologique. Déjà, M. H. Gressmann avait déclaré dans la Zeitschrift für die alttest. Wissensch. (1924, p. 14) que l'archéologie devait accompagner la philologie comme unc sœur aux droits égaux et que non seulement

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